Cameroun:Titus, Pierre Désiré, Urbain, Polycarpe...le rouleau tyrannique est par nature incompressible.

Publié le par Joel Didier ENGO

 

Personne n'est à l'abri des sévices corporels dans une tyrannie.

Mais il y a une telle ivresse et myopie lorsque l'on détient une parcelle du pouvoir au Cameroun, que l'on ne se met jamais (du moins rarement) dans la peau des autres, des plus vulnérables, de ceux qui broient la torture physique et psychique au quotidien depuis 1982.


En gros quand Salatou et les officiers putschistes du nord cameroun sont liquidés après une parodie de procès militaire en 1984, tous les pontes du régime BIYA applaudissent. Quand Edzoa est jeté sans jugement au SED en 1997, Engo ne s'en offusque point et continue à battre campagne pour BIYA dans le Sud. Quand Engo est jeté en prison en 1999 sans jugement, Mebara, Olanguena ou Abah Abah ne s'en offusquent point et sillonnent le cameroun dans des caravanes RDPC pour vanter les mérites de la campagne de lutte contre la corruption, à l'appui des motions de soutien...et ainsi de suite.


Le rouleau tyrannique est naturellement incompressible et broie désormais ses propres petits.


Évidemment, ce n'est qu'une fois au bagne, que les petits princes déchus du RDPC prennent véritablement conscience de la nature tyrannique du régime qu'ils ont servi, souvent avec zèle, allant parfois à cautionner les pires exactions commises contre le peuple depuis 1982 au Cameroun.

Il est tout à fait logique que ce dernier se montre insensible à leur endroit, n'ayant pas la mémoire courte. Mais il ne faudrait pas que cette insensibilité masque une profonde inculture démocratique, voire une régression de l'etat général des droits et des libertés au Cameroun.

Dans ce cas le cycle tyrannique camerounais aurait alors de beaux jours devant lui. Tel est le vrai défi qui se présente aux nouvelles générations du Cameroun, afin qu'elles ne reproduisent pas les erreurs de leurs aînés.

Je vous remercie

 

Opération épervier : Kofi Annan appelé au secours d'Olanguena Awono


Click to jump to 'Mutations'YAOUNDE - 3 FEVRIER 2009
© Dieudonné Gaïbaï, Mutations

La famille de l'ancien ministre de la Santé détenu à Yaoundé a saisi l'ex Sg de l'Onu qui s'investit contre la torture.
 
C'est à Kofi Annan, président de la Fondation de soutien à l'Organisation Mondiale contre la torture qu'a été adressé le 26 octobre 2008, la demande d'intercession de celle qui se présente comme une parente d'Urbain Olanguena Awono. La lettre dont Mutations a pu se procurer copie, est signée de Bernadette Ngono, enseignante de mathématiques à l'Université de Rouen. Elle dit en effet être la sœur de l'épouse de l'ex ministre de la Santé publique. Dans la lettre de deux pages qui a valeur de plaidoyer, elle revient sur les circonstances de l'interpellation du ministre de la Santé qui s'est faite dans des " conditions d'une extrême brutalité avec un objectif évident de le soumettre ainsi que toute sa petite famille, à de profondes humiliations. " Dans le détail, elle indique la présence des caméras de télévision lors de son arrestation, les images exposant l'ex-Minsanté dans une geôle " comme un animal à foire étalé sur un matelas douteux à même le sol ", les articles de presse…. Toutes choses qui ont déteint sur le moral de la famille de celui qui selon elle a " consacré toute son énergie pour que le Cameroun retrouve enfin la place qui devait être la sienne en Afrique ".

Elle déroule les bons points engrangés par Urbain Olanguena Awono du temps où il était le "Monsieur santé" au Cameroun. Elle cite entre autres, les campagnes d'éducation et l'accès aux soins qui, de l'avis de son beau-frère, pouvaient permettre de lutter efficacement contre le Sida. Les campagnes de vaccination, de distribution de moustiquaires imprégnées et l'éducation pour venir à bout du paludisme. La formation des agents sanitaires, la distribution des soins dans les lieux les plus reculés…étaient ces chevaux de bataille. Des actions qui ne sont malheureusement pas reconnues à cet homme qui est un "être infatigable, intransigeant face aux lenteurs qui nous caractérisent parfois."

Elle estime que le prétexte du détournement de deniers publics consacrés à la lutte contre le Sida brandi par les autorités, qui semblait s'inscrire dans "le projet ambitieux" de lutter contre la corruption, n'en est pas un. Puisque, rappelle-t-elle, le 07 mai 2008 le Président du Fonds mondial de lutte contre le Sida indiquait dans un communiqué que sa structure ne constatait aucun acte de mauvaise gestion des sommes allouées au Cameroun. "Monsieur Olanguena, raconte-t-elle, avait retrouvé un certain espoir de voir la justice de son pays reconnaître enfin qu'il ne pouvait être ce criminel de haut vol désigné à la vindicte populaire." Elle stigmatise aussi les délais d'instruction du dossier et notamment les délais de détention provisoire organisés par le code de procédure pénale. " Les six mois de détention provisoire se sont écoulés depuis le 09 octobre. Urbain Olanguena est toujours en prison. "

Drame familial

Bernadette Ngono qui est par ailleurs chargée de la formation des enseignants à l'Institut de formation des maîtres à Rouen plaide donc pour que l'ex-Ministre de la Santé publique soit jugé sur les faits qui lui sont reprochés et ceci dans la transparence. Allusion faite au caractère partial qui anime l'essentiel des procédures instruites dans le cadre de l'opération épervier. " Si les faits qui lui sont reprochés ne peuvent être prouvés plaide-t-elle, que l'on ne tue pas en lui cette capacité d'action qui le caractérise en faisant traîner au maximum sa détention. "

La sœur de l'épouse de l'ex-Minsanté qui se fait visiblement le porte-voix de la famille Olanguena demande à Kofi Annan de s'activer pour que leur "fils" ne vienne pas allonger la longue liste des oubliés des geôles africaines.

Elle souhaite aussi qu'Urbain Olanguena bénéficie des droits de tout prisonnier en référence aux mesures de réclusion décidées à son endroit. "Lui qui s'est battu pour l'accès aux soins des Camerounais n'y a pas droit s'exclame-t-elle." Elle fait remarquer que les visites familiales sont restreintes. Et même que le fils d'Olanguena qui a réussi au Bac avec mention au mois de juin dernier, n'a pas eu le droit d'être serré dans les bras de son père lors de ses vacances au Cameroun. Ces nombreuses frustrations de la famille Olanguena ne sont pas opportunes puisque conclut-elle, " le Cameroun ne mérite pas de voir ressurgir les vieux démons, ceux d'une époque que l'on croyait révolue et qui a vu disparaître tant de ses fils. "

La fondation que préside Koffi Annan a diligenté des enquêtes au Cameroun. Une phase qui est déjà à son terme. On indique que la réaction de la structure que préside Koffi Annan pour le cas Awono ne saurait tarder. Ce d'autant que nos sources indiquent que des mesures d'humanisation des conditions de détention des prisonniers spéciaux sont en train d'être prises à l'instigation de la Fondation de l'ex Sg de l'Onu et de l'Union européenne.

Nous avons joint hier au téléphone Bernadette Ngono à Rouen pour s'enquérir des suites qui avaient été données à sa lettre. Courtoise, elle n'a pas manqué de marquer sa surprise quant à la connaissance par la presse des démarches engagées par elle pour desserrer l'étau autour de son beau-frère que des indiscrétions glanées à Kondengui disent dans un état psychique préoccupant. "Je suis mal placée pour vous donner une réponse qui m'aurait été transmise par une personnalité africaine de ce rang. Si vos informateurs ont pu vous donner ma lettre, ils doivent pouvoir savoir également la suite qui lui a été réservée", a-t-elle lancée en guise de réponse à notre interpellation.
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