CATE BLANCHETT
GRAND ENTRETIEN
REPORTAGE : Linklater revisite À Bout de souffle
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Éditorial
Une énigmatique évidence
Par Marcos Uzal
Elle le dit dans l’entretien qu’elle nous a accordé pour ce numéro : sur le tapis rouge, il arrive à Cate Blanchett de se demander ce qu’elle fait là, comme si elle se réveillait d’un songe en ne sachant plus bien où et qui elle est. Cette situation correspond bien à sa singulière duplicité, ou multiplicité. Elle est de ces rares actrices qui peuvent s’imposer d’emblée, avec la photogénie, la grâce et l’évidence des stars ; mais elle peut aussi, au contraire, donner le sentiment de s’échapper d’elle-même, ou d’échapper à elle-même, à travers des personnages inquiets du simple fait d’exister, voulant être ailleurs que là où ils se trouvent – exemplairement dans Blue Jasmine de Woody Allen où elle se défait progressivement de sa stature et de ses atours, dans une tragique métamorphose existentielle et sociale, ou dans Bernadette a disparu de Richard Linklater, où elle incarne une architecte qui ne cesse de vouloir changer de décor, au propre comme au figuré. Mais elle est aussi capable d’aller jusqu’à faire oublier qui elle est, dans un art du transformisme qui fit d’elle un Bob Dylan tout à fait crédible dans I’m Not There de Todd Haynes, ou qui lui permit de camper treize personnages différents dans Manifesto de Julian Rosefeldt. Blanchett embrasse ainsi un immense spectre, qui pourrait aller de Katharine Hepburn (qu’elle incarna dans Aviator de Martin Scorsese) à Gena Rowlands, de la sophistication hollywoodienne au naturalisme le plus douloureux…
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