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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 08:05

DE LA DESTRUCTION

I)Le texte de Baudelaire:

LA DESTRUCTION

Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable. (1)

Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes. (2)

Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu, (3)
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes,

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l’appareil sanglant de la Destruction ! (4)

(Baudelaire, La Destruction, Les Fleurs du Mal, pièce CIX)

II) Notes :
(1)    Le Démon, le tentateur, est donc extérieur à l’humain qu’il suit cependant comme son ombre. Le Démon semble participer de la nature élémentaire de la nature, de sorte qu’il est comparé à « un air impalpable » (vers 2)
(2)    Le Démon ne se contente pas d’être seulement présent là où est l’homme. Il est actif (cf vers 5-6 : « il prend,…, la forme de la plus séduisante des femmes ») et même « savant ».
(3)    « du regard de Dieu » : ce qui garantit l’humanité, c’est « ce regard de Dieu ». Le complément de nom est ambigu. S’agit-il du regard de Dieu sur les hommes ? ou du regard du fils humain vers le père divin ? Les deux sans doute. En tout cas, cet éloignement du regard mène tout droit à la « destruction » physique et morale de l’individu « haletant et brisé de fatigue », à « l’Ennui », c’est-à-dire au sentiment d’abandon de l’être, au sentiment de déréliction.
(4)    Le monde dès lors tourne au cauchemar, à la perte de sens  (cf vers 11 : le mot « confusion » et vers 13 : « des vêtement souillés, des blessures ouvertes »). On dirait bien un champ de bataille où, éternellement, s’affrontent l’être et la Destruction de l’être.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 septembre 2009

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commentaires

R
ne pourrait-on pas être plus précis? Les notes ne sont pas logues ... <br /> Mais c'est bien pour la compréhension du texte.
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P
Merci beaucoup de prêter attention à mes écritures; j'ai conscience de mes limites; je me sens plus à l'aise dans le bref que dans le commentaire composé.

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