VENT NOCTURNE
« Parce qu’un de tes pins s’abat au vent gothique
La forêt fuit au loin comme une armée antique
Dont les lances ô pins s’agitent au tournant »
(Apollinaire, Le vent nocturne, Alcools)
La forêt comparée à une « armée antique ».
Une légion fantôme.
Une illustration de conte.
Le vent nocturne souffle ses « f » à faire fuir la forêt.
Il allonge ses syllabes comme des enjambées de géant : « au loin », « lances », « pins », tournant ».
Le vent, de l’assonance dans l’air.
De l’assonance qui tresse ses sons : « pins », « loin », « lances », « pins », tournant » ; qui tresse ses sons et affronte la brièveté droite et sèche de la rime : « gothique », « antique ».
L’effet est visuel. Cinématographique même.
Une image que l’on verrait bien dans un film de Tim Burton.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 février 2009