Connaissons-nous notre village ? :
Personnages et histoires des XXème et XXIème siècles
• Gazette N°2 - 9 mars 2001
   - Même caché, le souvenir ressurgit...

• Gazette N°5 - 1er juillet 2001
   - Il y a 100 ans

• Gazette N°6 - 7 octobre 2001
   - Saint Claude
   - La Magnanarié
   - Lundi, marché à Villedieu

• Gazette N°7 - 20 décembre 2001
   - Hôtesse à Air France
   - Une mémoire de Villedieu : Charles Macabet

• Gazette N°8 - 20 février 2002
   - Une histoire d'école...

• Gazette N°10 - 1er mai 2002
   - Villedieu comme la France
   - Brèves
   - Une histoire d'élections
   - Parrainages

• Gazette N°12 - 4 juillet 2002
   - L’école d’Artois
   - Villedieu et le cirque
   - Villedieu comme la France ?

• Gazette N°13 - 14 septembre 2002
   - Un américain à Buisson

• Gazette N°14 - 6 novembre 2002
   - As de la guerre
   - Gustave Daladier
   - Citations
   - Homologation

• Gazette N°15 - 8 janvier 2003
   - Clémentine

• Gazette N°16 - 14 mars 2003
   - Les villadéens se souviennent...
   - ... d'un ancien métier : étameur-ferblantier
   - Paulette
   - Le pendule ne tourne plus

• Gazette N°17 - 16 mai 2003
   - On se souvient d'un ancien métier : colporteur de bonneterie

• Gazette N°18 - 4 juillet 2003
   - Un aviateur américain à Villedieu

• Gazette N°19 - 14 septembre 2003
   - La soie

• Gazette N°21 - 12 novembre 2003
   - Souvenirs d'Algérie
   - Les anciens métiers à Villedieu
   - Petit conte de la soupière

• Gazette N°22 - 24 décembre 2003
   - Le dernier notaire de Villedieu
   - René Fauque et Antonin L'Homme
   - Gaston Percheron

• Gazette N°23 - 1er avril 2004
   - Des fêtes d’antan

• Gazette N°25 - 3 juin 2004
   - Élections européennes

• Gazette N°26 - 11 juillet 2004
   - 18 juin 1940 / 6 juin 1944
   - Les élections ternissent
   - Localisation des commerces (anciens et actuels)
   - C'était au temps où Marcelle chantait...

• Gazette N°28 - 22 novembre 2004
   - Sénatoriales
   - Noli irritare leonem
   - Mémoire des hommes

• Gazette N°29 - 27 janvier 2005
   - La maison Jean et Elise Garcia
   - Rempart, rue des Sources
   - Orange

• Gazette N°30 - 20 avril 2005
   - Les reconnaissez-vous ?
   - Les Mauric, maîtres d’école et fondateurs...

• Gazette N°31 - 03 juin 2005
   - Non, non et non !

• Gazette N°34 - 23 novembre 2005
   - Jacques Favier
   - Voyage au cœur d’un brave homme...

• Gazette N°36 - 8 mars 2006
   - La crèche de l’église

• Gazette N°37 - 1er avril 2006
   - La maison Vaysse

• Gazette N°39 - 31 mai 2006
   - Faut-il en revenir au canasson ?

• Gazette N°41 - 27 septembre 2006
   - Gérard Fauque
   - Gilbert Charrasse

• Gazette N°42 - 28 novembre 2006
   - Tonton Marcel
   - Ma Nicole, amour et fantaisie

• Gazette N°44 - 28 février 2007
   - Albert Bonnet
   - Léa Sirop

• Gazette N°45 - 12 avril 2007
   - Un matin de juillet 1928

• Gazette N°47 - 16 juillet 2007
   - Il y a 75 ans
   - Guillaume Lefèvre
   - Buisson d’hier et d’aujourd’hui

• Gazette N°48 - 14 août 2007
   - Corso 1932 (bis)
   - Corso 1932 (ter)

• Gazette N°49 - 25 septembre 2007
   - Adrien Mathieu
   - Une Villadéenne différente

• Gazette N°50 - 20 novembre 2007
   - Élise Enguent

• Gazette N°51 - 25 décembre 2007
   - Ils nous ont quittés
   - À la fabrique

• Gazette N°53 - 8 avril 2008
   - Corso 1932 (quatro)

• Gazette N°55 - 12 juillet 2008
   - Les étoiles filantes de Villedieu
   - Marcel Charrasse
   - Pour « La Dame »

• Gazette N°56 - 15 septembre 2008
   - Marie-Lucie Sirop
   - Edmond Eydoux

• Gazette N°57 - 17 novembre 2008
   - Hommage à une amie
   - J’ai perdu mon amie...

• Gazette N°58 - 28 décembre 2008
   - Josette Vollot
   - Jeanne Rey, doyenne de Villedieu

• Gazette N°59 - 28 février 2009
   - Paul Clérand
   - Guy Fauque
   - Jean-Pierre Perazio Belliando
   - Léopold Dieu

• Gazette N°61 - 28 juin 2009
   - Adieu à Renée et Paul Arnaud

• Gazette N°62 - 15 octobre 2009
   - Louis Portalier

• Gazette N°64 - 8 avril 2010
   - Jacques Bertrand
   - Émile Robert

• Gazette N°65 - 18 juin 2010
   - Julienne Dieu
   - 0,06476 €

• Gazette N°67 - 15 octobre 2010
   - « Je me souviens de Fétiche qui... »
   - Fétiche, l’homme aux multiples facettes (II)
   - Madeleine Portailler
   - André Bouchet

• Gazette N°70 - 1er juin 2011
   - La Maison Matthieu
   - Yves Arnaud
   - Bien cher Yves, ton enfant adoptif
   - Andrée Chauvin

• Gazette N°72 - 29 septembre 2011
   - Mickaël Sausse

• Gazette N°73 - 16 décembre 2011
   - Hommage à Luc Van Braekel
   - Hommage à Maman
   - Yolande Pinson

• Gazette N°74 - 22 février 2012
   - Au fil du temps
   - Pascale Jansé

• Gazette N°75 - 31 mars 2012
   - Pierre Joubert
   - Soisy de Walque
   - Au fil du temps (II)
   - La vie municipale n’est pas (toujours) un long fleuve tranquille
   - Régine Clapier

• Gazette N°76 - 15 juin 2012
   - Au fil du temps (III)

• Gazette N°77 - 8 août 2012
   - Aline Laffont
   - Gustave Tardieu
   - Au fil du temps (IV)

• Gazette N°78 - 30 septembre 2012
   - Une famille villadéenne : les Fabre

• Gazette N°79 - 8 décembre 2012
   - Mon grand-père
   - Arlette Bertrand
   - Maridage centenàri

• Gazette N°80 - 14 janvier 2013
   - Hommages à Yves Tardieu
         • Yves nous laisse un message d'espoir
         •Notre maire, notre ami, nous a quittés...
         • Dans la presse
         • Pour Yves...
         • Chers amis de La Gazette...
         • Lettres à un professeur...
         • Yves Tardieu nous a quittés...
         • Chronique d'une mort annoncée
         • Merci Yves...
         • Le gardien du village
         • « Monsieur Tardieu », un grand monsieur...
         • Où trouve-t-il cette force ?
         • Yves : un inconnu devenu un Ami
         • « Courage à vous trois... »
         • Au revoir notre Ami
         • Chanson pour Yves
         • Derniers hommages...
   - Mariage centenaire
   - Un mot de Tito Topin

Gazette N°2 - 9 mars 2001

Même caché, le souvenir ressurgit, comme avec certaines façades (boul...)

Rassembler, recenser, trier et exposer dans un lieu (à trouver...) les objets, les outils, les photos du XXème siècle pour garder la mémoire du village, la présenter aux plus jeunes et aux nouveaux habitants avec l’aide des anciens qui sont la mémoire vive de notre passé.

Le but : ne pas oublier mais surtout créer des liens entre les générations, entre les personnes...

A cela peut s’ajouter un travail historique sur la commune à l’aide d’écrits mais aussi de souvenirs qui permettraient encore une fois de présenter Villedieu aux enfants, aux touristes et, en fait, à tout le monde.

Armelle Dénéréaz


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Gazette N°5 - 1er juillet 2001

Il y a 100 ans

“Association loi 1901, à but non lucratif…..”

Cette expression est presque devenue un nom commun pour désigner toute association. Le premier juillet 2001 cette loi a eu exactement 100 ans.

Combien de clubs en tous genres, de groupes sportifs, d’amateurs d’art, de cuisine, de lecture, de jeux etc… auront été créés en France au cours du XX° siècle.

L’association en effet est le lien social ainsi que le lieu de liberté qui permet de rassembler des bénévoles ayant un même but, des idées ou des activités communes sans en retirer de bénéfices financiers et en privilégiant un fonctionnement démocratique.

Ce modèle est utilisé dans de très nombreux domaines et constitue en France un tissu social exceptionnel, aucun secteur n’y échappe. Il répond à un profond besoin de la société et se substitue même parfois aux institutions et pouvoirs publics.

La présence d’une quinzaine d’associations sur la seule commune de Villedieu est la preuve même que s’associer est indispensable pour maintenir des activités de loisirs, culturelles, sociales, sportives etc… des relations tout simplement entre les habitants.

La création de l’Association La Gazette, la dernière née à Villedieu, célèbre donc à sa façon la fameuse loi en pointant son nez en ce début d’été et en invitant les amateurs d’écriture, de petites histoires à communiquer et à s’exprimer tout simplement !

Donc maintenant à vous de jouer en rassemblant vos souvenirs et en nous en faisant part :

A quand remonte la création des premières associations à Villedieu ?
Quelles étaient-elles ?
Qui les a présidées ou animées ?
Quelle influence ont-elles eu dans le village ?

Merci de nous répondre, vos idées ou vos articles paraîtront dans la prochaine Gazette !

Armelle Dénéréaz


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Gazette N°6 - 7 octobre 2001

Saint Claude

Nous étions en promenade sur la route du Palis avec un ami de passage quand celui-ci, regardant vers la colline, nous demanda quel était ce village perché sur la hauteur et baigné de soleil. Il était intrigué par le nombre des maisons réparties à flanc de coteau qui, pour la plupart, paraissaient presque neuves.

C’est Saint-Claude lui répondis-je, mais ce n’est pas un village, tout au plus un " lieu-dit " où sont réparties des maisons – beaucoup, soit dit en passant – habitées toute l’année par leur propriétaire. Je dus, bien entendu, lui donner quelques explications justifiant que ce lieu – presque un hameau – faisait bien partie de la commune de Villedieu.

En effet, c’est vers 1975 qu’un architecte, Jean-Pierre Moineault, qui avait créé une petite société à Villedieu, la " SETAC ", entreprit de promouvoir de jolies maisons dans toute la région mais en particulier sur cette colline face au sud, sur des terres pour la plupart en friches.

Une des premières fut celle de M. & Mme Henry, puis vint celle de Bernardette et puis celle des Jacquemin, toutes trois dans le même style mais représentant les trois maisons modèles de la SETAC exposées à Roaix. D’autres suivirent au fil des années et les chemins de vignes devinrent des petites routes, presque des rues, pas toujours reconnues et entretenues par la commune... Puis la SETAC, après d’autres maisons, cessa ses activités mais les constructions continuèrent à pousser dans des styles un peu différents certes, mais presque toujours en harmonie avec le paysage et la région.

Plusieurs vignes furent vendues comme terrains à bâtir et le territoire s’agrandit dans les limites du POS. Il y a maintenant 22 maisons à Saint-Claude, 15 sont habitées toute l’année, 2 le sont à mi-temps.


Ce groupement d’habitations est un peu insolite et Saint-Claude est un lieu parfois méconnu de certains Villadéens et quelquefois même rejeté par certains élus. Les habitants de Saint-Claude sont pourtant des Villadéens à part entière, tant sur le plan des taxes et impôts que sur le plan de leur participation active à la vie du village.

Alors, j’ai ajouté à mon ami, curieux : non ce n’est pas un nouveau village, c’est tout simplement Villedieu.


Daniel Durand

 
La Magnanarié

C'est ce grand bâtiment rectangulaire bien aménagé, un jardin plein de charme et agréablement situé entre le village de Villedieu et l'Aygues.

Son histoire commence en 1853, année faste pour 1'élevage du ver à soie, la sériciculture, dans notre région. Rien que pour Vaison et environs  : pas moins de 10 000 Kg de cocons sont récoltés en 1853.

Cela aura certainement incité Monsieur Hemi Corsin, de Piolenc, à envisager la création d'un moulinage à Villedieu et une demande d'autorisation est adressée au sous-préfet qui donne son accord le 7 Octobre 1853 pour la construction d'une usine de "Fabrique de soie" (moulinage) sur le fuyant du canal du moulin tout en réservant aux ayants droit l'usage de celui-ci pour l'arrosage.

Ce moulinage, qui a compté 25 ouvrières plus un contremaître a été en activité depuis 1857 jusque vers 1930 avec comme dernier contremaître, Mr Bouniard, père de Mme Georgette Lazard.

Les cocons qui n'étaient pas utilisés pour la reproduction étaient plongés dans des étuves afin d'étouffer les chrysalides. Ils étaient destinés au moulinage. Son rôle consistait à tordre ou filer la soie grège à un ou plusieurs bouts à l'aide d'un moulin garni de bobines ou de fuseaux. D'où le mot "moulinage".

La "Fabrique de soie" longtemps florissante commença son déclin, comme tous les " moulinages " de la région, vers 1930, avec l'importation de soies étrangères, japonaises en particulier, et même à ce jour de Chine Populaire par balles de 300 Kg.

Resté longtemps inoccupé après la fermeture du moulinage, le bien a été repris en 1961 par la famille Tredez qui l'a restauré, d'abord pour l'implantation de L'école d'Artois et ensuite pour la réception de séminaires, groupes d'étudiants, choristes ou autres par la fille de la maison Armelle Tredez et son mari Francois Denereaz. Bref une heureuse destination.


Charles Macabet

 
Lundi, marché à Villedieu

Le maire, Mr Jacomet, et son conseil municipal demandent le 22 novembre 1928 l'autorisation d'établir un marché hebdomadaire simple (céréales, olives, etc. ). Le sous-préfet de Carpentras délibère qu'un marché pourra se tenir le lundi à partir du 10 Décembre 1928. Qui s'en souvient et pourra nous en raconter quelques aspects ? (Arch. Dép. 8.M.32)

Thierry de Walque


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Gazette N°7 - 20 décembre 2001

Hôtesse à Air France

Depuis le 11 septembre dernier, beaucoup de choses ont changé dans les compagnies aériennes. Nous voulions en savoir plus et tout naturellement nous avons pensé à Nicky Veilex pour connaître les dernières dispositions concernant la sécurité aérienne.

Nicky travaille à Air France depuis une quinzaine d’années comme hôtesse de l’air. Elle travaille à mi-temps ce qui lui permet d’avoir une vie de famille très agréable ici à Villedieu. Le calme et la tranquillité qu'elle y trouve lui permettent aussi de se ressourcer et d’oublier un peu la vie stressante des grandes villes .

Notre Nicky navigue sur des longs courriers, dans des 747 transportant jusqu’à 500 passagers. Son rôle est d’assurer la sécurité des passagers ainsi que leur bien-être. Pour cela elle effectue chaque année une formation de secourisme.

Depuis le dernier attentat du 11 septembre à New York, une fouille minutieuse est effectuée avant chaque départ. Le personnel est surveillé et les passagers sont comptés systématiquement. Bien entendu, il est défendu de posséder sur soi un objet coupant et les couteaux en argent sont remplacés par des couteaux en plastique. Un agent de sécurité non armé est mêlé aux passagers. Il est formé pour intervenir en cas de problème et seul le personnel navigant connaît son identité.

Malgré toutes ces dispositions il y a depuis l’attentat 30% du personnel navigant en maladie.

Pour l’instant, Air France n’a pas licencié de personnel mais n’en a pas réembauché. D’autres compagnies comme Swissair ou des compagnies américaines ont déposé leur bilan à cause de la baisse de la fréquentation. En effet, beaucoup d’hommes d’affaires préfèrent utiliser internet plutôt que l’avion ! Des habitudes risquent de se créer et malheureusement pour les compagnies aériennes, de se développer en cas de nouvel attentat.

Nicky, quant à elle reste sereine. Elle sait qu’un nouvel attentat peut survenir à n’importe quel endroit de la planète et pas forcément dans un avion !

Rosy Giraudel
après une interview réalisée par Rosy Giraudel et Armelle Dénéréaz





Nicky Veilex



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Une mémoire de Villedieu : Charles Macabet

Le 17 juin 1920 un violent incendie détruisit entièrement les ateliers de cartonnages et impressions des Frères Macabet à Villedieu là où se trouve exactement l'école que nous connaissons tous.

Ce fut un choc pour les Villadéens. Pour le fondateur Alcide Macabet et ses deux fils, quarante-cinq années d'efforts partirent en fumée, 36 emplois disparurent et une centaine de plieuses de boîtes en carton à domicile se trouvèrent sans travail (de Malaucène à Orange et en bien d'autres lieux).

Le petit Charles Macabet, 5 ans alors, s'en souviendra toujours ! Les photos d'époque nous présentent un tas de ruines entre des murs calcinés. Pourtant du matériel a pu être récupéré pour une nouvelle implantation Quai Pasteur à Vaison où l'établissement vécu jusqu'à sa fermeture en 1957. Si les emplois furent retrouvés on peut supposer que certains quittèrent Villedieu pour Vaison.

Quant à l'école, un long chemin lui resta à parcourir avant son inauguration en 1935 par Édouard Daladier, député de Vaucluse, Président du Conseil et... co-signataire des accords de Munich de septembre 1938.

Notre ami, Charles Macabet, historien trop modeste nous en racontera d'autres. Parmi ses nombreuses études, j'ai retenu une ancienne note malheureusement non signée qui signale que c'est en réparant la vieille horloge au-dessus des remparts qu'on a découvert une niche contenant les armoiries des papes, possesseurs du Comtat Venaissin.

Masquées par une couche de plâtras datant probablement de 1793, époque de la Terreur, les armoiries composées de deux clés et de la tiare pontificale avec trois grenats, paraissent en parfait état... après six siècles.

C'est, semble-t-il, le seul blason pontifical originel encore visible dans le Venaissin.

Thierry De Walque


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Gazette N°8 - 20 février 2002

Une histoire d'école...

Dans la dernière Gazette un article de Thierry de Walque faisait allusion à l’inauguration de l’école de Villedieu en 1935, école actuelle que nous connaissons bien pour l’avoir fréquentée ou y avoir nos propres enfants.

Mais avant 1935, où les petits Villadéens allaient-ils à la toute jeune école laïque et républicaine de Jules Ferry ?!! Pour le savoir, il suffisait de rencontrer quelques personnes du village et faire rejaillir des souvenirs lointains mais encore bien vivants et présents à leur mémoire pour avoir marqué leur enfance.

Marguerite Cellier se prêta fort gentiment à ce petit exercice et nous livra avec émotion ce morceau de son enfance qui débuta dans les années 1925/26.

Où se trouvait donc l’école ?
Elle était au Château !!! Cette grande bâtisse dans les remparts (maison appartenant actuellement à Monsieur et Madame Royer) était située entre la rue du Mistral, la bien nommée et l’Esplanade Clapier ou jardins de l’Eglise. Ce château était alors possession de la mairie et abrîtait l’école plutôt les écoles ... puisqu’il s’agissait de celles des filles et des garçons car il n’était pas question de mixité à l’époque. Il faut tout de même souligner que les filles auparavant allaient chez les religieuses dans la maison actuelle de Paul Arnaud à côté de La Cardeline alors que les garçons eux se rendaient déjà au château.

Les enfants étaient accueillis dès la maternelle, dont l’institutrice fut longtemps Mademoiselle Aumage, et fréquentaient les bancs de l’école jusqu’au Certificat d’Etudes pour ceux qui le pouvaient. Les maîtresses furent pour ce qui est de l’école des filles, mesdemoiselles Meyer, Chastan, Aubert, Gastinel ... et enfin Madame Mauric, personnage bien connu dans notre commune puisqu’avec son époux elle enseigna à bon nombre de bambins jusque dans les années 60 et vécut avec lui l’inauguration de la nouvelle école.

Pour ce qui est des locaux au château, chaque école avait une seule grande classe dont les fenêtres sont encore celles existantes au Nord et à l’Ouest et les entrées étaient séparées. Ces classes étaient chauffées par des gros poëles à charbon que les élèves remplissaient eux-même à tour de rôle en arrivant le matin avant l’heure de la classe et les plus empressés recevaient alors des "bons points". D’autres tâches incombaient aux enfants comme celles d’essuyer les grands tableaux noirs et surtout de remplir les encriers de porcelaine blanche avec la bouteille d’encre violette qu’il ne fallait surtout pas renverser.

L’école maternelle était située au rez de chaussée de la demeure et la cour de récréation était ni plus ni moins le jardin actuel du château, pas bien grande mais qui devait suffire malgré l’envie des enfants de franchir les limites et d’aller jouer dans la rue !!! La partie restante était l’appartement de l’institutrice qui devait être d’un confort sommaire puisque les toilettes étaient tout bonnement celles de l’école.

Marguerite Cellier garde en mémoire un grand respect vis-à-vis de ses institutrices, personnes alors fort respectées par l’ensemble de la population. La tendance aujourd’hui semble singulièremernt inversée !!! Ce respect, elle l’a encore aujourd’hui ! Quand on lui demande de nous livrer un bon ou un mauvais souvenir de ce temps passé, la réponse est tout simplement : "J’aimais aller à l’école et je n’ai que des bons souvenirs".

Qu’apprenait-on en ce temps là ?
Tout d’abord à parler le français, l’usage du patois (le provençal) était défendu alors que pour certains c’était le seul langage utilisé à la maison ! Puis la leçon de morale dispensée tous les matins, l’écriture dont la maîtrise était très importante avec les pleins et les déliés, l’orthographe, le calcul, les problèmes, l’histoire, la géographie, l’instruction civique, la composition française, la couture pour les filles et le travail manuel pour les garçons.

On allait à l’école tous les jours sauf le jeudi et le dimanche et on s’y rendait à pieds, toute absence devait être justifiée par "un mot des parents" et cela du 1er octobre au 31 juillet !

Les plus éloignés étaient autorisés à partir une heure plus tôt en hiver pour rentrer avant la nuit à la maison. A midi, ceux qui ne pouvaient rentrer chez eux mangeaient à "la cantine" qui était en fait dans la maison de Blanche Roux qui resta encore cantinière bien longtemps dans la nouvelle école.

Bon nombre de ses camarades d’école sont encore dans le village évidemment et afin de ne vexer personne nous ne les citons pas pour ne pas risquer d’en oublier mais bien d’autres souvenirs pourraient être racontés ce qui pourrait faire l’objet d’un prochain article. Nous attendons vos histoires et récits !

Pour ce qui est de Marguerite ce fut un grand chagrin de quitter l’école le 4 mars 1936 après le Certificat et elle regretta ce temps qu’elle aurait souhaité prolonger mais la vie en décida autrement mais quel bon souvenir ... le temps de l’école.

Armelle Dénéréaz


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Gazette N°10 - 1er mai 2002

Villedieu comme la France

Pour la première fois depuis que les élections présidentielles existent, Villedieu a voté comme la France au premier tour. A chaque élection depuis 1965, le résultat de ce premier tour montrait une différence importante entre Villedieu et le reste du pays...

Avant ce dimanche 21 avril, j’avais écrit une histoire de ces élections. On trouvera cet article [plus bas]...

Les résultats de ce dimanche prolongent les évolutions antérieures et les confirment : déclin du vote de gauche, hausse régulière et lente du vote écologiste (les deux candidats cumulent 10,1%), la confirmation de la poussée de l’extrême droite (24%), et la baisse lente et assez régulière de la participation.

Encore bas à Villedieu, le taux d’abstention est le plus élevé de toutes les présidentielles (17%) et le nombre des suffrages exprimés au premier tour est inférieur à 80%. Au chapitre des constantes, la faiblesse du vote Chirac à Villedieu, qui n’a jamais fait plus de 17,7%, son meilleur score, en 1981.

Il y a quelques nouveautés aussi : le vote "chasseur", l’effondrement total du vote communiste, la percée du vote gauchiste, jamais aussi élevé à Villedieu.

Toutes ces évolutions et ces nuances ne sauraient faire oublier "l’énormité" de ce second tour pour Villedieu et pour la France.


Yves Tardieu


Eléctions Présidentielles - 21 avril 2002
Résultats du 1er tour à Villedieu
Inscrits
Votants
Abstentions
Exprimés
Blancs
Nuls
401
333
68
316
13
4

83,0%
17,0%
78,8%
  Bruno Mégret
Corinne Lepage
Daniel Gluckstein
François Bayrou
Jacques Chirac
Jean Marie Le Pen

Christine Taubira
Jean Saint Josse
Noël Mamère
Lionel Jospin
Christine Boutin
Robert Hue
J.P. Chevènement
Alain Madelin
Arlette Laguiller
O. Besancennot
12
13
2
14
47
65
5
36
19
37
6
10
9
13
15
13
3,8%
4,1%
0,6%
4,4%
14,9%
20,6%
1,6%
11,4%
6,0%
11,7%
1,9%
3,2%
2,8%
4,1%
4,7%
4,1%




Pour la première fois depuis que les élections présidentielles existent, Villedieu a voté comme la France au premier tour.



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Brèves (par Yves Tardieu)

Etonnant, non ? (1)
On entend souvent que nos hommes politiques sont trop vieux, là depuis trop longtemps, etc. Ce "on" doit se tromper puisque nous avons choisi les deux plus vieux et ceux qui font de la politique depuis des temps immémoriaux. M. Le Pen a été élu pour la première fois en 1956 (sous la IVème République !) et M. Chirac en 1967... Etonnant, non ?


Etonnant, non ? (2)
Le même "on" nous dit que le petit peuple en a marre de ses dirigeants, riches et nantis. Nous avons choisi deux des quatre candidats assujettis à l’impôt sur la fortune et les deux seuls qui possèdent un château... Etonnant, non ?


Etonnant, non ? (3)
L’heure est à l’égalité entre les sexes et à l’affirmation de la femme dans la société et dans la politique. Pourtant, les candidates (il est vrai présentées par de petits partis) ont fait bien peu de voix. En plus, nous avons choisi les deux candidats les plus machos avec leurs femmes à leur service... Etonnant, non ?


Etonnant, non ? (4)
Il paraît que nous les aimons intègres et sérieux et pourtant l’un est en posture délicate face à la justice et s’en protège par sa fonction. L’autre a été condamné souvent et a promu l’édition et la vente de chants du IIIème Reich... Etonnant, non ?


Drôles d’électeurs
Finalement, nous devons aimer les vieux un peu douteux pour nous diriger. Nul doute que si François Mitterrand avait pu se représenter à 86 ans nous lui aurions accordé notre confiance.


Drôle de candidat
Il est venu à Villedieu un candidat à la présidentielle faire campagne. C’était le mardi 9 avril. Il ne l’a dit à personne et personne ne l’a su. Il y avait une dizaine de participants dans la salle, 6 accompagnant le candidat, 2 ou 3 élus du canton qu’il avait invite et un Villadéen qui était en mairie ce jour-là et a ouvert la salle : Henri Favier. C’est lui qu’il faudra aller voir pour savoir ce que Daniel Gluckstein a bien pu dire.


Cinq ou six ?
S’il n’y a eu qu’un seul Villadéen au "meeting" de Gluckstein, l’affluence a été faible à d’autres manifestations.
Une chorale en séjour à La Magnaneraie a invité par affiche tout Villedieu à une représentation à la salle paroissiale. Il y a eu 5 Villadéens. La Gazette a les noms mais ne les dénoncera pas.
Thierry Mariani est venu faire campagne avant le premier tour. Là encore 5 présents dont 4 élus (je dois dire que personnellement je ne suis allé nulle part !). A la différence de Gluckstein, Mariani avait invité tout le monde par courrier...
J’ose espérer que Villedieu ne sera pas victime du syndrome "OM-Forbach". Ce match s’est déroulé devant 87 spectateurs payants à la fin des années 50 mais des milliers de Marseillais l’ont vu : c’est devenu un brevet de supporter irréprochable. Si par hasard Mariani est dans deux mois ministre d’un gouvernement Chirac et que tout un chacun peut en espérer gloire ou avantage, il ne faudrait pas que ces cinq (dont La Gazette a aussi les noms), deviennent 10, 20, 100...



Bonnet blanc et blanc bonnet
Les plus anciens se souviennent du mot d’ordre du candidat communiste Jacques Duclos pour le second tour des élections présidentielles en 1969. Il y avait deux candidats de droite et pour justifier le choix de l’abstention il avait dit que le choix entre Pompidou et Poher c’était "le choix entre bonnet blanc et blanc bonnet". Impossibe de dire la même chose cette fois. Les bonnets n’ont pas la même couleur...

 
Une histoire d'élections

L’histoire des élections présidentielles au suffrage universel est récente. La première a eu lieu en 1965 seulement ce qui permet d’essayer de les étudier toutes.

Cette histoire pour Villedieu peut paraître sans intérêt. Pourtant, il me semble qu’elle nous conduit à nous rémémorer des noms et des situations politiques et ainsi à nous retourner sur notre histoire individuelle et collective. Pour ces raisons, elle peut nous dire quelque chose sur l’histoire de notre village et sur nous, comme n’importe quelle histoire du temps passé.

1965 : 6 candidats dont 5 ont pour point commun d’être contre le général De Gaulle. Au niveau national, la "surprise" est dans le score important du candidat centriste inconnu, Jean Lecanuet, et dans le ballotage du général De Gaulle que tout le monde voyait gagner au premier tour. A Villedieu, le score de Lecanuet est faible (9%) et il n’y a pas ballotage ! François Mitterrand, candidat unique de la gauche triomphe avec 58,4% des voix au premier tour et 65,4% au deuxième.

Ce fort ancrage à gauche de Villedieu est confirmé par les élections suivantes. L’élection de 1974 où François Mitterrand est à nouveau candidat de la gauche unie (pour les plus de 45 ans, souvenez-vous c’était l’époque du "programme commun de gouvernement" signé par Mitterrand, Marchais et Fabre !). A Villedieu, il l’emporte à nouveau au premier tour (57%) et au second (61,4%).

A l’élection de 1981, 4 candidats de gauche se disputent les suffrages portés sur Mitterrand en 1974 : François Mitterrand pour le PS, Georges Marchais pour le PC, Michel Crépeau pour le MRG (PRG aujourd’hui) et Huguette Bouchardeau pour le PSU aujourd’hui disparu. Ces 4 candidats cumulent 52% et François Mitterrand l’emporte largement au deuxième tour avec 58,3%. Plus significatif encore, Villedieu aurait donné un second tour original : Mitterrand contre Marchais, la droite représentée par Giscard et Chirac étant éliminée !

Chaque élection présidentielle présente quand même une situation particulière. Celle de 1969, après la démission du général De Gaulle, a vu s’affronter au deuxième tour Georges Pompidou, héritier de De Gaulle, et Alain Poher, un candidat centriste. La gauche en fut absente. Le candidat socialiste, Gaston Defferre, avait fait un score dérisoire, à Villedieu comme au niveau national. Visiblement, l’électorat socialiste s’était partagé entre Poher et le candidat communiste Jacques Duclos qui fit à Villedieu un score très élevé, arrivant largement en tête avec 40% des voix. On retrouve là une des composantes importantes de l’histoire politique de la région et du village : le poids élevé du vote communiste, dans les résultats de 1965, 1969, 1974, 1981. Même si le parti communiste s’est effondré, à Villedieu comme ailleurs, les résultats de 1988 et 1995 montrent une meilleure résistance (13,2% chaque fois contre 6 à 7% au niveau national). Il y a sûrement une histoire du parti communiste villadéen à faire.

En revanche, et c’est peut-être lié, le vote gauchiste n’a jamais vraiment fait recette. Il n’apparaît qu’en 1969 (lié aux évènements de mai 1968), Alain Krivine obtient 1,4%. 2,4% en 1974 pour deux candidats (Krivine pour la deuxième fois et Arlette Laguiller pour la première...), 2,5% en 1981 pour Arlette Laguiller toute seule, 1,2% en 1988 pour deux candidats et 2,9% pour Arlette seule en 1995. Bref, des scores faibles, presque toujours en dessous du score national de ces candidats.

Pour le vote écologiste c’est le contraire. La première candidature, celle de René Dumont en 1974, n’est pas un grand succès (3 voix et 1%). Pourtant les résultats sont systématiquement supérieurs au résultat national et en hausse par la suite : 5,4% en 1981 pour Lalonde (3,9 au niveau national), 5,6% pour Waechter en 1988 (3,8) et enfin 7,1% pour Voynet en 1995 (3,3).

L’autre vraie nouveauté des derniers scrutins est l’importance du vote d’extrême droite. En 1965 et 1974, les candidats d’extrême droite font à Villedieu des scores faibles légèrement en dessous des résultats nationaux. En 1969 et 1981, il n’y a pas de candidats. Le vrai développement du Front National commençant en 1983, il faut attendre 1988 pour en mesurer les effets aux présidentielles. Le score de Le Pen est élevé, supérieur à son score national (mais moins élevé que dans le Vaucluse dans son entier). Après Mitterrand/Marchais en 1981, le 2ème tour aurait été à Villedieu Mitterrand/Le Pen en 1988 ! A l’élection de 1995, le score de Jean-Marie Le Pen se tasse un peu et passe en dessous du score national (13,8% contre 15,4%).

Visiblement, Philippe de Villiers qui fait à Villedieu le double de son score national a pris des voix au candidat du FN.

On retrouve à Villedieu un phénomène observé dans de nombreux autres endroits. L’effondrement du parti communiste et la montée du Front National se sont déroulés en parallèle dans les années 80. Les analystes se divisent ensuite :
- certains pensent qu’il s’agit de transfert simple de voix : un vote communiste protestataire devient alors un vote d’extrême droite protestataire sur fond de crise économique, de déclin de l’URSS et de déception devant "la gauche au pouvoir".
- d’autres pensent que c’est plus compliqué avec des causes qui expliquent le déclin communiste et d’autres qui expliquent la montée de l’extrême droite sans que ce soit les mêmes personnes qui aient transféré leurs votes. Qu’en est-il à Villedieu ?

En tout cas sur le long terme, la baisse du vote de gauche est régulière depuis 1965. Il n’est que d’en juger à partir du résultat du candidat socialiste au second tour : 65,4% en 1965, 61,4% en 1974, 58,3% en 1981, 54,3% en 1988 et 45,5% en 1995. Pour la première fois à cette élection le vote de gauche était minoritaire.

Comment expliquer cette situation ? D’abord, entre 1965 et 1995, ce ne sont plus les mêmes électeurs : il faudrait comparer les listes électorales mais n’y sont plus électeurs tous ceux qui sont morts et tous ceux qui ont quitté Villedieu.

A côté de ceux qui n’y sont plus, il y a tous ceux qui se sont inscrits (néo-Villadéens, générations nouvelles). La société a suffisamment changé pour que les jeunes ne votent pas comme leurs aînés et, depuis 1965, ce sont ainsi plusieurs générations de jeunes et nouveaux électeurs qui s’expriment. Certains facteurs déjà évoqués et généraux jouent probablement un rôle important (déclin communiste, déception devant la gauche au pouvoir...).

Il faut aussi songer à des facteurs plus locaux. Notre région et notre village ont considérablement changé en 40 ans. Nous étions pauvres, réellement, dans les années 50 et 60. Nous avons du mal à le dire et à en accepter l’idée mais nous nous sommes enrichis grâce à deux industries qui se sont considérablement développées : la (mono)culture de la vigne d’une part, le tourisme d’autre part. Nos maisons et nos terres qui ne valaient rien ont désormais une valeur élevée (et qui nous dépasse même). Par ailleurs, notre âge moyen est certainement plus élevé. C’est presque toujours vrai : quand on vieillit et qu’on s’enrichit, on a un patrimoine à protéger et on pense que la droite est plus apte à le faire que la gauche ... et on est peut-être moins enclin à en réclamer le partage ?


Yves Tardieu




Cliquez sur l'illustration
pour accéder aux
résultats des élections
présidentielles
à Villedieu
de 1965 à 1995



Parrainages

Neuf candidats aux élections présidentielles de 1995, seize cette année [2002] (un record !) et pourtant l’accès à la candidature n’est pas simple. Un vrai parcours du combattant pas toujours couvert de succès pour certains. En effet, se présenter passe par l’obtention des fameuses 500 signatures d’élus : sénateurs, députés, conseillers généraux ... et maires des 36 000 communes de France. Si pour les "grands candidats", cela ne semble pas poser de problème il n’en est pas ainsi pour tous les candidats. Bien nombreux sont ceux qui restent sur la touche, ou qui ont cru y rester ou qui ont fait semblant de le croire...

Il semblerait que les maires de nos petites communes rurales deviennent intéressants et soient fort courtisés par les prétendants au siège suprême !

Nous avons voulu savoir comment dans notre propre village s’était passée cette chasse au parrainage. Jean Louis Vollot a bien voulu répondre à nos questions et nous a reçues à la mairie en compagnie d’Henri Favier.

Comme en 95 plusieurs candidats à la candidature l’ont sollicité et il a donné sa signature au premier d’entre eux. Pour lui, il y a deux façons de voir les choses : accorder son soutien à une personne de même opinion ou soutenir un "petit" candidat qui a moins de chance de parvenir au quota requis et qui peut tout de même présenter des idées valables. Le parrainage est alors un acte de démocratie.

Il ne nous dira pas à qui il a accordé son soutien cette année car pour lui cela reste un choix personnel. Il ne tient pas à ce que cela soit sujet à discussion, le fait de donner sa signature n’a pas à être non plus débattu en conseil municipal car c’est seulement le maire qui est sollicité.

Cette année beaucoup de maires ont refusé de parrainer un candidat, d’une part à cause du harcèlement des médias, et d’autre part pour exprimer leur désaccord avec la politique actuelle dans le cadre de la ruralité.

Jean Louis Vollot estime, lui, que le tirage au sort des maires signataires n’aurait pas dû paraître dans La Provence du 11 avril qui donnait le nom de 40 parrains vauclusiens dont 2 du canton. Tout comme il est contre le fait que le Conseil Constitutionnel publie cette liste. Il pense que c'est une entrave à la liberté de choisir. En 1995, lui-même avait été harcelé par des journalistes, coups de téléphone et articles de presse. Cette année son parrainage n’a pas été pris en compte car il n’est pas parvenu au Conseil Constitutionnel.


Claude Bériot et Armelle Dénéréaz


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Gazette N°12 - 4 juillet 2002

L’école d’Artois

Beaucoup s’en souviennent mais certains ne le savent peut-être pas... Il y a tout juste quarante ans une petite école privée secondaire s’installait sur la commune.

En effet, en Juin 1962, Yves et Jacqueline Tredez et leurs 3 enfants dont un bébé de 6 mois arrivaient à Villedieu dans l’ancienne fabrique, l’usine à soie d’alors. Tout un été, aidés de neveux, parents et amis ils s’affairèrent à remettre en état la vieille bâtisse et petit à petit la transformèrent.
En Octobre de la même année, l’Ecole d’Artois ouvrait ses portes et les élèves, pour certains venus dans les cartons de déménagement... de Paris, d’autres de la région et de Villedieu furent accueillis pour suivre un enseignement quasi personnalisé.

Ce qui caractérisait sans aucun doute cette école fut l’ambiance familiale donnée par Yves et Jacqueline qui étaient tout autant des éducateurs que des professeurs.
Les élèves qui leur étaient confiés étaient internes pour le trimestre complet pour les plus lointains. Leur vie s’organisait tant autour de l’école que des activités annexes presque tout aussi importantes. Des classes à effectif réduit accueillaient les élèves de la sixième à la terminale et leur permettaient de se présenter aux épreuves du BEPC et du baccalauréat.
Ce n’est sans doute rien de révolutionnaire qui caractérisait l’enseignement donné mais certainement la vocation et la passion d’Yves pour les lettres classiques et la philosophie qu’il savait transmettre à ses élèves.

Quant à Jacqueline à qui revenaient la gestion et l’économat, elle enseignait l’anglais, la géographie et éventuellement effectuait les remplacements de professeurs absents.
Les matières scientifiques et les autres langues vivantes étaient confiées à des professeurs extérieurs qui savaient adopter l’esprit de cette petite école hors du commun et se faire à l’ambiance familiale qui dominait dans la maison.

Le souvenir de l’une d’elle est encore vivace dans le village : Regina Kolberg avec sa forte personnalité germanique qui habitait chez Jean-Marie et Marie-Thérèse Berthet.
Chaque année scolaire se clôturait par une fête et un spectacle préparés par les élèves et leurs professeurs. A l’occasion, on mettait à contribution les dames du village qui voulaient bien fournir en bonneterie et accessoires divers ces acteurs pour les transformer en femmes savantes et autres précieuses ridicules !

Outre leur scolarité, les élèves étaient invités à découvrir une région, un village, à y apporter leur jeunesse et participer à sa vie à leur manière.
C’est ainsi que la chorale paroissiale fut étoffée par un apport de voix masculines jamais égalé à Villedieu sous la direction ferme et dynamique de Jacqueline.
Certaines jeunes villadéennes n’étaient d’ailleurs pas insensibles aux charmes de ces voix et il y eut quelques idylles sans lendemain...

L’équipe de foot locale trouva du renfort et un nouveau souffle grâce à de nouvelles recrues prêtes à s’affronter aux équipes du canton tous les dimanches après–midi sur le stade de Villedieu.
Tous les jeudis d’hiver les cars Lieutaud transportaient cette joyeuse équipe sur les pentes enneigées du Mont Ventoux pour s’essayer aux joies du ski, sport encore peu pratiqué à l’époque !
Les villadéens découvrirent un peu affolés parfois leurs champs inondés par mégarde, par des jeunes novices en agriculture que la sécheresse de l’été inquiétait et qui trouvaient le canal fort pratique pour les rafraîchir !

Quelques personnes de la région se souviennent bien de ce temps, comme Paulette Abran de Buisson, qui fut pendant des années une lingère dévouée. Elle raccommodait, lavait, repassait, triait et rangeait les affaires des internes dans son perchoir sous les toits.
Une autre grande figure régnait sur la cuisine c’était Georgette Lazard qui n’hésitait pas à pimenter ses invectives contre ses lascars…. et contre Rose Clément son aide dévouée !

Lorenzo De Fransisco, alors professeur d’espagnol et surveillant, se souvient sans doute des sorties intempestives de ses élèves qu’il récupérait parfois dans des lieux incongrus mais fort prisés par ces gaillards avides d’aventures.
Ces jeunes sont sans doute devenus des hommes respectables. Les fondateurs de l’école et le personnel d’encadrement ont disparu.
La maison, même, oublie peu à peu les marques de l’école fermée depuis 1970.
Quelques meubles par ci par là, comme les tableaux noirs encore accrochés dans les salles de la Magnanarié témoignent de ce temps passé.
Même la cloche qui rythmait les journées d’école, ne tinte plus que très rarement avec le son étouffé des souvenirs enfouis.


Armelle et Brigitte Tredez



Le journal de l'époque



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Villedieu et le cirque

Finalement c'est une longue histoire... Sur le terrain de foot de Villedieu, maintenant le terrain de tennis, se dressa un jour, avec l'accord de la municipalité, un chapiteau. Comment était-il donc arrivé dans notre village ?

En 1985, Capel (nom de clown de Daniel Durand) et Tony (partenaire clown de Capel et ex-trapéziste) eurent l'idée d'implanter à Villedieu ce grand chapiteau que Tony avait acheté à la suite d'une tournée fructueuse. Les villadéens s'habituèrent donc à voir sur leur terrain de foot abandonné un chapiteau et une caravane où logeait Tony.

Ces installations n'étaient pas seulement un décor. Tony et Capel commencèrent à donner des cours de cirque, essentiellement à des adultes. Ils organisèrent même un grand spectacle en 1986. Puis Tony et Capel se séparèrent. Les cours de cirque continuèrent pendant un certain temps sous la direction de Tony et par la suite avec Monsieur Martinez. Le chapiteau disparut alors du paysage local...

Un autre cependant apparut en 1988. Le chapiteau actuel, jaune et bleu, que les habitants de Villedieu connaissent bien. Il fut acheté par la municipalité. Très vite, quelques membres du conseil municipal apprirent à le monter comme de vrais "pros". Il tient lieu de salle des fêtes pour les diverses manifestations villadéennes.

Parallèlement Capel et son épouse enseignaient les arts du cirque pendant les vacances scolaires dans la Drôme et, en 1989, Capel fut sollicité par la directrice du Centre de Loisirs pour créer un atelier cirque à Vaison. Les élèves étaient peu nombreux : entre 12 et 15 mais cela leur plaisait bien. Ils se prirent pour de réels artistes quand ils participèrent, en juin 1991, à des rencontres régionales d'écoles de cirque à Draguignan. Cette même année, sur la recommandation du Maire de Vaison, Yves Meffre, cet atelier de cirque devint association indépendante appelée "Ecole de Cirque Badaboum". Maintenant cette école, avec son antenne de Nyons et celle de Valréas, compte près de 200 élèves. Décidément les arts du cirque plaisent.

De plus, très officiellement, nous sommes dans l'année du cirque et, au cours du Festival de Vaison, sera présenté par deux fois le spectacle de "CYRK 13" - mise en scène de Philippe Découfé - les 19 et 20 juillet 2002. "CYRK 13" est le spectacle des élèves de la 13ème promotion du Centre National des Arts du Cirque de Châlons en Champagne.

Le cirque a considérablement évolué. Il ne faut plus s'attendre à voir apparaître, sur piste ou sur scène, l'Auguste avec son nez rouge, ses grandes chaussures et sa veste à carreaux sous l'œil hautain du clown blanc dans son habit pailleté... "Dommage" diront certains mais les jeunes nous poussent et eux, sans hésitation, préfèrent le cirque contemporain, sa musique et sa mise en scène. Même si le débat est ouvert, faisons leur confiance.


Anne-Marie Durand



Les 10 ans de Badaboum en 1999



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Villedieu comme la France ?

Certains lecteurs se sont émus de ce titre en première page de l'avant-dernière Gazette car à Villedieu Jacques Chirac n’était qu’en deuxième position au premier tour et non en tête comme dans la France entière. Ce titre signifiait simplement que, pour la première fois, les personnalités présentes au second tour étaient les mêmes à Villedieu et en France.

Bien sûr, au deuxième tour comme au premier, le score de Jean-Marie Le Pen est plus élevé à Villedieu : 26,5% contre 17,8%. Sa progression à Villedieu (21 voix et 5% de plus au second tour) est également bien plus forte qu’en France où elle a été très faible. Plus que la France mais un peu moins que le Vaucluse...


Les résultats :
Votants 355 ; blancs ou nuls 30 (7,5%, c’est beaucoup) ; Chirac 239 (73,5%) ; Le Pen 86 (26,5%).

Yves Tardieu

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Gazette N°13 - 14 septembre 2002

Un américain à Buisson...

Mark Haskell est américain. Depuis 12 ans, il vient en vacances avec sa femme Lise et sa fille de 11 ans, Anne Lise à Buisson où il a acheté et restauré une petite maison. "Nous sommes les seuls américains au village", dit-il.

L'un des "jobs" de Mark est chef cuisinier dans un restaurant de Washington. Il dirige également une petite agence qui organise des voyages culinaires en France et en Toscane. C'est ce qui l'a amené à venir de plus en plus souvent à Buisson où il était, avec un groupe de six américains pour découvrir la gastronomie locale, le 11 septembre 2001.

Toutes les marques d'affection, les témoignages émouvants, les gestes d'amitié et de solidarité qui lui ont été témoignés pendant cette période lui ont fait sentir à quel point il faisait partie intégrante du village - les gens frappaient à sa porte, lui offraient un verre au café, des commerçants lui refusaient sa monnaie. "C'était plus que de la générosité", dit-il, "je crois que c'était un rejet de la tragédie".

En attendant d'avoir un vol de retour, il s'efforçait de combattre ce choc et l'horreur des récents événements et d'anticiper ce qui pourrait encore arriver.

"J'étais un Américain convaincu de la gentillesse des étrangers. Toujours merci".


Tiré de son article du 27/09/01
dans The Christian Science Monitor
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Gazette N°14 - 6 novembre 2002

As de la guerre

Ayant eu connaissance de la présence de la sépulture d’un "As" de la guerre de 1914-1918, monsieur Daladier Gustave, et ayant été moi-même membre d’une unité combattante de l’Ar-mée de l’Air, je me suis rendu au cimetière de Villedieu, pour rendre hommage à mon aîné.

A ma grande surprise, je me suis trouvé devant un tombeau dans un état d’abandon complet, pas une inscription, pas une marque de souvenir à la mémoire de celui qui y est inhumé.

Lorsqu’une commune a compté parmi ses enfants un personnage tel que monsieur Daladier, elle se doit d’en perpétuer le souvenir aux générations suivantes. La municipalité a prêté une oreille attentive à mes suggestions et une plaque commémorative sera posée sur son tombeau lors des cérémonies du 11 novembre.

Pendant la Grande Guerre, le titre "d’AS" était décerné à tout aviateur ayant au moins cinq victoires aériennes à son actif. Monsieur Daladier en a compté douze dûment homologuées.

Compte tenu de la fiabilité toute relative du matériel employé, moteurs, cellules, armes, instruments de bord, on peut mesurer le courage de ceux qui se battaient avec si peu d’atouts dans leur jeu, courage encore plus notable par le fait que les parachutes ne faisaient pas partie de la panoplie de l’aviateur. En cas de détresse, chaque aviateur était voué à une mort certaine.

Il y a eu en tout et pour tout 187 As français pour la totalité de la guerre et il n’y en a eu que 25 pour totaliser plus de 12 victoires. On mesure ainsi le caractère exceptionnel de l’action du lieutenant Daladier. Pendant les trois années qu’il passa en diverses escadrilles, il fit toujours preuve d’un courage et d’une abnégation qui ne peuvent faire que l’admiration des générations futures.


Jacques Bertrand

Gustave Daladier

L’hommage rendu à Gustave Daladier grâce à Jacques Bertrand ramène à la mémoire villadéenne une personnalité originale qui a marqué Villedieu de bien des manières.

Ainsi, la plupart de ceux qui l’ont connu ont des anecdotes à raconter.

Les plus anciens se souviennent de la sensation qu’a représenté pour les Villadéens de l’époque son atterrissage dans un champ de blé devant la ferme Pouget à Saint Laurent (propriété de ceux que nous appelons "les Suisses" et qui se nomment Roger Boward et Susi Fichmann). C’était vers 1921 et les enfants ont quitté l’école pour venir voir l’aviateur et son avion. Il est peut-être bon de rappeler aux plus jeunes que l’aviation avant 1914 en était à ses balbutiements et qu’après la guerre c’était encore quelque chose d’extraordinaire : nous parlons d’une époque où l’électricité n’était pas encore là mais nos grands parents si !

Les générations suivantes se souviennent des oranges que Daladier envoyait du Maroc et qui étaient distribuées à l’école.

Maxime se souvient des dernières volontés du défunt, mort en 1974. Il voulait voir le Mont Ventoux. Son cercueil a été placé dans le sens voulu...

La Gazette reparlera probablement un jour de Gustave Daladier. Héros de la première guerre mondiale, personnalité originale, devenu riche il n’a pas laissé indifférent, suscitant admiration ou amitié durables mais aussi critiques et jalousies.

Gustave Daladier est né à Villedieu le 23 mars 1888 l’année de la naissance de mon arrière grand père et il est mort en 1974, l’année de la mort de mon grand père. J’en avais souvent entendu parler dans mon enfance et je me souviens avoir vu ce vieux monsieur chez mes grands-parents deux ou trois fois.

Pourtant, je ne savais pas qu’il était un héros de la première guerre mondiale.

Merci à Jacques Bertrand de nous remettre en mémoire cet épisode de notre histoire.


Yves Tardieu

Citations

Citation de la médaille militaire, 4 mai 1917

"Excellent officier ayant déjà fourni des preuves de hautes qualités en Algérie et au Maroc. Transféré à l’aviation il s’est montré pour être un pilote de plus grand courage. A exécuté de nombreuses missions de longues distances et a eu plusieurs combats. Le 14 avril 1917, il a tiré en bas d’un avion ennemi dans des circonstances particulièrement difficiles."


Citation de Chevalier de l’ordre de la Légion d’Honneur, 27 juillet 1918
(il a été élevé plus tard au grade de Commandeur)

"Pilote excellent en raison de son esprit d’initiative dans le combat. Pendant deux ans et demi dans l’aviation il a toujours fourni les preuves de ses capacités par de nombreuses missions de protection et de poursuite. Il a récemment porté le nombre de ses victoires à sept, a déjà obtenu la Médaille Militaire et quatre citations."


 
Homologation

"L’homologation se trouve soumise à des règles particulièrement dures. Ne comptent que les avions brisés en l’air, descendus en flamme ou s’écrasant au sol, aperçus dans cette situation par des combattants étrangers à la troupe victorieuse, observateurs terrestres, ballons, aviateurs d’autres unités ou patrouilles. Souvent, malgré la certitude morale du succès, on n’a pu le proclamer."

Daniel Porret, Les "As" français de la Grande Guerre

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Gustave Daladier



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Gazette N°15 - 8 janvier 2003

Clémentine

Alain a écrit ce texte avant Noël comme un clin d’oeil à Clémentine. Nous avons choisi de le conserver comme un hommage après sa disparition.

Clémentine Joubert a eu 102 ans cette année et la clémentine a eu 100 ans.

Le 4 mai 1900 elle venait au monde et l'on peut penser que ses parents choisirent ce prénom parce que sa maman, Bathilde-Claire Beauchamp était née CLEMENT. On est d'autant plus autorisé à le croire, que son frère, Fortuné Clément, appela lui-même sa fille Clémence.

M. et Mme Beauchamp ne se doutaient pas qu'à la même époque le père Clément, un moine ayant la charge d'un orphelinat en Algérie, à Misserghin, étudiait le moyen d'obtenir de plus beaux fruits pour ses petits protégés. Il a alors l'idée d'introduire du pollen d'oranger dans une fleur de mandarinier, puis de semer les pépins du fruit qui en résulte. A la première récolte, il découvre des "mandarines" différentes, plus colorées, à la saveur douce et musquée.

Officiellement décrit en 1902, on baptisa ce nouveau fruit du nom de clémentine en l'honneur du moine-jardinier... Mais là aussi on peut penser que cette clémentine vit le jour en 1900.

Au revoir Clémentine.


Alain Bériot

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Gazette N°16 - 14 mars 2003

Les Villadéens se souviennent...

Si Jean Brando raconte (voir ci-dessous) avec émotion et compétence l'ancien métier que son père Dominique a pratiqué pendant des années à Vaison et dans les villages avoisinants – certains se souviennent de son passage à Villedieu et Maxime Roux de m'indiquer l'endroit exact, sous les remparts, où Dominique Brando faisait un petit trou pour son foyer.

Ce que confirme d'ailleurs Marie Barre qui raconte qu'après avoir déposé sa charrette à bras puis plus tard à mulet, il faisait le tour des rues de Villedieu où la population lui donnait toutes sortes d'objets métalliques soit à étamer soit à souder.

Dominique retournait ensuite à son foyer qui servait aussi bien à chauffer le bain d'étain qu'à chauffer les fers à souder. Puis, son travail terminé, il attendait que les propriétaires des objets viennent les rechercher.

Paulette Mathieu se souvient elle d'un étameur qui venait du Piémont en hiver avec sa charrette à bras et même avec une meule à eau actionnée par des pédales.

Charles Macabet, lui, se souvient surtout des cuillères et des fourchettes si brillantes (pour combien de temps ?) après le bain d'étain.

Tous se souviennent de la même date – obligatoire – du passage de l'étameur : peu avant la fête votive de Saint Laurent le 10 août.


Thierry de Walque


 
... d’un ancien métier : étameur-ferblantier

Dominique Brando est né en 1900 en Italie. Il est venu à Châteaurenard pour travailler en 1911. A Vaison La Romaine en 1924 où la maison Brando est présente de père en fils depuis lors.

Dans ce métier, il y a deux fournitures, deux marchandises nobles, d'une part l'étain pur qui chante, dit aussi étain vierge, d'autre part le fer blanc, dit tôle blanche. A l'époque ces deux produits servaient surtout pour l'alimentaire.

Jadis avec des moules en bronze, avec l’étain pur en fusion à 800° qui coulait comme de l'huile chaude, l’étameur fabriquait des cuillères à soupe, des fourchettes, des petites cuillères. Puis arriva la fabrication des couverts de table en acier ou en fer, qui prenaient la rouille, et toutes les années, généralement, les personnes faisaient étamer leurs couverts dans un bain d'étain pur.

La tradition étant que l'étameur se déplace en charrette avec le cheval, ou en vélo avec une petite remorque derrière, puis en voiture. Il se déplace et s'installe sur les places publiques des villages, à côté d'une fontaine, devant la mairie, à côté d'une église, etc...

Il faisait un foyer dans le sol, avec son grand soufflet et son outillage. Ses tournées étaient régulières, quelques jours avant les fêtes votives du Saint Patron de ces villes ou villages. Il avait tous ses clients réguliers, qui faisaient étamer leur service de table, cuillères, fourchettes, cuillers, louches, écumoires, plats, casseroles, chaudrons en cuivre, il étamait également les mors des chevaux et de nombreux objets et autres ustensiles.

En atelier modeste (pas d'expo, pas de magasin), il avait également une clientèle : des restaurateurs pour étamer leur batterie de cuisine en cuivre et divers, des laitiers faisant étamer des ustensiles, des cavistes faisant étamer des objets de vinification, des accessoires pour grainetiers, meuniers, même des objets d'église, et parfois pour le médical.

Restons toujours dans l'alimentaire (étonnant de nos jours, mais vrai), avec le fer blanc, on façonnait de nombreux objets et on réparait cette tôle blanche. Ces articles servaient à stocker l'huile d'olive et les olives, au travail de l’apiculteur pour la production de miel. Il y avait aussi la fameuse boîte à conserves en fer blanc, avec son couvercle à souder (par exemple pour les truffes). Pendant la guerre 39/45, ces boîtes de nourriture étaient expédiées aux prisonniers.

Dans ce métier, il y avait la soudure d'étain en baguette de bonne qualité qui se compose de 33% d'étain pur et de 67% de plomb raffiné, et se trouve toujours commercialisée de nos jours.

Cet artisan travaillait, façonnait, réparait de nombreux ustensiles divers en cuivre, en laiton, en tôle galvanisée, en tôle noire, en zinc, en plomb, etc... Il s’agissait de seaux, d’arrosoirs, de sulfateuses à dos, de soufreuses à dos, de semoirs, de lessiveuses, de casseroles, de bouillottes, etc... Il confectionnait des bâches en zinc pour réserves d'eau.

L'étameur ferblantier se mit peu à peu dans le bâtiment pour installer des chenaux de couverture et des gouttières en zinc, avec les descentes pluviales en zinc, et même zinguer des cercueils. Dans ce métier, on soudait les réservoirs d'essence des voitures (pour celui qui ne connaissait pas la combine, le réservoir sautait au plafond de l'atelier...).

Le charbon de bois était le combustible pour chauffer les fers à souder de l'époque et pour faire fondre l'étain pur dans la grande poêle pour étamer les grandes pièces, où il y avait jusqu'à 30 kg d'étain vierge en fusion.

Pendant la guerre de 14/18, on étamait les gourdes métalliques qui contenaient surtout le vin et les quarts munis de la petite anse, travail effectué aussi entre les deux guerres pour l'armée.

Voici un petit résumé d'un métier qui a disparu ! Dominique Brando a arrêté son activité en 1961. Il nous a quitté pour un monde meilleur en 1989.


Jean Brando


Paulette

Paulette Travail est morte à six jours de son 90ème anniversaire. Presque tout le monde la connaissait, y compris parmi les résidents secondaires car elle habitait en face l’épicerie et qu’on la voyait souvent, là ou sur la place. Elle parlait avec tout le monde et beaucoup avait plaisir à sa conversation. Elle avait aussi un “don”, celui de soigner bien des bobos et nombreux sont ceux qui l’ont consultée. Ce don était aussi celui de trouver l’eau et elle le partageait avec son frère Ponpon, Aimé Bertrand, mort il y a déjà 7 ans. En effet, Paulette Travail était née Bertrand et elle était la doyenne d’une famille si présente à Villedieu.

Avec sa disparition c’est aussi un patronyme villadéen qui disparait du village. Il ne reste plus de Travail que le nom de jeune fille de sa fille Raymonde. Pourtant la famille Travail a été très présente à Villedieu. En effet, à la fin du XVIIIème siècle (je n’ai pas cherché plus loin) les Travail sont déjà présents dans les actes d’état civil et ils sont déjà présents aux Adrès. Chaque génération comprend entre 5 et 10 naissances mais bien peu d’arrivées à l’âge adulte. La ferme des Travail, aujourd’hui en ruine (la maison actuelle a été achetée par Paulette et Raymond qui ont laissé la vieille ferme à la fin des années 50), n’était qu’une partie du terroir des Adrès et la vie devait être particulièrement difficile et frugale. A chaque génération, un seul des enfants restaient sur la ferme familiale, probablement trop exigüe pour autoriser un partage.

Une originalité de cette famille est le fait qu’elle portaient deux noms à l’état civil. Les mêmes personnes sont appelées tantôt Travail, tantôt Travaillon qui est la forme francisée d’un probable patoisant "travailloun"... Lorsqu’il nait, mon arrière grand père Firmin Travail, beau père de Paulette, est appelé dans son acte de naissance "Travail" ou "Travaillon". Par la suite, seule la forme "Travail" s’impose pour son fils Raymond. Pourtant, le frère aîné de Firmin qui part s’installer en Algérie dans les années 1880 a fondé une famille "Travaillon" dont les descendants vivent aujourd’hui dans plusieurs régions de France et portent ce nom !
Aujourd’hui, les Adrès sont la propriété d’un descendant des Travail, Denis Tardieu, mais le nom s’est perdu à Villedieu.

Chacun gardera son souvenir de Paulette. Pour ma part, j’en garderai une leçon de vie : elle a eu une vie rude et n’a jamais quitté Villedieu et pourtant elle a su garder jusqu’à la fin de ses jours un regard positif et bienveillant sur les gens et les choses allié à une réelle indépendance d’esprit.

Une anecdote récente en témoigne. Au printemps dernier, le jour de la fête de l’école, son arrière petit fils s’est fait faire une coiffure spectaculaire, avec des bandes rasées et d’autres plus longues le tout couronné d’une crête d’iroquois. Entre ceux qui se retranchaient derrière la liberté de se coiffer comme on veut et ceux qui trouvait ça franchement pas très beau cette coiffure n’a guère rencontrée l’adhésion. Il passe voir Paulette et elle lui dit (c’est la seule qui l’a fait) "ça te va bien". On pourrait conclure au gâtisme ou à la complaisance de la grand-mère mais non. Elle le pensait pour deux raisons. D’abord elle trouvait que ça mettait en valeur la forme de son visage (et là elle ne regardait plus les cheveux mais le tout, ce qui est un autre regard). Ensuite, elle lui a raconté ce qu’elle avait fait elle, pour ses 14 ans (nous sommes donc en 1927, avant l’électricité à Villedieu, lorsque les femmes ne votent pas, ne passent pas le même bac que les garçons, n’ont pas le droit de faire un chèque sans l’accord de leur mari !). La mode à l’époque, mode d’avant garde, était au cheveu court pour les femmes. C’était la première fois dans l’histoire que les femmes se faisaient couper les cheveux. Cette mode lancée par le livre de Victor Margueritte "La Garçonne" a provoqué un énorme scandale. L’auteur du livre est condamné par un tribunal et radié de la légion d’honneur.
On mesure le problème lorsque Paulette, à Villedieu, prétend se faire couper les cheveux. Bien sûr le refus des parents est inévitable. Malgré la crainte et le respect pour eux, elle se les coupe elle même.
75 ans plus tard, elle reconnaissait son propre désir de jeunesse dans celui d’aujourd’hui et l’approuvait. Trop d’entre nous ne se souviennent plus de leurs aspirations et, au nom de leurs renoncements, jugent les autres et voudraient les voir renoncer encore plus vite. Pas elle.

Au début des années 30 elle a également passé son permis de conduire, chose peu fréquente pour une femme (et pour beaucoup d’hommes à l’époque). Il est vrai que, signe des temps, elle n’a pas conduit et utilisé ce permis pendant 60 ans. Ce n’est que lorque son mari n’a plus pu conduire qu’elle a pris le volant.

Cette indépendance et cette jeunesse d’esprit, je l’ai re-trouvée souvent dans le regard qu’elle portait sur le passé. Bien sûr, comme tout le monde elle avait la nostalgie de son enfance et de sa jeunesse mais à la différence de beaucoup d’entre nous qui confondent cette nostalgie avec la certitude que c’était mieux avant, elle faisait la part des choses.
Elle se souvenait de la dureté de son enfance, des punitions fréquentes et inutiles, de l’école manquée pour aller travailler aux champs, de la pauvreté qui rend malheureux et quelquefois méchant. Bref elle ne rendait pas le passé plus rose qu’il n’était. Pour autant, elle ne se privait pas de désapprouver le présent lorsqu’il lui paraissait injuste ou excessif.

Dans le même ordre d’idée, elle m’avait raconté les élections municipales de 1935 à laquelle son père avait été candidat. Il avait été accusé par la liste adverse de malhonnêteté et avait fait venir les gendarmes en pleine réunion publique pour témoigner de son intégrité.

"C’était pas mieux avant" disait-elle.

A la fin de cet article en hommage à Paulette, j’ai également une pensée pour tous ceux qui nous ont quitté ces derniers mois. Je ne peux citer tout le monde et ce sont des images de mon enfance que j’évoquerai en manière de souvenir et d’hommage. Celle de Fernand Dubourg racontant à mon père, alors président de la société de chasse, une chasse à la bécasse, je devais avoir alors 7 ou 8 ans. Celle d’Aimé Barre venant tuer le cochon et toute l’ambiance qu’il y avait autour de cet événement. Celle de Lucienne Louis qui me faisait toujours un peu peur lorsque je la croisais en allant à l’école. Celle de Pierre Fontana et de la façon bien à lui qu’il avait de viser, lui qui était bon tireur à la pétanque.

Yves Tardieu

Le pendule ne tourne plus...

Paulette a posé son pendule. Elle nous a quittés emportant avec elle des souvenirs et des anecdotes sur bon nombre d’entre nous, car rares sont ceux qui, même les plus sceptiques, n’ont pas eu, un jour, recours au don de Paulette.

On y croyait ou on n’y croyait pas, mais devant le mystère du pendule qui pouvait s’agiter dans tous les sens, on ne pouvait s’empêcher de ressentir une légère inquiétude tant que ce fameux pendule n’avait pas rendu son diagnostic.

C’est alors que Paulette agissait et pouvait traiter la douleur tout en nous racontant avec sa bonne humeur habituelle, ses souvenirs de jeunesse et la vie d’autrefois de notre village. On la quittait ravi, car soulagé de notre mal et Paulette était toute aussi ravie d’avoir pu faire du bien. Cela faisait partie de ses nombreuses qualités humaines. C’est encore une figure marquante de Villedieu qui nous a quittés, elle était estimée de tous.

Avec toute notre affection, nous vous disons au revoir Paulette...

Josette, Mireille, Rosy, Yvan et les autres...


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Avec des cheveux courts
à 14 ans...





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Gazette N°17 - 16 mai 2003

On se souvient d’un ancien métier : colporteur de bonneterie


Maxime Roux se souvient qu'aux environs des années 60, à Villedieu, les frères GERTHOUX présentaient des articles de bonneterie appelés "tricot caleçon" et du linge de maison. Léopold et Jeannine Dieu se souviennent aussi d’avoir connu les trois frères Gerthoux mais surtout Antoine et Jean.

Cela valait bien une visite à Bernard Gerthoux, fils d'Antoine, dans son magasin Cours Fabre à Vaison.

"En automne mon grand-père, mon père et mes deux oncles quittaient leur village de Chianale à 1800 m d'altitude dans le Piémont, où ils n'avaient de travail qu'en été, et passaient l'hiver en Provence à vendre des articles de bonneterie, des toiles de matelas, des draps de lit, etc…
Ils se rendaient à pied jusqu'à Mont-Dauphin–Guillestre près de Briançon où ils louaient une charrette avec son mulet. Ils achetaient ensuite les marchandises à Gap puis descendaient vers le Vaucluse.
Le grand-père s'arrêtait sur la place des villages tandis que ses jeunes fils Jean et Antoine, d'environ 14 ans, partaient leur ballot de textile sur le dos, présenter la marchandise jusque dans les fermes les plus isolées de la campagne.
A la fin de l'hiver ils reprenaient la route de Chianale pour y retrouver leur famille. Une partie de cette famille vit toujours là-bas et nous avons conservé avec elle des liens très étroits. Lors des nombreuses fêtes de famille qui nous rassemblent à Vaison ou à Chianale, nous parlons toujours notre patois piémontais".

Fidèle à la tradition familiale, Bernard Gerthoux présente sa marchandise sur les marchés de Nyons, Malaucène et Carpentras.

Jeannine Dieu se souvient également d'autres colporteurs, les frères Bertoni de Valréas, qui présentaient à côté de la fontaine, des articles textiles similaires.

"Le grand-père Gerthoux et les frères Bertoni, bien que concurrents, étaient avant tout de vrais amis", me confie Bernard Gerthoux.


Thierry de Walque





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Gazette N°18 - 4 juillet 2003

Un aviateur américain à Villedieu

La Gazette est heureuse de donner la parole à quelqu’un que tout le monde aperçoit à Villedieu l’été venu depuis de nombreuses années. Bate et Posie Ewart viennent des Etats-Unis passer leurs vacances à Villedieu. Nous avons parlé dans un précédent numéro de Gustave Daladier, As de la Première guerre mondiale et de Jacques Bertrand, qui était lui dans les bombardiers de la Seconde guerre mondiale. La densité d’aviateurs à Villedieu est étonnante, puisque Bate Ewart nous raconte ici son expérience pendant cette même guerre et que Guillaume Lefèvre devra bien nous en parler un jour aussi !

Bate, un pilote de l'Armée de l'air américaine de la deuxième guerre mondiale et sa femme, retrouvent l'amitié, la paix et un accueil chaleureux chaque été à Villedieu.

Durant l'année 1942, en février, Bate Ewart reçoit son diplôme de l'Université Dartmouth, dans l'état de New Hampshire aux Etats-Unis.

Nous sommes deux mois après l'attaque aérienne japonaise du 7 décembre 1941 sur Pearl Harbour à Hawaï. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des étudiants diplômés de cette université masculine s'engagent comme volontaires soit dans l'armée de terre, soit dans la marine, soit comme fusiliers marins, soit dans l'armée de l'air.

La production américaine de voitures et de poids lourds en 1941 est transformée en fabrication intensive d'avions en 1942. L'Armée de l'air nomme Bate, tout comme nombre d'autres, pour piloter ces nouveaux avions, de la sortie de l'usine jusqu'aux zones de combat, partout dans le monde : l'Angleterre, la Sardaigne, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Himalaya, la Chine, la Birmanie, la Russie et le Fezzan (sud-est de la Libye). Ils soutiennent les forces françaises du général Philippe Leclerc qui occupent ou contrôlent quelques-unes des zones de combat au-dessus desquelles Bate pilote les nouveaux avions de transport et de bombardement.

Au cours de vols fréquents en Afrique du nord et lors de la livraison des avions de combat et de transport aux bases nord-africaines, Bate a l'occasion de mieux faire connaissance avec le personnel français. Par exemple, il est resté en poste pendant trois semaines à la base de formation à Marrakech, où il obtient sa qualification pour piloter les plus grands avions à quatre moteurs.

A la fin de la guerre, Bate rentre aux Etats-Unis. En 1951, il rencontre Posie qui devient sa femme. Ensuite, ils prennent la route pour la Libye où Bate reprend son pilotage comme attaché de l'air à l'ambassade américaine avant de se lancer dans sa carrière en outremer, dans les pays en voie de développement avec les Nations Unies.

Quant à Posie, elle fait apprécier à Bate son respect, son admiration et sa passion pour la France et les Français. De 1948 jusqu'à 1951, Elle a travaillé au Plan Marshall, dans l'hôtel Talleyrand, rue Saint Florentin à Paris. Née de cette expérience et de ces années, sa connaissance de la culture et de la langue françaises a enrichi leur vie aussi bien à Villedieu (16 étés) qu'en Caroline du nord, lieu de leur résidence habituelle.


Traduit de l'anglais
par Posie Ewart.





Bate et Posie Ewart avec Guillaume Lefèvre



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Gazette N°19 - 14 septembre 2003

La soie

Un peu d'histoire.

C'est en Chine qu'elle fut découverte et l'on a retrouvé des fragments de tissus datés du XXIVes siècle av. J.-C. Cela servit dans ce pays de premier support souple d'écriture vers le XIIe av J.-C. et les Chinois, ne possédant que peu de mines d'or et d'argent, s'en servaient comme monnaie d'échange pour transactions de toutes sorte. Même la solde des mandarins civils et militaires était aussi payée avec cette soie.

L'exportation des œufs et cocons était interdite sous peine de mort et ce n'est qu'au IVe siècle qu'une jeune princesse chinoise, qui voyagea vers le royaume de Khotan pour s'y marier, cacha dans sa coiffure des œufs. Ceux-ci furent ensuite récupérés par des moines pèlerins qui les acheminèrent jusqu'aux rives de la Méditerranée où la culture des mûriers le long de l'Oronte, la Syrie aujourd’hui, se développa et que la sériciculture devint un monopole de l'empire byzantin.

Au Ier siècle un Grec, Pausanias, avait fait un voyage jusqu'en Chine. Il nous parle d'un animal étrange, sorte d'araignée se nourrissant d'un bambou fort rare, vivant de nombreuses années et dévidant un fil dans les arbres. Cette description avait été inventée par les Chinois pour décourager quiconque d'en entreprendre l'élevage. Un seul et même mot définissait la soie ainsi que les habitants de cette région les Sères (d'où l'appellation de sériciculture).

Les somptueux vêtements chatoyants dont étaient parées les ambassades chinoises furent l'objet de convoitise et un commerce entre Orient et Occident s'établit : ce sera la Route de la soie, amorcée déjà dès le IIe siècle av. J.-C.

Délaissée pendant quelques siècles, c'est Marco Polo qui, au XIIIe siècle ramènera de Chine les secrets de sa fabrication et Venise détiendra le monopole de la confection des brocards en Europe. Introduite en France dès le XIVe siècle, elle se développera surtout dans la vallée du Rhône où cette activité perdurera jusqu'au début du XXe siècle.

Madame Bombyx, qui avait été courtisée par Monsieur, non pour sa beauté car ce papillon de nuit blanchâtre n'a rien d'extraordinaire, pond un beau matin de juillet ses 500 œufs. Ceux-ci restent au stade embryonnaire pendant tout l'hiver. Ce n'est qu'aux premiers beaux jours, lorsque pointent les feuilles des mûriers blancs, qu'à Villedieu et dans tous les villages de la région c'est l'effervescence. Chaque famille pour qui cette activité est un complément de revenu appréciable, s'en va acheter les précieuses boîtes de "graines de vers à soie" (la graine étant l'œuf).

De retour à la maison il faut les faire éclore ; on utilise un castellet, éclosoir composé de tubes métalliques remplis d'eau chauffée par une lampe à pétrole à une température de 14° à 20° pendant quinze jours. Autre possibilité, on les met dans un tissu de laine en les gardant sur soi. C'est alors qu'on présente aux larves naissantes leurs premières feuilles de mûrier disposées sur des claies. Voilà, elles ont fort apprécié leur premier repas et commence alors le travail harassant qui consiste à aller cueillir les feuilles, les disposer sur les claies, nettoyer les déjections et se débarrasser des larves mortes d'indigestion. A cela les enfants participent largement. Plusieurs personnes de Villedieu en ont encore le souvenir.

Les larves vont avoir quatre mues successives et grossiront de 10 000 fois leur taille initiale de 2 mm car elles sont fort gloutonnes. Pour les 30 000 œufs que contenait la petite boîte, il faudra 1 kg de feuilles le deuxième jour et 50 kg la quatrième semaine. Vers le trentième jour, la larve est repue (au même titre que les Villadéens à la fin des festivités d'été !) et décide de s'enrouler dans un cocon de soie, tournant sur lui-même en forme de 8, de l'extérieur vers l'intérieur, inconfortablement perchée sur des branches de genêts. Après trois jours, on porte les cocons à la fabrique où ils sont ébouillantés à la vapeur afin de tuer la chrysalide.

Des brosses rotatives permettent de les nettoyer et de trouver l'extrémité du fil de soie. Chaque cocon mesure de 800 à 1 500 m. Les écheveaux de soie grège sont ensuite envoyés dans d'autres usines pour la teinture et la fabrication des bobines propres au tissage.

« A Villedieu, au XVIIIe, la ferme de la Baude produisait 300 kg de cocons par an. 1853 fut une grande année, 400 mûriers furent plantés à Vaison-la-Romaine et la production de cocons fut de 10 000 kg. C'est cette même année que M. Henri de Piolenc obtint l'autorisation d'installer le long du canal du moulin, un moulinage (l'actuelle Magnanarié) qui fut mis en service en 1857 et comptait 25 ouvrières et 1 contremaître » (Echo villadéen, article de Régis Sauvage).

De nombreuses maladies dont la flacherie et la plébine mirent en péril cette activité qui, bien que Pasteur eût mis au point une méthode pour enrayer le fléau, déclinera pour disparaître définitivement dans les années trente.

Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de visiter le tout nouveau musée de la soie à Taulignan, et si vous voulez rêver, de lire "Soie" d'Alessandro Barrico.

Françoise Tercerie






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Gazette N°21 - 12 novembre 2003

Souvenirs d'Algérie

Cette année est l’année de l’Algérie en France. Partout, des rencontres, des débats, des expositions ont eu lieu et tout le monde se souvient des images de la visite du président Chirac en Algérie au printemps.

L’Amicale laïque de Vaison organise une semaine intitulée "Djazaïr à Vaison". Le programme proposé [ >>> Cliquez-là pour voir le programme <<< ], exceptionnel par sa richesse et sa qualité, est publié dans La Gazette qui a dans ses abonnés quelques responsables de cette association. C’est l’occasion pour La Gazette de se pencher sur les liens entre Villedieu et l’Algérie. Ce thème peut paraître surprenant ou pauvre, et pourtant...

Il y a d’abord des liens anciens : l’Algérie a été pour les Français une terre d’émigration. Il y a sûrement des Villadéens qui ont dans leur famille proche ou éloignée des personnes qui ont quelque chose à voir avec l’Algérie. Je peux témoigner à titre personnel de ce phénomène puisque j’ai un arrière-grand-oncle, Louis Travaillon ou Travail, qui est parti en Algérie au XIXème siècle et y a fait souche. Ses descendants sont toujours venus à Villedieu, que ce soit dans les années 20 ou 30 et encore maintenant. Mon arrière-grand-mère, Marie Coupon, dont la famille est originaire du Buis et de Vercoiran, a passé son enfance à Constantine. Je suppose que ces exemples ne sont pas isolés et concernent plusieurs familles.

Tous ces liens peuvent être ténus mais sont probablement plus nombreux qu’on ne le croit. Ainsi, notre maire lui-même est né en Algérie.

Parmi les liens, il y a aussi les travailleurs algériens qui ont pu venir à Villedieu, comme saisonniers ou plus durablement. Il y a aussi, et ils sont nombreux, les jeunes qui ont dû combattre en Algérie entre 1956 et 1962 et probablement d’autres qui ont pu servir en Algérie à l’occasion de leur service militaire, avant même 1956. La Gazette aura l’occasion d’aborder aussi cette période.

Tout le monde se souvient de M. et Mme Ors, qui ont marqué le village dans les années 70. Ils ont disparu, mais cette volonté de montrer les liens entre l’Algérie et Villedieu m’ont conduit à interroger Majo et Yvan Raffin. Pour illustrer cet entretien, nous avons choisi deux images très belles mais qui sont surtout pour Majo et Yvan des lieux de mémoire, de souvenirs.

Yves Tardieu


Entretien avec Majo et Yvan Raffin

Que pensez-vous de cette année de l’Algérie en France et du programme de cette semaine "Djazaïr à Vaison"?

Pour nous c’est important. L’Algérie c’est aussi notre pays. Ça permettra aux gens qui viendront de mieux connaître ce pays à multiples facettes, très mal connu. Il y a beaucoup de régions différentes et des peuples aussi divers que les Mozabites, les Touaregs, les Berbères, les Chaouias, les Kabyles... Tout ceci forme un peuple chaleureux et accueillant. La plupart des Algériens sont victimes de la situation politique et les images d’actualité ne nous donnent qu’une vue imparfaite.

Dans quelles régions habitiez-vous ?

Nous sommes tous les deux de l’Est algérien. Pour Majo c’est Djidjelli dans la petite Kabylie. Djidjelli est la porte de la plus merveilleuse corniche d’Algérie, jusqu’à Bougie. Pour Yvan c’est Constantine. Constantine est une ville avec une grande histoire. Dès l’époque romaine, c’était la capitale de la Province de Numidie. Son nom vient de l’empereur romain Constantin. C’était la troisième ville d’Algérie traversée par les fameuses gorges du Rummel. Il y a le pont suspendu à 300 m de hauteur au-dessus de cet oued (allez Bichon !).
Derrière chaque colline on trouve quelque chose de différent. Il y a des paysages fabuleux, avec une grande diversité, et des ruines romaines très nombreuses.

Quelle est l’histoire de votre famille en Algérie ?

C’est une histoire ancienne.
Pour Yvan : Mon arrière-grand-mère est arrivée en 1842 à Constantine venant du Gers, du village de Viosan. Selon la légende familiale, elles auraient été, sa mère et elle, les deux premières françaises s’installant à Constantine, sur "400 acres" de pierraille. Elle est morte en 1940, doyenne de l’Algérie. C’était la "mère Lavedan", figure de Constantine. Une autre partie de la famille est arrivée d’Italie, la pauvreté les chassant de Calabre. Mon arrière-grand-père était un entrepreneur ouvrant les routes et les voies ferrées. Il y avait aussi un grand-père corse, troisième fils d’une famille de paysans, qui est allé vivre en Algérie. Mon père était ingénieur des ponts et chaussées et j’étais métreur, sur la frontière tunisienne lorsque nous avons quitté l’Algérie.
Pour Majo : Mes origines sont en partie alsaciennes. Après la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace, comme de nombreux autres Alsaciens, mes arrières-grands-parents sont venus en Algérie. De l’autre côté, on retrouve comme pour Yvan des grands-parents calabrais qui traçaient eux aussi routes et chemins de fer. Mon père était architecte et ma mère institutrice et directrice d’école. Moi j’étais instructrice du plan de scolarisation. Nous allions dans le bled remplacer les instituteurs. Des écoles furent ouvertes à la fin des années 50 et un nouveau corps se créa pour enseigner dans ces établissements.

Qu’est ce qui a marqué votre vie quotidienne ?

Nous avons vécu notre jeunesse pendant les "évènements", à l’époque il était interdit de parler de guerre d’Algérie. Nous avons quitté l’Algérie à 28 et 22 ans. Malgré cette situation, ou peut-être à cause d’elle, nous avons vécu une jeunesse insouciante. Il y avait des choses horribles mais nous avions besoin de nous amuser et de danser. Lorsque j’étais soldat, pendant trente mois dans le djebel, j’ai vécu aussi avec ce sentiment. Même s’il y avait de nombreux deuils qui nous touchaient, nous étions jeunes et nous vivions cette jeunesse.
Le plus frappant est que nous vivions dehors. Il y avait une grande convivialité. Nous allions les uns chez les autres (avec notre bouteille d’anisette !) sans arrêt, malgré ou à cause du couvre-feu .
Nous avions aussi des amis algériens. Les communautés se rencontraient peu, les fêtes étaient séparées par exemple. Malgré tout, nous avions des relations individuelles. Nous nous voyions dehors, dans les cafés, à l’école, nous faisions du sport ensemble. Aujourd’hui encore, certains viennent nous rendre visite chaque année et participent aux réunions villageoises que nous organisons.

Comment avez-vous quitté l’Algérie ?

Nous sommes partis vite, sans le prévoir ni l’organiser, ni surtout rien y comprendre.
Majo : je suis partie le 27 juin 1962 avec Yvanne (1) qui avait 2 ans et demi et Jean Claude (2) qui allait naître.
Yvan : je suis parti le 31 juillet. Nous nous sommes retrouvés à Ribaute-les-Tavernes près d’Alès où nous avons été accueillis de manière extraordinaire par le village. Après, ça a été Dunkerque, Carcassonne, Alès, Propiano, Vaison et enfin Villedieu où nous espérons avoir posé nos valises depuis 1992.

Avez-vous encore des liens avec l’Algérie ?

Il y a encore des gens que nous connaissons en Algérie et avec qui nous gardons le contact. Nous les aidons chaque fois que nous le pouvons. Il y a aussi les Algériens que nous rencontrons ici, que nous aidons, ou avec qui nous sympathisons. Ainsi, le photographe de Djidjelli, Amirah Sallah, est venu trois fois à Vaison ces dernières années. Nous correspondons et il est même allé au cimetière fleurir nos tombes à Djidjelli.

(1) La grande louchière
(2) Le célèbre "jicé" du bar

Yves Tardieu




Djidjelli



Pont suspendu sur le Rummel à Constantine



Corniche



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Les anciens métiers à Villedieu

Chiffonnier : il parcourait le village en criant "Li pato, Li pèu, Pèu de lapin, Pèu de lèbre" (les chiffons, les peaux, peaux de lapin, peaux de lièvre).
Ces chiffonniers récoltaient aussi des sacs contenant de vieux textiles, sacs qui étaient pesés avec des balances appelées "briquets" (voir photo ci-contre).
Ce briquet de Charles Macabet peut peser d'un côté de 500 g à 4 kg et de l'autre de 4 kg à 15 kg.
Si les peaux servaient pour le cuir et les poils pour le feutre, les chiffons, après triage, étaient transportés à la fabrique de papier de la Fontaine-de-Vaucluse.
Une des opérations pour faire du papier était le martelage sous eau avec des maillets en bois de chiffons pré-blanchis.

Paulette Mathieu, Maxime Roux.



Etameur - Ferblantier : il soude les petites pièces métalliques, bouche les trous des seaux, des arrosoirs etc.. remet une couche d'étain à l'intérieur de certains récipients et polit des couverts. Si certains venaient des environs comme le père de Jean Brando (voir article dans Gazette N°16), d'autres arrivaient en hiver du Piémont avec une petite charrette à bras.

Charles Macabet, Marie Barre, Paulette Mathieu



Maréchal-ferrant : le couple Fortuné, Clément et Zoé, habitait la maison dite "des Espagnols" récemment rachetée par la commune. Ils y avaient également un dépôt de charbon et de potasse d'Alsace (engrais), une camionnette et une pompe à essence manuelle.

Léopold et Jeannine Dieu, Maxime Roux



Matelassier : le couple Faraud, habitant à Villedieu et avant cela à St.Maurice sur Eygues, réparait les matelas, recardait la laine avec du chardon violet en épi et recouvrait le matelas d'une toile neuve.

Paulette Mathieu, Maxime Roux



Rémouleur : il venait à pied tirant ou poussant une petite charrette contenant une grande meule dont le bas plongeait dans une bassine d'eau. Elle était mise en rotation par la poussée du pied. Après l'aiguisage des couteaux, ciseaux et de certains outils, il faisait parfois des ramonages.
Ce métier existe encore, mais tend à disparaître lentement.

Maxime Roux, Paulette Mathieu



Allumeur de réverbères : il allumait le pétrole des réverbères à l'aide d'une longue perche munie d'une mèche et ... l'éteignait le matin. (env. 1930).

Léopold et Jeannine Dieu



Vannier : il faisait des "corbeilles" pour les bonbonnes de vin et des paniers pour le linge. Il restait 3 à 4 jours au village.

Maxime Roux



Ramasseur des boîtes à soie : un fourgon hippomobile à 4 roues faisait la tournée des ateliers de montage où les travailleuses à domicile allaient chercher puis ramenaient les cartons à soie par "grosses" de 151 boîtes. L'atelier de Villedieu était rue de Roaix.

Charles Macabet



Réparateur de faïence, porcelaine et parapluie (!) : peu de renseignements précis sur ces réparateurs de passage à Villedieu. Un certain M. Hérisson réparait de la porcelaine à Vaison avant 1939.

Charles Macabet,Paulette Mathieu



Marchand de bonneterie : son ballot dit "tricot caleçon" ne comportait pas que de la bonneterie mais également des tissus de base : toile de matelas, draps de lit, linge de maison. Les anciens de Villedieu se rappelleront surtout d'Antoine Gerthoux et des frères Bertoni (voir article dans Gazette 17).

Bernard Gerthoux, Maxime Roux, Léopold et Jeannine Dieu



Ces quelques notes s'adressent principalement aux jeunes générations, celles de moins de 40 ans. Les anciens, eux, se souviennent et je les remercie vivement de m'avoir raconté leurs souvenirs.

Thierry de Walque






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Petit conte de la soupière

A Angèle

Elle s’appelait Angèle et faisait partie de ces monuments de village qui ont vu naître les générations autour du grand marronnier. Elle était le village, et surtout, elle en était la mémoire. Ses histoires remontaient au temps des chevaux et des charrettes, au temps des fêtes villageoises qui sentaient bon les tartes préparées dans ces fours que l’on voit encore le long des chemins, ces maisonnettes des contes d’il était une fois.

Angèle n’avait ni les yeux ni la langue dans les poches de son large tablier ! Elle était intarissable et racontait à perte d’histoires, les souvenirs de son jeune temps, peu avare de ses paroles et de son rire... Ah le rire d’Angèle ! Eclatant au milieu d’une phrase, il témoignait de cet optimisme et du bon sens qu’ont les vieilles personnes devant les excès des temps dits modernes. C’est d’un autre univers qu’elles viennent, c’est un autre monde qu’elles ont respiré : celui "d’avant". Elles en gardent encore des envies au fond des yeux.

Angèle était chez elle dans son village. Sa maison était son paradis, son île-poésie, ses vacances sans souci, loin, très loin d’une quelconque Polynésie aux saveurs artificielles.

Elle chinait dans les vieilleries, dénichait des poteries, fouinait, accumulait le fourbi sans ordre bien précis. Dans son argentière qu’elle assurait avec une clé postiche, -on ne sait jamais-, elle me montra ses crémières, ses cuillères, les cafetières de sa grand-mère. Le vieux Bruxelles s’y pelotonnait entre Sarreguemines et vieux Tournai : ils faisaient beau ménage.

Elle collectionnait les soupières comme d’autres les papillons : il y en avait partout ; de ces soupières dodues et grassouillettes au ventre rond, avec ce petit trou, là, dans le couvercle, pour y glisser la louche. Elle les conjuguait sur tous les tons : blanc crémeux et velouté, blanc d’argent, blanc albâtre, ivoire ou nacré. Cocottes au cordon bleu, ambrées, les joues en feu, les poignées sur les hanches arrondies. Parfois pâles et livides au ventre creux ou même fleuries pour les jours de pluie.

Et les papotes d’Angèle : quels secrets enfouissait-elle dans ses soupières pour qu’ils ressortent ainsi sans trop crier gare des fontaines de table ? Chaque fois qu’elle soulevait un couvercle, des souvenirs s’échappaient, à l’étouffée, et mijotaient dans ses yeux comme les flammes de l’âtre. Elle revoyait sa mère ou son amie Julienne, vivait son jeune temps qui devenait présent et embaumait la pièce de ses senteurs d’antan.

Aigre douce ou douce amère, Angèle se souvenait aussi des pique-assiette et devenait alors soupe au lait : rien ne la faisait plus frémir et monter que les hypocrites blanchis et les mange-tout en chemise. Elle les gratinait, les égratignait et ne mâchait pas ses mots.

Mais qui savait tailler la bavette avec Angèle avait droit à une popote savoureuse et onctueuse à souhait, truffée de bons mots, pimentée d’histoires vécues, agrémentée de patois. Il suffisait de quelques graines de sésame ouvre-toi pour découvrir le fait-tout d’Angèle et sa vieille soupière, grise d’histoires... Et je sais à présent pourquoi ses soupes laissaient tout le monde baba ! Quand elle mettait ses pots au feu, elle inventait, créait, imaginait...

Recette d’Angèle

Pour le fond : un mince cou de girafe, un cerf aux branches feuillues, un peu de pain retrouvé ou quelques cheveux d’ange que l’on trouve dans les soupes.
Ensuite, un petit poids très chiche de saute d’humeur, un gramme de malice et une rasade de son génie. Une pleine fleur de petit chou très chouette, un bouquet en robe de chambre, un éclat de rire très nature, une langue savoureuse aux accents d’authenticité.
On peut y ajouter un trait de parfum suranné, une pointe de bon sang et autant de bon sens.
Ne pas oublier quelques salades bien épicées en primeur, un soupçon de murmures et le sel de la terre pour corser le tout. Arroser d’aulx en gouttes de pluie.
Faire revenir ceux qui en ont envie et laisser le bouillon courir après ses yeux.
Et puis surtout, il y avait la fortune du pot ! C’était là tout le secret d’Angèle.
Avouez: ce n’était pas vraiment chinois…

Marie-Henriette Quétier







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Gazette N°22 - 24 décembre 2003

Le dernier notaire de Villedieu

Il y a près de cent ans, le dernier notaire de Villedieu arrêtait son activité.

Bien peu de Villadéens, parmi les jeunes, savent qu'il y avait un notaire à Villedieu et même plusieurs, successivement. J'ai pu retrouver quatre noms.

Maître Trescartes fut le dernier notaire de Villedieu de 1888 à 1904. Ses "minutes" sont toujours à l'étude de Me Montagard, notaire à Vaison la Romaine, qui m'a montré un gros volume où il est écrit, sur la page de garde : "Par décret du 9 juillet 1904 transmis à Me Berthet, notaire à Vaison".

Paulette Mathieu est d'avis que l'étude de Me Trescartes se trouvait dans une partie ou dans l'ensemble de l'immeuble de la pizzeria "La Maison Bleue".

Les notaires Mes Jancel, Chauvet et Bermes sont ceux qui ont précédé, dans l'ordre chronologique, le dernier notaire résidant à Villedieu. Leurs minutes, elles, sont en dépôt aux archives départementales à Avignon.

Mon photographe habituel (une blonde qui chante au chœur européen de Vaison) a pu se glisser sur le balcon, avenue Henry Rochier à Nyons, pour prendre une vue plongeante de l'emblème notarial. Merci aux collaborateurs de Me Nathalie Ripert (successeur de Me Martin). Cet emblème est propre à toutes les études notariales de France.

Thierry de Walque








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René Fauque et Antonin L'Homme

La Gazette a demandé à Henri Favier le texte de ses allocutions lors des enterrements de René Fauque et d’Antonin L’Homme.

Avec eux ce sont à nouveau deux figures de Villedieu qui disparaissent, deux personnes qui ont construit le Villedieu de la deuxième moitié du XXème siècle, par leur expérience personnelle et humaine et leur participation active à la vie municipale et au développement viti-vinicole de la commune.

Tout le monde se souviendra de la faconde et de la grande présence de « Tonin ». Quant à l’histoire de la famille Fauque, qu’Henri Favier esquisse au début de son article, elle est représentative aussi d’une histoire commune.

Nombreux sont les habitants des montagnes de la Drôme à être « descendus » dans la plaine et beaucoup de Villadéens sont dans ce cas.

Il y a quelque chose de plus et de remarquable chez les Fauque. Toute une famille est venue et tous ont fait souche à Villedieu ou presque : Léa Sirop, Julienne Dieu, Olga Marcellin, Marie-Lucie Sirop, Edmond Fauque à Buisson et Léopold Fauque à Tulette dont le fils Guy est installé à Villedieu.






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René Fauque

Lorsqu'à la Toussaint 1930 ils descendirent de la montagne pour leur conquête de l'Ouest, Abel et Adrienne Fauque et leurs 8 enfants âgés de 6 mois à 16 ans, entassés dans la camionnette d'une âme charitable, s'enfuyaient devant la pénurie, voire la misère. L'opportunité de vendre leur ferme isolée sur les hauteurs de Verclause pour acheter, même à crédit, la propriété Gamet, plan de Mirabel à Villedieu, était synonyme de mieux être social et familial.

Abandonner les terres ingrates et pentues de la Drôme pour les belles parcelles larges et planes à portée de charroi du Vaucluse équivalait à la découverte d'un Eldorado.

Et aussitôt on laboure, on sème. A l'initiative d'Adrien, l'aîné des enfants, on élève des lapins ; puisqu'il y a beaucoup de mûriers on fait des "magnaous" et après l'école, les jeudis, les dimanches, tout le monde à la feuille ! Entre temps les aînés font des journées aux olives ou sur les chantiers, et tout de suite, dans l'urgence, de l'argent frais : pensez donc dix assiettées à remplir … et sans allocations. Jeunesse d'aujourd'hui savoure bien ta chance !

Hélas, des années noires viennent entraver ce bel élan. Adrien emporté à 20 ans par une broncho-pneumonie contractée sur le chantier des écoles. René incorporé pour un service militaire à rallonge à cause des tensions internationales à Grenoble en qualité d'ordonnance d'officier, puis mobilisé en 1939 sur le front de la frontière italienne, libéré enfin à l'armistice de juin 1940. Hélas encore : au décès en 1941 à 52 ans d'Abel le père, René a 26 ans. Il devient chef d'exploitation puis en 1943 soutien de famille au décès d'Adrienne la mère à 52 ans également.

Famille décapitée, orpheline fratrie.

A ces années de malheurs succèdent heureusement les décennies prospères. Marié à Odette qui lui donnera une fille et trois garçons, René, réputé réservé, calme, discret et d'une gentillesse légendaire, se montrera très entreprenant. Anticipant sur l'air du temps à venir il va transformer l'exploitation vivrière en un véritable vignoble d'avant garde. Ce qui lui vaudra d'être mandaté par ses pairs au conseil d'administration de la cave coopérative jusqu'en 1970, me faisant alors l'insigne faveur de me proposer son fauteuil. Un honneur qui a nourri ma reconnaissance et mon amitié pour lui à vie et même au-delà de la sienne.

Parallèlement et sans l'avoir cherché, sollicité pour accéder aux responsabilités municipales, il siègera au Conseil sans discontinuer de 1944 à 1971. Ce pourquoi aujourd'hui notre drapeau est en deuil.

Et comme s'il n'avait pas assez subi, une douloureuse épreuve est venue briser une vieillesse qui eût pu être douce : la disparition prématurée voici 10 ans de son épouse Odette.

Il est des choses si injustes que des êtres aussi bons devraient en être épargnés.

Henri Favier










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Antonin L'Homme

Janvier 1918 - Venir au jour par temps de guerre, s'éveiller à la paix revenue, vivre une enfance perturbée entre traumatismes et espoirs retrouvés, connaître, alors que la vie fait germer des promesses, une adolescence troublée dans la perspective récidiviste de grands malheurs, grandir pour, à l'aube d'une majorité radieuse devenu homme émancipé, être envoyé au casse-pipe… Est-ce une vie ?

Génération sacrifiée, adieu vos printemps, vos folles années, adieu votre jeunesse confisquée !
Heureusement, au jeu du massacre, comme souvent à la belote, tu as été “crespinard” . Tu as gagné la partie. Tu as vaincu la guerre. Car les vainqueurs, hormis les monstres, les vrais vainqueurs, les seuls vainqueurs, qu'ils soient Tonin, John ou Frédrich, sont ceux qui rentrent avec leur peau. Il en est tant qui l'ont perdue…

Mais les aurores les plus belles naissent au bout des pires nuits … 1945 LIBERATION administrative, physique, morale, totale ! Après l'hiver, enfin l'été !

A 27 ans la re-naissance, le renouveau ! Croquer la vie à pleine dents, à rattraper le temps volé : famille, copains, fête, amour, Hélène, travail, chasse, Monique la joie, Christian, Coco, l'allégresse, famille, "ta famille", fécondes décennies, travail toujours, prospérité, Jean-Louis, Eliane, Véronique, grande famille, en filigrane le Bonheur. Honneurs municipaux, amis, fêtes encore… cocktail d'activités, panoplie de passion. Plénitude. Quelle densité, quelle vie !

Viennent alors les jours mélancoliques de l'automne, à regarder grandir tes petits-enfants, le temps des occupations au ralenti à contempler le raisin mûr, les va-et-vient à vélo, les premiers ennuis de santé, les loisirs en pente douce : piccolo dimanche matin, chasse de temps en temps, le permis par habitude pour faire illusion, mais sans illusions, la maladie enfin, insupportable à vouloir souhaiter le bout du chemin…

Et puis, et puis, et puis voilà, une misère couchée sous le tapis. Fin de partie. Fin d'une vie.

Henri Favier










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Gaston Percheron

Colette et Gaston Percheron sont venus s’intaller à Villedieu en 1981 pour y jouir de leur retraite après avoir vécu dans la région parisienne et dans la région de Montpellier.
Ce sont les choix professionnels de Gaston qui les ont conduits à ces déplacements. Après avoir commencé comme grouillot chez un avocat avant la guerre, il entre à Alsthom en 1947 comme agent de service électrique, puis en 1958 chez IBM. Gaston s’est engagé dans la vie active avec son certificat d’étude et a fini sa carrière comme ingénieur dans une firme informatique. Autodidacte, il a dû par exemple apprendre l’anglais à 40 ans, ce qu’il a fait avec l’aide de Colette.

Ce parcours professionnel exemplaire a commencé réellement après la guerre, il avait alors 27 ans. Celle-ci, comme pour tous les jeunes hommes de l’époque, a joué un rôle déterminant. Jeune marié et jeune père, il est incorporé en 1940 et envoyé au Maroc dans les troupes qui séjournaient là-bas. Après la débâcle, il est intégré à “l’armée” d’armistice et envoyé dans les Chantiers de jeunesse créés par Vichy. C’est ainsi qu’il atterrit à Mirabel aux Baronnies dans la famille Salignon. Il y reste plus d’un an et c’est ainsi que Gaston a découvert notre région. Il y est toujours venu en vacances, accompagné de Colette pour la première fois en 1949, avant d’y prendre sa retraite. Cette photo a été prise à Mirabel en 1941. On le voit avec des fils électriques et un tableau, prêt à faire une installation.

En 1942, il quitte l’armée d’armistice pour rejoindre la Résistance. Il prend le maquis dans les Deux-Sèvres, dans la région de Thouars, en rejoignant un grand réseau : Libération-Nord. Son activité est essentiellement du renseignement, ce qui l’amène à Londres à l’occasion. Une de ces missions fut par exemple de détecter les bases de V1 dans la forêt de Chantilly. Il contribua à y mettre en place avec le pasteur Jousselin, un accueil pour sauver des enfants juifs dans le village de Gouvieux. (1)

Sa présence auprès d’un pasteur dans cette circonstance n’est pas un hasard. Gaston Percheron est né dans le protestantisme, même s’il s’en est un peu éloigné après. Il a participé au mouvement scout des éclaireurs unionistes et il était resté immergé dans ce monde à Mirabel chez les Salignon.

Nous avons tous connu Gaston et Colette au service des autres avec leur participation très active au Secours populaire de Vaison ainsi qu’à d’autres associations. Ils ont été également membres du parti socialiste. Ces engagements dans le droit fil de la Résistance et du scoutisme ont été pour Gaston ceux de toute une vie. Régulièrement, il s’est impliqué dans son travail au sein des comités d’établissement ou bien dans des associations pour permettre à des enfants ou des personnes démunis de partir en vacances, de bénéficier de loisirs ou de produits de première nécessité. Ce sens de l’action collective et de l’entraide ont conduit Colette et Gaston à participer à une oeuvre originale, le mouvement des Castors (2). Le principe était simple : plusieurs familles se regroupaient pour pouvoir construire leur maison, ce que les moyens de chacun ne permettaient pas. L’association portait sur l’achat en commun du terrain, des matériaux et sur l’apport le plus important possible de main-d’oeuvre de la part des associés. Ce que chacun ne pouvait faire, le regroupement et l’entraide le rendaient possible. Colette et Gaston ont participé ainsi à la construction de deux immeubles de trois étages et de 10 pavillons en vallée de Chevreuse. Il en résultait une forme de propriété collective mais chacun avait son logement. Une démarche utile donc mais aussi conforme à un certain idéal.

Aller chez Colette et Gaston à Saint Claude, c’est entrer dans une maison pleine de souvenirs, livres, bibelots, affiches, témoignages d’une grande richesse humaine.
Gaston était un lecteur infatigable. Déjà à 15 ans (en 1934 donc), il économisait son salaire de grouillot, marchant plutôt que d’utiliser le métro et se privant quelquefois de nourriture pour acheter des livres. Il était aussi musicien, jouant du piano et chantant dans des chorales, c’était un ténor. Passionné par la photographie, un certain nombre de ses couchers de soleil sont magnifiques.

Beaucoup de Villadéens connaissent aussi son goût pour la calligraphie. Il avait dessiné des affiches pour de nombreuses personnes : la boule du Barry, Michel Lazard, le domaine des Adrès, le Se-cours po-pulaire, ... ou des menus pour des restaurants comme la Bartavelle. Il avait donné à La Gazette un texte calligraphié fidèle aux engagements de toute sa vie. Nous le publions ci-dessous en hommage à une vie pleine et riche, en prise avec toute une histoire, celle de la France et celle de Villedieu, prenant au sérieux et ensemble les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité.

(1) On trouve un bref résumé de cet épisode dans une interview de la femme du pasteur Jousselin, à cette adresse : http://www.cpcvunion.asso.fr/....
(2) Pour une présentation complète du mouvement Castor : http://www.sciences-sociales.ens.fr/....

Yves Tardieu












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Gazette N°23 - 1er avril 2004

Des fêtes d’antan

La salle des fêtes de Villedieu existe depuis bien longtemps. Tout le monde a sûrement remarqué la grande grue jaune qui s’élance au-dessus de la maison de Maxime et Lili Roux. Elle signale les travaux d’aménagement entrepris pour réaliser l’appartement de Patricia et Daniel dans l'actuel garage. Jusque-là rien de bien extraordinaire et pourtant ce garage qui va se transformer a joué un rôle important dans la vie du village à une époque un peu lointaine. Cela mérite que l’on y consacre quelques lignes.

L’histoire de cette remise commence après la guerre de 14, époque où Gustave Daladier, l’As de la 1ère guerre mondiale a acquis cette maison. Jules Fabre, père d’Edmé, Virgile, Juliette et Blanche (épouse Couston), donc grand père de Thérèse Robert, vivait alors dans la maison actuelle de Janine et Léopold Dieu. Tous les dimanches d’hiver il faisait danser les gens sur son violon dans la grande remise de Gustave Daladier qui devenait alors salle de bal.

Plusieurs Villadéens se souviennent bien de cette salle de bal. Le vieux poële à bois était alimenté par les danseurs qui apportaient chacun à leur tour de quoi chauffer la salle et surtout de l’enfumer, mais on y était habitué et tout allait bien. On apportait également vin et Carthagène pour trinquer ensemble et se réchauffer. Des bancs disposés autour de la salle permettaient de souffler un peu entre les one-step et les valses endiablés ; Jules Fabre a beaucoup joué avec Auguste Reynier, le grand père de Marie Barre. Comme Jules au violon, Auguste était un artiste complet, il jouait du trombone à coulisse, mais aussi chantait très bien. Tous les deux allaient fort loin, jusqu’à Valence, faire des fêtes et même jouer dans des concerts.

Ces bals du dimanche alternaient avec des pièces de théâtre jouées par des gens de Villedieu et du Palis. Les jeunes et les anciens, comme Léon Bartalois, Marcel Enguent, Juliette Fabre, se retrouvaient autour de textes et jouaient la comédie pour le plus grand plaisir des spectateurs. Maxime se souvient d’avoir assisté à trois pièces de théâtre au moins avec une cinquantaine de personnes installées sur des chaises prêtées par les deux cafés du village où généralement ces soirées se terminaient.

Avant les travaux entrepris récemment on pouvait encore voir au fond de la remise, la scène et en dessous les coulisses où les comédiens endossaient, mais à quatre pattes, les costumes qu'ils avaient fabriqués eux-mêmes. Après Jules Fabre, ce fut le « Cadet Jazz » qui assura l’animation avec Aimé Barre à la batterie, André Vial dit « Cadet » à l’accordéon puis d’autres musiciens complétant le groupe à l’occasion. C'était Gaston Jacomet, premier soliste à l’opéra d’Avignon, à la trompette et à la contrebasse, M. Soudre au violon et Raymond Barre du Palis au saxo. Parfois M. Jamay de Sablet et "l’aveugle" d’Entraigues tous deux à l’accordéon rejoignaient la bande. La renommée du groupe était importante, il a animé les fêtes des villages de la région pendant de longues années.

Aimé Barre et son groupe ne refusaient jamais de donner un coup de main à la jeunesse, ils jouaient alors gratuitement pour aider le club de foot ou tout autre association du village. Il arrivait parfois à Aimé Barre d'emmener dans sa camionnette une dizaine de jeunes au cinéma de Vaison. « On était à quatre pattes, les uns sur les autres et on lui payait sa place ainsi qu’à Marie pour les remercier » raconte Maxime.

Il y a encore peu, en écoutant les formations musicales actuelles, Aimé regrettait ce temps passé et repensait avec nostalgie au « Cadet Jazz » qui ouvrait le bal de la fête votive au son de la Marseillaise. Mais les temps ont bien changé depuis !

L’histoire de la salle des fêtes s’arrête apparemment en 1959 à la veille d’élections municipales où de nombreux candidats, adversaires pourtant, se sont retrouvés le samedi soir pour danser et surtout pour boire. On ne connaît pas toute la fin de l’histoire, mais le lendemain chacun alla voter avec en tête des souvenirs un peu voilés de cette fameuse soirée. Le bal avait été organisé au profit du nouveau club de foot et avait récolté une énorme recette pour le club.

La remise est ensuite redevenue remise où son propriétaire, tout en faisant de la mécanique et du bricolage, repense sans doute à ces soirées où les Villadéens se retrouvaient pour rire, boire et danser au son de l’accordéon.

Armelle Dénéréaz







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Gazette N°25 - 3 juin 2004

Élections européennes

Le 13 juin est à nouveau un jour de scrutin. Nous allons élire les nouveaux députés européens et dix jours avant, c’est le calme plat. Nous ne connaissons même pas le nom des gens pour lesquels nous pourrons voter. Pour ceux qui croient aux principes de la démocratie et de la République cette situation est inquiétante et tous ceux qui font tout pour parler d’autre chose (ou de rien) ne jouent pas leur rôle.

Une des raisons pour lesquelles on parle moins de cette élection est la réforme du scrutin faite par le gouvernement.

Auparavant, tous les Français votaient pour des listes nationales. Il y avait donc des têtes de liste responsables de leurs succès et un débat national (la dernière fois il y avait, par exemple, des listes Sarkosy, Pasqua, Hollande, Cohn-Bendit...).

Pour éviter un échec électoral, le gouvernement a réformé le scrutin (comme il l’avait fait pour les régionales...).

La France est découpée en huit et nous appartenons à la circonscription "sud-est" avec les régions Rhône-Alpes et Corse. Dans ce "sud-est", nous allons élire 13 députés européens. Il y a aussi le "est", le "ouest"... Ces circonscriptions ne semblent guère répondre à l’objectif officiel : rapprocher les élus des citoyens. Avec ce système, on est sûr de ne pas entendre parler des candidats : ils ne sont pas connus au niveau national (Françoise Grossetête est la tête de liste pour l’UMP dans le "sud-est"), les circonscriptions sont trop grandes pour qu’ils puissent faire une campagne de proximité et, par exemple, il n’y a aucun média qui couvre la circonscription électorale.

Il faut faire avec, de toute façon, et cette situation n’a pas diminué les vocations : il y a dans le "sud-est" 21 listes. En recevant les papiers on les découvrira : inutile d’en dire plus maintenant. Si on ne va pas voter ce ne sera pas parce qu’on a pas eu le choix.

L’élection se déroule à la proportionnelle à un seul tour. Il faudra donc à peu près 8% des voix pour avoir un élu dans le "sud-est". A noter aussi que pour ces élections les étrangers de l’Union européenne peuvent voter sur leur lieu de résidence (donc les Hollandais, Belges, Danois, Maltais, Slovènes, Polonais ... résidant à Villedieu peuvent voter ici) à condition bien sûr de s’être inscrits sur les listes électorales. Ils peuvent être candidats aussi et le pilote automobile finlandais Ari Vatanen est candidat dans notre circonscription sur la liste UMP.

Enfin, s’il me parait étrange de considérer qu’un habitant de Bourg en Bresse est dans le même "sud-est" que moi et pas un habitant de Pont-Saint-Esprit qui lui est dans le "sud-ouest", ces élections dans l’outre-mer deviennent caricaturales : tous les territoires d’outre-mer sont regroupés, de la Polynésie aux Antilles, de la Réunion à Saint-Pierre et Miquelon, le tout pour élire trois députés qui représenteront la planète entière !

Tout ceci est bien étrange et mystérieux, un peu comme les pouvoirs du parlement européen dont on ne nous parle jamais... Peut-être parce que les députés européens français sont ceux qui y siègent le moins avec les Italiens.

Yves Tardieu
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Gazette N°26 - 11 juillet 2004

18 juin 1940 - 6 juin 1944

Cette année la cérémonie commémorative de l’appel du 18 juin 1940 a revêtu une dimension particulière.

Après le dépôt de gerbe place Charles de Gaulle, l’assistance était conviée à la mairie pour une évocation plus personnelle.

En effet, « Villedieu, petit village, ne peut se permettre de répéter ce genre de manifestation et pourtant, nous avons voulu nous aussi faire ce qui s’est fait dans la France entière il y douze jour. Nous avons souhaité revenir soixante ans en arrière et nous souvenir de ce 6 juin 1944 » expliquait Michel Coulombel.

C’est pourquoi la municipalité a profité de l’occasion du 18 juin pour célébrer également le 6.

La présence dans la commune de trois aviateurs qui ont participé à la deuxième guerre mondiale permettait cette célébration.

« Tous les chefs d’Etats actuels des pays belligérants de l’époque étaient là pour dire merci à tous les disparus et aux quelques survivants » rappelait Michel Coulombel.

L’occasion était donc venue de dire merci à ces trois aviateurs : Guillaune Lefèvre qui était dans les bombardiers, Jacques Bertrand dans la R.A.F. et Bateman Ewart, un Américain, qui depuis de nombreuses années passe, avec son épous, de longues vacances à Villedieu. Il participa au débarquement des alliés en Normandie.

C’est à ces trois vétérans de la deuxième guerremondiale que la municipalité a tenu à rendre hommage en rappelant les heures douloureuses et les nombreuses pertes humaines.

Fort émus par cette attention, ils ont, à leur tour, évoqué quelques souvenirs avant de recevoir de la part de la commune un magnum décoré de Côtes du Rhône « qui leur rappellera agréablement que nous avons voulu qu’ils ne soient pas oubliés », devait conclure Michel Coulombel très ému d’évoquer de tels souvenirs.

Armelle Dénéréaz











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Les élections ternissent

Les élections européennes paraissent déjà loin et pourtant... A Villedieu et à Buisson les électeurs ont boudé les urnes comme partout.

A Villedieu 401 inscrits, 209 votants et 200 suffrages exprimés (abstention : 48%).

A Buisson 205 inscrits, 104 votants et 99 suffrages exprimés (abstention : 49%).

A Villedieu, parmi les électeurs et les électrices, il y avait 18 étrangers de l’Union européenne (6 à Buisson) dont 10 Belges, une Suédoise, trois Allemands, une Hollandaise, deux Espagnols et un Britannique (dont nous préciserons qu’il est Ecossais de façon à ce qu’on ne le prenne pas pour un Anglais...).

Les résultats sont proches dans les deux communes mais avec des variations : le FN, le PS et les Verts sont plus forts à Buisson où la droite (UMP et de Villiers) est très faible. Par rapport à la France, le FN et les Verts sont nettement au-dessus, le PS et l’UMP un peu en dessous...

Yves Tardieu

Listes Villedieu Buisson
FN (Le Pen) 15% 18%
PS (Rocard) 23% 29%
Verts (Benhamias) 10% 16%
PC (Gomez) 5% 3%
Pasqua (Marchiani) 6% 3%
De Villiers (Louis) 9% 3%
UMP (Grossetête) 13% 7%
UDF (Cornillet) 12% 10%
Chasseurs (Vidal-Daumas) 4% 4%
LCR-LO (Vachettas) 1% 2%




Localisation des commerces de Villedieu (anciens et actuels)

Ce plan permet de localiser, à l’aide des numéros de parcelles, les différents commerces évoqués dans l’article. On a même le droit de colorier... Attention, les noms des rues ne sont pas toujours ceux en vigueur aujourd’hui mais Villedieu est assez petit (bien qu’étant le centre du monde) pour que l’on s’y retrouve.




Personne n'ignore que Villedieu était un gros village avec de nombreux commerces. Mais c'est au cours de nombreuses conversations avec les aînés qu'il m'a paru intéressant de situer ces commerces dans le village. Cette étude, non exhaustive, n'est due qu'à la mémoire des Villadéens et ne repose sur aucun document officiel.

Un grand merci à Paulette Mathieu qui m'a établi une liste de base, complétée et recoupée par Léopold et Jeannine Dieu, Francine Sauvage (encore merci), Marie Barre, Adrien Mathieu, Raymonde Gamet, Maxime Roux, Thérèse Robert et Charles Macabet, dans l'ordre chronologique.


Boulangeries
• Coopérative (118) René Fabre, dans la maison de Léa Sirop.
• Alexandre Fournier (156) depuis 1907. Puis Emile Gleize qui déménagera au 82.
• Le père d'Emile Gleize était "fournier" dans la maison de M. Mougin (53).
• Dans le four anciennement communal (46) le fournier cuisait le pain que les gens pétrissaient chez eux. Il ne cuisait guère de pain lui-même que pour le curé, le notaire, les sœurs et autres notabilités.
• M. Bertrand (364).


Epiceries
• Aline Marcellin, (146) successeur d'Olga Marcellin, sa belle-mère, et des Ets Ramade et Fils de Nyons.
• Delphine Macabet (161), jusqu'en juin 1920.
• "Le Soleil" (149) tenu par la famille d'Yves Arnaud puis de 1956 à 1971 Delma Joubert
• Marius Pommier (49) ancêtre côté maternel de Marie Barre.
• Julienne Chédoz (49) mère de Marthe Bonnet et grand-mère de Nadine Bernard.
• Blanche Vial (106) arrière-grand-mère de Pierre Dieu.
• M. et Mme Joubert (155) ainsi qu'un dépôt de pain dans la petite salle du café.


Boucheries
• Boucherie des Templiers (83) depuis 1952, mais d'abord (1937) dans la petite salle du café du Centre (155) puis 10 ans dans l'ancienne épicerie Chédoz (49), toutes successivement tenues par la famille Barre.
• Léon Armand, épicerie/boucherie (391 remise abattoir – 392 magasin).
• Albert Sirop (157).
• M. Caire de Vaison, (122) ouvrait les mercredis et samedis matin là où se trouve la cuisine de la pizzeria, petite dépendance du Café Lauron, puis émigra ensuite dans la maison Mougin (53).


Les Cafés
• Café du Centre, (155) bien connu de tous les Villadéens.
• Café "Le Cercle" (146) Théophile Brun, café réservé aux membres présentés par un parrain.
• Café Lauron (83) avec sa terrasse ombragée par deux beaux platanes qui n'existent plus.
• Café Eloi Lauront (158), était également facteur.
• Café de Victoria Arnaud (150-151-152), grand-mère d'Yves Arnaud.
Certains cafés, qui avaient plusieurs chambres, logeaient et nourrissaient les ouvriers de l'imprimerie Macabet qui n'étaient pas de Villedieu.


Bureaux de tabac
• Gauthier (157) à côté de la boulangerie Fournier puis dans une partie de la maison (83).
• Clovis Arnaud (116) dans l'actuelle maison de son fils Paul (ancienne école des Sœurs).
• Nestor Couston (108) a été également facteur. Père de Thérèse qui suit.
• Thérèse Robert (108) au bas de la rue des Sources, même maison que son père.


La Poste
• Maison Adria (165), puis dans l'actuelle Mairie (14) et terminera (?) à l'emplacement actuel.

Mercerie
• Aubert (144) (grands-parents du Dr Raymond Aubert, qui est né dans cette maison) tenaient une petite mercerie bien achalandée. Omer et son fils Francis faisaient les marchés et Rose tenait le magasin.

Restaurants
• Jeanne Korn, "La Table de Jeanne" (15) à côté de la mairie, mais il fut éphémère.
• La Mosaïque (111) Michèle et Jean-Pierre Moinault, rue des Garcins.
• La Maison Bleue (123-122) Daniel Roger, le seul ouvert toute l'année.
• Café du Centre (153) Lionel Lazard, sur la place, en été.
• La Remise (48) Yann Palleiro, crêperie, derrière l'horloge des remparts en été.


Magasin de vaisselle
• M. et Mme Noury (155) petite salle du café qu'ils tenaient également.

Cordonnier
• Félix Chauvin (145).
• M. Serret (17) grand-père de Ulyse “Mélu” Fontana.


Coiffeurs
• M. Poyol (155) avant la guerre, dans la petite salle du café.
• Louis et Laurence Roux (141), grands-parents de Maxime Roux.
• Marcel Roux, petite pièce du café (155) puis au (158), père de Maxime Roux.
• M. Lacour de Mirabel (139), coiffeur hommes et dames.
• Isabelle Coiffure, il y a peu (48).


Forgeron
• Fortuné Clément (84) pompe manuelle à essence, charbon et engrais de potasse.

Retrait de cartons découpés / Dépôt de boîtes en carton pour vers à soie et autres usages
• Mireille Roustan (161), s'y trouvaient également des machines à perforer les couvercles et les fonds des boîtes à vers, qui étaient livrées par "grosses" de 150 boîtes plus 1 pour le patron !
NB : la "grosse" pour d'autres usages était de 144 (12 x 12).

Thierry de Walque











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C’était au temps où Marcelle chantait !

C’était au temps de la guerre, en 1942, où bon nombre de jeunes Villadéens étaient prisonniers en Allemagne comme Raoul Chauvin, Antonin L’Homme, Fernand Dufresne, Gustave Tardieu, Wilfried Brieux et bien d’autres encore.

Mlle Aumont, l’institutrice qui jouait de l’harmonium à l’église le dimanche et entraînait les jeunes de Villedieu au chant, décida de monter un spectacle au café du Centre dont les bénéfices serviraient à envoyer des colis aux prisonniers.

Les adolescents préparèrent plusieurs pièces, dont la plus appréciée fut sans conteste, « La mère Michèle et le père Lustucru » interprétée par Marcelle Roux et Pierre Joubert.

Le jour de la représentation, le café et la place jusqu’à la fontaine étaient pleins de monde. Les distractions en ces temps de guerre étaient rares, et cette soirée était une aubaine qui faisait oublier un peu les douleurs et la dureté de ces jours difficiles.

Les acteurs furent tellement ovationnés que Mlle Aumont demanda que chacun improvise un tour de chant. Marcelle entonna « Fleur de Paris » accompagnée par les camps de jeunesse qui faisaient les chœurs. Le succès fut complet : sous les vivats et les rappels, Marcelle dut même recommencer sa chanson, portée par la foule.

J’ai même entendu dire qu’elle était toute mignonne, du haut de ses quinze ans, alors on comprend que cette soirée soit restée dans la mémoire de beaucoup.

Françoise Tercerie







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Gazette N°28 - 22 novembre 2004

Sénatoriales

Bien sûr, à la mi-novembre, ça peut paraître bien loin et surtout, c’est sûrement le plus grave, tout le monde s’en fout. Le 26 septembre il y a eu des élections sénatoriales. Liliane Blanc à Buisson, Jean-Louis Vollot, Huguette Louis et Yves Tardieu à Villedieu ont été les « grands électeurs » représentant nos villages. Tout le monde s’en fout, sauf les 1 154 électeurs et les 18 candidats que nous avions dans le Vaucluse.

Ce nombre élevé de 18 s’explique. En fait, il y avait une nouveauté dans ce scrutin : le Vaucluse a désormais trois sénateurs contre deux auparavant. Il y a deux sortants, bien implantés, et une place que chacun peut convoiter.
Avant l’élection, après la désignation en juillet des grands électeurs dans chaque commune, la campagne a commencé. Nous recevons des courriers, des invitations à des réunions, des professions de foi.

Tous les candidats avaient deux ou trois thèmes de campagne commun :
- la défense de la viticulture (je ne vois pas qui serait assez fada pour venir faire campagne en nord-Vaucluse contre la viticulture... Encore faudrait-il préciser comment, quelle viticulture, etc...) ;
- ce sont des élus locaux qui sauront nous défendre contre les technocrates parisiens (je ne vois pas ce que ça change ; tous nos députés et sénateurs sont des élus locaux qui cumulent plusieurs mandats et disent que pour bien faire le député c’est bien qu’ils soient maire. Que les mêmes continuent de proposer qu’il faille être élu local pour que les lois soient mieux faites est une énigme pour moi.) ;
- la défense des services publics.
Ceux qui sont en dehors des partis ou à côté ajoutent à leur profession de foi cette particularité en se présentant comme des élus plus libres que les autres car ne devant pas obéir aux consignes.

Ceci dit et malgré l’aspect critique de mon propos, une campagne électorale est une campagne électorale et il y a eu certaines rencontres intéressantes.

Le jour J, les délégués de Villedieu et Buisson se sont retrouvés dans le bus affrété pour amener à Avignon les délégués du canton... Il n’y avait pas tout le monde dans le bus, essentiellement les délégués de Vaison, Saint-Romain, Le Crestet et quelques isolés en plus de nous. L’élection se déroule dans le palais de justice à Avignon où nous restons toute la journée, une journée fort longue pendant laquelle il ne se passe pas grand chose. Heureusement, un Villadéen a encore réussi à se faire remarquer et amuser la galerie. En effet, sans pièce d’identité, impossible d’entrer dans le palais pour voter : les CRS à l’entrée filtrent sévèrement les « grands électeurs » qui du coup se sentent plus petits – il ne manque que les menottes ! Notre Villadéen a laissé sa carte d’identité dans sa voiture, elle-même garée sur un parking loin de là puisqu’il a pris le bus (voir plus haut...). Après attente et conciliabule grâce aux téléphones portables, tout le monde peut entrer. Plusieurs longues files se dessinent, non pour aller voter mais pour aller remplir des feuilles de frais qui permettent d’être, indemnisé (sauf si on a pris le bus, si l’on a pas d’attestation et si l’on a pas fait semblant de venir en voiture en fournissant une photocopie de la carte grise...).

Ensuite, à l’ouverture des bureaux à 10 heures, on fait à nouveau la queue. Le vote se fait avec panachage. On peut donc s’en donner à cœur joie avec les 18 candidats. Au moment de voter, il faut présenter la carte électorale spéciale éditée pour ce vote et une pièce d’identité. Rebelote : le Villadéen anonyme a pu entrer mais il lui est interdit de voter. Il faut faire appel au « président », président de quoi ? Ousqu’on le trouve ? Heureusement, l’aide d’un candidat (Xavier Bernard, qu’il en soit remercié) et le témoignage des maires (Liliane Blanc et Jean-Louis Vollot) qui garantissent l’identité de l’étourdi lui permettent finalement de mettre son bulletin dans l’urne pour ce premier tour.

Quel bulletin ? Ça c’est top-secret. Nous avons été élus par les conseillers municipaux mais à aucun moment il n’a été question de savoir pour qui l’on vote et c’est visiblement partout pareil et normal. Pourtant, les sénateurs votent la loi et le budget et de ce fait jouent un rôle politique très important. Ce sont aussi des hommes politiques, des hommes d’appareil, de parti qui donc ont l’habitude des manœuvres, des tractations, des discours, etc... Mais les apparences sont sauves : on fait un peu beaucoup semblant de ne pas faire de politique.

Le premier tour achevé, le dépouillement commence vers 11 heures. Tout le monde se presse autour des bureaux, les lieutenants des candidats importants vibrionnent et passent d’un bureau à l’autre, essayant de deviner les résultats, s’inquiétant... Candidats et partis s’engagent ensuite dans les supputations, calculs et tractations pour le second tour pendant que le grand électeur de base, affamé, se précipite en quête d’un restaurant en ville...

On notera quelques particularités à ce moment-là où l’électeur de base connaissant peu son monde commence à identifier les uns et les autres. Le candidat UMP est entouré de nombreux jeunes avec des portables greffés aux oreilles et qui ont l’air important. Il a le cheveux noir de jais malgré son âge ce qui signale un usage non négligeable de la teinture ou alors une chance exceptionnelle. Le candidat PS a le cheveu plutôt blanc, un entourage plus âgé et moins agité (même si très inquiet) avec, en particulier, une vieille connaissance du nord-Vaucluse, Jean Gatel. Le candidat isolé mais appartenant à un parti (Rousset-Rouard, Bompard, Peyron) est entouré de ses fidèles, plus ou moins nombreux. Le candidat isolé sans parti semble bien seul...

Au retour et avant l’ouverture du scrutin du second tour, il faut essayer de deviner ce qui se passe. Mme Sarah Bernard a mis une affichette appelant à voter socialiste, les Verts aussi. Il y avait trois candidats communistes et il en reste un ; comme il ne reste plus que deux candidats socialistes, les uns comprennent qu’il y a eu alliance entre les deux partis. D’autres, mieux informés, expliquent qu’il n’y a pas eu d’accord, au contraire… De fait, il reste trois candidats de gauche mais il y a trois bulletins différents et non une liste. La liste UMP reste droite dans ses bottes et se maintient entièrement. Il est vrai qu’elle peut espérer trois élus même si Yves Rousset-Rouard, UMP dissident, se maintient avec le soutien de l’UDF qui retire son candidat. Le Front national, représenté par Jacques Bompard a fait un score très élevé (111 voix, presque 10 % et 50 voix de plus que celles qu’il espérait). Son absence au second tour, diversement commentée, s’expliquait alors par le souci de rester sur un tel succès, le vote de second tour, potentiellement « utile » le conduisant probablement à faire moins bien. Parallèlement, son souci de faire trébucher le maire de Carpentras l’a conduit à favoriser les deux autres candidats UMP : de très nombreux bulletins UMP du second tour contenait un vote pour Dufaut et Milon, le nom de Jean-Claude Andrieu étant consciencieusement rayé et remplacé par un autre. Même ce parti, qui s’affirme hostile aux jeux politiciens, semble prendre un grand plaisir à y jouer, mais qui en doutait vraiment.

Pendant le dépouillement, le cœur de la gauche et de nombreux Vaisonnais vacille. Claude Haut dont la réélection semblait assurée et qui pensait pouvoir entraîner un autre élu à sa suite semble menacé. Finalement les trois élus sont les deux sénateurs sortants et Alain Milon, maire de Sorgues, conseiller général et président de la communauté de communes des pays de Rhône et d’Ouvèze.
Partis en bus avec Vaison, il fallait fêter dignement la victoire de Claude Haut et toute la troupe se retrouve autour d’un apéro pour fêter ça.

Partis tôt, rentrés tard, cette journée fut longue, souvent ennuyeuse, finalement fatigante néanmoins instructive. Je me suis toujours passionné pour la politique. Je n’en ai jamais fait dans le cadre des partis mais j’ai toujours suivi de près la chose. Je ne tiendrai pas de discours hostile à la politique ni aux hommes politiques en général. Je crois même qu’il est inévitable et normal que les ambitions personnelles, les alliances, la volonté de gagner, les rivalités jouent un rôle important dans la vie politique même si ça ne me plaît pas. Bien présomptueux est celui qui, dans ces matières, a l’œil perçant et la bonne conscience entière pour voir la paille dans l’œil de son voisin et ne pas voir celle qu’il a dans le sien.

Cela dit, qu’est-ce qui justifie que les sénateurs soient élus de cette manière, loin du peuple. Qu’est ce qui justifie que ce soit tous des hommes ? Qu’est ce qui justifie que ce soit tous des hommes exerçant déjà et cumulant des responsabilités importantes ? Est ce que des institutions meilleures et mieux adaptées ne pourraient pas rendre les hommes et les femmes meilleurs et plus efficaces ?

Yves Tardieu





Alain Dufaut




Claude Haut




Alain Milon




Noli irritare leonem

« Noli irritare leonem » (n'irritez pas le lion)...
Pourquoi ces armoiries ? Pourquoi cette devise ?

Dans les années 70, Jean Garcin, président du Conseil général a lancé l'idée d'un armorial des communes du Vaucluse, armorial qui a vu le jour en 1984. A sa lecture, j'ai appris que jusqu'alors 46 communes sur 151 étaient dépourvues d'armoiries, que seulement 22 étaient dotées d'une devise, dont Villedieu, la plus petite commune d'entre elles après celle de Murs. Il est surprenant de constater que des villes plus huppées (Orange entre autres) n'en possédaient pas.

En prenant connaissance de ce document j'ai suggéré au conseil municipal de mettre nos armoiries en valeur et, sur ce, le comité des fêtes, dans le cadre de la fête des vendanges 2003 a organisé une animation par l'intermédiaire de Serge Raffin, lequel nous a sculpté blason et devise ornant maintenant nos remparts. Quant à l'esprit de la chose, je lui trouve une certaine noblesse. Ce lion paraît effectuer une ronde ininterrompue autour du Villedieu moyenâgeux, toisant du regard le visiteur dans une impérative mise en garde. « Si tu passes en ami, tu seras protégé, si tu viens avec des intentions belliqueuses, gare à toi ! ».

De fait il n'est pas d'exemple historique où Villedieu ait été soumise par la force. Le seul épisode guerrier remonte à 1293 quand, cette année là, Amédée de Rosans et Pierre Reynier ont assiégé le village, mais Guillaume Trinquet a repoussé les assaillants.

Cet esprit de résistance ne s'est jamais démenti et plus récemment, au début des années 80, sous la gestion Brieux, les nouveaux assaillants se sont révélés être les services fiscaux. Ceux-ci voulaient nous imposer un sur-classement inéquitable des terrains viticoles avec des conséquences dramatiques sur les impôts, les cotisations sociales, assurance maladie, etc. Et seulement sur Villedieu, un test pour l'exemple, pour ensuite mieux piéger la profession : une guérilla en somme !

Par deux fois nous avons affronté avec virulence le contrôleur chargé de faire passer l'opération (un certain M. Ferraille) sans fléchir et dans une commission élargie nous avons nous-mêmes réalisé le reclassement intégral et dorénavant définitif du cadastre communal, dans l'intérêt de tous et de chacun. Sept siècles après, les assaillants ont de nouveau été repoussés et le sinistre projet mis à la... ferraille !

Fallait pas irriter le lion !

Et tout cela sans que quiconque n'ait fait allusion à une devise alors aux oubliettes. Une devise dont l'essence n'est pas seulement dans les murs mais aussi dans les gènes. Qui n'a pas en mémoire les célèbres révoltes de notre vénérable et ô combien vénéré doyen (97 ans) Adrien Mathieu en butte à quelques tracasseries administratives : « Mé dé qui vènoun non' s'emmerda ? Faù latcha dé lioun ! » (Mais qu'est-ce qu'ils viennent nous emmerder ? Il faut lâcher les lions).

Mon cher Adrien tes paroles ont été entendues, tes souhaits exaucés : le lion est lâché, il caracole désormais sur le barrì ! Et pour parodier le grand sentimental et optimiste invétéré Henri Salvador : « à Villedieu... dans la jungle, la terrible jungle... de l'administration... le lion n'est pas mort ce soir ».

A bon entendeur, salut.

Henri Favier





Noli irritare leonem




Mémoire des hommes

Cette année, c’est Alexandre Gislard qui a lu le message officiel pour la cérémonie du 11 novembre.

Plus d’une cinquantaine de personnes venues se recueillir devant le monument aux morts.

C’est l’occasion de signaler une initiative du ministère des anciens combattants qui a répertorié et mis en ligne depuis un an les fiches des soldats morts pour la France.

Pour l’instant, on y trouve les Morts pour la France 1914-1918, les batailles napoléoniennes, les fusillés du Mont Valérien et les Morts pour la France, AFN 1952-1962. www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.

Ci-contre, la fiche concernant l’un des noms figurant sur le monument de Villedieu, celle de René Macabet, né à Villedieu le 9 avril 1896 et mort le 3 septembre 1916 dans la Somme à la suite de ses blessures de guerre.

Yves Tardieu







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Gazette N°29 - 27 janvier 2005

La maison Jean et Elise Garcia

Quand le comité éditorial de la Gazette charge le Villadéen, barbu un peu fort qui..., et T.d.C.-T.d.V. de rédiger un « papier » sur l’immeuble où la commune de Villedieu va installer une salle des fêtes, une maison des associations et des bureaux, la première question qu’ils se posent c’est de savoir qui interroger sur le passé de cette construction.


Origine de propriété

La maison appartint longtemps (mais depuis quand ?) à la famille Vaysse, dont un des descendants habite la région de Pierrelatte. Les Vaysse exploitaient la pompe à essence de Villedieu et quelques hectares de terre. C’est une propriétaire vivant à Vacqueyras, Mme Saurel, qui acquit le domaine au cours des années soixante, l’agrandit et en confia la gérance à Joseph Ors, descendant d’une famille alsacienne installée en Algérie jusqu’en 1962. On se souvient des « Quand même, c’est bon ! » de cet ancien menuisier, grand affûteur d’outils. Au décès de la propriétaire, Jean et Elise Garcia achetèrent l’immeuble pour y transférer leur atelier de réparation automobile. Il s’y installèrent le 13 juillet 1968.

Raoul Worel

Les plus anciens du village se souviennent du père d’Elise Garcia, Raoul Worel. Il finit ses jours chez ses enfants à Villedieu. Né sujet de l’empire austro-hongrois qui s’affrontait avec les alliés en 1914, il quitta son pays pour « immigrer » et s’engager dans l’armée française. Il devint Français et séjourna à Castries (près de Béziers) où il se maria et où naquit Elise en 1925. Pendant la guerre, il travaillait à la tuilerie de l’Encieu et y cacha des résistants du secteur de Sablet ainsi que Jean Garcia.



René et Maryse

Ce n’est pas une activité trop désagréable que de jouer aux « journalistes d’investigation » quand il s’agit de rechercher, de retrouver (facilement) et d’interroger à l’heure de l’apéritif, René (le fils de Jean et Elise) et Maryse Garcia. C’est même un moment de grand plaisir, mêlé de nostalgie, de les rencontrer, chez eux, à Faucon, rue du Maquis. L’un d’entre nous ne les avait pas revus depuis une dizaine d’années, l’autre depuis trois décennies. Ils sont toujours aussi hospitaliers et sympathiques.

Jean Garcia cessa son activité en 1972 et René, fort du métier enseigné par son père puis par le lycée technique d’Avignon, reprit l’exploitation jusqu’en 1982. Jean et Elise vécurent dans la maison jusqu’à la mort prématurée de Jean, le 24 juillet 1987, et la fin tragique d’Elise, le 12 avril 1996, dans l’incendie de sa demeure. Jeannette, leur aînée, était mariée à un fonctionnaire et mère elle-même de trois filles. Malade, elle ne s’est pas réveillée d’une opération chirurgicale le 10 septembre 1997.

Après avoir vécu à Puyméras où il exploitait un garage, René travaille comme mécanicien spécialisé dans les engins de travaux publics (il les conduit parfois) dans l’entreprise de son beau-frère, Maurice Aubert, à Faucon. Maryse travaille chez les Gontard à Vaison. Leur fils Gilles, déjà père, habite Saint-Maurice (Drôme, région Rhône-Alpes) et assume une fonction d’employé municipal à Vinsobres (Drôme, région Rhône-Alpes, c’est donc une sorte d’émigré). Leur fille Laurence, bientôt mère, habite Faucon et occupe un emploi d’assistante de direction, à Mormoiron, dans une exploitation viticole dont les produits s’exportent bien, semble-t-il.


Jean et Elise à Villedieu

Lorsque les Garcia se sont installés dans la maison, devenue aujourd’hui propriété communale, en friche depuis bientôt dix ans, ils vivaient et travaillaient déjà à Villedieu. En avril 1950, ils étaient arrivés d’Algérie et s’étaient installés dans la maison appartenant à Benjamin Bertrand. Jean créa un atelier de réparation automobile au rez-de-chaussée. On y vendait et réparait des tracteurs, des motoculteurs, des cyclomoteurs et des bicyclettes qui faisaient rêver la jeunesse et, bien sûr, des voitures. La famille habita au premier étage. Jeannette avait cinq ans et des tresses brunes, René trois et sa chevelure bouclait déjà. Le restaurant « la Maison bleue » est situé à l’emplacement du garage.
Voilà ce que l’on pourrait simplement dire de la famille Garcia et de ses quarante-cinq ans de vie villadéenne. Mais ce n’est pas tout.

La pompe à essence, le courrier et le gaz en bouteille

Villedieu eut sa pompe à essence jusqu’en 1974. Peu après ce que l’on a appelé « le premier choc pétrolier », les Garcia ont cessé la distribution de carburant.
De 1958 à 1966 Elise Garcia assuma chaque jour le transport des sacs postaux, pour le compte des P.T.T. Le matin, partant de Vaison, elle acheminait le courrier à distribuer, dans une douzaine de villages, dont Villedieu. L’après-midi, au cours d’une tournée inverse, elle rassemblait les envois en partance des villages et les convoyait à Vaison. Souvent, Elise transportait des habitants de Villedieu en plus des sacs postaux. Combien d’entre nous, dénués de moyen de transport, (nous n’avions pas tous des quatre-quatre ou des « monospaces ») eurent recours à sa complaisance et à sa gentillesse, car à cette époque, l’autocar passait à Villedieu le matin en venant de Vaison et se rendait à Vaison, via Villedieu, à la fin de l’après midi en venant d’Orange.
Depuis l’installation de 1968 et tant qu’elle vécut, Elise assura aussi le service de distribution du butane et du propane en bouteille.



L’engagement volontaire

Jean Garcia mince, très mince, souple, fumeur de cigarettes qu’il roulait soigneusement avant de consentir à examiner ce qui n’allait pas dans le moteur, la « brelle » ou la bécane, n’était pas arrivé avec sa famille à Villedieu tout à fait par hasard. « On » disait dans le village qu’il venait d’Algérie et que sa déportation dans un camp de concentration allemand pendant la guerre lui avait laissé une santé fragile et une humeur bourrue malgré son caractère serviable.

Jean, Joseph Garcia est né à Relizane (département d’Oran) le 31 janvier 1921. Ses arrière-grands-parents étaient originaires d’Espagne (mais d’où ?), en tout cas ils émigrèrent en Algérie. Ses grands-parents venaient de l’Algérois et son père était né à Mostaganem. Très jeune, il s’associe avec un camarade pour exploiter un premier atelier de mécanique à Trumelet (près de Tiaret). La guerre survient. A vingt ans, le 31 mars 1941, il devance l’appel et s’engage dans la marine comme mécanicien.


La résistance

En 1942, il sert sur le « Colbert », orgueil de la Royale. Mais le 11 novembre, les troupes allemandes envahissent la zone dite « libre ». Ce qui reste de la flotte de Méditerranée se saborde, les marins sont démobilisés, certains entrent dans la résistance. C’est le cas de Jean Garcia, sous le nom de guerre de « Matelot ». Il devient agent de liaison dans la région de Fréjus, puis dans celle des Alpilles, et enfin, chef de groupe du maquis de Vaison sous les ordres de Lucien Grangeon, chef du secteur. Il assure le lien entre les résistants d’Avignon, ceux de Vaison, Sablet, Beaumes de Venise et les maquisards des Dentelles de Montmirail. Il côtoie Julien Alazard, chef de l’armée secrète (A.S.) à Sablet, Teyssier, Albin, Ellen et Paul Gontard, François Favergeon (le grand-père de Jean-Jacques), François Millet à Vaison et bien d’autres.

Nous ne connaissons pas tout de ses actions de résistance, mais nous savons qu’outre l’acheminement des messages secrets, il « fait » du renseignement et convoie des réfractaires qui souhaitent, de plus en plus nombreux, rejoindre les maquis au début de 1944. Il se cache chez différents camarades et rencontre à l’Encieu (1), où il a une « planque », Elise, fille de Raoul Worel, chauffeur du four de la tuilerie qui était encore en exploitation à cette époque.

Le 19 avril 1944, les S.S. conduits par le chef de la Gestapo du Vaucluse et par Gaston Mercier (2) investissent le domicile des Gontard et cherchent vainement des armes qui sont pourtant dissimulées dans la maison. Ils arrêtent Matelot présent et, bien renseignés par le traître, s’emparent de son arme cachée dans un trou du mur extérieur.

De nombreux résistants à Vaison, Saint-Romain en Viennois et Séguret sont pris dans la rafle. Peu d’entre eux parviennent à s’échapper. Matelot est passé à tabac à la gendarmerie. Au cours de son interrogatoire, il parvient à mettre hors de cause les Gontard. Ils sont relâchés peu après. Les résistants arrêtés sont emmenés à la prison Sainte-Anne d’Avignon. Quelques jours plus tard, au moins six d’entre eux sont déportés en Allemagne : René Auguet, André Abel, René Delcroix, Louis Combe dit « Loule », Aimé Monnier et Matelot (3). Il est envoyé au camp de Buchenwald (près de Weimar) puis, très vite, à celui d’Oranienburg-Sachenhausen, puis au « Kommando » de Falkensee sous le numéro matricule 84 437.

Falkensee

Falkensee était un des quarante-quatre camps annexes et « Kommandos » de travail extérieurs du camp principal d’Oranienburg-Sachsenhausen. Ce camp (siège de l’inspection des camps de concentration), situé à 35 kilomètres au nord de Berlin, a été construit pour accueillir huit à dix mille prisonniers. Il y en eut jusqu’à trente-cinq mille en même temps. On estime le nombre des morts (dans le camp même) à trente mille, au minimum, ou quarante mille sur les cent trente-cinq mille personnes qui y ont été déportées entre 1938 et 1945. Le camp a été libéré le 22 avril 1945 par une unité de la 47e armée soviétique.

Falkensee est à vingt-cinq kilomètres à l’ouest de Berlin. Les détenus fabriquaient des obus, des chars et du matériel ferroviaire dans une usine de construction mécanique du groupe D.E.M.A.G., groupe appartenant ou dirigé (?) par Hermann Göring, ministre d’Hitler. De mille cinq cents à deux mille détenus travaillaient dans ce « Kommando ». Sur les neuf cents Français qui y furent envoyés entre mai 1943 et avril 1945, cent quatre-vingts revinrent.



Les camps

Dans les camps de concentration nazis, il subit le travail forcé, les humiliations, la famine organisée, les « appels » interminables dans la neige, les nuits sur des bas-flancs surchargés de corps épuisés et souffrants, « la sélection », le spectacle des exécutions de codétenus : les traitements inhumains, c’est-à-dire le sort épouvantable de tous les déportés. Il faut se protéger, supporter la faim dévorante et travailler lentement pour ne pas aider l’ennemi et tenter de rester valide. Il faut rester valide pour espérer survivre et, néanmoins, aider les camarades.

Son fils raconte que, contraint de participer à la construction d’un char amphibie, lui et ses camarades du « Kommando » de Falkensee « travaillaient » si bien que chacun des exemplaires fabriqués coulait dès les essais.

Le triangle bleu

Des triangles de différentes couleurs étaient cousus sur la tenue des détenus des camps. Ils étaient destinés à en distinguer les différentes catégories définies par les nazis. Par exemple, les détenus de droit commun portaient un triangle vert, les détenus pour « homosexualité » un triangle rose, les détenus « politiques » un triangle rouge suivi d’une lettre signifiant la nationalité, les « Juifs » une étoile jaune (deux triangles inversé). Le triangle bleu était, pour les S.S. le signe distinctif d’une catégorie regroupant les « étrangers », les « apatrides » (*), les « émigrants », les « réfugiés », les « sans papiers ». Beaucoup de républicains espagnols réfugiés en France et livrés par le gouvernement de Pétain au gouvernement d’Hitler portèrent un triangle bleu dans les camps.
Pourquoi Jean Garcia fut-il affublé d’un triangle bleu ?

(*) Il faut entendre par « apatrides », les résidents « étrangers » des pays annexés par le Reich et privés de nationalité.


Il survécut grâce, sûrement, à la force de son caractère. Un exemple : libéré du camp par l’armée rouge, puis passant sous le contrôle américain deux jours plus tard, il craint comme de nombreux survivants que les alliés, désormais face à face, s’affrontent. Deux soldats, un Russe et un Américain se disputent un appareil photographique que Jean Garcia a trouvé après le départ des tortionnaires. Lui qui ne pèse plus que trente et un kilos, contre soixante-six lors de son arrestation, saisit l’appareil et, pour faire cesser la querelle, le brise d’un coup de talon en se servant d’un rail de chemin de fer comme enclume.
René témoigne aussi de la force morale de son père qui, patriote déterminé dans la lutte contre l’occupant et les nazis, ne l’éleva pas dans la haine des Allemands. Il en rencontra qui restèrent humains en dépit de l’oppression hitlérienne dont nombre d’entre eux étaient aussi victimes, lui rapporta-t-il.
Jean Garcia garda toute sa vie des séquelles physiques de son séjour dans les camps. Il souffrait en particulier d’insuffisance respiratoire, de dysfonctionnement digestif et de décalcification.

Quant aux séquelles psychologiques, nous savons aujourd’hui qu’elles se manifestent souvent par le silence que conservent la plupart des survivants sur leurs souffrances indicibles.


La liberté

Jean Garcia revient et retrouve Elise qui, réfugiée à Bourbon-Lancy (Saône et Loire) dans la famille de son oncle, a donné naissance à leur fille, Jeannette, à Macon. Ils se marient le 10 juillet 1945 à Sablet et partent en Algérie à la fin de l’année. A Burdeau (cité proche également de Tiaret), Jean Garcia découvre que son associé a vendu leur atelier. Le couple décide de quitter l’Algérie pour Vaison et c’est finalement à Villedieu que la famille s’installe.

Médailles

Les auteurs de l’article n’ont pas de dévotion particulière pour les décorations. Mais parfois la rareté des distinctions, la diversité et le nombre des médailles portent témoignage de mérites et de services exceptionnels.

Jean Garcia est titulaire des décorations suivantes :
- médaille des engagés volontaires,
- croix du combattant volontaire,
- médaille du combattant,
- médaille militaire,
- croix de guerre (1939-1945) avec palmes,
- médaille du mutilé de guerre,
- médaille de la résistance,
- médaille de la déportation,
- chevalier de la légion d’honneur.



Un nom pour la « Maison »

Nous sommes quelques uns à penser que l’immeuble qui pourrait devenir l’un des lieux privilégiés de rencontre du village devrait être nommé : « la maison Jean et Elise Garcia ». D’autres anciens propriétaires ou ex-occupants ont sans doute des titres à faire valoir, mais le destin des Garcia mérite particulièrement hommage et rappel du souvenir.
En ce temps de disparition progressive des « témoins qui se feraient égorger [...] (4) », il est de soi-disant historiens, des hommes politiques, d’autres aussi, qui galvaudent l’esprit et l’héroïsme de la résistance ou nient l’horreur des camps. Ne serait-il pas bon, qu’au contraire, le village manifeste qu’il se souvient ?

Bernard Barre et Jean-Marie Dusuzeau


(1) Lieu dit de la commune de Gigondas vers Le Crestet. Les anciennes tuileries sont devenues les logements des ouvriers d’une fabrique de chocolat.
(2) C’était un jeune Lorrain dont les parents comme beaucoup d’Alsaciens et de Lorrains étaient déportés en Allemagne. Réfugié à Vaison, ce mouchard, sans doute motivé par l’appât du gain, avait rejoint le maquis avant d’en être expulsé pour son inconduite peu de temps avant la rafle. Il est mort (peut-être « liquidé » par les Allemands) à la fin de l’occupation.
(3) L’« Histoire du maquis Vasio » de Lucien Grangeon rédigé à la libération confirme ou complète les faits transmis par René Garcia. Cette monographie fait également état de la déportation d’André dit : « L’Oiseau ».
(4) « Je ne crois que les témoins qui se feraient égorger » : cette citation de Blaise Pascal figurait en exergue de chaque numéro de « Défense de la France », journal clandestin diffusé en zone occupée de 1941 à 1944.






La pompe à essence
villadéenne à la fin
des années 60





Garage Garcia, rue
des Sources en 1965





Elise et Jean Garcia
devant leur maison à
la fin des années 70





René "Tutu" et
Maryse Garcia




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Rempart, rue des Sources

Georges et Huguette Louis m'ont un jour montré une aquarelle signée P. Guelpa (voir photo) qui représente le rempart, côté rue des Sources (face au bureau de tabac) il y a bien des années. Mais quand ? Si l'œuvre est bien signée, elle n'est pas datée.

Il y avait à cette époque des petits bâtiments en ruine qui servaient de remise à tout. Il y aurait même eu des lapins et le lavoir était couvert.

A gauche du trou du Marotti, il y avait un petit espace entouré de murets, le long de la rue. Cet espace était rempli de sable qu'on jetait sous les sabots des chevaux en cas de verglas, leur permettant ainsi de monter jusqu'à la place du village. Il est aujourd'hui couvert de fleurs par la main "verte" d'Huguette Louis.
Les travaux de restauration et de renforcement du rempart à cet endroit ont dû être importants.

Mais personne ne se souvient... Les Villadéens, qui ont pourtant bonne mémoire, ne se rappellent plus en quelle année. C'est tout de même une rue à grand passage. Il a fallu des semaines d’investigation pour trouver une solution à cette énigme.

Pourtant, c'était il y a à peine 23 ans !

En faisant des recherches dans les archives de Villedieu, grâce à la mairie (merci à Gisèle), j'ai découvert un rapport des délibérations municipales du 8 janvier 1982 (Arch. munic. W107) qui mentionne : "Suite à la séance du 25 novembre 1981, l'entreprise Vaîsse de Roaix a présenté un projet de restauration et de renforcement des remparts dans le secteur Nord-Est du village. Le montant de ce projet s'élève à 65 950 francs. Le conseil municipal estime ce devis acceptable et admet, en raison de l'état des lieux, que l'exécution des travaux peut être entreprise au plus tôt, ce qui n'exclut pas la possibilité de demander l'aide du Conseil Général pour leur financement".

Et voilà un petit détail de l'histoire locale sorti de l'oubli.

Thierry de Walque





Une aquarelle
signée P. Guelpa...




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Orange

C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu l’article d’Henri Favier dans La Gazette du 22 novembre 2004. Néanmoins, j’ai été étonnée de lire, sous sa plume, à propos des armoiries de Villedieu, que « des villes plus huppées (Orange entre autres) n’en possédaient pas ».

Nous savons tous qu’il se produit ici un vin de pays dit : « de la principauté d’Orange ». Il fut effectivement un temps ou Orange était une principauté et les princes d’Orange possédaient des armoiries, même si la ville ne les conserva pas.

Le dernier prince d’Orange n’eut qu’une fille qui se maria avec un prince de Nassau. Elle emporta ses armoiries avec elle. La descendance du couple princier existe encore puisque la famille royale des Pays-Bas depuis 1813 se nomme « Orange-Nassau ».

Ainsi lors du "konninginedag" (littéralement, jour de la reine : fête de la royauté) fixée au 30 avril, les hollandais arborent leur drapeau national, bleu blanc rouge, agrémenté d’un oriflamme orange.

Les armoiries ne sont pas perdues pour tous...

Bernadette Croon







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Gazette N°30 - 20 avril 2005

Les reconnaissez-vous ?

Le cliché ci-contre a été pris au sommet du Mont Ventoux par J. R. (un citoyen britannique dont nous ne connaissons plus que les initiales) étonné par la vue de cet équipage.

Y figurent Léon Régnier et son ami Hubert Chabrol juchés sur Le Zèbre. C’était en 1934, le jour de la fameuse course annuelle de côte.

La voiturette automobile, Le Zèbre, type A, 5 HP, moteur monocylindre : 1 200 tr/mn, numéro 1 114, série 12, est sortie de l’usine de Suresnes, créée par Jacques Bizet (le fils de Georges) et de Jules Salomon, le 27 octobre 1912 (siège social : 3 rue Villaret de Joyeuse à Paris). Léon Régnier acheta le véhicule à Albrand, maréchal-ferrant puis marchand de machines agricoles à Vaison, le 3 juillet 1928. Il cessa de s’en servir dans les années cinquante et acquit à ce moment une 5 chevaux Peugeot des années vingt.

Les véhicules de cette époque ne disposaient pas d’ABS, mais de freins à tambour (seulement sur les roues arrières) ni de ceintures de sécurité ni d’ordinateur de bord ni de GPS, quelquefois pas même de capote. Le père de Marie Barre se rendait pourtant au sommet du Ventoux (la preuve), souvent à Orange, parfois à Remoulins avec sa famille. Il circulait sans faire des « temps », mais en prenant le temps sur des routes que certains n’oseraient pas emprunter aujourd’hui, même à bord de leur quatre-quatre.

Bernard Barre et T.d.C.-T.D.V.







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Les Mauric, maîtres d’école et fondateurs de la bibliothèque

Raymond et Marthe Mauric ont dirigé l’école de Villedieu pendant trente ans. À leurs débuts en 1933 et 1934, l’école était au « château ». C’est en 1935 qu’ils ont inauguré les nouveaux bâtiments. Villedieu qui comptait alors environ huit cent cinquante habitants avait une cinquantaine d’enfants scolarisés. Marthe Mauric se souvient avoir eu, à elle seule, plus de quarante élèves, pendant la guerre lorsque les familles de réfugiés étaient venues grossir les rangs.

Ils entraient à cinq ans dans la « petite classe » et à dix ans passaient dans la « grande » pour quatre années. Certains quittaient le village pour entrer au collège à onze ans, après avoir réussi leur examen de passage en sixième. Avant les tavaux de l’école, on pouvait voir encore gravé sur la façade « GARÇONS » et « FILLES » puisque ceux-ci travaillaient alors dans des classes séparées. Ce n’est que pendant ou juste après la guerre qu’il ont été regroupés dans des classes géminées. Raymond Mauric avait même, dans ce but, fait signer une pétition aux Villa-déens pour présenter sa demande à l’inspecteur d’académie.

C’est dès le début que Raymond Mauric a organisé une bibliothèque, celle-là réservée aux enfants à partir d’un fonds de vieux livres, en âge et en état. Dans la nouvelle école, il fit installer des étagères et des armoires où étaient alignés les nouveaux livres achetés, grâce aux cotisations d’une trentaine d’adhérents, des livres brochés, les moins chers, mais que l’on faisait transformer chez Yrondelle, libraire et relieur dans le Grand’rue à Vaison, et parfois conseiller quant au choix des ouvrages. Cette nouvelle bibliothèque était ouverte à tous. Elle est restée dans la classe des « grands » jusqu’en 1963, année où Raymond Mauric prit sa retraite.

De la classe des « grands » elle est passée à l’étage. Lorsque les travaux d’aménagement de la mairie ont été terminés, elle a été transportée dans le local où elle se trouve actuellement.
Cette bibliothèque a donc soixante-douze ans.

Du temps de Raymond Mauric elle était gérée par l’école, puis une association « loi de 1901 » a été créée, la Société de lecture qui l’a prise en charge.

L’association complète son fonds de livres par des achats financés grâce aux cotisations des adhérents, aux gains que rapporte le loto annuel, ainsi qu’à la subvention municipale. Par aileurs, le bibliobus permet l’emprunt gratuit de trois à quatre cents ouvrages à chacun de ses trois passages annuels.

Bientôt la bibliothèque sera reliée par réseau informatique aux autres bibliothèques de la communauté de communes, ce qui permettra des échanges entre les villages, donc un choix plus important de lectures sans oublier les livres à gros caractères pour les personnes qui rechignent à utiliser des loupes.

Il est important de soutenir l’effort nécessaire à l’existence de cette bibliothèque. Elle est de plus en plus fréquentée, le dimanche matin, par des lecteurs qui trouvent sur place un choix intéressant d’ouvrages en contrepartie d’une adhésion de dix euros par an. Les vendredis après-midi sont réservés aux enfants de l’école et aux résidente de la Ramade.

Claude Bériot et Annette Gros





Raymond Mauric



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Gazette N°31 - 03 juin 2005

Non, non et non !

Au référendum (concernant le traité constitutionnel européen - ndw.), Villedieu a voté non à une très large majorité, au dessus du score du non dans le Vaucluse et dans la France entière. Buisson présente le même score à quelques décimales près. Ce résultat massif amplifie le résultat très important obtenu par le non contre le traité de Maastrciht en 1992 (61 % des voix à Villedieu).

La campagne électorale à Villedieu a eu le même impact qu’ailleurs. Progressivement, de plus en plus d’entre nous se sont intéressés au débat, au traité, à l’Europe. Il y a eu même une réunion publique il est vrai peu fréquentée. Organisée par le "Comité Départemental pour le Non", dont notre premier adjoint Henri Favier était membre, elle n’a réuni que cinq personnes, toutes membres du conseil municipal (JLV, AM, MR, HF et YT). Elle était animée par deux membres du "Parti des Travailleurs" qui fréquentent régulièrement Villedieu et y sont très bien accueillis. C’est la cinquième réunion qu’ils animent au village depuis 2002 lors la venue du candidat de leur parti à l’élection présidentielle, Daniel Gluckstein. La virulence de leurs propos pour le non m’a semblé quelquefois très exagérée, même si notre petite assemblée était d’accord.
Je suis arrivé avec la conviction de voter non et je suis parti très perplexe et indécis, indécision qui a duré jusqu’à mon entrée dans l’isoloir.

Depuis 1958, il y a eu en France 9 référendums. Villedieu a voté oui en 1958 pour la constitution de la Vème République (61 %), en 1962 pour l’indépendance de l’Algérie (approbation des accords d’Evian avec 92 % des voix), en 1972 pour l’entrée de la Grande Bretagne dans le marché commun (53 % mais presque 50 % d’abstention), pour les accords de Nouméa sur la Nouvelle Calédonie (80 % mais une assez forte abstention) et enfin au référendum sur le quinquenat en 2000 avec 68 % de oui mais 78 % d’abstention. La municipalité avait refusé d’organiser ce scrutin en protestation contre la fermeture de l’hôpital de Vaison.

Villedieu a voté non à cinq reprises : contre l’autodétermination de l’Algérie en 1961 (52 %), contre l’élection du président de la République au suffrage universel en 1962 (70 %), contre la réforme du Sénat et des régions en 1969 - ou pour le départ du général De Gaulle - (75 %), contre Maastricht en 1992 et contre le traité constitutionnel européen en 2005.

Le résultat de ce 29 mai rapproche en tout cas les Villadéens des Hollandais et Villedieu de la Hollande où le score du non a été encore plus élévé qu’en France. Voilà une façon inattendue de faire l’Europe !

Yves Tardieu

À Villedieu À Buisson
Inscrits 389  
Votants 310 80 %
Exprimés 298  
OUI 97 32 %
NON 201 68 %
Inscrits 209  
Votants 160 77 %
Exprimés 157  
OUI 48 30 %
NON 109 70 %


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Gazette N°34 - 23 novembre 2005

Jacques Favier [ par Yves Tardieu ]

Jacques Favier est né le 16 mai 1960. Il est le fils de Marie Rose et Gustave Favier. Jacques est mort à l’âge de 18 ans, le 18 novembre 1978 de la myopathie. On le voit sur cette photo prise à l’école vers l’âge de neuf ans.

Jusqu’à l’age de huit ans il a vécu normalement, allant même à l’école à pied depuis la ferme de la famille à Saint-Laurent.

Vers ses huit ans, des chutes nombreuses ont rendu sa maladie visible. A cette époque lointaine, les maladies génétiques étaient mal connues. Le médecin de famille fut incapable de formuler un diagnostic. C’est le médecin scolaire qui le fit. A neuf ans Jacques ne pouvait plus aller à l’école régulièrement et à 11 ans il se retrouvait dans un fauteuil roulant. Dès lors il passait les hivers à Hyères au centre du Mont des oiseaux et les étés à Villedieu.

A cette époque lointaine, le handicap était beaucoup moins pris en charge qu’aujourd’hui. Les lois votés en 1976 et depuis 2002 ont beaucoup amélioré les choses même s’il reste beaucoup à faire. La collecte de fond pour les associations était mal vue et la tentative faite à Villedieu avait été mal perçue par les villageois et avait due être abandonnée. Pour les parents de Jacques et pour sa sœur, tout était à découvrir et à assumer seuls ou presque.

A cette époque, le handicap suscitait encore plus la honte et le rejet qu’aujourd’hui. Jacques a du accepter ou supporter les regards insistants et quelques formes de rejet ici ou là.

J’ai plusieurs souvenirs précis de Jacques que j’aimais bien. Il ne s’est jamais plaint du comportement des enfants à l’école et nous l’aidions parfois. Pourtant, sa différence, mal connue, mal comprise, suscitait quelquefois les moqueries.

Un jour qu’il ne pouvait participer à nos jeux et que nous le moquions un peu, nos regards se sont croisés : il y avait dans le sien un mélange de confiance, d’attente, d’indulgence. Il souriait malgré une certaine détresse. Sa maladie lui avait sûrement donné une maturité plus grande, avait aiguisé son intelligence, celle de la raison et celle du cœur. Ce jour-là, Jacques a fait grandir le petit paysan un petit peu sauvage que j’étais. Je le lui dois encore.







Jacques Favier...



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Voyage au cœur d’un brave homme via la biographie d’une amitié [ par Henri Favier ]

J’ai fait la connaissance de Paul Cornud par un beau matin de septembre 1951, précisément au carrefour chemin de Saint-Laurent et du chemin des Mourdonnes. Nous allions à la chasse mon père et moi, lui à vélo vers le village, probablement au pain, plus certainement au tabac.

Et aussitôt, tous deux firent la conversation, en patois évidemment. Du bas de mes seize ans je buvais leurs paroles religieusement et en silence, car à l’époque les gamins savaient écouter les vieux. Pardon "les Vieux" car Cornud, en bleu de travail et gros souliers, chemise semi-ouverte sur la poitrine, longues manches retournées et casquette vissée sur la tête ne différait en rien de mon père, de quatorze ans son aîné.

A mes yeux il était un vieux (pensez donc, le double de mon âge !) et les vieux d’alors ne se fringuaient pas de baskets, jeans et tee shirts dans des boutiques à minets : la mode n’en était pas encore là. Ils étaient, tous, des vieux standards mais authentiques et je rêvais de leur ressembler un jour.

Au retour, mon père raconta l’entrevue à ma mère laquelle laissa aussitôt parler ses sentiments : "ça c’est un peu un brave homme". Elle ne pouvait se tromper et venait de m’ouvrir un crédit de confiance illimité et à vie au bénéfice et à l’usage du dénommé Paul Cornud.

L’ami des jeunes

Crédit qui resta inexploité plusieurs années jusqu’au jour où des complicités de jeunesse me rapprochèrent de lui.

Par l’intermédiaire de Pierrot Bertrand, dont le père avait été un grand ami de Paul, la maison Cornud devint un passage obligé, une étape incontournable lors de nos équipées fêtardes, carnavalesques ou autres. Tous les prétextes étaient bons, voire provoqués, pour aller boire un coup chez Cornud, y casser éventuellement la croûte, après être, quelquefois et selon l’humeur, monté clandestinement sur le toit, en pleine nuit et en plein hiver bien sûr pour y boucher la cheminée, farce classique à l’époque. Et lorsque l’expédition se déroulait chez des voisins on embarquait Paul avec nous. Notre génération l’avait adopté.
Voilà des gens, les Cornud, que nous délogions à des heures indues et à grand tapage ("Cornud lève toi !...") du creux de leur intimité, avec l’intention bien préméditée de se faire offrir le boire et le manger, chez lesquels nous mettions un "bordel" pas possible et qui en étaient ravis ! Inoubliable.

Les années partage

Notre jeunesse envolée, nos destins respectifs avaient dispersé notre bande de joyeux célibataires mais je conservais avec Paul des contacts amicaux de paysan et ce fut au rythme des saisons, des coups de mains réciproques pour des travaux pontuels : tirer des racines dans le sillage de la charrue, palisser une vigne, aider à finir les vendanges ou la taille..., des prêts d’outils, une longue échelle, une égreneuse à maïs, un lichet plat, sans compter les dépannages en catastrophe, la charrue cassée, le tracteur en panne, la batterie qui lâche, et, à chaque fois, "Paul, tu peux me rendre un service ?", la même réponse : "Mais deux si je peux !".

Bref, des échanges permanents dans l’utile mais aussi l’agréable, avec tout ce que l’autre n’a pas, le surplus (préorganisé) du jardin, les prunes et les abricots ou les premiers petits pois, la fricassée de champignons ou la truffe. Et puis se pointer à l’improviste chez les Cornud avec la soupe d’épeautre ou au pistou pour la partager avec eux. Intense, parce que conscient que ces instants là étaient, hélas, inéluctablement comptés.

En fait, la montée de nos âges ayant, au fil du temps rapproché nos générations nos relations devinrent de plus en plus confraternelles, au point que nos saluts mutuels agrémentés parfois de "grand frère - petit frère", quoique échangés sur un ton volontairement badin, extériorisaient bien plus que de banales boutades.

Un géant

Au panthéon de mes souvenirs, une nuit de pleine lune. C’étaient les moissons. Nous nous aidions, tous deux juchés sur la passerelle de la moissonneuse, au coude à coude dans un mano à mano à manipuler les sacs de grain (la trémie intégrée n’existait pas encore) à se cogner des épaules dans les secousses provoquées par les cahots sur la terre sèche et par les manœuvres du chauffeur, les tempes à se frôler pour échanger à tue-tête des bribes de conversation dans le vacarme de la machine.

En observant à la dérobée, dans un décor surréaliste de poussière de chaume, de clair de lune et de travail partagé, cet homme plutôt petit, aux membres courts et puissants, aux épaules d’Atlas, je savourais le privilège de côtoyer un géant. Suprême bonheur : les œufs à la sartan (1) de Lucile eurent au bout de cette nuit-là comme un parfum de festin.
Un géant qui, à force d’obstination au travail, exigeant parfois avec un entourage attelé à la même galère parce qu’intransigeant avec lui même, mais c’était tout naturel, avait fait d’une exploitation en demi-sommeil un vignoble exemplaire, d’une bâtisse en péril une ferme accueillante et coquette malgré, au départ, des moyens matériels à la limite de l’indigence. A ce titre il aura été l’un des derniers représentants d’une génération en voie de disparition.

Et que dire de son combat pour la vie ? Une force de la nature, un colosse.

Vingt années chaotiques, d’hôpitaux en cliniques, d’examens en interventions, de SAMU en réanimations, évidemment le plus souvent en extrême urgence, avec leur cortège de complications. Considéré mourant à deux reprises par les médecins au point de préparer ses derniers habits, chaque fois rentré retapé à Villedieu, il était leur ressucité. Puis lors d’un troisième épisode, apparemment décédé dans l’ambulance en vue de l’hôpital d’Orange, le dévouement de l’infirmière au service de sa constitution hors normes l’avait ramené à la vie.

Et à chaque retour, pendant les armistices intermittents de son corps à corps avec la mort, à nouveau le travail dans la vigne, le jardin, la chasse ... comme aux plus beaux jours, au grand désespoir d’une Lucile résignée. A quatre vingts ans et plus un véritable cas, un phénix.

Il l’avait tant côtoyée cette mort qu’il s’en était fait une sereine philosophie. Il l’avait si souvent repoussée que celle-ci, comme lassée, paraît avoir attendu patiemment son heure. Elle n’a pas réussi à l’emporter : elle est venue le cueillir tombé de la Vie, à bout de souffle, comme le fruit trop mûr tombé de l’arbre.

Dans notre univers de paysans il occupait l’espace et le temps avec une telle présence, une telle densité, que la résignation est impuissante à étouffer l’étourdissant silence de l’absence.

"Tu ne croyais qu’aux Hommes, en la Vie, à la Terre, désormais la pensée qui fleurissait ton bras veille nos souvenirs."

(1) La sartan : la poêle.



Paul Cornud...



...pendant son
service militaire...





...vers 1980
lors d’une fête...




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Gazette N°36 - 8 mars 2006

La crèche de l’église [ par Armelle Dénéréaz ]

Cette crèche qui depuis des années orne discrètement le fond de l'église au moment de Noël fait partie des habitudes. Et pourtant, sans la persévérance de son auteur, il y a sans doute belle lurette que nous ne la verrions plus. Voilà pourquoi avant qu'il ne l'ôte à la Chandeleur, le 2 février, selon la tradition, je suis allée à la rencontre de Michel Dieu, sans qui, cette fameuse crèche n'existerait plus.

Armelle Dénéréaz : « Depuis combien de temps t'occupes-tu de la crèche de l'église ? »
Michel Dieu : « Autrefois c'était le Père Chaix, puis le Père Rascle qui la faisaient. On était plusieurs à les aider, puis ils sont partis de Villedieu et petit à petit je me suis retrouvé tout seul ! »

A. D. : « Pourquoi continues-tu à la fabriquer chaque année ? »
M. D. : « Je la fais principalement pour les enfants, et tant qu'il y aura une messe de Minuit à Villedieu, car sinon, cela ne sert plus à rien si l'église reste vide et fermée ! »

A. D. : « À quel moment la commences-tu et comment fais-tu ? »
M. D. : « Je m'y mets le deuxième dimanche de l'avent, j'attache beaucoup d'importance à n'utiliser que des matériaux naturels : paille, mousse, galets, pierre, bois, tuiles, du chêne blanc et du chêne vert. J'ai mon plan et j'y passe une bonne demi-journée ! Je suis contrôlé par Emma et Martin, mes petits enfants, qui veillent sur mon travail et viennent me soutenir ! »

A. D. : « Il faut avouer que l'effet produit est saisissant, et les santons ? ils ne sont pas jeunes ? »
M. D. : « Et non, je les ai toujours vus ! Ils ont bien plus de soixante ans, ils sont en plâtre, peints et pour ne pas trop les abîmer il ne faut pas les poser sur la mousse humide, mais les mettre les pieds au sec ! »

A. D. : « Ils auraient peut-être besoin d'un petit coup de peinture... »
M. D. : « Oui, s'il y a des amateurs, ce serait volontiers, car ils ont encore belle allure c'est vrai que les vicissitudes du temps les ont abîmés et qu'ils pourraient retrouver un peu de couleur et d'éclat ! »

A. D. : « Et bien l'appel est lancé, et en attendant de trouver un restaurateur-amateur, je te remercie Michel pour cette petite visite. J'ai l'impression qu'il y a de moins en moins de crèches dans les églises du coin alors bravo pour ce petit conte de Noël qui continue à ravir les yeux des petits et des grands. »
M. D. : « Merci et en attendant, je vais bientôt la défaire et ranger les santons dans leur carton jusqu'à Noël prochain ».





"Canto Cigalo" [ par Renée Biojoux ]

Ce texte a été imprimé à la main, à l'encre, avec les lettres en plomb et écrit à l'école du Palis dans le petit journal de l'époque, "Canto Cigalo", qui paraissait chaque mois pendant l'année scolaire du temps où l'instituteur était René Jouvent.

Il est tiré du n° 1 paru en février 1947 et a été écrit par l'élève Mignon Plantevin (actuellement Mme Jullien, ex-quincaillère sur la place Montfort à Vaison et tante de Brigitte Bernard).

Ce document a été aimablement prêté par Léo Charras.





Cette crèche qui
depuis des années
orne discrètement le
fond de l'église
au moment de Noël...




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Gazette N°37 - 1er avril 2006

La maison Vaysse [ par Jean Vaysse ]

Je ne connais pas la date exacte de ma naissance. D’après les Anciens, je serais née vers 1906 de la volonté d’un jeune homme : André Vaysse.

Auparavant, des aménagements maçonnés avaient été faits pour entreposer le fumier des animaux logés dans le village. Dans mes premiers jours, je suis donc une grange, une écurie et une remise bientôt doublées d’une rangée de tilleuls.

Le jeune homme, marié avec Delphine, est devenu père d’un petit Abel.

Au printemps 1914, début de la première guerre mondiale, tous les hommes valides sont partis et je n’ai revu mon propriétaire qu’une ou deux fois.

J’ai abrité quelques années Delphine et son fils, l’âne, la charrette, le fourrage et les outils agricoles. Un gros mûrier s’est développé à côté de la porte d’entrée.

En 1938, Abel et Denise, aidés de deux maçons, Luigi Fontana et M. Brun, m’ont agrandie et je suis devenue une grande maison abritant des enfants réfugiés et où six enfants sont nés.
Dans les années cinquante, une cour gagnée sur le talus a été ouverte pour permettre l’installation d’une pompe à essence.

Durant l’année 1956 où les oliviers ont gelé, tous les villadéens et environnants sont venus à la pompe échanger leurs bons de rationnement de carburant à la suite de l’affaire de Suez.

En 1964, une viticultrice s’est installée, a arraché les tilleuls et le mûrier, et trois ans plus tard, j’ai été vendue à une famille du village.

En 1997, un incendie a ravagé la partie la plus ancienne de l’habitation. Dernièrement, j’ai été restructurée pour devenir en 2006 logement et salle communale de loisirs de Villedieu.



Jean Vaysse...




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Gazette N°39 - 31 mai 2006

Faut-il en revenir au canasson ? [ par Gaston Roche ]

Nous publions un article de Gaston Roche, médecin à Sorgues. Cet extrait de l’Écho médical des Cévennes paru en septembre 1903 traite du problème toujours actuel du coût de l’automobile. Gaston Roche est le grand-père maternel d’Annette Gros.

Depuis quelque deux ans, l’automobile du médecin est devenue une question d’actualité qui a fait couler pas mal d’encre et il faut reconnaître que tous ceux qui en ont traité se sont montrés amateurs non dissimulés de la locomotion nouvelle.

Le moteur à crottins (ainsi est appelé dédaigneusement notre pauvre cheval) a bien été houspillé pour la plus grande gloire de l’auto. Dernièrement encore, dans Le Journal des Praticiens, un de nos confrères prônait fortement l’auto dans ses diverses formes et il ne manquait pas de répondre victorieusement à tous les arguments que l’on pouvait fournir à l’encontre de sa thèse. Je me permettrai cependant de lui répondre que tous ses confrères ne peuvent pas avoir comme lui : deux tri, une motocyclette, un quadricycle, une voiturette. Quoique je ne sois pas persuadé que la multiplicité de ces engins simplifie la question, néanmoins, toutes les remises de praticien ne peuvent pas se transformer en véritable garage.

Aussi bien, pour appuyer mes dires, me permettrai-je de citer mon exemple et celui de quelques voisins.

En 1901, désireux de raccourcir les heures toujours longues de la grande route, je fis l’acquisition de la machine de marque avec tonneau, dais, glace à l’avant, bref, ce qui semblait devoir me donner le plus de sécurité et de confort. La crainte de la panne (et ce fut la sagesse) me fit néanmoins conserver un de mes deux chevaux. Les débuts furent hérissés de bien dures heures sur la grande route et sous la voiture. Au bout de peu de mois, je fus désagréablement surpris par le chiffre élevé de la note du mécanicien.

Je me convainquis de ceci, c’est qu’une voiture à quatre places qui n’est jamais occupée que par deux personnes est une hérésie. L’arrière n’étant pas chargé et constituant justement la partie propulsive de la voiture, donnait à chaque heurt de la route des à-coups violents, douloureux pour la membrure du châssis et pénibles pour les voyageurs. Les roues arrière prenaient du jeu à chaque instant. Je commençais à déchanter quand, à cette époque, parut dans Le Concours médical, l’article enthousiate d’un confrère de l’Est qui ne comprenait pas que l’on eût des chevaux depuis que l’auto existait ; je trouvais cependant que celui qui me restait me rendait bien des services et, naïvement, je m’en ouvris à l’auteur de l’article en question, lui demandant s’il sortait par tous les temps avec son auto et s’il ne trouvait pas qu’au cours de la dure saison la vieille voiture du praticien avait encore ses avantages ? Il me répondit qu’il ne comprenait pas ma question : « Avez-vous peur me disait-il que votre moteur n’attrappe une congestion ou des tranchées ; vendez votre moteur à crottins, il n’a pas de raison d’être ». C’était gentil et catégorique, pourtant j’étais toujours hésitant, lorsqu’un nouvel article feuilleton parut, exposant le bilan de l’automobile. L’auteur l’estimait pour 12 000 kilomètres à 1 200 francs environ, chiffre, disait-il, bien inférieur à celui de l’entretien de deux chevaux. Le malheureux n’oubliait qu’une chose dans son bilan, c’était l’article pneu. Je fus d’autant plus stupéfait que je venais d’être obligé de changer brusquement mes deux pneus arrière soit 190 francs et que de ces deux pneus presque neufs, le prince Michelin m’en offrait royalement 10 francs.

Voulant faire jusqu’au bout l’expérience et persuadé après examen que j’étais tombé au début sur une série désastreuse de véhicules, je changeai ; je pris une voiturette à deux places qui, je le reconnais, ne me donna pas de gros ennuis mais ces mille petits riens qui constituent l’agacement intensif du chauffeur pressé : pneu crevé, bougie encrassée, moteur noyé, trembleur desserré ou déréglé, embrayage trop lâche, etc...

Entre-temps, j’avais vendu cheval et voiture pour ne conserver que le véhicule mécanique. Pendant deux mois ce fut parfait, mais au bout de ce temps, il ne se passait pas de semaine sans que je sois obligé de rendre visite au mécanicien. En deux ans j’ai dû changer deux fois les pneus arrière et une fois ceux de l’avant.

Malgré toutes les opinions enthousiastes, après un essai loyal, j’ai dû revenir au cheval qui, lui, arrive toujours, ne donne pas de surprise désagréable en cours de route et avec lequel on peut approximativement fixer l’heure de son arrivée. Un de mes confrères voisins fit comme moi, il eut un tri et une voiturette. Eh bien, après dix-huit mois de frais et d’ennuis, il me disait avoir repris cheval et voiture. Nous en sommes arrivés tous deux à la même conclusion, c’est que le véhicule normal et le moteur rationnel de médecin de campagne reste pour le moment le moteur à quatre pattres. Car n’en déplaise à mon confrère, que je citais au début de ces lignes, je ne me vois pas, par la pluie ou la bise, enveloppé de cuir ou de poils de bique sur le train arrière d’un quadricycle qu’il faut d’abord actionner ou pousser au départ. Il faut en outre à chaque visite se déshabiller puis se rhabiller ameutant après soi tous les chiens de la ferme.

Si nous abordons la question financière, non la moindre, j’estime que le bilan automobile du médecin couvrant 13 à 14 000 kilomètres par an (35 à 40 par jour) doit se défalquer ainsi :
- amortissement d’une voiture de 5 000 F sur 4 ans 1 200 F
- essence 550 F
- huile, graisse, carbure, bougies 100 F
- quatre pneus et deux chambres 600 F
- réparations, pièces 300 F
- impôts 50 F
- soit un total de : 2 800 F

Ajoutez à cela que vous serez absolument obligé, aucun chauffeur ne peut affirmer le contraire, de louer quatre fois par mois au moins une voiture pour la journée du fait de pièces cassées, de délais de livraison ou de mécanicien indisponible. Ajoutez de ce fait 500 francs, et on atteint le chiffre de 3 300 francs. Ce montant de 500 francs est le même, à 50 francs près, pour un cheval dans votre écurie.

La combinaison à laquelle je suis arrivé avec bien d’autres et qui me paraît être la vraie est celle-ci : ayez cheval et voiture pour votre service quotidien. Avec un cheval bien soigné et bien entretenu, on peut faire 40 kilomètres par jour et l’animal durera quatre ans selon l’avis des vétérinaires compétents. Avec le cheval ayez une voiturette automobile que vous prendrez le jour où vous aurez une course très longue ou pressante, ainsi, l’auto représentera une dépense de 600 francs par an, pas davantage. Cela donnera un jour de repos à votre cheval qui s’en trouvera bien. Sortez-le tous les cinq à six jours ce sera parfait, sortez-le tous les jours, vous l’aurez bientôt pris en grippe.

En résumé, l’automobile pour le médecin est un instrument utile, coûteux d’achat, coûteux d’entretien et qui seul ne suffit pas à assurer complètement le service.

L’automobile et le médecin
L’Écho Médical des Cévennes

Septembre 1903 - n°9.
Imprimerie La Laborieuse, Nîmes.



L’automobile
du médecin
est devenue une
question d’actualité...








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Gazette N°41 - 27 septembre 2006

Gérard Fauque [ par Yves Tardieu ]

Gérard est mort le 12 juillet d’un cancer du poumon. Né le 15 juin 1949, il avait 57 ans.

Il a travaillé comme « aide familial » dans la ferme de ses parents puis, après son mariage, dans les travaux publics. D’abord quelques années dans l’entreprise Bucci à Entrechaux, puis à la GFTP à Pont-Saint-Esprit. Il a alors habité longtemps à Mondragon. Après son divorce, il est revenu vivre à Villedieu au Plan de Mirabel près de son père et de ses frères ; il a travaillé à nouveau la terre chez Jean-Michel Truchement de 1993 jusqu’à ce que ses forces ne le lui permettent plus en 2005. Gérard avait trois enfants : Arnaud, 30 ans, engagé dans l’armée et souvent en mission à l’étranger, Nicolas, 26 ans, qui a une entreprise d’élagage à Mondragon et Sandra, 24 ans, qui travaille à Pierrelatte.

Jeune, il était passionné par les boules et la chasse. Ces dernières années par la lecture et les mots croisés auxquels il consacrait une grande partie de ses nuits et de ses insomnies.

Gérard parlait peu et ne voulait guère que l’on parle de lui. Il ne se plaignait jamais, malgré la douleur, même si la maladie l’avait considérablement diminué physiquement.

Habitués du Centre, du boulodrome et de la place, nous le cotoyions sans toujours prendre la mesure de sa détresse et de ses fêlures. Il y était un compagnon agréable, discret et gentil.

Cette discrétion poussée jusqu’au refus de se laisser photographier ne nous a pas permis de trouver une photo récente. Je le regrette. J’aimais bien Gérard et sa disparition m’a beaucoup touché. Ceux qui comme moi l’appréciaient et ont partagé ce sentiment seront content de le retrouver sur ces deux photos. Sur la première il avait environ 18 ans ; on le voit au côté de son frère Jean-Claude. Sur la seconde, prise en 1984, il avait 35 ans.









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Gilbert Charrasse [ par Yves Tardieu ]

Gilbert Charrasse est né le 16 juin 1929 à Villedieu. Il est mort le 26 juillet à l’âge de 77 ans. Il était le troisième enfant de la famille Charrasse après Marcel et Ginette, avant Gabriel et André.

Dans sa jeunesse, il a souvent travaillé à la journée dans des fermes, à la cave ou pour le canal. Il s’est marié en août 1951 avec Henriette Long. Après avoir travaillé chez Meffre à Gigondas puis chez les parents d’Henriette à Saint-Roman, la famille est venue s’installer à Buisson en novembre 1953 au Gour du Peyrol.

À ce moment-là leur fils Bernard avait juste un an et Annie devait naître en 1960. D’abord fermiers, Henriette et Gilbert ont ensuite acheté, en 1961, la ferme Seu, qu’il n’ont jamais plus quittée.
Comme toutes les exploitations de la région, celle-ci s’est progressivement spécialisée ; adieu les asperges, les melons, les pêches, les tomates, etc. Bonjour la vigne, aujourd’hui exclusive. S’il a pris sa retraite, il y a déjà quelques années, Gilbert était heureux, et même fier, de voir l’exploitation continuer à vivre lorsque sa fille s’est installée.

Dans les discussions avec lui on se rendait compte que son travail était essentiel dans sa vie.
Lorsqu’il parlait de la vigne, du temps, des traitements, de la récolte, c’est surtout la passion et la connaissance qu’il en avait qui se manifestaient.

L’autre grande passion était la chasse. « C’était sacré » dit Henriette et il est vrai, là aussi, qu’il avait l’œil pétilllant lorsqu’il était question du gibier ou de ses chiens.

Gilbert avait des idées bien arrêtées et même, pourrait-on dire, un gros ca-ractère. Il était une force de la nature comme l’a prouvée sa longue résistance physique à la maladie.

Après la cérémonie à l’église, Gilbert Charrasse a été enterré dans la partie neuve du cimetière de Buisson, entouré par sa famille et suivi par un grand cortège.









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Gazette N°42 - 28 novembre 2006

Tonton Marcel [ par Sylvain Tortel ]

Jeudi 19 octobre au soir, avec stupeur et émoi, Buisson apprenait le décès de Marcel Tortel à l'âge de 65 ans. Homme connu et estimé dans la région. C'est une foule innombrable qui l'a accompagné à sa dernière demeure. Sincères condoléances à toute sa famille.

Tonton Marcel, toi qui aimais réunir du monde pour passer un bon moment autour d'une table ou d'un bon repas, aujourd'hui tu nous réunis tristement pour te dire un dernier adieu.

Tonton, tu es né le 3 février 1941 à Vaison, quatrième enfant d'une famille de cinq, après Gilbert, Louis, Hélène et avant Guy. Très tôt tu rejoins Buisson en compagnie de toute ta famille, pour habiter dans la ferme du Cordier. Ensuite c'est au quartier du Jardijon que la famille s'installe, puis dans la maison des Vialles, dans le vieux village contre l'église.

Après être allé à l'école communale du village tu suis ta famille à la campagne pour les travaux des champs.

Tu pars effectuer ton service militaire dans les transports au Mans et à Vannes, c'est en Algérie que tu le termineras entre Djelfa et Blida à transporter du matériel. Tu reviens dans ta famille la veille du baptême de ton neveu Sylvain.

Ensuite tu prends part à nouveau aux travaux de l'exploitation familiale pour une année, puis tu pars travailler à la ferme Daniel à Valréas jusqu'en 1966 où tu rentres comme ouvrier chez Aimé et Juliette Samson à Buisson où tu resteras jusqu'à ta retraite au début de l'année 2001.

Tout au long de ta jeunesse tu t'es beaucoup impliqué dans la vie de plein d'associations de ton village et des villages environnants.
Tu as commencé par jouer au football à Villedieu, passionné de chasse tu as œuvré énormément au sein de la société de chasse La protectrice, président du comité des fêtes du village pendant de très nombreuses années, la fête votive de Buisson te doit une fière chandelle pour tout le temps que tu y passais.
En même temps tu décides avec quelques collègues d'Algérie de fonder une section CATM regroupant Villedieu, Buisson et Saint-Roman.
De tout ce dévouement associatif, la commune de Buisson t'est reconnaissante.

À la fin des années soixante et dix, tu te maries avec Nadine Parmay de Toulon, avec qui tu auras deux enfants Cédric et Rémi.
Avec ta famille, vous restaurez pendant de longues années soigneusement et avec goût la maison familiale des Vialles, au prix de beaucoup de sueur et de poussière.
Dans les années quatre-vingt, tu participes à la création de l'association paroissiale mise en place pour la restauration de l'église et tu suivras en même temps les activités de l'association des collectionneurs de Vaison.
Tu exerceras aussi la responsabilité de correspondant local de la SAFER, tu feras partie de l'équipe dirigeante du syndicat local des vignerons, ta présence au sein de La boule des Templiers n'a jamais fait défaut, ainsi qu'au sein de l'association de sauvegarde de la Chapelle Notre-Dame d'Argelier.

Aujourd'hui, Tonton Marcel, c'est tout un village et toute une région qui vient te dire un dernier adieu pour tant de temps passé au service des autres. C'est aussi ta famille que tu appréciais beaucoup et qui t'aimait bien qui est triste de te voir partir si vite à cause de cette maladie qui emporte tant de gens et qui ne t'a pas épargné.

L'autre soir quand nous avons appris la terrible nouvelle, tout le chemin que nous avons fait ensemble, les parties de chasse, les appelants que tu ne mèneras plus sur la montagne de Buisson pour chasser à la glu, tout cela est revenu dans ma mémoire et aujourd'hui c'est avec tristesse que nous nous séparons de toi.

Maintenant, lorsque là-haut tu retrouveras tes parents Papé et Mamé Tortel, ton beau-père Ervin Parmay, ton frère Gilbert que tu appelais comme moi Papa, embrasse-les bien pour nous et dis-leur qu'on pense bien à eux.
Adieu Tonton Marcel, reposes en paix, tu l'as bien mérité et nous ne t'oublierons pas.





Marcel Tortel



Marcel au méchoui de La Girelle, été 2005



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Ma Nicole, amour et fantaisie [ par Tito Topin ]

J'ai connu Nicole le 31 décembre 1951, un soir de réveillon. On s'est embrassés à minuit comme la plupart des gens à la même heure. C'était dans un night-club comme on disait alors, à Angers. J'y faisais mon service militaire dans le génie mais comme d'habitude, j'étais en civil. On s'est embrassés et elle m'a dit « je m'appelle Nicole ». On s'est encore embrassés alors que plus personne autour de nous ne le faisait et je lui ai dit « je m'appelle Tito » et elle a ri, elle a ri, elle m'a dit que je n'avais pas l'air yougoslave.
Ça ne date pas d'hier, ça m'oblige à regarder en arrière.

Quelques mois plus tard j'étais muté dans les Compagnies sahariennes à Ouargla, en Algérie, et nous sommes restés séparés une longue année après quoi je suis retourné à Angers à la première occasion, uniquement pour la revoir.
On s'est amusés, elle m'avait tellement manqué, j'en avais pleuré. Elle n'aimerait pas que je vous le dise, elle pensait qu'un homme n'a pas à se répandre, elle me voulait fort. On a échangé des promesses, elle faisait ses études d'infirmière à Étampes.

Aux vacances, elle est venue me rejoindre à Casablanca en 54 et nous avons passé l'été sur les plages et dans les boîtes, roulé dans des décapotables, chanté à tue-tête avec l'insouciance de notre jeunesse. Ce n'étaient que rires et bonheur.
Ses études terminées, elle est revenue en juillet 55. Elle a vécu avec moi les événements tragiques de cette année-là au Maroc, événements qui ont provoqué mon rappel dans l'armée le 21 août 55.
Nouvelle séparation, les rires s'étaient tus.

Sitôt démobilisé, en mars 1956, la France commençait à expédier sa jeunesse en Algérie. Plus question d'être séparés, Nicole et moi, qu'en avions-nous à faire de ces indépendances ? La seule indépendance qui comptait, c'était la nôtre. Nous avons embarqué comme émigrés en troisième classe sur un bateau italien à destination du Brésil. Moi avec un visa de travail, elle comme simple touriste avec un visa vite expiré. Nous devions nous marier pour éviter son expulsion.

Le mariage eut lieu le 20 octobre 56. Comme elle ne parlait pas le portugais, il fallut trouver un interprète sur place et comme je n'avais pas prévu de témoin, je sollicitais un prêtre qui passait dans la rue. C'est ainsi qu'un brave curé nous a servis de témoin pour un mariage civil.

Nous avons vécu six années entre Sao Paulo et Rio de Janeiro. C'est là que sont nés nos enfants, Frédérique et Sandra. Au début je donnais des cours de français, elle était mannequin auprès des plus grands photographes brésiliens de l'époque dont les noms ne vous diraient rien. Elle gagnait plus d'argent que moi, elle avait ses photos dans les magazines féminins, elle était belle, solide, gaie, elle était la francesinha , la petite française exotique.

En 1962, la paix signée en Algérie, nous sommes repartis vers Casablanca.
Là, nous avons vécu quatre ans au bord de l'eau, sans soucis, et puis la situation a de nouveau changé, l'argent est devenu difficile, le travail rare ou idiot, nous sommes partis pour Paris que nous connaissions à peine, l'un et l'autre. Nous y sommes restés de 66 à 78. Douze années marquées par 1968, bruyantes de gaieté, riches en amitiés, en rencontres professionnelles, mais si loin du soleil que nous aimions tant.

Depuis 1972, nous venions chaque fois qu'il était possible passer quelques jours chez les Bériot, à Villedieu. En 1976, la ruine de Laricard est à vendre. Nous nous y installons en mai 1978.
De tous nos vagabondages, nos pérégrinations, c'est ici que Nicole et moi avons vécu le plus longtemps. Vingt-huit années au cours desquelles Villedieu est devenu le centre de famille, l'endroit où nos racines aériennes ont trouvé de vieilles pierres pour s'accrocher et projeter de nouvelles tiges.

Voici, en bref, les fragments d'une vie à deux si riche qu'il est difficile de tout se remémorer. Je revois Nicole marcher le long de plages immenses, je revois les traces de ses pas sur le sable mouillé, je voudrais les retrouver pour mettre mes pieds nus là où elle a laissé sa marque parce que je sais que si fort soit l'océan il ne peut effacer ce qu'elle a été. Je revois ma femme en train de danser dans mes bras, riant de ma gaucherie, étourdie de notre amour, et je voudrais réentendre les airs qui nous tenaient serrés l'un contre l'autre. Je revois Nicole étendue près de moi. Ce sont les images qu'elle souhaite que je garde d'elle, je le sais.
À présent, elle a rejoint les siens dans le cimetière de Villedieu. Ma grand-mère, Marie Angelofranchi, qui a tant compté pour elle. La petite Victoire Lemaire qui a refermé ses yeux si vite après les avoir ouverts. Et Joséphine Spano, qui l'a si souvent fait pleurer.
Elle les a rejoints trop tôt.

Nous devions fêter nos cinquante ans de mariage le 20 octobre, elle est partie le 14. Sans doute cet anniversaire lui faisait peur.
Elle, si jeune.









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Gazette N°44 - 28 février 2007

Albert Bonnet [ par Yves Tardieu ]

Albert Bonnet s'est éteint le 12 octobre 2006 et nous l'avons accompagné au cimetière de Villedieu le 14 octobre. Il était depuis plusieurs années en maison de retraite à Nyons et nous ne le voyions plus déambuler avec sa canne dans la rue des Remparts ou sur le Barri. Né le 17 juillet 1917 à Mollans, il avait presque 90 ans.

Élève brillant du cours complémentaire de Buis-les-Baronnies, il voulait être instituteur. Il passe le concours de l'école normale et arrive quatrième. Cette année-là, il n'y a que trois élus dans la Drôme et son rêve s'effondre. Il en avait gardé quelque amertume ou regret. Les trois reçus étaient valentinois et, comme souvent, avaient quelques petits avantages au moment du concours. Selon lui ces derniers étaient mieux préparés par des enseignants habitués, connaissaient les lieux, étaient moins intimidés… Ces phénomènes existent encore pour les grands concours nationaux dans lesquels les étudiants de province ont ces handicaps par rapport aux candidats issus des grandes universités et écoles parisiennes. Toujours est-il qu'il est amené à changer de cap. Il entre alors « aux impôts » et devient contrôleur pour une carrière qui l'a amené de Séderon à Vaison en passant par Montélimar.

Comme beaucoup de gens de sa génération, il a bien sûr participé à la guerre. Jacques Bertrand lui a rendu hommage au cimetière comme il le fait pour tous les anciens combattants et prisonniers de guerre. Albert Bonnet a été mobilisé en septembre 1939 au 222ème régiment d'artillerie coloniale. « Son unité prend position en renfort derrière la ligne Maginot, puis participant à l'opération Dyle, elle monte en Belgique jusqu'à Namur. Elle doit ensuite se replier jusqu'à Charleroi en subissant de lourdes pertes. Avec quelques rescapés de son régiment, il se retrouve à Dunkerque où il attend son embarquement pour l'Angleterre pendant 4 jours sous les attaques incessantes de la Luftwafte. De retour en France, il est fait prisonnier par l'avance ennemie le 17 juin 1940 à Lorient. Interné au stalag 2C près de Stettin, il travaille dans divers commandos à Grieswald. Libéré le 30 Avril 1945 par les troupes soviétiques, il n'a été rapatrié en France qu'en juin 1945. »

Contrôleur des impôts à une époque où les campagnes sont peuplées, les moyens de transport moins développés et où l'Etat a la volonté d'être présent jusque dans les coins les plus reculés, il est amené à se déplacer fréquemment dans les villages. À l'occasion d'une de ces tournées Albert rencontre Marthe.
Marthe Chedoz, elle, a commencé une carrière de secrétaire de mairie pendant la guerre à Villedieu. Elle aidait alors le secrétaire de l'époque, Clovis Arnaud, en distribuant les tickets de ravitaillement. Elle a été par la suite secrétaire à Saint Roman de Malegarde, Buisson et enfin Villedieu après la retraite de Raoul Chauvin.
Albert va user d'un moyen ravageur pour séduire Marthe. À cette lointaine époque, on écrivait à la plume et Albert lui offre des plumes. On peut imaginer qu'elles étaient le prétexte pour venir et revenir ! En tout cas, le coup des plumes fonctionne (avis aux jeunes générations !). Ils se marient le 30 avril 1949. Ils ont eu quatre enfants, Geneviève née en 1950 devenue institutrice, Nadine en 1957 devenue secrétaire de mairie. Annie et Mireille, nées en mars 1955, étaient décédées à la naissance.

Albert Bonnet était passionné de politique et c'était un de ses sujets de conversation préféré. Il a également placé sa vie au service des autres. Il s'est investi dans la vie associative : trésorier du comité des fêtes pendant longtemps avec Michel Lazard, président de l'ASV, le club de foot de Villedieu (alors que, dans sa jeunesse, il avait joué contre Villedieu avec Mollans), président des anciens combattants, il a été également conseiller municipal de 1959 à 1965. Il avait d’ailleurs obtenu le plus de voix parmi les 22 candidats cette année-là.

Au début des années 70, il perd la vue et ne peut plus travailler. La famille Bonnet, qui avait habité tour à tour à Villedieu et Vaison, vient s'installer au village. Marthe est secrétaire à la mairie de Villedieu. Il est souvent avec elle et l'aide. Les Villadéens se souviennent de sa présence active et chaleureuse, aidant et conseillant chacun à remplir ses documents administratifs. Il a laissé le souvenir d'un homme affable, compétent, disponible, un « brave homme » qui a fait partie des figures marquantes de Villedieu.









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Léa Sirop [ par Yves Tardieu ]

Léa Fauque est née à Verclause comme ses frères et sœurs (voir dans la Gazette N°22 du 24 décembre 2003).
Elle a émigré à Villedieu, au plan de Mirabel, en même temps que toute la famille à l'automne 1930.
Elle s'est mariée le 21 novembre 1936 avec Paul Sirop et leur garçon, fils unique, André, est né en 1939.
Toute sa vie elle a travaillé à la campagne dans l'exploitation familiale mais aussi elle a fait 30 ans de greffage et chicotage comme beaucoup de femmes à Villedieu.

Léa est morte ce 20 novembre 2006 à la maison de retraite de Nyons.

Beaucoup de Villadéens, jeunes et moins jeunes, se souviennent d'elle, assise sur son banc, devant la façade de sa maison dans le virage de la rue des Sources, souriante et accueillante, aimant discuter.







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Gazette N°45 - 12 avril 2007

Un matin de juillet 1928 [ par Jacques Bertrand ]

Un matin de juillet 1928, les habitants du village de Villedieu, furent intrigués par un vacarme de sons saccadés, accompagnés de bruits étranges.

Les gens mirent le nez à la fenêtre, les chiens aboyèrent et les poules coururent se cacher.

L'on vit alors, venant de Vaison, un engin bizarre peint en jaune et vers. Afin de ne pas trop abîmer la route, qui n'était pas encore goudronnée, on avait enlevé les crampons sur les immenses roues arrières ce qui faisait plutôt l'effet d'un rouleau compresseur.

Cet engin était arrivé d'Orange jusqu'à Vaison par le train du Buis et se rendait à la ferme Saint Laurent, chez Julien Bertrand. C'était un tracteur John Deere, type Waterloo. La mise en œuvre exigeait un minimum de deux personnes, quant à sa conduite, il valait mieux avoir des bras solides.

Il était équipé d'un moteur bi-cylindre, fonctionnant au pétrole mais démarrant à l'essence, avec allumage par magnéto. Le train avant était un axe pivotant sur son milieu. Une chaîne, fixée à chaque extrémité de l'axe et dont le milieu était enroulé sur une énorme vis, entraînée et reliée au volant par un train de pignons, assurait le changement de direction. La manœuvre nécessitait pas mal de tours de volant pour amorcer le moindre virage.

La traction était assurée par un pignon moteur, s'engrenant sur un secteur denté, fixé à l'intérieur de la jante des roues arrières. Lent et puissant, ledit tracteur assurait des labours avec deux ou trois socs, ce qui à l'époque était appréciable.
Voilà l'historique du premier tracteur à roues arrivé à Villedieu et dont j'ai été l'un des témoins privilégiés.

Le progrès actuel en la matière relègue ce vénérable engin au rang de fossile.





Julien Bertrand, de dos, à la manœuvre



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Gazette N°47 - 16 juillet 2007

Il y a 75 ans [ par Yves Tardieu ]

Il y a 75 ans, Villedieu connaissait sûrement une des plus grandes fêtes de son histoire et son unique corso. Cet anniversaire est l’occasion d’élucider une photo mystère ancienne, publiée dans notre numéro 23 du 1er avril 2004.

Le 3 avril 1932, 26 chars défilaient dans le village au son de la chanson écrite pour la circonstance : Le souffle du printemps. Le programme (1), publié par l’imprimerie Jacomet de Villedieu mentionne sur sa page 4 la composition du comité d’organisation, le nom et l’ordre des chars et le nom de la reine du corso et de ses demoiselles d’honneur.

Il y a 75 ans Marie-Pierrette Reynier avait 14 ans. Elle a été élue reine du corso par le comité d’organisation présidé par Jean Allemand. 75 ans plus tard nous côtoyons toujours « sa Majesté la Reine » en la personne de Marie Barre.

Ce corso a marqué les mémoires des anciens — désormais bien peu nombreux à pouvoir s’en souvenir — et particulièrement celle de Marie.

Les chars ont parcouru toutes les rues du village. Ils sont allés jusqu’à la Croix de Granier, jusqu’à la route de Mirabel et jusqu’au Gros Pata. Marie Barre se souvient entre autres du tapis de confettis qui jonchait les rues. L’ordre du défilé était fixé par le comité et publié. Chaque char portait un nom. Celui qui nous a servi pour la photo mystère est-il le 8, La Philharmonique ou le 12, La Barque ou un autre encore ?

En tout cas, celui que nous publions ci-contre est indéniablement le 26, « sa Majesté la Reine ». Au sommet, comme il se doit « Melle Marie-Pierrette Reynier ». En dessous ses « Demoiselles d’Honneur » avec à gauche « Melle Suzanne Clérand » et à droite « Melle Rose-Marie Téton ». Encore en dessous, Suzanne Barthalois à gauche et Marie Mathieu à droite. Reste le chauffeur. Qui est-ce ? Cette photo a été prise devant le monument aux morts que l’on reconnaît à droite. La façade que l’on voit à gauche est celle de la maison d’Achille Mondet, un pilier de l’organisation et de ce corso.

Ce corso s’est poursuivi par un grand bal. Bien sûr, la reine du corso a dû l’ouvrir en dansant avec Jean Allemand, le président du comité. Il fallait danser le one-step. Marie était très jeune, environ 14 ans, ne savait pas le danser et manquait d’assurance.
Apparemment la spécialiste de l’époque était Paulette Bertrand (2), de quatre ans son aînée. Leçon a été prise et le bal ouvert.

Il y a 75 ans Marie était la reine du corso. Il y a 90 ans, elle naissait. Marie est née le 27 août 1917 et fêtera donc bientôt son anniversaire.


(1) L’Écho villadéen a publié ce programme. Je remercie Michel Macabet de m’avoir fait parvenir par courrier électronique une version facilement exploitable pour la mise en page.

(2) Sa mémoire est évoquée dans La Gazette n°16 du 14 mars 2003


Nous publions la première et la quatrième page du programme du corso. Les pages intérieures le seront dans le prochain numéro, avec la partition et le texte de la chanson. Si la musique est d’Achille Mondet, l’auteur des paroles a visiblement choisi un pseudonyme. Qui était-il ?

La composition du comité, avec ses commissaires, ses membres et ses trois trésoriers donne une image de grand sérieux. Cette impression est renforcée lorque l’on voit les têtes de ces messieurs (et oui, à cette époque, pas de dame pour organiser la fête et faire les comptes !) sur le char alors même que le contexte était festif...
On peut aussi se rendre compte que ce programme était payant (combien représente 1 Fr. 50 de 1932 ?) La mention « Grand Corso de Charité » laisse penser que cette manifestation étaient ce que l’on appellerait aujourd’hui une œuvre humanitaire. Quelqu’un en sait-il plus ?
On le voit, ces documents laissent encore de nombreuses questions ouvertes et nous y reviendrons dans ces pages.





Marie Barre en 1932



Marie Barre en 2006





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Guillaume Lefèvre [ par Yves Tardieu ]

Guillaume Lefèvre est mort le 1er février 2007. Lors de son enterrement, Jacques Bertrand a pris la parole au nom des anciens combattants pour rappeler la carrière militaire de Guillaume qui fut, à certains égards, exceptionnelle. La Gazette avait eu l’occasion d’en parler lorsqu’un hommage avait été rendu en juin 2004 (1) aux aviateurs villadéens de la Seconde guerre mondiale, Guillaume Lefèvre, Bate Ewart (2) et Jacques Bertrand.

Guillaume Lefèvre, était, à la déclaration de guerre, en position de réforme pour raison de santé. Il s’engage et est d’abord affecté à Issoudun. Ayant choisi l’Armée de l’air, il entre en école le 1er mai 1940 et se retrouve au Maroc, à Rabat, lorsque l’école se replie. Il est démobilisé après l’armistice et fait partie d’une unité de renseignement qui prépare le débarquement allié en Afrique du Nord, en novembre 1942. Il s’engage alors dans les forces aériennes libres en Lybie et il est affecté au groupe de bombardement « Bretagne » (3). Basé ensuite en Algérie, en Sardaigne, à Istres et à Saint-Dizier, ce groupe de bombardement participe à la victoire des Alliés en Italie, en France et en Allemagne. Guillaume Lefèvre accomplit plus de 60 missions. Il est démobilisé en septembre 1945 avec le grade de commandant. Il était titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre avec quatre citations. En s’engageant dans la France libre, dans des unités de renseignement puis de combat, Guillaume Lefèvre a participé à une grande aventure. Une aventure tout d’abord, car ils étaient peu nombreux dans une situation plutôt désespérée, au maximum de la puissance et des victoires nazies, au tournant des années 42 et 43. Leur histoire a un parfum de sable chaud, de flibuste et de liberté.
Une grande aventure aussi, car il a participé, à son niveau, à une grande page de l’histoire de France, celle qui a transformé le désastre absolu de juin 1940 en victoire, grâce à quelques bouts de ficelle, du courage, de l’inconscience et un idéal. Guillaume Lefèvre en parlait avec détachement et humour. Il n’aimait guère les commémorations et préférait s’amuser des anecdotes relatives à son action.

Il est vrai que la vie de Guillaume Lefèvre ne se résume pas, loin de là, à son activité militaire. Elle a été marquée par la curiosité, l’éclectisme et la volonté.

Guillaume Lefèvre est né le 10 décembre 1913 à Malakoff. Son père était un authentique Parisien. Expert-comptable à la chambre de commerce de Paris, il était encore sollicité à l’âge de 87 ans pour mener des enquêtes. Guillaume, élu au conseil municipal de Villedieu en janvier 2001 à l’âge de 88 ans et ayant activement participé aux premières années de La Gazette avait de qui tenir, comme l’on dit. Sa mère était d’origine bretonne. Elle est morte assez jeune.

Enfant, Guillaume Lefèvre contracte la tuberculose et tombe gravement malade. Par défi, il passe sa licence de lettres en travaillant seul et en se soignant, dans la chambre de bonne qu’il avait louée. Il devient professeur de français et demande à partir loin à l’étranger pour découvrir le monde (l’aventure déjà ?). Il est nommé en Belgique... C’est là que la guerre le surprend et qu’il s’engage.

Après la guerre, à sa démobilisation, il choisit d’être administrateur de la France d’outre-mer. Sa carrière le conduit au Togo (où il assure la liaison franco-britannique grâce à sa maîtrise de l’anglais), en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Cameroun. Dans les années 56-57, il est même envoyé aux Nations-Unies pour y représenter la France d’outre-mer. Après la décolonisation, il rejoint Roland Pré, qui était haut-commissaire de la République au Cameroun, au bureau de recherche géologique et minière de la France d’outre-mer où il s’occupe des relations extérieures.
Lorsque le BRGM de l’outre-mer est supprimé pour ne faire plus qu’un avec le BRGM, il décide de changer de direction.

Il s’était rendu compte dans ses différentes activités que les documents étaient mal traduits. Il choisit alors de faire une période de formation avec l’armée pour apprendre les langues sur bande magnétique. Il crée, en 1967, une entreprise consacrée à la formation aux langues, le Bureau d’étude et d’enseignement des langues (BEEL). Il met au point une méthode d’apprentissage utilisant les bandes magnétiques de trois manières : un enregistrement initial pour former l’oreille et apprendre, un espace pour que la personne s’enregistre et un autre pour que le formateur enregistre la correction. Cette méthode a été mise au point pour l’anglais, l’espagnol et l’allemand. Il avait même conçu des cassettes spécifiques pour l’anglais économique. Ce travail pouvait se faire à distance et il a, par exemple, travaillé pour le quai d’Orsay ou les Houillères du bassin de Lorraine.

Dans les années 60, Caroline Avias et Guillaume Lefèvre se rencontrent vraiment. Il s‘étaient aperçus au Cameroun où Caroline était la secrétaire de Roland Pré puis au BGRM où elle avait suivi son patron. Caroline suit Guillaume dans l’aventure du BEEL et ils se marient en 1971.

Il faut avouer au lecteur que depuis le début de l’article on le trompe. Caroline et Guillaume s’appellent en réalité Andrée et Raymond. Pour des raisons personnelles, chacun n’aime pas son propre prénom, ils en choisissent d’autres, s’appellent ainsi entre eux, et leurs amis aussi. Seuls les documents officiels connaissent leurs prénoms d’état civil.

Tout au long de sa vie, Guillaume Lefèvre s’intéresse à tout et s’investit dans de nombreux domaines. Ainsi, il tâte du journalisme en parallèle à ses activités professionnelles et travaille, par exemple, pour un journal israélien. Dès le début de sa retraite il se met au grec ancien et corrige des travaux pour l’université d’Aix...

Cette retraite est prise en 1975. Le couple choisit de s’installer à Villedieu. Caroline Avias en est originaire et ils vivent dans la ferme Péticard, venue de la famille de sa mère, Marthe.

Une des premières choses qui est faite est de satisfaire un vieux rêve : planter des noyers. Il en plantera 100. Il a trop plu cette année là et les tracteurs s’enfoncent dans des champs où la nappe affleure. Il fait alors les trous à la bêche, à raison de 14 par jour. À Villedieu, on le verra prendre la tête de l’association pour la défense des usagers locaux au moment de la création de la station de pompage sur le territoire de la commune. Il a également joué un rôle important dans L’Écho villadéen (4) première manière avant de s’en éloigner.

Les yeux plissés par un sourire coquin, c’est le souvenir que j’ai gardé de Guillaume, lors de nos rencontres, dans sa courte période municipale, à La Gazette ou encore lors de la cérémonie de 2004. Cette malice s’accompagnait du souci d’être élégant. Deux grosses colères lors des péripéties de la vie municipale en 2001, colères solidement argumentées, m’ont prouvé que c’était ausssi un homme d’autorité et d’engagement, comme sa vie l’a prouvé.
Humour, élégance et engagement, presque un modèle alors, et nous sommes nombreux à avoir des progrès à faire...


(1) Dans le numéro 26 du 11 juillet 2004
http://lagazettedevilledieu.free.fr/gazette/indexgazette.html

(2) Bate Ewart est décédé également il y a peu de temps, en septembre 2006. Nous ne verrons plus à Villedieu Posie et Bate Ewart, Américains francophiles, qui passaient depuis longtemps leurs vacances à Villedieu.

(3)  Pour quelques informations sur le groupe Bretagne

(4) L’Écho villadéen a été créé en 1983 à l’initiative de la municipalité de l’époque. Guillaume Lefèvre y a surtout écrit des articles sur l’histoire de Villedieu et de la région.





En 2000, à la terrasse du Centre



Bate Ewart, Jacques Bertrand et Guillaume Lefèvre en juin 2004



En 1950 à Bamako



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Buisson d’hier et d’aujourd’hui [ par Liliane Blanc ]

Quand on examine ces clichés, qu’on les compare, on peut voir que Buisson a changé. À ces différentes époques bien des choses ont été déplacées, démolies, reconstruites, transformées, enduites, bétonnées, goudronnées, etc. Et que dire de la fréquence des déplacements et des différents moyens de transport ?
Sur ce constat, nous devons reconnaitre que nous sommes tous, peu ou prou, les acteurs de ce changement. En bien ? En mal ?
Force est pour nous de prendre en compte qu’aujourd’hui, notamment grâce à ces modifications, des enfants qui ont grandi à Buisson peuvent y fonder et y loger leur famille, sans pour autant chasser les anciens. Ainsi notre village peut aussi accueillir de nouveaux habitants.

En conclusion, je citerai Bouddha : « Il n’est rien de constant, si ce n’est le changement ».





Buisson d'hier



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Gazette N°48 - 14 août 2007

Corso 1932 (bis) [ par Yves Tardieu ]

Retour sur La Gazette 47

Dans notre dernier numéro, nous avons élucidé en partie le mystère de deux des photos présentant les chars du corso de 1932. L’appel lancé au lecteur a partiellement porté ses fruits. Paul Arnaud confirme que l’un des petits garçons en costume de Pierrot devant le bateau de la musique est bien lui. L’autre est Léon Barthalois. Pas de nouvelle des autres inconnus de la photo, du nom du char, etc. L’appel à contribution reste donc valable.

Sur cette photo, on constate aussi la présence sur le rempart de nombreuses publicités. Une pour le Crédit lyonnais avec la précision du capital et des réserves de la banque (voir ci-dessous). À cette époque lointaine, les banquiers n’utilisaient pas encore des stratagèmes style « femmes dénudées » pour attirer le client mais faisaient confiance à des arguments financiers sérieux, au moins en apparence. On voit aussi une publicité pour « les engrais chimiques des manufactures Saint-Gobain » avec les « agents généraux de Vaucluse, Goutarel & Carton au Pontet ». Je n’ai pas trouvé d’équivalent sur internet. La dernière publicité que l’on voit est pour le « vin tonique » Byrrh (ci-dessous également).

En tout cas, si vraiment la commune se trouve un jour en difficulté financière, elle pourra toujours arguer de cette tradition ancestrale et livrer le rempart à la publicité.

Derrière les musiciens, on distingue trois affiches que l’on ne peut lire. Il y a un « avis à la population » mais sans que l’on en voit la nature, une affiche du corso et ....


Deux nouvelles photos

Nous avions mis en exergue du numéro précédent une autre image du corso. Sur cette image on reconnaît au centre Marceau Lazard, dit « Bofi », figure légendaire de Villedieu, des années 30 à sa mort.

Ce personnage central était la vedette du char 17, Le contribuable. C’était avant le paquet fiscal sarkozyen qui doit faire le bonheur dudit contribuable. À cette lointaine époque, celle du franc Poincaré, le contribuable était déjà pressuré et se retrouvait donc en chemise. Le déguisement de Bofi a marqué les esprits. Dans son dos était accroché un écriteau disant « Je viens de payer mes impôts ». Des larmes étaient dessinées sur ses joues et il a fini le défilé pieds nus. À droite de la photo, on identifie Raymond Chedoz.
Qui figure à sa gauche ?

On peut reconnaître le décor de cette photo : la maison de Janine et Léopold Dieu en face du monument aux morts.

On retrouve notre contribuable (de plus en plus léger) juché au sommet du char 22, Les chanteurs des rues. On reconnaît sur cette photo, grâce à Marie Barre et Evelyne Auphand, de gauche à droite : « un musicien de Rasteau », un « Mathieu », Guy Jacomet, Aimé Barre, François Auphand.
Le jeu de piste continue sur les photos déjà publiées et sur celles à paraître.


(1) Cette publicité peinte du Crédit lyonnais (aujourd’hui LCL après les déboires que l’on connaît) présente le même lettrage et le même texte que la tôle peinte de Villedieu. Elle est visible aujourd’hui au Coteau dans la Loire.
Source : http://lesmurspeintsmurmurent.typepad.fr/photos/indchiffrables/index.html
(2) La publicité pour Byrrh est une tôle peinte comme il y en avait des centaines. La société Byrrh multipliait les publicités en tout genre et sur tout support. Elle organisait même des concours pour les dessinateurs d’affiches. Cette plaque ne correspond pas tout à fait à celle que l’on voit sur le rempart de Villedieu. La mention « vin tonique » n’est pas la même. On retrouve cette dernière sur de nombreuses publicités murales (peintes) ou affiches mais je n’ai pas trouvé de tôle identique. Le Byrrh est une boisson fabriquée à base de vin et de quinquina. À l’époque, le vin n’était pas encore un alcool (malgré les ravages bien plus grands qu’il faisait alors) et presque un médicament. La notion de 0,5 g chère à notre président et à la maréchaussée, n’avait pas encore effleuré les esprits. Le quinquina, un arbuste d’Amérique du sud, contient de la quinine qui soignait le palu et que l’on administrait à tous ceux qui partaient dans les colonies. Bref, le malade, pardon le consommateur, pouvait prendre son apéritif en toute quiétude. Le Byrrh, créé dans les années 1870 par deux fils de vigneron du Roussillon, a aussi soutenu l’effort de guerre français, si l’on ose dire. Tonique et hygiénique, il ne pouvait qu’être efficace ! Si l’on en croit le site qui retrace son histoire, il aurait été abattu après la seconde guerre mondiale par une fiscalité très favorable aux vins doux naturels et très défavorable aux apéritifs à base de vin. Encore les impôts ! Le Byrrh est toujours produit à Thuir en même temps que bien d’autres boissons.
Sources : http://jeantosti.com/histoire/byrrh.htm et http://www.byrrh.com/





Publicité du Crédit lyonnais (1)



Publicité pour Byrrh (2)








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Corso 1932 (ter) [ par Yves Tardieu ]

L’hymne du corso, écrit par deux éminents Villadéens de l’époque (Achille Mondet et Hector Jacomet) est un hymne à Villedieu. À ce titre il est évidemment admirable. Il était inclus dans le programme des éditions Jacomet dont nous avons publié les deux autres pages dans le numéro 47.

Évidemment, l’hymne au travail « dans la gaîté et qui rend libre » peut paraître critiquable (quoique, depuis le 6 mai...). Il méconnaît les quelques progrès sociaux effectués depuis, comme les congés payés ou la retraite qui n’existaient pas à cette lointaine époque et nous font aimer les loisirs et le temps libre.

Le dernier couplet fait référence à la crise économique. Celle-ci, née en 1929 aux Etats-Unis et ayant touché immédiatement l’Allemagne et d’autres pays ne touche la France profondément qu’à partir de 1932. Il fait également allusion à la charité, et nous rappelle ainsi qu’il s’agissait d’un Corso de charité. Mais pour quelle cause ? On le voit, cette chanson est festive et défend la fête mais elle rappelle sans cesse l’homme à ses devoirs. Que pensaient réellement les auteurs ?
Voulaient-ils la fête en donnant des gages aux pisse-vinaigre ou bien la fête était-elle l’alibi de la leçon de morale ?

L’air de cette chanson est un One-Step. Cette danse est née aux États Unis, comme tant d’autres à l’époque, dans les années 10 et a eu un grand succès en Europe et en France dans les années 20 et 30.







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Gazette N°49 - 25 septembre 2007

Adrien Mathieu [ par Jean Marie Dusuzeau ]

La Gazette souhaitait rendre hommage à Adrien Mathieu au moment de son décès, il y a deux ans. Cependant divers incidents, comme des déménagements, ont conduit des membres du comité éditorial à égarer des documents indispensables à la publication de cet article. Les choses étant rentrées dans l’ordre, nous réalisons notre projet à l’occasion du centenaire de la naissance d’Adrien, Joseph Mathieu. En effet il était né le 10 septembre 1907.

Tout le monde, à Villedieu, garde la mémoire de sa silhouette que les années ne semblaient pas modifier. Il rentrait du jardin sur l’un de ses vélomoteurs (de collection) gris ou bleu, ramenant une bûche ou un cep sec pour l’hiver ou bien pilotant son motoculteur Staub auquel il attelait une remorque fabriquée par Garcia pour former un tricycle. Chacun se souvient de ses stations sur le banc vert près du Barri, en fin d’après-midi quand il faisait bon. Il se reposait en observant la place, coiffé de son béret et armé — ces dernières années — d’une canne.
Des générations de galapiats (et j’en connais qui sont encore collégiens) se sont chamaillées avec lui, les unes après les autres, dans un respect de la tradition que certains se plaignent de voir disparaître. Il faut dire qu’il jouait parfois au croquemitaine. On raconte qu’un jour, l’instituteur lui mena une chienne perdue atteinte de kystes aux mamelles pour l’euthanasier. Celui-ci lui répondit : « Je ne tue que les gens, pas les bêtes. »

Il est vrai que mes premiers souvenirs d’Adrien Mathieu remontent à près de 50 ans, mais je ne sais que peu de choses sur les 50 premières années de sa vie, même si je me rappelle une après-midi de dimanche hivernal passée en sa compagnie près de son poêle à écouter des anecdotes.

Je sais qu’il est né à Piégon, troisième garçon d’une famille de sept enfants (Aimé, André, Marie, Yvonne, Adrien, Louis et Denis). Les Mathieu se sont installés à Villedieu alors qu’il était encore un jeune enfant. dans la ferme des Adrès où habitent aujourd’hui Denis Tardieu et Annie Charasse. Quand la ferme fut vendue, ils n’eurent pas les moyens de l’acquérir et s’installèrent au village dans la maison dite « des Templiers ». Je pense qu’il a dû travailler comme ouvrier agricole jusqu’au service militaire qu’il effectua de novembre 1927 au mois d’avril 1929.

J’imagine que jusqu’en 1943, il a repris ses activités antérieures. Il a sans doute travaillé la terre pour les autres ainsi que son jardin et son verger pour lui-même et sa famille.
Il n’a pas été mobilisé en 1939. Il est peu probable qu’il ait été réformé pour raison de santé car, fort comme un roc malgré sa taille modeste, il avait la réputation de n’être jamais malade. Il n’a sûrement pas été « affecté spécial ». Peut-être entrait-il dans la catégorie des « soutiens de famille » ou bien a-t-il été simplement oublié par les autorités ?
Le 6 novembre 1943, il commence à travailler pour les P.T.T. et distribue le courrier dans la campagne. Nul doute qu’il se fît embaucher pour des raisons matérielles.
Depuis 1968, il profitait de sa retraite, toujours cultivant son jardin.

Victime d’une congestion cérébrale, il fut hospitalisé à Vaison à la fin du mois de juin 2005. Il est mort le 1er juillet.


Carrière d’Adrien Mathieu aux P.T.T.

Il a été embauché le 6 novembre 1943 en tant qu’agent auxiliaire de bureau chargé de distribution. Il devient titulaire le 1er juillet 1957 comme agent du cadre complémentaire. Le 7 janvier 1958, il jure devant le, juge de paix du canton de Vaison « de remplir fidèlement ses fonc-tions et de garder et observer la foi due au secret des correspondances et des faits dont il aurait connaissance dans l’exécution de son service et de dénoncer au tri-bunal ou à ses chefs les infractions aux lois et réglements sur les postes, télégraphes et téléphones ». Il est reconnu apte à la conduite des véhicules automobiles administratifs en octobre 1959. Il part à la retraite le 17 décembre 1967.



Bulletin d’itinéraire à l’usage des agents distributeurs chargés d’un service rural

À partir de 1962, Adrien Mathieu effectuait la tournée suivante en tant qu’auxiliaire motorisé n°2 :
Le Château, Le Devès, Faïne (partie), La Baude, Les Pigières, Croix de Granier, Faïne (fin), La Fabrique (La Magnanarié), Les Moulins, Ramière, Terre des Frères, La Rouvière, Les Piques, Prés neufs, Les Adrès, Le Sacristain, Plan de Mirabel, Le Conier, La Franchise, Bas Piégut, La Turque, Saint-Laurent (partie), La Lèbre, Les Crottes (partie), La Montagne, Les Estaillades, Saint-Laurent (fin), Les Crottes (fin), Serre de la Donne, Les Antimagnes, retour au bureau.

Son parcours quotidien était de 35 à 38 kilomètres :
— cinq à six kilomètres à pied, soit une heure vingt minutes,
— trente à trente-deux kilomètres en vélomoteur soit deux heures vingt.
Compte tenu des travaux préparatoires à la tournée, de la reddition des comptes de l’entretien, etc, il travaillait cinq à six heures par jour pour l’administration.





Adrien Mathieu et Andréa Teton



Aimé, André, Marie, Yvonne et Adrien Mathieu



Sa tournée



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Une Villadéenne différente [ par Murielle Bertrand, sa dernière référente ]

Il y a dix-huit ans, une jeune femme est venue s’installer à La Ramade, foyer accueillant des personnes handicapées.
Certaines sont originaires du nord de la France, d’autres, de villages environnants.
Cette personne se nommait Françoise Le Pape. Elle est arrivée en octobre 1989.
Françoise habitait Versailles avec ses parents. Elle était née à Brest en 1954 et a vécu au Maroc jusqu’à l’âge de huit ans.

Lorsque sa maman est morte Françoise a rejoint La Ramade pour une prise en charge qui durera jusqu’en juillet 2007.
Elle aimait faire des activités à l’extérieur du foyer, de la musique, elle était capable de lire une partition et de donner des concerts de flûte traversière. Elle savait lire et écrire. Elle participait à la Gymnastique volontaire où elle rencontrait les dames de Villedieu. Elle aimait taper à la machine à écrire et faisait du cheval.
Certains Villadéens doivent se souvenir d’elle sur la place du village pendant la fête, surtout les messieurs : une belle rousse aux yeux bleus.
Françoise était une personne déterminée avec du caractère comme une vraie Bretonne, disait son papa.

À la fin de 2004, la maladie s’est installée tout doucement et Françoise dut être hospitalisée. Elle vivait mal le fait d’être à l’extérieur de La Ramade. Elle est donc revenue fin janvier 2007 pour être entourée de personnes qu’elle connaissait. Elle est restée alitée pendant huit mois.
Françoise a fait preuve de courage, toutes les personnes qui l’ont approché se rappelleront d’elle à jamais, tant elle était agréable et souriante.

Puis le jeudi 19 juillet 2007, alors qu’elle allait avoir 53 ans, Françoise a poussé son dernier soupir. Elle a été enterrée à Villedieu le lundi 22 juillet 2007.

L’équipe de La Ramade remercie les voisins qui ont fait preuve d’attention et toutes les personnes qui l’ont accompagnée durant les années passées à Villedieu et ces derniers temps.
L’équipe éducative fait un accompagnement quotidien mais toutes les personnes qui côtoient les résidentes de la Ramade, d’une façon ou d’une autre participent à un épanouissement de la personne et d’un partage.







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Gazette N°50 - 20 novembre 2007

Élise Enguent [ par Mireille Enguent ]

Élise Enguent était née le 3 août 1928. Elle est morte dans la ferme familiale au Plan de Mirabel le 9 septembre 2007. Elise était la deuxième d'une fratrie de trois entre son frère Marcel (1927 – 1999) et sa sœur, Andrée (1933 – 1981).

Aller chez les Enguent, c’était retrouver la malice et le sourire d’Émilie, la gentillesse et la simplicité d’Élise, c’était la certitude de l’accueil et de la complicité.

Ce sont ces neveux et nièces qui se sont occupés d'elle les derniers mois et les derniers jours d'un cancer qui l’a emportée : les enfants d'Andrée, Jean Claude et Carole Fénérol ainsi que Joëlle Brottes, ceux de Marcel, Mireille et Michel Enguent. La Gazette les remercie de l'autoriser à publier le texte prononcé le jour de l'enterrement.


Yves Tardieu


Quelques pensées…
Tu as été ma confidente lorsque j'étais enfant.
Une seconde mère lorsque Dédée est partie.
Tu as élevé Michel,
tu as soutenu Jean-Claude,
tu as accompagné tes aïeuls,
tu étais au service de tous.
Tu as accueilli des parents, des amis, des connaissances au fil du temps.
Tu as reçu des cartes des quatre coins du monde.
Tu es une grand-mère pour Lauren et Cameron.
J'aime t'entendre raconter tes soucis de petite fille, des histoires simples et universelles, coincée entre deux personnalités comme Marcel et Dédée.

Tu étais la seconde, prête à laisser un mariage pour soigner un membre de la famille.

Tes gâteaux, tartes, crèmes au chocolat et glaces, pour les déguster, il ne fallait pas faire de jaloux.

Les personnes éprouvent beaucoup de compassion pour toi. Toutes, elles témoignent..
Toutes les personnes de Villedieu sont à remercier. Raymonde et Paulette (qui nous a quittés) font partie de la famille.
Lorsque nous te rendions visite, tu nous parlais de tous : cousins, cousines, voisines, voisins, locataires devenus amis.
Distraits, nous n’avons pu retenir tous les noms. Il faut dire qu’ils étaient fort nombreux.

L’importance du téléphone dans ta vie...
Les coups de téléphone des quatre dames : toi, Yolaine, Jacky, Mado ; France Telecom va perdre beaucoup, mais rien comparé aux trois qui restent.

À Marseille, à l’hôpital, ne pas pouvoir téléphoner par manque de force a diminué ton autonomie.
Croyante, je te souhaite de retrouver tous ceux que tu aimes et ils sont fort nombreux. Papé et Mamie, Dédée et Marcel, dis-leur que nous pensons à eux.
Je ne peux pas être triste aujourd’hui ; c’est une belle journée.
Chacun d’entre nous a une place privilégiée dans ton cœur.

Dans certaines situations, te demander de choisir est incongru.
L’expression du sourcil levé, ta bouche qui se pince, tes yeux qui me fixent avant de se refermer.

Les sujets qui font pétiller tes yeux : le pot de confiture ... « Oh, ce n’était pas la peine. Vous n’allez pas repartir sans rien ! », l’écharpe orange tricotée par ton amie d’enfance.

Tu n’as jamais exclu.
Tu as fonctionné en écoutant ton cœur. Des situations « à la mode d’Élise » à appréhender.

Personne ne peut complètement parler en ton nom tellement tu es singulière, unique et secrète.

T’excuser de respirer avec tes principes paysans, que des devoirs et pas de droits.
Tu voulais toujours plus faire que ce que tu pouvais réellement faire.

Avec Élise, nous avons très souvent eu l’occasion d’être à contre-temps.









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Gazette N°51 - 25 décembre 2007

Ils nous ont quittés [ par Jacky Barre ]

Jacky Maffait laissera à ses amis et tous ceux qui le connaissaient, le souvenir d’un homme d’une très grande gentillesse, se mettant au service de qui pouvait avoir besoin d’aide. Toujours là pour participer. Jamais il n’aurait laissé sa place dans l’équipe qui préparait les fêtes du village : les installations de podiums, de chapiteaux, les tables et chaises des déjeuners sur la place.
À sa ferme de La Girelle, il organisait les méchouis du CATM* dont il était le président. Un président très bricoleur qui avait fabriqué le « tourne-broche pour mouton » à partir de matériels de récupération du style vieux ventilateurs, pièces de 2CV, son tracteur à chenille assurant l’alimentation électrique de la broche. Je me souviens de grandes fêtes où les convives, qui avaient généreusement bu, allaient plonger dans le bassin. Rafraîchis, tout le monde dansait sur des airs de musette.
Son imagination toujours en mouvement et son côté bricoleur, l’avaient amené à fabriquer une machine à calibrer les olives, une autre à les piquer, à construire un lève-palettes. Il pouvait travailler le bois, le fer. À la Girelle, il avait fait tous les travaux d’alimentation de la ferme en eau depuis la source se trouvant sur le terrain.
Comme lui, elle s’est affaiblie, aujourd’hui elle ne coule plus.
Jacky Maffait a été enterré mercredi 12 décembre. Nous transmettons à sa famille et à ses proches toute notre sympathie.

* Combattants Algérie, Tunisie, Maroc





Marcel Tortel, Jacky Maffait et Anaïs, la petite fille de Jacky Barre



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À la fabrique [ par Renée Biojoux ]

En triant des papiers ayant appartenu à sa maman, ma cousine Simone Auric a trouvé cette photo. Elle a été prise à Villedieu, devant le bâtiment qu'on a longtemps appelé la fabrique, actuelle Magnanarié.
Sur la photo, les ouvrières sont réunies autour d'un monsieur « chic ». Le contremaître probablement.
Qui étaient les deux garçons et le bébé ?
Certains pourront mettre un nom sur des visages, que ce soit des connaissances ou des personnes de leur famille, comme j'ai moi-même reconnu ma grand-mère paternelle, Elvira Cecchini et une tante, Jeanne Cecchini, fille d'Elvira et soeur de Dominique Cecchini et de Clovis mon père.
Elvira est la troisième en partant de la gauche au rang du fond.
Jeanne est la deuxième en partant de la droite au rang de devant.
Pour dater cette photo, je me réfère au fait que Jeanne avait travaillé à la fabrique jusqu'à l'âge de 16 ans. Comme elle était née en 1906, la photo doit dater d'entre les années 1918 et 1922.
Si des Villadéens possèdent ce cliché, ils pourront peut-être donner plus de précisions.
Toutes les dames de ma famille ont travaillé dans cette fabrique.
Mes grands-parents étaient des amis de Mariette Travail. Mariette était venue d'Italie à Villedieu avec une de mes tantes, Maria Cecchini, et c'est grâce à elle que toute ma famille paternelle y a émigré aussi en 1909. Ils habitaient un petit logement, restauré depuis. C'est la première maison dans le chemin qui part vers l’Aygues le long de la Magnanarié. Mon grand-père, Sante Cecchini était terrassier à Villedieu. Il y a quelques années, deux vieux messieurs, que j'étais allée voir dans le village, se rappelaient encore mon grand-père poussant une brouette chargée de pierres. Ils sont malheureusement décédés depuis. Si mes souvenirs sont bons, l'un avait été boucher, Aymé Barre, l'autre facteur, le père Mathieu.

Je n'étais jamais entrée dans la Magnanarié. Pour ma première participation à la rédaction de La Gazette, en avril dernier, la deuxième réunion y a eu lieu et c'est le coeur battant, les jambes un peu tremblantes, les yeux humides que j'en ai franchi le seuil, comme l'avaient si souvent fait ma grand-mère et mes tantes.

J'y suis retournée pour fêter la sortie du numéro 50 de cette fameuse Gazette et c'est peut-être dans la salle où elles travaillaient que nous avons mangé et dansé. Encore un peu d'émotion !







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Gazette N°53 - 8 avril 2008

Corso 1932 (quatro) [ par Yves Tardieu ]

Nous reprenons notre feuilleton sur le corso de 1932 avec la présentation de deux nouveaux chars. À la différence des premiers que nous avons présentés dans les numéros 47 et 48, il y a ici deux personnes qui peuvent témoigner de leur présence mais, bien sûr, elles étaient bien jeunes et leurs souvenirs sont peu nombreux.
Sur le premier char, le XXIVe dans l'ordre du défilé et qui s'appelait « les glycines », la jeune fille à gauche est Évelyne Auphand que nous voyons souvent sur le pas de sa porte rue de l'Hôpital. Le petit garçon déguisé en Pierrot à côté d'elle est Pierre Magnan. En revanche, personne ne reconnaît les deux adultes au second plan et Évelyne ne se souvient pas de qui il s'agit. La photo que nous avons est une copie de faible qualité. Quelqu'un a-t-il un original du document ou connaît-il ces deux personnes ?


Sur le deuxième char, probablement le IVe appelé « les jardiniers », le petit garçon est Georges Louis. Il avait alors trois ans. Il était accompagné de deux jeunes adultes : Paul Fournier, 20 ans, qui s'est marié à Roaix où il vécut jusqu’à sa mort en 1967, et Florentine Clérand qui avait 16 ans. Elle devint la mère de Pierre Bertrand et Gilberte Robert. Grâce à cette dernière et à Georges Louis, nous avons eu la carte postale originale de bien meilleure qualité.

On reconnaît ici le décor : presque toutes les images que nous avons ont été prises à la sortie de Villedieu, au monument aux morts.

Florentine est morte très jeune, en 1940, à l'âge de 23 ans.


La Gazette poursuit donc ses investigations sur ce corso et continue d'avoir besoin de témoignages sur le sujet.





Char « les glycines »



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Gazette N°55 - 12 juillet 2008

Les étoiles filantes de Villedieu [ par Jean-Claude Jacob ]

Ma rencontre avec Villedieu remonte aujourd'hui à une trentaine d'années et je suis encore sous le charme de ce si beau village.

Je me suis rapidement rendu compte que, de longue date, Villedieu a attiré non seulement d'illustres inconnus comme moi, mais aussi nombre de gens célèbres. Chanteurs, comédiens et artistes de tout poil ont « craqué » pour le pittoresque, le calme et l'accueil chaleureux de ce village.

Tout a commencé pour moi par la rencontre insolite du chanteur Christophe qui déambulait, seul, peut-être à la recherche de l'inspiration. Nous avons échangé quelques mots et je me souviens surtout de sa petite taille qui lui va si bien et de son sourire charmeur. Il était venu rendre visite à son amie Dani qui occupait La Mosaïque, rue des Garcins.

Les stars de la chanson, du grand et du petit écran, vivant dans un monde à part, ce havre de détente fût vite répertorié et devint même un lieu de rencontre.

C'est ainsi qu'au fil du temps, on a pu croiser Thierry Le Luron, Antony et Nathalie Delon, ou l’un des membres du groupe Téléphone reçu aussi chez Dani.

Quand j'écoute un air de piano du regretté Michel Petrucciani, je me dis que j'aurais aimé le rencontrer à Villedieu où il est venu pour s'inspirer et pour composer.

Peut-être avez-vous reconnu Gérard Klein sur sa moto lors du tournage d'un épisode de l'Instit. Là aussi, le caractère du village avait séduit les auteurs de ce fameux feuilleton.

Bien avant, le cinéma avait pris rendez-vous avec les Villadéens. En 1954, Henri Verneuil choisit Villedieu pour le tournage du film Le mouton à cinq pattes avec une équipe de grands acteurs dont Fernandel et Louis de Funès (on imagine la fête).

Plus tard, Charles Aznavour, Benoît Magimel et d'autres ont exprimé leur talent à l'ombre des platanes de la place où dans nos vignes, lors du tournage du film Les années campagne. C'était en 1991.

Des séquences du film Le sucre de Jacques Rouffio avec Gérard Depardieu et Jean Carmet furent tournées dans le village en 1978, mais d'autres grands du cinéma ont posé leurs bagages.

C'est ainsi que François Truffault créa ici quelques-unes de ses plus belles œuvres telles que Le Dernier Métro en 1980 et Vivement Dimanche en 1983.

D'autres auteurs, dans un tout autre genre, ont choisi Villedieu pour coucher sur le papier leur passion ou dada.

Ce fut le cas de Jean-Pierre Coffe qui signa ici un de ses livres de cuisine, provençale peut-être.

Des comédiens de théâtre se sont baladés dans le village, à l'occasion de vacances, ou en visite chez le grand Jean Lepoulain qui habitait une maison sur la route de Vaison. On put donc voir Corinne, sa nièce, ou encore Michel Duchaussoy, lui aussi amoureux des paysages provençaux.

Beaucoup de Villadéens se souviennent sans doute du mariage de Myriam Boyer (mère de Clovis Cornillac) avec John Berri, au Crestet, dans les années 70, et dont la fête finale se déroula à Villedieu.

Les grands noms ne figurent pas uniquement dans les registres des grandes mairies.

Certains s'installent, ne pouvant peut-être vivre ailleurs. C'est le cas de notre Tito Topin national qui a écrit tant d'aventures et d'intrigues dans sa maison de Villedieu.

J'oublie certainement quelques étoiles filantes, passées souvent bien vite dans le village, mais ce qui est sûr, c'est qu'elles ont laissé des paillettes dans la mémoire de chacun.

Nul ne s'étonnera que Villedieu les ait attirées dans ses rues et en séduira encore beaucoup d'autres.
Mais les vraies stars ne sont-elles pas les Villadéens eux-mêmes ?


Un grand merci à Tito Topin, à Claude Bériot, Serge Boyer et Huguette Vial pour leurs informations précieuses.





Dani



Jean-Pierre Coffe



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Marcel Charrasse [ par Carole Charrasse et Mireille Dieu ]

Marcel Charrasse nous a quitté le 15 mai dernier.
Il venait d’avoir 86 ans.
Natif de Vaison-la-Romaine, Marcel a habité dans la ferme familiale du Palis d’où il est parti en 1951, pour travailler comme ouvrier agricole à Beaumes-de-Transit, puis en 1956, à Tulette. C’est en 1976 qu’il a rejoint Villedieu où il a mené sa propre exploitation.

Il a d’abord habité dans une maison de la rue de l’hôpital avant de s’installer chemin du Connier, dans la ferme de ses grands parents.

Il était passionné de chasse, de pêche et de pétanque. C’est pendant ses grandes parties de boules que ses coéquipiers l’ont surnomé : le mieux. À chaque tir de boule, il disait : « mieux », c’est à dire qu’il fallait faire mieux que la boule précédente et cela lui réussissait, puisqu’il gagnait souvent. Ce sobriquet lui est resté.
N’oublions pas les fameuses parties de carte, sur la place le dimanche matin, et le plaisir qu’il avait de jouer avec ses collègues, Pierre Fontana, Antonin Lhomme et Robert Romieu.

Il aimait par dessus tout s’occuper de son potager et de ses fleurs. Le travail ne lui faisait pas peur, il était continuellement dans ses vignes, d’ailleurs il en a parlé jusque dans ses derniers moments.

Pendant ses 62 ans de mariage, il est devenu papa de quatre enfants, grand-père de sept petits-enfants et arrière-grand-père de dix petits-enfants, bientôt onze : une petite-fille est annoncée en aôut prochain. Une grande famille qui l’a accompagné, avec tendresse, jusqu’à la fin.





Marcel Charrasse
dit « Le mieux »




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Pour « La Dame » [ par Henri Favier ]

Premier avril 1940.
Un timide « bonjour ma-dame. »

À cinq ans moins dix jours, premier contact avec l'école, avec La Dame en cours préparatoire première année, avec l'apprentissage, à partir d'un embryon de citoyen, du savoir par le travail, du respect, de la discipline et surtout du devoir, et pas seulement scolaires.

À l'heure où la main de maman paraît vous abandonner, il faut s'adapter, c'est la dure loi de la vie… déjà !

À raison de trente heures par semaine, cela n'a jamais nuit à notre développement, bien au contraire. Car, avec La Dame, fallait pas déroger. Le « petit Favier » s'en souviendra toujours : « Henri, va montrer ton cahier au maître ! »

Un cahier aux résultats, certes satisfaisants, mais dans un état ! Constellé de taches d'encre, laquelle pour être de restriction (c'était la guerre), n'en était pas pour autant délébile. Taches essuyées parfois avec un buvard en plein dérapage, agrémentées de tentatives d'effacement à la gomme à encre. Ce qui provoquait des bavures sur la surface, voire des trous dans le papier. Tout cela valait bien une démarche.
Et voici le « petit Favier », sept ans à l'époque, pas fier du tout, le mot est faible, qui traverse seul le désert des trois cours, frappe à la porte de la grande école, en plein silence d'une classe studieuse, la voix nouée par la honte : « Bonjour Monsieur, La Dame m'a demandé de vous apporter mon cahier. »
Imaginez : d'abord les remontrances, ensuite la vexation d'une nouvelle identité « Azor », les rires sarcastiques des grands trop heureux de se défouler en toute impunité. Suprême affront ! Même tout jeune, on tient quand même à son honneur. Merci La Dame, merci Le Maître de me l'avoir révélé.

La perfection n'est pas de ce monde, mais les perfectionnistes en quête constante de cette inaccessible étoile, éternels inassouvis, exigeants avec autrui autant qu'intransigeants envers eux-mêmes, sont par nature, surtout dans les moments délicats, quelquefois difficiles à vivre.

Mais quel bilan !

La Dame, qui l'a d'ailleurs démontré toute sa vie durant, souscrivait à cette noble aspiration, pour notre plus grand profit.

Car, lorsque nous sortions du cours élémentaire pour aborder, chez Le Maître, le cours moyen, nos esprits étaient sains, nos bases étaient solides, l'œuvre du bâtisseur pouvait, dès lors, commencer.

Nos esprits étaient sains parce que rendus conscients de leurs devoirs, de leurs responsabilités, constamment dans le collimateur des parents qui, solidaires des instituteurs, enfonçaient le clou, si nécessaire.

Ironie du destin : soixante-huit ans après, jour pour jour, premier avril 2008, « adieu La Dame ! »

La vie est un combat. Merci d'avoir forgé nos armes.





La Dame, Marthe Mauric, en 1938



La Dame, en 2007



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Gazette N°56 - 15 septembre 2008

Marie-Lucie Sirop [ par Mireille Dieu ]

Cela a fait un an, le 10 août, que Titi nous a quittés. Elle faisait partie des personnages qui, comme on le dit, sont des figures de Villedieu.
Née, le 4 septembre 1927, à Verclause dans la Drôme, Marie-Lucie Fauque est arrivée dans le village en 1930 avec sa famille. Elle était la septième, et quatrième fille, d’une fratrie de huit (Adrien, René, Léa, Julienne, Olga, Léopold et Edmond). Ils se sont installés plan de Mirabel à la ferme Gamet qu’ils ont acquis par la suite tout en conservant celle de la famille à Verclause où ils se rendaient l’été pour la coupe des lavandes.

Elle épouse Jean Sirop, agriculteur à Villedieu, le 26 avril 1947, et mène avec lui l’exploitation agricole jusqu’à leur retraite.
De cette union, est né Alain, qui a fait des études d’ingénieur et a quitté le village pour s’installer en Alsace où il exerce sa profession. Son métier l’oblige à voyager dans le monde entier ce qui inquiétait souvent Titi.
Lorsqu’on luidemandait des nouvelles de son fils, elle répondait avec une fierté bien naturelle « Qu’est ce qu’il a besoin de voyager tout le temps ? Il est toujours entre deux avions, il ne peut pas rester tranquille ! Moi, ça me fait souci de le sentir toujours à perpète ».

Alain et son épouse Viviane lui ont donné deux petites filles : Florence et Anaïs.

Après le décès de Jean, elle a occupé sa retraite en se livrant à sa passion des champignons et, en particulier, à celle des truffes. Elle avait dressé sa chienne Mazzarine dite « Zaza », à caver et on voyait Titi, toujours souriante et cordiale, le matin tôt et le soir, se promener dans le village accompagnée de sa fidèle chienne.





Jean et Marie-Lucie en 1947



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Edmond Eydoux [ par Henri Favier ]

Fils de Gaston et de Marie Gardon, Edmond Eydoux, unique garçon d’une fratrie de quatre enfants, voit le jour à Valréas le 11 juin 1923.

En 1930, à la suite de l’achat d’une propriété à Buisson, toute la famille vient s’y installer définitivement et Edmond y connait une enfance, disons ordinaire : l’école, le cathé., la communion solennelle, le certificat. Classique.

Et à quatorze ans, la question ne se pose pas : dans le sillon de ses parents, il sera paysan. Jusqu’au jour où, rattrapé par ses vingt ans (en d’autres temps que de bonheurs ! ) et les conséquences de la guerre, il est embrigadé aux chantiers de jeunesse le 3 novembre 1943, à Romans.
Et là, comme un soleil dans la nuit de l’occupation, il rencontre Yvette qui va, dès mars 1944, le soustraire aux déplacements programmés vers l’Allemagne nazie en l’hébergeant dans la clandestinité au domicile de ses propres parents. « Du risque pour l’amour  » jusqu’à la Libération, fin août 1944.

Les vicissitudes militaires ne seront pas terminées pour autant : le 18 avril 1945, il est incorporé au 204e Pionniers à Hyères puis à la 1ère D.B. à Bourges où il sera démobilisé le 30 mars 1946.

Après ces épisodes militaires mouvementés et la liberté retrouvée plus de temps à perdre et quatre mois plus tard, le 27 juillet 1946, il épouse, à Vienne dans l’Isère, Yvette pour un mariage fécond puisqu’il en résultera quatre enfants : André, Alain, Monique et Cathy ensuite huit petits-enfants et encore, à ce jour, un arrière petit-enfant.

Faisant souche définitivement à Buisson, Edmond, jusque là aide familial, succède à son père, Gaston, à la tête de l’exploitation familiale, en 1956. Il s’implique alors dans une vie professionnelle et citoyenne intense où sa personnalité va s’affirmer.

Toujours disponible, sans être omnipotent, il siègera pendant plusieurs décennies au conseil d’administration de la cave coopérative de Villedieu et Buisson, creuset de notre amitié réciproque.

Discret sans être effacé, tolérant, mais déterminé dans ses convictions, il sera élu au conseil municipal de Buisson dans une élection complémentaire en 1958 après le décès du maire, Charles Moralis. Il y siégera jusqu’au 17 février 1974, date de sa démission pour divergences conflictuelles au sujet de l’école.

Pour résumer l’histoire, somme toute sans histoire, de la vie rectiligne d’un homme simple, aux goûts rustiques de pêche, de chasse (Ah ! l’espère...), de jardinage, aux allures de père tranquille, à l’humeur toujours égale, au visage ouvert vers la sympathie, au regard paraissant comme aux aguets de la moindre étincelle d’amitié, une immense vérité : « Momon Eydoux était un brave mec ».

Adièou moun Bèou !







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Gazette N°57 - 17 novembre 2008

Hommage à une amie [ par Une amie, Aline Marcellin ]

Native de Saint-Nazaire (Loire Atlantique), Michèle Benoist est arrivée en Provence il y a environ 23 ans. J’ai fait sa connaissance lorsqu’elle a acheté la maison appartenant autrefois à Raoul Chauvin.

Elle avait alors un emploi de cantinière au collège de Vaison. Puis est arrivée la retraite dont elle n’a, hélas, que peu profité. Active, elle a su s’intégrer aisément au sein de différentes associations telles que : le club de gymnastique où elle était assidue, le club des aînés, le cours de danse avec Marie Salido, le cours de dessin et peinture, et les randonnées pédestres.

Une petite anecdote en passant : lorsque nous allions toutes deux au cours de danse, nous répétions chez elle les derniers pas appris la veille afin de bien les mémoriser jusqu’à ce que ce soit presque parfait. Il faut dire que Michèle était une perfectionniste, une personne avec de grandes qualités : discrète, humble, à l’écoute des autres.

Elle allait régulièrement aux thés dansants où elle a rencontré Aldo, qui est devenu son compagnon. Ils partageaient tous deux cette passion de la danse et les voir évoluer sur la piste était un vrai bonheur.
Et puis voila qu’est arrivée cette « foutue » maladie s’installant insidieusement, et là, Michèle a lutté jusqu’au bout, assistée de son compagnon qui lui a témoigné tout son courage, son énergie et son amour jusqu’à la fin.

Je tiens à remercier sa famille qui, après la messe, nous a accueillis si gentiment pour partager un moment de recueillement et d’amitié.

Michèle, tu vas nous manquer, tous ceux qui ont eu la chance de te connaître t’appréciaient.







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J’ai perdu mon amie... [ par Colette Percheron ]

J’ai perdu mon amie
Elle n’a pas mérité
De s’en aller si vite.

« Mais tu as pris la fuite
Et je garde en souvenir
Tous nos éclats de rire
Quand au club des aînés
Où nous chantions parfois
Des airs d’autrefois,
Chansons inachevées
On avait oublié
Ou l’air, ou les paroles
On se taxait de « folles ».

Tu me suivras partout
Pour un rien, pour un tout
Je te revois encore
Au bal, où déguisée en Bécassine.
La photo, j’ai gardé
Ce sera le trésor
De toute notre amitié ».







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Gazette N°58 - 28 décembre 2008

Josette Vollot [ par Jean-Louis Vollot ]

Bien que n’étant pas Villadéenne, mais à la demande d’un des rédacteurs de La Gazette, je vous fais passer ces quelques lignes relatant la vie de ma mère. Elle était née à Carqueiranne dans le Var le 16 juin 1920. Après des études de couture, elle rencontre mon père à Toulon. C’est la guerre ; papa effectue son service militaire dans la marine. Lui est Bourguignon (Côte d’Or), plus tard il sera gendarme. Mariés en 1944, les voilà partis en Algérie. Là, naîtront deux garçons : Jean-Louis né à Tlemcen et Daniel né à Nédroma.

En 1954, retour en France. Un poste à la gendarmerie de Saint-Cécile les Vignes. Mais comme la brigade ferme ses portes, nouvelle affectation à Vaison la Romaine jusqu’à la retraite.

De par les fonctions de son mari, maman ne pratique pas son métier de couturière. Cependant, tricot et couture pour la famille, en particulier pour les enfants, furent longtemps d’actualité. Fille de viticulteurs domiciliés à La Londe les Maures (Var), les travaux agricoles ne l’effrayaient pas.
Ainsi cueillette des tomates, des fruits, vendanges l’occupèrent pendant de nombreuses années.
Femme de caractère, elle s’occupa comme toutes les mamans de ses deux fils. Mais, j’avoue qu’elle ne fut pas trop dérangée par les « devoirs du soir » car Jean-Louis fut interne au collège de Buis-les-Baronnies dès l’âge de 11 ans, puis à l’école normale d’Avignon. Daniel quitta la maison à 13 ans pour des études dans les grandes écoles militaires.
Elle a eu cinq petits-enfants, tous des garçons et deux arrières petits enfants.
Ma mère est décédée le 15 novembre à l’hôpital de Vaison. Ses funérailles ont eu lieu le 19 novembre, (cinq ans, jour pour jour, que mon beau-père décédait). Aujourd’hui, elle repose dans le caveau familial à Carqueiranne où elle a rejoint ses parents et son mari décédé le 27 Juin 2001.







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Jeanne Rey, doyenne de Villedieu [ par Claude Bériot ]

Marie Jeanne Rey-Mermet est née en Suisse le 14 décembre 1903. Elle est arrivée en France avec sa famille à l’âge de 18 ans. Longtemps, elle a travaillé dans la distribution de faire-part et de prospectus ce qui lui a permis de connaître un grand nombre de Vaisonnais.

Il y a un an, Renée Rémuzan est revenue habiter à la ferme de son enfance au quartier La Montagne. Elle s’y est installée avec sa mère Andrée Bérard et avec Marie-Jeanne sa belle-mère.
Devenue Villadéenne à 104 ans, Marie-Jeanne est très attentive à ce qui se passe autour d’elle et à ceux qui lui rendent visite.

Dimanche 14 décembre, c’est en famille qu’a été fêté son 105e anniversaire avec enfants, petits-enfants et arrières petits- enfants.

Il n’y a probablement pas eu beaucoup de telles célébrations à Villedieu.







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Gazette N°59 - 28 février 2009

Paul Clérand [ par Yvelise Clérand ]

Paul Clérand nous a quitté le 23 octobre dernier. Il était né le 3 avril 1927 à Villedieu dans la ferme familiale ou habite maintenant Jeanine Clérand, sa belle-sœur. Il était le cadet de quatre enfants. Il a commencé sa vie professionnelle comme boucher. C'est Aimé Barre qui l'a initié à ce métier.

Après un apprentissage à Carpentras, il s'est installé à Mirabel-aux-Baronnies. Plus tard, il a créé son entreprise d'ambulancier et de pompes funèbres à Vaison-la-Romaine. Il s'est marié avec Marcelle Roux et de leur union est née Yvelise. Après leur divorce Paul s'est remarié et a eu, en secondes noces, six enfants. Plusieurs d’entre eux perpétuent l'entreprise paternelle.

Paul était passionné de courses de vélo, il en était même souvent commissaire. Il adorait aussi cuisiner, c'était lui qui faisait les repas pour sa famille ou ses amis qu'il invitait souvent.

Yvelise lui donnait souvent des nouvelles de Villedieu auquel il restait très attaché.

Il était père de sept enfants, grand-père de quinze petits enfants et arrière-grand-père de deux enfants qui l'ont entouré jusqu'à la fin se sa vie.







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Guy Fauque [ par Bernadette Croon ]

Guy Fauque était né à Tulette en 1950.
Fils de Léopold Fauque et Pierrette Dublé, il était le second de leurs cinq fils.

D’abord ébéniste, il changea de métier, n’appréciant pas de rester dans un atelier fermé. Il devint donc maçon et put travailler au grand air.

Il épousa Colette Clérand en 1972. Ils eurent deux enfants : un garçon, Renaud et une fille, Mélanie. Il eut aussi le bonheur d’être grand-père.

Colette et Guy s’installèrent au village en 1983, rejoignant ainsi la grande famille des Fauque, arrivée à Villedieu au début du siècle dernier.

Ses distractions favorites étaient la chasse et la pêche. Il était aussi un très bon danseur et prenait beaucoup de plaisir, avec son épouse, à participer à toutes les fêtes villadéennes.

Les gens du village se souviennent qu’il élevait avec succès des volailles et des cochons. Il ne s’en tenait d’ailleurs pas là : il préparait lui-même d’excellentes charcuteries appréciées de tous ceux qui eurent la chance d’y goûter.

C’est avec émotion que sa famille et ses nombreux amis l’ont accompagné à sa dernière demeure.







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Jean-Pierre Perazio Belliando [ par Bernadette Croon ]

Jean-Pierre, dit « Sardine », était né en1947 à Vaison-la-Romaine.

Il est allé un temps à l'école primaire de Villedieu et a suivi sa mère, Mireille, sœur d’Henri Favier et son père, professeur, qui ont dû déménager souvent, au gré des mutations.

Jean-Pierre a commencé sa vie professionnelle chez Trindel. Il était spécialisé dans l'électricité nucléaire. Il a travaillé ensuite pour Framatom pendant 24 ans. Il s'est marié avec Claire Leicia, qu'il a rencontrée à Manosque. De leur mariage, en 1967, sont nés deux enfants qui leur ont donné trois petits enfants.

C'est à Manosque où Jean-Pierre jouait et regardait jouer aux boules, qu'un certain Marius Giladi, le meilleur joueur de la ville avait comme sobriquet : « Sardine ».
Jean-Pierre a repris ce surnom quand il venait passer ses vacances à Villedieu, où l’on jouait plus souvent aux boules que maintenant.

Il tenait beaucoup à son village, et chaque fois qu'il le pouvait il passait son temps libre à Villedieu.







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Léopold Dieu [ par Claude Bériot ]

C'était un après-midi, fin octobre, il faisait beau. Sur le chemin de Saint-Claude, au-dessus de la croix, on pouvait apercevoir Léopold Dieu dans un fauteuil roulant au milieu de ses vignes.
Jacques et Gaël, Pierre et David, l'avaient amené là pour partager avec eux cet événement que sont les vendanges. C'était une excellente idée.

Ces dernières années, il était fort triste de les voir partir menant la vendangeuse et les tracteurs dans les vignes, repensant certainement à toutes ces vendanges qu'il avait vécues, repensant aussi à ses champs d'oliviers, à tout ce travail qu'avait été sa vie.

Le 9 janvier 2009, il est parti entouré de Jeannine son épouse et de ses sept enfants, seize petits-enfants et onze arrières petits-enfants.

En février, il aurait eu 89 ans d’une vie fort bien remplie au service de sa famille et également des Villadéens.

Rappelons que Léopold Dieu a été conseiller municipal de la commune, sans interruption, de 1947 à 1977.







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Gazette N°61 - 28 juin 2009

Adieu à Renée et Paul Arnaud [ par Yves Arnaud ]

Ils étaient très attachés à Villedieu et y venaient si volontiers. Ils reposent tous deux maintenant dans le tombeau familial.
Le 20 février 2009, Renée s'est endormie pour ne plus se réveiller. Le matin, elle avait pris soin d'aller chez le coiffeur et de fleurir sa maison. Son départ nous a beaucoup surpris et peinés.
Le 5 mars, c'était Paul qui s'éteignait après avoir sûrement beaucoup souffert moralement. Il a gardé sa lucidité parfaite jusqu'au bout. Mais ensuite, privé de l'ouïe, il n'a plus pu ni lire ni écrire, lui, l'intellectuel, et vers la fin, il n'a plus pu parler.

Tous deux avaient été directeurs d'école primaire, en premier poste à Cairanne où ils se sont connus et aimés. Mariés pendant près de 65 ans, ils ont eu trois enfants : Michel, Monique et Christian.
De Cairanne, ils ont ensuite enseigné de nombreuses années à Caromb, puis à Avignon où ils ont terminé leur carrière.
Ils ont été des modèles dans leur profession, n'ayant qu'un souci : former des jeunes capables d'affronter la vie avec compétence et droiture.
Pendant plus de vingt ans, les pensionnaires de La Ramade ont bénéficié de la passion de Paul pour l'enseignement.
L'attachement à Villedieu, qu'ils ont transmis à leurs enfants, donnait quelquefois lieu à de cocasses, mais acharnées discussions sur les termes exacts que je devais mettre dans les discours d'intronisation des membres de la vénérable confrérie Saint-Vincent de Villedieu à laquelle ils ont, tous deux, appartenu.
Leur départ a été douloureusement ressenti par toute la famille et de nombreux voisins et amis ont témoigné de leur amitié.







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Gazette N°62 - 15 octobre 2009

Louis Portalier [ par Mireille Dieu ]

Louis Portalier est né le 18 février 1927 aux Granges Gontardes près de La Garde Adhémar.
Après deux ans d’école chez les séminaristes à Saint-Paul-Trois-Châteaux chez les frères Mariste, il est revenu dans sa famille. Ayant deux autres frères qui menaient l’exploitation familiale, il partit travailler un an au canal de Donzère-Mondragon. Puis il a effectué son service militaire. À son retour, il n’y avait plus d’emploi au canal. La direction lui a proposé un chantier au Maroc où il a vécu un an. Il travaillait pour les bases aériennes de l’armée américaine. Il est revenu du Maroc et a trouvé à la ferme Giraud, à Villedieu, une place d’ouvrier agricole.

C’est là qu’il a connu Madeleine Simon, buissonnaise. Ils se sont mariés le 23 octobre 1954. Il s’est désormais occupé de l’exploitation de la famille de son épouse Ils ont eu deux filles, Chantal, puis Nadine, et deux petits enfants, Tibaut et Gautier âgés de 24 et 22 ans, tous deux encore étudiants.

Louis Portalier regrettait le temps où l’on travaillait avec les chevaux. Il a dû, comme tout un chacun, s’adapter au progrès mais parfois, il partait sur son cheval faire des balades dans la campagne. Depuis son installation à Buisson, il s’est impliqué activement et constamment, avec Madeleine, au sein de la paroisse de Villedieu.

Il est mort accidentellement le 19 juin 2009 dans ses oliviers, en travaillant, comme il l’a fait toute sa vie.







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Gazette N°64 - 8 avril 2010

Jacques Bertrand [ par Yves Tardieu ]

Jacques Bertrand a fêté ses 90 ans en famille au mois de novembre 2009.
Nous l'avons trouvé mort dans son lit, apparemment en dormant, le vendredi 8 janvier 2010 lors du mémorable week-end de neige qui a marqué ce début d'année. Il a été inhumé au cimetière de Villedieu, au côté de sa femme, Mireille, et de ses enfants, Michel et Pierre.
Jacques était une figure du village, à plus d'un titre, par son entrain, sa présence, et sa disponibilité en toute circonstance. Combattant de la Seconde Guerre mondiale, il jouait aussi un rôle important dans toutes les cérémonies commémoratives après avoir été président de l'association locale des anciens combattants.
Jacques Bertrand est né à Montpellier le 16 octobre 1919. Il fréquente assidument Villedieu lors des vacances scolaires qu'il passe à la ferme de son oncle, Julien Bertrand, et de ses cousins germains, Aimé Bertrand, Gilbert Bertrand et Paulette Bertrand (Travail). Il appartient à une génération où les cousinages sont très importants. Son père, né à Saint-Laurent, avait huit frères et sœurs dont trois ont eu des descendants qui s'étaient retrouvés dans une « cousinade » en 2007 (La Gazette nº 50 du 20 novembre 2007 s'en était fait l'écho). De sa génération, il ne reste aujourd'hui que deux personnes : sa sœur « Ninette » née en 1914 qui vit à Saint Cécile, et un cousin qui vit à Montpellier.

Ses vacances villadéennes, son sens de l'observation et les récits familiaux donnaient à Jacques une bonne connaissance du Villedieu de l'entre-deux-guerre. Lui qui n'est pas né ici et n'y a pas vécu, sauf les cinq dernières années de sa vie, était pleinement Villadéen.

Jacques Bertrand s'est engagé à 18 ans dans l'armée de l'air. La guerre survient alors qu'il est encore sur la base de Blida, en Algérie, où il obtient son brevet de mitrailleur au printemps de 1940. La rapidité de la défaite ne lui permet pas de combattre. Après novembre 1942, avec le débarquement américain au Maroc et le ralliement de l'Afrique du Nord à la France libre, Jacques Bertrand reprend l'instruction à Marrakech. Il rejoint les forces françaises libres en Angleterre en septembre 1943. Il est affecté au groupe de bombardement lourd Guyenne1. Le sergent Bertrand est « mitrailleur arrière » sur un quadrimoteur Halifax qui effectue des missions régulières sur l'Allemagne. Ces missions de bombardement sont très risquées et de nombreux équipages y trouvent la mort. Elles contribuent par des destructions massives à la défaite allemande.
Il est difficile de mesurer aujourd'hui ce qu'a été l'action des « Français libres » ; de l'importance militaire de ces actions menées par la Royal Air Force ; de la force de l'Angleterre dans cette guerre, force morale, force idéologique, force politique ; du rôle politique de la France Libre qui, avec la résistance intérieure, a transformé un pays défait entrainé vers le pire par un gouvernement, en pays vainqueur, en pays libre, en pays démocratique. À sa mesure, Jacques Bertrand a participé à cette grande aventure collective, humaine et politique à laquelle nous devons tant et que nous oublions trop2.
Après la guerre, Jacques Bertrand reste dans l'aviation, mais cette fois en tant que mécanicien. Il vit dans la région parisienne puis à Biscarosse dans les Landes. Après un premier mariage qui lui donne un fils en 1942, il se remarie à la fin de la guerre avec Mireille Malarthe, que beaucoup d'entre nous ont connue. Il a eu avec elle trois enfants. La vie de Jacques a été marquée aussi par les deuils et par les séparations.
Sa mère est morte lorsqu'il avait deux ans ; ces quatre enfants sont morts avant lui : Paul en 1991, Françoise en 1955 (à 8 ans), Michel en 2006 et Pierre en 2009, ainsi que sa femme en 2005. Le décès de Pierre a été pour lui un véritable choc et tous ceux qui le côtoyaient ont senti que quelque chose était cassé en lui.
Le deuil, mais aussi l'oubli : la vie l'avait considérablement éloigné de sa première femme et de sa descendance. Il a eu là un seul enfant, mais quatre petits enfants. Il n'en a connu certains que dans les dernières années de sa vie, renouant ainsi avec eux le fil d'une vie particulière.

Mécanicien et passionné de mécanique, Jacques Bertrand a confectionné pour de nombreux Villadéens des portails et des outils divers, dont « l'escabeau-araignée » auquel La Gazette avait consacré un reportage dans un de ses numéros. Il avait installé son petit atelier dans le garage de la maison du lotissement qu'il occupait et continuait à bricoler à l'occasion. Il est vrai que sa vitalité était étonnante à son âge. Il conduisait encore et se débrouillait seul, il admettait mal les contretemps et les obstacles qui l'enquiquinaient.
Cette vitalité se retrouvait aussi dans les histoires qu'il racontait et la bonne humeur qu'il manifestait à l'occasion des fêtes et des repas.

Adieu Jacques.


1 – Sur ce groupe :
http://groupeslourdsguyenneettunisie.blog4ever.com/blog/article-218801.html
Plusieurs ouvrages de l'écrivain Jules Roy, commandant dans ce groupe de bombardement, traitent de cette période. Ils faisaient partie de la bibliothèque de Jacques Bertrand, comme, entre autres, « La vallée heureuse » ou « Retour de l'enfer ».

2 – La citation, qui vaut à Jacques Bertrand la Médaille militaire (il était par ailleurs titulaire de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre 1939-1945 avec cinq citations), illustre également la valeur militaire d'un tel engagement :
« Jeune sous officier mitrailleur de tourelle arrière, faisant preuve en toutes circonstances de qualités professionnelles remarquables, a donné au cours des 26 missions de longue durée qu'il vient d'effectuer dans le cadre du Bomber Command un exemple magnifique d'abnégation, de courage et de sang-froid.
Après avoir participé avec son équipage, au mois de novembre 1944, à une des opérations les plus dangereuses de la guerre aérienne qui devait coûter au groupe le tiers des effectifs, a continué avec un rare enthousiasme, au cours de la rude période d'hiver, à participer aux attaques des objectifs les plus éloignés et les plus puissamment défendus de l'Allemagne.
Par sa haute compétence, une vigilance constante et sans faiblesse, a toujours inspiré la plus forte confiance à son équipage et a permis dans les conditions les plus difficiles, la réussite complète de toutes les missions entreprises.
Par son intervention toujours opportune et des indications précises, a été d'une aide extrêmement précieuse, permettant en maintes circonstances de déjouer les attaques d'une chasse ennemie des plus agressives ou d'éviter les collisions qui constituent un des plus grands dangers des raids de nuit.
Le 21 décembre 1944, a eu son avion pris à partie par les projecteurs de la Ruhr et soumis au tir réglé des batteries lourdes, et le 13 février 1945, a pris part à l'attaque d'un objectif éloigné et fortement défendu de la Saxe, en aide aux troupes soviétiques opérant dans cette région ».


Pierre Bertrand, le fils de Jacques est mort le 15 novembre 2009. Il était né à Étampes et a vécu dans la région parisienne ou il était employé à la SNCF. Il a pris sa retraite à Villedieu il y a trois ans, venant vivre avec son père. Les Villadéens l'ont souvent vu.
Il n'avait pas son permis de conduire, qu'il essayait de passer avec difficulté lorsque la maladie l'en a empêché, et se déplaçait en mobylette. Il allait partout avec. Mort à 58 ans, il aura peu profité de sa retraite et de Villedieu.







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Émile Robert [ par Bernadette Croon ]

Émile Robert était né le 21 août 1928 à Orange.
Il a travaillé pendant vingt ans au domaine Jean Trintignan à Châteauneuf-du-Pape comme chauffeur et mécanicien.
Il s'est marié avec Thérèse Couston le 4 septembre 1976. Après son mariage, il a été chauffeur quelques années pour l'entreprise Missolin à Vaison-la-Romaine.
À la retraite il a aidé son épouse au bureau de tabac de Villedieu, jusqu'au moment où Thérèse la prenne à son tour, le 1er janvier 2008.
Beaucoup de villadéennes et villadéens l'ont connu toute leur vie, ils ont commencé par lui acheter des bonbons, et plus tard leurs journaux et leur tabac.
Émile n'a vraiment profité que d’une année de retraite avant de tomber malade. Il nous a quitté le 5 novembre 2009.







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Gazette N°65 - 18 juin 2010

Julienne Dieu [ par Yves Chauvin ]

Julienne Dieu, née Fauque, dite « Juju », nous a quittés le 22 avril 2010.

Juju était née le neuf janvier 1920 à Verclause dans la Drôme. Elle était venue habiter route de Mirabel avec ses parents et ses frères et sœurs. Tous participaient aux travaux de la ferme.

Le 31 août 1940, elle se marie avec Sylvain Dieu, ils donnent vie à sept enfants dont le premier décède hélas à quelques jours seulement.

Un bel exemple de vie bien remplie où le travail, la famille ainsi qu’une foi profonde faisaient plaisir à voir, le tout avec un humour toujours bien approprié. Elle a été très active pendant de nombreuses années à l’association paroissiale de Villedieu.

Il y a quelques années, après certains problèmes de santé qu’elle avait surmontés, le destin s’acharna sur elle une fois encore et elle dut, à cause d’une chute, subir une nouvelle intervention chirurgicale nécessitant plusieurs mois d’hospitalisation.

Elle trouvait encore le moyen de plaisanter chaque fois qu’on lui rendait visite. Cette force de vivre, elle la trouvait dans ses prières journalières et les relations avec ses enfants et leurs familles, un amour réciproque remarquable.

Tu es partie rejoindre Sylvain décédé depuis déjà dix ans.
Juju, tu resteras toujours avec nous dans nos pensées.
Et pour tout ce que tu nous as appris : merci Juju.





Sylvain et Julienne Dieu



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0,06476 € [ par Yves Tardieu ]

Cette pièce de monnaie a été trouvée par les ouvriers qui ont travaillé sur le rempart dans la voûte de la porte de l’impasse des Templiers.

Cette voûte est très abîmée et ils vérifiaient s’ils pouvaient refaire l’enduit facilement.
L’absence de clé de voûte et le risque qu’une partie de l’ouvrage s’effondre ont fait que ce travail, non prévu à l’origine, devra être fait plus tard avec des moyens appropriés.

La pièce a certainement été placée là pour dater les travaux effectués dans le passé. Elle remonte à 1948, époque où l’enduit a dû être refait.







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Gazette N°67 - 15 octobre 2010

« Je me souviens de Fétiche qui... » [ par Yves Tardieu ]

Roger Boyer était loin de faire l'unanimité. Incarnation du Villadéen pour certains, il représentait pour d'autres une marginalité gênante. Dans tous les cas, nul ne peut nier qu'il était parmi les « figures » de Villedieu. Pour parler de lui, La Gazette a, pour la première fois, lancé un appel à témoignage par l'intermédiaire des Niouzes : « La Gazette aimerait bien consacrer une page et même deux à Fétiche. Elle vous sollicite pour un "quelque chose" (anecdote, témoignage, photo...). Elle pourrait peut-être réussir de cette manière à lui rendre hommage. Merci d'envoyer vos contributions en réponse à ce mail à lagazettedevilledieu@free.fr ». Avec ce système inhabituel, le risque était de ne rien avoir ou de trop avoir. Lui consacrer un numéro spécial serait exagéré quand d'autres n'ont droit qu'à quelques lignes. Et un lecteur des Niouzes, qui ne le connaissait pas, s’est même étonné du procédé et de l’importance ainsi accordée au personnage.

J'ai reçu par mail six témoignages et ai complété un peu en m'entretenant, de-ci de-là, avec les uns ou les autres. Roger Boyer est né à Villedieu en 1933. Il était l’aîné d'une fratrie de cinq.
Francis, né en 1935, qui vit à Barcelonnette, Marie-Rose (1936) à Buisson, Paul (1938) à Villedieu et Georges (1945) à Beauvoisin sont, avec ses neveux et nièces, sa famille.
Leur père, Gustave, était né à Villedieu en 1899 et sa mère, Catarina Marini, à Fraterrosa en Italie. Roger aimait évoquer l’origine italienne de sa mère et rappeler que nombre de « Villadéens de souche » ont, dans leurs ascendants proches, des italiens venus à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, travaillé dans nos « usines » (cartonnage, imprimerie, magnanerie) et nos champs.
Les témoignages reçus portent sur le « dernier Fétiche », celui des vingt dernières années.

Avant cela, il a été le plus souvent ouvrier agricole, vivant dans la maison familiale qu’il avait vendue récemment, transportant sa caravane un peu plus loin. Il a travaillé pour de nombreuses personnes, les Cellier, les Abély, les Barnier, etc.

Le dernier Fétiche était celui de l'Afrique du Sud. Il en a souvent parlé, il y est allé, il en est revenu et il ne parlait que d'y retourner. Patrick Henry accompagne de ce petit mot un hommage remarquable en forme de photo : « Pour nous Parisiens, Fétiche c'est Villedieu. Fétiche nous a souvent parlé de son désir de revoir l'Afrique du Sud et le personnage aurait plu par sa bonhomie et sa liberté de penser. Voici donc une photo faite près de Cape Town, en son souvenir. »
C’était aussi l’ami et l’admirateur des Belges, ce qui ne manquait pas d’irriter l’autochtone jaloux de sa propre particularité. Qui ne l’a pas entendu dire qu’on était « tous des cons » et que les Belges, en revanche... Ils le lui rendent bien : « J'ai mémoire que des amis belges cherchant à trouver notre gîte se sont adressés sur la place de Villedieu à un personnage représentatif : Fétiche. Non seulement il leur a renseigné notre petite maison bleue, mais de plus leur a offert un verre sur la terrasse du bar du Centre,la si belle place de Villedieu. »
(Hubert Vasseur)

« Il serait indiqué d'ajouter un chapitre “Fétiche, l'ami des Belges”.
Il connaissait plus de gens et d'adresses à Bruxelles que nous.
À l'époque il venait régulièrement en Belgique avec son camion rouge pour nous rendre visite, pour nous aider à vendre le vin de Tardieu. On a encore participé tous ensemble (nous en tant que Lou Pavoun - distributeur des vins de Villedieu en Belgique, Fétiche, André et Raymonde Tardieu) à une foire de vins très importante à Gand. Des moments amusants, mémorables à ne jamais oublier. Lors de ses visites en Belgique Fétiche nous amenait à aller voir ses amis à Bruxelles : il reconnaissait toutes les rues (aussi petites qu'elles soient) du premier coup : un phénomène ! À chaque visite, il se faisait une douzaine d'amis en plus, ce qui compliquait son agenda pour la visite prochaine. Son sourire, son charisme naturel ouvraient toutes les portes.
Grâce à Fétiche on a découvert la région, ses habitants, sa cuisine, ses vins. Il nous amenait partout : Avignon, Lubéron, Drôme, etc.. Partout il avait soit des neveux, soit des amis. Une belle expérience »
(Étienne et Bertine de Pauw)


Cette disponibilité pour rendre service aux gens n’était pas réservée aux Belges comme Robert Gimeno en porte-témoignage : « J'ai fait la connaissance de Fétiche il y a environ une quinzaine d'années de cela. Ce jour-là, alors que je montais à pied au village comme j'aime beaucoup le faire, ce dernier s'arrêta à ma hauteur au volant de son C15 bleu et se proposa de me déposer sur la place. J'acceptai d'autant plus volontiers que j'étais plutôt pressé. Une fois installé sur le siège passager, Fétiche se lança dans les confidences et me confia qu’entre lui et les habitants du village ce n'était pas le grand amour. Visiblement il se sentait rejeté, à tort ou à raison. Cela me fit penser à la chanson de Brassens, La mauvaise réputation : « mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux » etc. Une fois arrivé au village, il me proposa de venir prendre l'apéro au bar. Je refusai poliment parce que j'étais pressé donc, mais aussi parce que je n'avais pas le moindre écu sur moi. Je n'aurais pas pu remettre ma tournée, franchement ça ne ce fait pas ! » « Plusieurs années passèrent sans que je ne revisse Monsieur Boyer, jusqu'en 2005. Cette année-là, Régine, mon épouse unique et préférée, m'avoua qu'elle aimerait bien avoir un chien, le nôtre étant mort de vieillesse depuis pas mal de temps. Fétiche, qui faisait à cette époque du gardiennage dans une ferme située sur la commune de Buisson avait sous sa responsabilité une chienne de race beauceronne qui en décembre 2004 venait de faire des petits. Il en avait parlé à Régine qui lui avait demandé d'en garder un. Par un bel après-midi du mois de mars, nous nous rendîmes sur les lieux pour prendre "livraison" de l'animal. Le toutou avait trois mois, juste sevré donc, et pesait déjà 9 kilogrammes. Maintenant il doit faire légèrement plus que le demi-quintal. C'est vraiment la crème des chiens, gentil comme c'est pas possible, mais qui fout une trouille bleue à tous les promeneurs que je rencontre chaque fois que je l'emmène en ballade. Par la suite je donnais régulièrement des nouvelles de Fripon (c'est le nom du chien) à Fétiche et je l'invitais même à passer à la maison pour le voir. Il n'est venu qu'une fois et de plus je crois qu'il n'osa pas entrer, il se contenta de caresser Fripon dans la cour. »

Cette dernière anecdote permet aussi de comprendre une des facettes de Roger Boyer. Mauvais coucheur, râleur jusqu’à en être quelquefois pénible, il savait être aussi généreux, attentionné et discret. Les deux photos prises par Jean Marie Dusuzeau pendant l’été 2009 à cinq minutes d’intervalle illustrent bien ces deux facettes. Il était déjà diminué par la maladie mais on y reconnait le compagnon qui savait être agréable et celui qui... On y reconnait aussi un de ses ticheurtes Fétiche, imprimé avec une photo d’Afrique du Sud.
Ces deux Rogers se retrouvent dans l’anecdote racontée par Danny Brison. Elle commence mal, se finit bien et est aussi une histoire belge. « La première fois que j'ai rencontré Fétiche, c’était vers l'année 2002. Je conduisais ma moto sur la route vers Buisson quand j'ai aperçu, dans un champ au bord de la route, un vieux tracteur tout rouillé mais très décoratif. Dans cette période j'avais toujours un appareil photo sur moi. J'ai garé ma moto au bord de la route et je suis descendu jusqu'au tracteur pour prendre des photos de la vieille machine. Une voiture s'arrête à la hauteur de ma moto et un type, avec de longs cheveux (comme moi) descendait et commençait à m'engueuler. Il criait que j'étais sur sa propriété, que le tracteur c'était son bien et qu'il allait porter plainte, etc. Tout cela ne m'a pas trop impressionné et j'ai continué à faire les photos que je voulais faire. Entretemps l'autre (Fétiche) continuait à râler. Une fois mes photos dans l'appareil je suis allé vers lui et il s'est calmé un peu, mais toujours en râlant. Je lui ai expliqué que je faisais des photos décoratives pour mon plaisir. Ça allait mieux mais il n'était pas tout à fait rassuré et il me sort toute une litanie : je n'avais pas le droit de vendre les photos et dans ce cas je lui devais de l'argent pour son tracteur. Finalement, on a discuté un peu et il s'est calmé. Les jours suivants on a bu un coup sur la terrasse de Villedieu et on est quand même devenus amis. Pour Myrèse et moi, c'est un des premiers personnages de Villedieu avec qui on a fait connaissance quand on est venu habiter au village. On garde un bon souvenir d'un copain. »
Fier de ses convictions, il était l’un des derniers électeurs communistes de Villedieu (quatre aux présidentielles, deux aux législatives, en 2007). Il n’était plus adhérent au parti, en raison de désaccord sur la ligne suivie il y a longtemps, mais conservait l’idéal internationaliste et antifasciste de sa jeunesse. Il pestait sans cesse contre ceux, très nombreux, qui avaient « retourné leur veste » et le rédacteur de cet article ne citera pas les épithètes exactes dont il les affublaient. Il n’hésitait jamais à ferrailler et, s’il pouvait être de (très) mauvaise foi, il n’était pas sectaire. « Je me souviens de Fétiche qui, lorsque j'étais président de l'école de cirque Badaboum, était toujours là pour trimbaler le matériel avec son camion, à toutes heures du jour et de la nuit. Son physique de "dompteur" était aussi, bien adapté à l'histoire, lorsque je l'apercevais, en train de monter le chapiteau avec l'équipe... Je me souviens aussi de ses divergences politiques avec Mussato, et Fétiche de clamer : "Ça n'empêche pas d'être collègue !" »
(Jean Claude Mazuy).

Il conservait dans son portefeuille, outre le faire-part de sa naissance, sa dernière carte du parti. Ses amis n’ont pas osé entonner l’internationale le jour de son enterrement, comme il l’avait demandé plusieurs fois, et certains le regrettent.
La Gazette a souvent parlé de lui, pour le titiller, sur ce sujet comme sur d’autres, et il a été pendant les cinquante premiers numéros un personnage récurrent du journal. Il n’a pas toujours goûté la plaisanterie du premier coup mais a fini par en rire ou sourire avec nous, consentant, après plusieurs années, à donner sa cotisation. Finalement, il était assez fier d’y voir afficher ses convictions, comme son hostilité à la guerre en Irak ou la fidélité à son vote. Il avait même recherché, et trouvé, l’autre électeur communiste de 2007.
Si tout le monde connaissait Fétiche, beaucoup ne connaissaient pas Roger Boyer. Ce surnom a une origine qui nous est transmise par un autre barbu célèbre, celui qui a un léger embonpoint et circulait en camion bleu. Un jour que Roger avait rendez-vous avec des collègues à Tulette, il s’était endormi sur un livre racontant l’histoire de l’auberge de Peyrebeille, l’auberge rouge. Ses amis l’ont trouvé sur une page parlant de l’un des personnages du livre, Fétiche, le domestique accusé d’assassinat à la demande de ses maîtres. Le surnom a été donné, il a pris, il est resté. Il n’était toutefois pas universel. À Entrechaux et Malaucène, Roger était appelé Dommage par ceux qui le connaissaient. Fréquentant souvent la casse d’Entrechaux, il se désolait devant chaque objet voué à la démolition et s’exclamait « dommage ! ». Tout le monde se souvient de son goût pour la récupération et de l’état du champ devant sa maison avant qu’il la vende.
Enfin, si Fétiche était une personnalité du village, c’est aussi en raison de sa faconde. Il racontait des histoires. Évidemment, ses amis du bar (et encore une fois le barbu au léger embonpoint qui a troqué un camion bleu contre une Mercédès) se souviennent surtout de celles qui permettaient de mettre en boîte Roger. Un jour qu’il se vantait d’avoir eu dans sa jeunesse une vigueur inégalée (cinq fois dans une journée avec cinq femmes différentes, ce qui, si les tables de multiplication n’ont pas trop évolué dernièrement, fait 25), il reçut la monnaie de sa pièce quelques jours après. Bernard Barre arrive au bar et prétend que travaillant sur un chantier avec Durand, ils avaient trouvé une moto datant de la première guerre mondiale avec le phare allumé. Fétiche s’énerve et dit que ce n’est pas possible. La discussion s’enflamme et dure. Finalement, Bernard Barre admet que s’il enlève quatre coups et quatre femmes, il voudra bien éteindre le phare. On sait tous comment Fétiche réagissait, en s’emportant. Pour ses emportements, ses galéjades, ses convictions, sa disponibilité, son caractère de cochon, pour tout ça et pour tout le reste, nous sommes quelques uns, et finalement assez nombreux, à le regretter.









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Fétiche, l’homme aux multiples facettes (II) [ par Anne-Marie Durand ]

« Fétiche, l’homme aux multiples facettes » est le titre donné par Anne-Marie et Daniel Durand à ce qui est plus qu’un témoignage mais un véritable article. La Gazette a choisi de publier cet article dans son ensemble plutôt que de le découper et l’insérer avec les autres témoignages.

Pas question ici de dire qu'il était parfait, que c'était le meilleur parce qu'il a disparu. Non, mais c'était un personnage aux multiples facettes, changeant selon le déroulement du temps.

Pour les nouveaux arrivants, c'était vraiment le Père Noël de l'été ... il arrivait avec son grand sourire et un grand plateau de melons, ou de pêches qu'il déposait en disant "vous allez vous régaler". Et cela se produisait régulièrement, ce qui permettait de faire plus ample connaissance, puis s'ensuivaient de longues discussions - au début fort intéressantes car il connaît bien son pays, le bougre, mais après ses paroles devenaient des critiques à l'égard de nombreuses personnes, de Villedieu essentiellement. Une exception toutefois : les Belges qu'il a toujours appréciés, à un tel point qu'il affirmait avec aplomb que la Belgique jouissait d'un meilleur climat que la Provence. Mais si, je vous l'assure.

Son côté homme des bois était sympathique et il savait l'utiliser pour plaire. Alors, il clignait des yeux, tournait sa moustache et vous donnait son plus large sourire. Et qui n'a pas eu le plaisir d'aller truffer avec lui a beaucoup perdu. Il avançait lentement, légèrement courbé, un petit bâton à la main. Tout d'un coup il s'arrêtait - il avait vu la mouche blanche (cette fichue mouche que je n'ai pas vue une seule fois) sur une motte de terre. Il creusait un peu le sol avec son bâton, prenait un peu de terre et la humait ; oui il y en avait une et effectivement il sortait fièrement une belle truffe noire de 2 à 5 centimètres de long et l'opération était renouvelée de nombreuses fois. Il faut dire qu'en haut de la colline une pancarte indiquait : "interdit de truffer". Ah l'odeur de la truffe dans une grosse omelette ou une brouillade, quel délice ! Mais un jour nous sommes remontés avec des amis vers le nord avec au moins une bonne douzaine de truffes dans la voiture - eh bien l'odeur était intenable mais cela valait la peine quand nous savions ce que nous en ferions !
Fétiche connaissait énormément de choses sur la nature et c'était un réel plaisir de l'écouter et d'apprendre l'utilité de telle ou telle plante, le nom de certains arbres, des oiseaux typiques de la Provence ... sans parler des brochettes de "petits oiseaux" dont il fallait que le bec soit tombé pour qu'ils soient bons, accompagnés de lactaires délicieux et de lard. Puis-je avouer que quatre personnes sur six furent malades. Ne cherchez pas, les "estrangers" bien sûr !

Dommage qu'au fil des années il devint moins gai, moins tolérant et tellement critique à l'égard de tout et de tout le monde. Seuls comptaient son camion et la Belgique. À ce sujet d'ailleurs une anecdote. Un jour Daniel Durand réalisa que la personne à qui la municipalité avait prêté son chapiteau était manifestement en train de se l'accaparer pour toujours. Une seule personne était capable de l'aider dans cette affaire : Fétiche. Pas question de lui passer un coup de fil - non, Daniel fit le tour des bistrots de Vaison, le trouva et sans aucune hésitation Fétiche et Daniel démarrèrent en direction du Var. Seulement, en raison d'une grève, les camions bloquaient l'autoroute ... alors, ils passèrent par l'arrière-pays. Partis de Vaison à 16 heures ils arrivèrent vers 21 heures, juste à temps pour récupérer le chapiteau qui était déjà chargé et allait disparaître. Celui-ci fut donc chargé dans le camion de Fétiche et nos deux compères reprirent la route.
Seulement, ils étaient fatigués et Daniel craignait fort que Fétiche s'endorme ; alors, il s'ingénia à le provoquer sur divers sujets : son camion n'était pas beau mais défigurait la place de Villedieu - il était normal qu'on interdise aux voitures de stationner sur cette place, etc, etc... Fétiche montait sur ses grands chevaux et ainsi ils arrivèrent tous deux aux alentours de quatre heures du matin mais le chapiteau était sauvé.

Cette anecdote illustre bien le personnage de Fétiche. Quoique l'on puisse lui reprocher, il savait répondre présent dans une situation de crise. Alors, cela efface bien des choses.
Madeleine Portailler [ par Armelle Dénéréaz ]

Madeleine Portailler, née Simone, est décédée le 6 août dernier des suites d'une longue maladie. Elle a été inhumée le 10 août au cimetière de Villedieu auprès de Louis son époux parti l'an dernier.

Madeleine est née le 16 août 1937 à Buisson dans la maison de sa maman Rose Simone décédée en 2000.
C'est à Villedieu qu'elle est allée à l'école. Elle a connu Louis Portailler qui travaillait à la ferme Giraud, ils se marièrent le 23 octobre 1954. Ils ont eu deux filles Chantal et Nadine et deux petits fils Thibaud et Gautier.
Toute sa vie depuis l'âge de neuf ans, elle a travaillé dur à la ferme en aidant sa maman puis avec son mari jusqu'à leurs retraites.
Fidèle paroissienne de Villedieu avec Louis, ils ont été très actifs lors des kermesses et manifestations de la paroisse de Villedieu. Par ailleurs, elle s'impliquait beaucoup dans le CMR (Chrétiens dans le Monde Rural) et l'ACAT (Association des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture).
La simplicité caractérisait Madeleine qui aimait particulièrement sa maison et son jardin où il faisait bon vivre. Madeleine était une mère formidable et exceptionnelle et une grand-mère très préoccupée par l'avenir de ses deux petits-fils qui lui ont apporté beaucoup de joie et de bonheur, raconte Nadine.
Chantal se souvient aussi de la maison de son enfance toujours ouverte, pleine de jeunes qui passaient chez eux et accueillis bras ouverts.
Jusqu'à la fin Madeleine aura été volontaire, déterminée, battante. Elle faisait encore des projets jusqu'à ses derniers moments.
Dotée d'une très grande force intérieure, celle-ci l'a aidée à surmonter le départ accidentel de Louis qu'elle n'avait pas quitté pendant les 53 ans de vie commune.
« Madeleine, on ne peut pas t'en vouloir de nous avoir quittées, on sait que tu es allée rejoindre Louis » c'est ce réconfort qu'elle laisse dans le cœur de ses filles, petits fils et de ses proches amis.







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André Bouchet [ par Yves Tardieu ]

André Bouchet est mort subitement le 2 juin. Une crise cardiaque l'a touchée alors qu'il sonnait à la porte du plombier pour aller chercher le duplicata d'une ancienne facture. Les secours, vite présents, n'ont pu que constater le décès.
Il était né le 19 mai 1926 à Vinsobres dans une famille d'agriculteur où il a été aide familial comme tous les jeunes de cette époque. Touchée très jeune par la polio, il fait néanmoins son service militaire, après la guerre, dans les troupes qui occupent le secteur français de Berlin. Les séquelles de cette maladie ne l'ont pas empêché non plus de participer aux travaux de la ferme jusqu'à la fin, à 84 ans.

Il s'est marié à Villedieu le 27 novembre 1954, avec une Villadéenne, Lucienne Bonnefoi. Il a dès lors vécu toute sa vie au village, ayant deux enfants, Michèle née en 1956 et Serge né en 1959.
Lucienne est décédée en 1986 et, depuis 20 ans, André Bouchet vivait avec Jacqueline Villéger.
Intéressé par la vie publique, il a été à plusieurs reprises candidat sur les listes emmenées par le Parti communiste français aux élections municipales de 1959, 1965 et 1971. Il a également participé dans les années 1970 à la renaissance du Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF) dont il recevait encore le journal La Terre.
Il s'est naturellement impliqué dans la vie associative locale, membre du bureau de l'Amicale laïque (c'est lui qui amenait la benne pour la pêche à la truite le jour de la fête de l'école ; ceux qui s'en souviennent ne s'en rendent pas nécessairement compte mais ils commencent à se faire vieux !), administrateur de Groupama ou encore trésorier le la société de chasse.

Passionné de chasse, de pêche et de pétanque, il a mené une vie simple et tranquille. Tout le monde peut se souvenir de l'avoir vu sur la place, sur un banc du jeu de boules ou, le plus souvent, sur « son » banc de la rue des Espérants, lieu de rencontres et de discussions, quelquefois intenses, avec ses amis ou les passants.







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Gazette N°70 - 1er juin 2011

La Maison Matthieu [ par Bernadette Croon ]

Quand je venais en vacances à Villedieu, il y a bien longtemps, je visitais le village pour m’orienter et le connaître.À l’époque, on pouvait y acheter de la viande dans la Boucherie des Templiers tenue par les Barre,Olga Marcellin gérait l’épicerie, et Delma Joubert le bar. Un coiffeur venait une fois par semaine et officiait dans la maison Travail. Pour téléphoner, je me souviens qu’il fallait passer par l’appel du « central » pour demander un numéro à la demoiselle des P.T.T.
Dans les remparts, en découvrant la vie du village, j’ai rencontré un homme qui me paraissait âgé. Il était assis sur un tronc d’arbre et aiguisait un outil devant une maison. Le bâtiment semblait à l’abandon, mais en fait il lui servait de remise. Cet homme qui devait avoir une soixantaine d’année s’appelait Adrien Matthieu et j’ai appris plus tard qu’il avait été le facteur du village pendant toute sa carrière. Il est mort presque centenaire en 2007. Vendue par ses héritiers à Mandfred Ernst, cette maison est en cours de rénovation.
L’entreprise de maçonnerie, chargée des travaux a redressé, les murs, manifestement très anciens, et, en décroûtant le vieil enduit bistre, elle a mis à jour les moulures ainsi que les encadrements de porte et de fenêtre en pierre ouvragée. Le style des fenêtres à meneaux donne à penser qu’elles datent de la Renaissance.
S’il s’agissait d’une partie de la maison dite « des Templiers » comme le transmet la tradition dans le village, ce serait sans doute que l’ordre aurait survécu longuement à l’exécution de son dernier grand maître, Jacques de Molay à la pointe de l’île de la Cité, à Paris en 1314.





Maison Matthieu



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Yves Arnaud [ par Yves Tardieu ]

Cette photographie d’Yves Arnaud était la « photo mystère » du numéro 61 de La Gazette. Elle nous avait été proposée par son frère Paul. Elle a été prise devant la maison à auvent, en face de l’école, qui appartient aujourd’hui à l’un des fils de Paul. Le dévoilement de cette photo devait se faire,à la même place, avec un cliché d’aujourd’hui. Yves Arnaud était enthousiaste à cette idée. Nous n’avons jamais pris le temps de le faire.

Yves Arnaud est décédé le 24 novembre 2010 et il a été enterré le 26 novembre à la suite d’une cérémonie religieuse, ponctuée par les discours de Jean Dieu, Jean-Pierre Andrillat et de nombreux chants, qui a marqué beaucoup de monde. Le cercueil était porté par les jeunes confrères en tenue.Cet hommage un peu exceptionnel témoignait de la place qu’il avait prise dans la vie du village.

Refondateur de la Confrérie Saint-Vincent en 1989, après de nombreuses recherches faites aux archives avec son frère Paul, il en fut le recteur de 1989 à 1998. Il avait ensuite su « passer la main » tout en restant très présent et très attentif. Dans la confrérie, étaient synthétisés les trois piliers de ses engagements et de ses passions : l’amour de la vigne et du vin, le goût pour l’histoire du village et un engagement chrétien porté par une foi extrêmement profonde.

Avant la confrérie, le plus important de ses engagements fut la cave coopérative. Il en devint président en 1973 et le resta jusqu’en 1987 où il laissa sa place à Robert Romieu. Jean Dieu, le président actuel, témoigne du rôle qu’il y joua. Cet engagement paysan fut aussi marqué par sa participation aux organismes qui permettent aux agriculteurs de « cogérer » la politique agricole : il fut le délégué local de la S.A.F.E.R., jusqu’à sa démission pour protester contre l’attitude de la S.A.F.E.R. dans l’attribution des terres de Mme Saurel 1 ; il fut également membre d’une commission de gestion à la chambre d’agriculture.

Son attachement profond à la terre lui venait de son enfance. Celle-ci fut difficile. Son père Clovis est revenu de la Grande Guerre très grièvement blessé. Les efforts physiques lui étaient impossibles. Il tint un bar-tabac et remplit les fonctions de secrétaire de mairie pendant la Seconde Guerre mondiale. Très jeune, dès l’âge de 12 ans, Yves se mit à défricher les terres à l’abandon. Il le fit avec acharnement, y gagnant une obsession pour le travail et un amour de la nature et de la liberté qui ne l’ont jamais quittés.Alors que son frère acceptait l’enfermement au pensionnat de Valréas pour devenir par la suite instituteur,Yves Arnaud ne pouvait imaginer vivre entre quatre murs.

Son goût pour l’histoire du village s’est concrétisé par de nombreuses recherches aux archives. Il écrivit une histoire des chapelles de Villedieu que La Gazette a, en partie, publiée et il répondait présent, comme il le fit pour le premier Impromptu, en 2008, lorsqu’il s’agissait de raconter l’histoire de Villedieu. Il s’impliqua ainsi fortement dans l’Association des Amis de Villedieu qui voulait oeuvrer pour la préservation du village et de son patrimoine. Il s’en détacha petit à petit, s’éloignant de son noyau dirigeant.

Cela ne l’empêcha pas de prendre une part active aux conflits violents qui animèrent la vie du village dans les années 70, conflits dans lesquels cette association prit une part active. Sa prise de fonction à la cave s’accompagna d’exclusions et d’affrontements. Il joua également un rôle très actif dans les enjeux municipaux, particulièrement dans les élections quelque peu tendues de 1977 et 1983, même s’il ne fut jamais candidat lui même.

Ce qui marqua le plus profondément sa vie fut son engagement chrétien. Cette foi l’amena à s’impliquer très fortement dans la vie de la paroisse, préparant les messes, s’occupant de la restauration de l’église et de la chapelle, s’impliquant dans les kermesses et participant, bien sûr, aux offices. Tout le monde se souvient de son enthousiasme et de sa voix lors des chants liturgiques.

Au-delà de cette vie sociale du chrétien, sa foi lui a apporté des convictions et des valeurs fortes : le souci du devoir et du travail à la fois acharné et bien fait, l’intransigeance dans ses opinions mais également la présence aux plus démunis. À la fin de sa vie, il accompagnait le père Doumas dans les visites aux malades et tout au long de sa vie, une place à la table familiale fut toujours gardée pour ceux qui en avaient besoin. Raymond Robert, qui séjourna et travailla, avec lui, a tenu à livrer son témoignage que La Gazette publie.

Dans son récit, Raymond Robert témoigne du rôle que joua Josette dans la vie d’Yves. Ce rôle est aussi à l’origine de tous les engagements évoqués. Yves Arnaud et Josette Darut se sont rencontrés à un congrès de la Jeunesse agricole chrétienne en 1951 à Cavaillon. Originaire de Caromb, elle était responsable régionale de la J.A.C.
La J.A.C. a joué un rôle immense dans les campagnes françaises de l’après-guerre, un peu moins dans le sud du pays, où elle était concurrencée fortement par les organisations liées au parti communiste, qu’en Bretagne, dans le nord ou en Alsace.
Portée par des valeurs chrétiennes communes mais aussi un idéal plus large de paix et d’ouverture au monde, elle était le cadre d’une réflexion générale sur l’économie, la société, la modernisation de l’agriculture. Une réflexion nouvelle s’y est fait jour. Elle a formé les cadres du syndicalisme agricole et les idées nouvelles qui ont porté les jeunes agriculteurs des années 60 et 70.
Leur mariage en 1952 a créé un couple cimenté par ces idéaux communs, surmontant les difficultés (dès la première année de leur vie commune, ils ont à charge les parents et la tante d’Yves, grabataires) et fondant une famille avec la naissance de Pierre en 1953 et de Marie-Christine en 1956. Valeurs et foi lui ont permis de surmonter également les épreuves de la vie, particulièrement éprouvantes quelquefois, avec la perte de sa belle-fille Geneviève puis, plus tard, de Josette, dans des accidents de voiture. Il est d’ailleurs à l’origine de la stèle que tout le monde peut voir à la Croix de Granier. Elles lui ont apporté également une vie familiale, une vie sociale, une vie civique, pleines et entières.


1 Au début des années 70, cinq agriculteurs villadéens s’associaient pour exploiter les terres de Mme Saurel après son décès. Ils espéraient les racheter mais la S.A.F.E.R. en attribua une part importante à un agriculteur sablétain, ce qui provoqua un fort mécontentement à Villedieu.


Allocution de Jean Dieu

Ne pleurons pas de l’avoir perdu, réjouissons- nous de l’avoir connu.

Il n’empêche, la confrérie est bien triste aujourd’hui ; cette chère confrérie que tu as tant voulue, Yves, et que tu as fait renaitre, il y a 21 ans, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la cave coopérative.

Tu avais, à cette époque, laissé la place de président de notre cave à Robert Romieu après 14 années à ce poste. Tu l’as laissée, cette coopérative, dans une situation saine, tant sur le plan de la qualité des vins produits que de la gestion. Ce n’était pas le cas en 1973, lorsque tu as pris la responsabilité de remonter le niveau de notre cave après un millésime calamiteux, afin qu’elle produise des vins dignes de l’excellent terroir qu’elle vinifie et commercialise.

En cette église que tu aimais tant, Yves, je laisse à d’autres le soin de parler du chrétien fervent que tu étais, de l’exemple que tu en as donné ; par la tenue que je porte et par les responsabilités qui sont les miennes au sein de la cave, je suis seulement le porte-parole des vignerons de Villedieu et Buisson, qui te doivent tant et ne t’oublieront pas.

Merci Yves !

À l’église, le 26 novembre 2010







En 2007



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Bien cher Yves, ton enfant adoptif [ par Raymond Robert ]

Pour moi, tu as été précieux ! ainsi que Josette, ton épouse. Vous avez éclairé ma vie ! À trois ans, j'ai perdu mon père ; maman, bien malade, nous a placés, les trois enfants, à l'orphelinat, puis dans les fermes pour garder les troupeaux. Puis, chez les Arnaud. À la descente du train, à Orange, je vis un beau et jeune couple me sourire et m'embrasser...

À la ferme, il y avait ton papa, un homme d'expérience, brisé par les blessures de guerre. Il y avait aussi une tante que tu avais prise sous ton aile. Puis, Pierre, ton fils, un garçon réfléchi qui apportait la gaieté dans nos générations. Puis, la joie à la venue de ta fille, Marie-Christine. Tu chantais de plus belle tout en faisant le travail le plus dur. Certains jours, tes chaussures étaient chargées d'argile, et le vent glacial de 1956 te ralentissait...

À la maison, Josette, radieuse, s'occupait de sept personnes et quelques fois des champs. Elle avait à coeur de motiver les gens par l'animation de séances de théâtre (kermesse) et le loto qui avait été organisé avec d'autres pour les soldats en Algérie. Bien des jeunes avaient récolté des lots nombreux et variés (lapins, poulets, oeufs !) le gros lot « une chèvre » avait été gagnée par Mme Garcia (qui tenait la pompe à essence) au premier abord, dépitée... Elle trouva le lot encombrant ! mais finalement, elle la garda, choix judicieux car elle tira du lait pendant longtemps.

Tu es l'humaniste paysan qui m'a permis de réaliser un rêve d'enfant : sonner les cloches de l'église un soir de Noël ! Tu aimais la nature et les hommes qui en font partie, particulièrement les habitants accueillants de Villedieu. Je me demande Yves, si le nom de Dieu de ton village n'a pas apporté à tous le bon esprit... Rarement tu te reposais, mais tu disais toujours merci, comme si rien ne t'était dû.

Puis, je partis en Algérie, où je fus gravement blessé. Là, j'ai pensé au paradis terrestre passé chez les Arnaud ; j'étais malade, à Marseille ; vous êtes venus me voir. Vous m'avez dit que vous m'aimiez et que je faisais partie de la famille.Vous vouliez me garder ; malgré mon désir, me sentant diminué, je n'ai pu accepter... Mais moi, je ne suis pas venu quand vous auriez eu besoin de moi : je ne le savais pas.Vous partagiez pourtant ma vie, vous étiez dans mes pensées : tu me l'as pardonné, mais, moi, pas.

Dans ce village, j'ai pu avoir, grâce aux familles et aux jeunes de Villedieu, un temps de jeunesse. Nous n'avions pas tout et tout de suite, mais nous étions heureux ! Cette année, j'ai eu le bonheur de rencontrer un de ces camarades, Jean Dieu, ainsi que sa maman qui l'a accompagné très loin dans la vie, malgré une grave opération. Elle me reconnut, m'embrassa et me prit la main. Hélas, je ne devais plus la revoir. Je n'oublierai pas sa générosité de coeur...

Pour bien des personnes et pour moi, tu resteras, à l'horloge du temps, un exemple et mon paratonnerre. Un jour, tu m'as dit : « Le bonheur, c'est d'aimer sans avoir le retour !  » Si j'avais un royaume, une place porterait ton nom, mais dans mon coeur tu en as une.Tu as surmonté les épreuves successives grâce à tes enfants qui ont été toujours présents. Les vignes ne t'entendront plus chanter,Yves, mais pour chacun de nous, tu resteras au fond de notre coeur, car nous t'aimons...
Andrée Chauvin

Andrée était née en 1926 de parents agriculteurs. Ses deux frères plus âgés, Sylvain Dieu et Léopold Dieu, respectivement de sept et quatorze ans de plus qu’elle, l’ont toujours protégée et choyée.

A leurs yeux, elle représentait le rayon de soleil, qui a brillé jusqu’à leurs derniers jours.

En 1948, elle épouse Edmé Chauvin, de leur union est né leur fils Yves. 37 ans après,Yves épouse Sylvie et en 1987, son petit-fils Patrick arriva.
Ce fut une étoile qui brillera encore longtemps pour elle.
Sa participation aux travaux agricoles auprès de son mari fut importante.

Sa vie fut emplie d’amour pour les autres.

Son village de Villedieu faisait partie de ses entrailles. C’était pour elle le plus beau village de la planète.

Des liens très étroits l’unissaient avec tous les membres de sa famille (ses frères, ses belles-soeurs et leurs enfants, sa cousine Henriette Faravel, etc.)
Un lien de parenté existait aussi avec Geroges Seu qu’elle considérait comme un beau-frère qu’elle n’avait jamais eu.

En conclusion, un bel exemple de vie à suivre, rempli d’amour et de tendresse.

Texte lu par Noëlle Seu lors de la messe des obsèques.





Andrée Chauvin



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Gazette N°72 - 29 septembre 2011

Mickaël Sausse [ par Bernadette Croon ]

Michaël est né à Dijon le 13 novembre 1988. Il a été scolarisé à Villedieu ensuite à Vaison et au lycée Jean-Henri Fabre de Carpentras. De là, il a fait des études à Montpellier d'informatique et de psychologie, pendant une courte durée. Il s'était lancé dans la distribution des produits naturels Herbalife. Puis il a travaillé à Pizz' Ad Hoc à Vaison-la-Romaine. Ensuite, il a pris une pizzeria en gérance à Monteux.

En rentrant à Buisson dans la nuit du 1er au 2 mai 2011 une voiture, conduite par une personne sous l'influence de l'alcool, l'a percuté. Michaël a laissé sa vie dans cet accident, il n'avait que 22 ans. Ce garçon plein de vie aimait jouer du piano. Sportif, il faisait du basket-ball, quand il avait du temps, avec son petit frère. Il était toujours souriant, calme et ne cherchait jamais les conflits. Il laisse un grand vide pour sa famille et aussi pour ses amis.

Le décès d'un jeune est pour tous très difficile à accepter. Appauline, sa sœur, m'a donné ces renseignements. Elle voudrait que les jeunes prennent conscience du problème de l’alcool au volant et des excès de vitesse. Les accidents n'arrivent pas qu'aux autres !







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Gazette N°73 - 16 décembre 2011

Hommage à Luc Van Braekel [ par Sylvain Tortel ]

Par une belle matinée ensoleillée d'automne, une triste nouvelle se répandait dans le village. Luc Van Braekel, habitant belge de Buisson depuis de longues années, venait de nous quitter à la suite d’un malaise cardiaque.

Au milieu des années soixante, Luc et Louise Van Braekel, leurs enfants, accompagnés de la famille Seghers, au hasard de la recherche d'une location pour leurs vacances en France, avaient trouvé une maison à Buisson, quartier des Vialles, appartenant à Monsieur et Madame Arnavon.

De ce premier séjour, Luc, Louise et leurs familles ont commencé à tisser des liens avec la population de Buisson et cela a perduré jusqu'en 1972, année où ils devinrent propriétaires de cette maison.

Comment résumer en quelques lignes plus de quarante ans de présence dans Buisson sans parler de la délicate attention qu'ils avaient d'organiser, chaque année pour le 14 juillet, un apéritif ouvert à toute la population du village où les verres de boissons anisées coulaient à flots.

Photographe passionné, Luc était toujours présent avec son appareil pour immortaliser une animation, un mariage ou un défilé militaire. Je me souviens d'un diaporama organisé un soir d'été sur le mur de l'horloge en présence de nombreuses personnes.

Toujours avenant avec les gens qu'il rencontrait, Luc a été apprécié de tous. Je suis bien placé pour en parler, puisqu'il nous a reçus avec Ghislaine et Vincent en 2004, à Anvers en Belgique, avec autant de convivialité qu'à Buisson.
Depuis quelque temps, sa santé était fragile. Il ne venait plus dans le village en vacances et l'été, sa présence au coin de la place de Verdun, en train de lire au soleil son journal ou un livre, me manquait un peu quand je passais sur cette place. Je m'arrêtais le saluer dès que je pouvais et je saluais en même temps Louise dont la porte m'était toujours ouverte.

Que Louise, Jack, Luce, Érick et toute leur famille trouvent dans ces quelques mots le réconfort dont ils ont bien besoin dans ces moments-là.

Adieu Luc, Buisson ne vous oubliera pas !







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Hommage à Maman [ par Rémy Berthet-Rayne ]

Avant de dire un dernier adieu à Maman, je tiens d'abord, au nom de Papa et de mes frères et sœurs, à vous remercier d'être ici, si nombreux, pour témoigner votre affection à Maman, et je remercie en particulier nos amis belges qui sont venus d'aussi loin pour manifester leur reconnaissance à celle qui, toute sa vie, a su les accueillir aussi bien. Je remercie également le Père Doumas et Michel Dieu, qui ont bien voulu prendre en charge cette cérémonie, je remercie Claude Poletti et mes amis du Chœur Européen, de leur présence et de leur précieux concours musical.

Nous sommes nombreux, dans cette assistance, à savoir à quel point Maman, toute sa vie, a su donner aux autres et les entourer de ses soins et de son amour. Que ce soit sa famille, ses amis, ses voisins, ses clients ou les habitants du village, nous l'avons tous vue consacrer chaque minute de son temps au bien-être ou à la sécurité des autres, sans relâche, jusqu'à s'user prématurément, en poursuivant son travail jusqu'à un âge où elle aurait pourtant mérité d'avoir une vieillesse tranquille et entourée.

Le meilleur hommage que l'on puisse rendre à Maman, c'est de témoigner de ce qu'a été sa vie. Née à Cairanne, en 1928, dès l'âge de neuf ans, elle perd son père, Adrien Guintrand, boulanger-pâtissier, et doit très tôt se mettre au travail pour aider notre grand-mère, Léa Guintrand, à faire face à ce veuvage qui la laisse seule avec quatre enfants. Et c'est ainsi le point de départ de la longue histoire du souci qu'elle va prendre des autres, pendant les 73 années qui vont suivre.

Ce n'est pas seulement à sa famille qu'elle va se consacrer. Toute sa vie, elle a effectué pratiquement trois journées de travail par 24 heures, 7 jours sur 7, 365 jours sur 365 jours, et même 366 jours les années bissextiles. Elle s'est occupé de son mari, notre père, de nous, ses six enfants, des travaux des champs, des activités de la paroisse, des bonnes œuvres locales, de ses fleurs, et bien sûr, de ses clients.

Ses clients ! Sans le savoir, Maman a été une pionnière des chambres et tables d'hôtes, et a donné naissance à un grand courant d'amitié et d'amour entre des gens qui auraient eu peu de chance de se rencontrer sans sa cuisine et son sens de l'accueil.

Au tout début des années 60, en plein été, un monsieur se présente à la maison, nous mangions sous la tonnelle. Il a un accent curieux, il est très gêné de nous déranger, mais il formule une demande. « Voilà, je suis belge, et avec ma famille, nous cherchons un logement à louer pour les prochaines vacances ». Il s'appelait Louis Watrin, et ses fils et sa fille se trouvent aujourd'hui parmi nous. Je salue sa mémoire, parce qu'il était lui aussi, sans le savoir, un pionnier des chambres et tables d'hôtes. Après deux séjours comme locataires, les familles Watrin et Berthet-Rayne étaient devenues de plus en plus proches. À la fin du deuxième séjour, Louis demandait alors à Maman : « Tu sais, Marie-Thérèse, on est si bien à ta table, est-ce que l'année prochaine tu pourrais simplement nous louer des chambres et nous faire à manger au lieu de nous louer des appartements ? »

C'était parti, l'année suivante les Watrin revenaient avec les Léonard, Pinchard, Comher, De Smedt, Renward, Gros Jean, Soumagne, et tant d'autres, alors la maison prenait des airs de fête. Maman se plaisait à dire qu'elle comptait plus de 700 habitués et amis de la maison, répartis sur quatre générations. Aujourd'hui la fête se termine, elle a quand même duré 50 ans, mais l'amitié et l'amour sont toujours au rendez-vous. Une fois encore, je vous remercie d'en témoigner par votre présence. Je remercie aussi tout particulièrement Jean-Marie Dusuzeau, pour le vibrant hommage qu'il a rendu à Maman dans un article publié par La Gazette de Villedieu, il y a quatre ans.

Qu'est-ce qu'il me reste à dire, maintenant, sinon merci, merci Maman pour tout ce que tu m'as appris sur la vie, la valeur et le goût du travail bien fait, la passion d'entreprendre, le courage, la persévérance, la reconnaissance et le respect envers ceux qui le méritent, l'amour surtout, l'amour qu'on peut donner, l'amour qu'on peut recevoir, l'amour qu'on peut partager à l'infini.

Maman tenait beaucoup à être inhumée à Villedieu. Elle y avait choisi une concession voilà plusieurs années déjà. À maintes reprises, considérant que c'était à moi de le faire à cause de mon métier, elle m'a demandé de lui faire construire un caveau. Je lui ai toujours répondu que je l'aimais trop pour pouvoir envisager une seule seconde l'idée de la mettre en terre avant que le jour ne soit venu.

Ce jour est arrivé, fatalement, et au terme de plusieurs mois de maladie et de souffrances ses dernières volontés vont s'accomplir puisque son corps va reposer à Villedieu. J'espère que l'autre désir qu'elle a manifesté, de voir la dépouille de son fils, notre frère Jean-François, également ramenée à Villedieu, sera un jour exaucé. Par cet acte qu'elle a choisi, les Berthet-Rayne, émigrés du village voisin en 1956, deviennent enfin, d'une certaine façon, des gens de Villedieu. À partir de ce jour, dirait Georges Brassens, nous devenons des gens de quelque part.

Avant d'accompagner Maman vers cette dernière demeure, je vous invite à vous joindre à moi, par la pensée et par la parole, d'abord pour nous souvenir de son sourire, de son humour, de sa sagesse et de sa bienveillance permanente, ensuite pour lui dire merci, merci Maman, merci Marie-Thérèse, et bienvenue dans la Lumière. »





Marie-Thérèse Berthet-Rayne



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Yolande Pinson [ par Yves Tardieu ]

Yolande Pinson, née Fabre, est morte le 21 août 2011. Née en 1929 à Villedieu, elle y a passé toute sa vie comme fille puis comme femme de paysan.

Elle a vécu toute sa vie au même endroit, dans la ferme que ses grands-parents avaient achetée. Sa mère, Berthe Plantevin, s'était mariée à un Mirabellais, Gustave Fabre.

Elle a connu sa première rentrée scolaire aux anciennes écoles, dans le « château », avant d'inaugurer, avec ceux de sa génération, l'école actuelle. Elle avait souffert du décès de son père alors qu'elle n'avait que 13 ans.

En 1947, elle se marie, à 18 ans, avec Carl Pinson, rencontré grâce à un cousin. Né dans les Deux-Sèvres, à Mauzé-sur-le-Mignon, il était arrivé dans notre région par l'engagement dans la résistance après le sabordement de la flotte française à Toulon. Il appartenait au Maquis Ventoux. Yolande Pinson a attendu longtemps pour avoir un enfant, Mireille Straet, fille unique, née en 1968. Elle s'est beaucoup occupée de ses petites filles, Amélie et Manon.
Chacun pouvait la voir, en toute saison, se promener en vélo ou à pied, ce qu'elle aimait par-dessus tout, avec la nature.







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Gazette N°74 - 22 février 2012

Au fil du temps [ par Yves Tardieu ]

La juxtaposition de ces deux photos permet de revenir sur un lieu qui est en train de changer radicalement et d'en tracer en partie l'histoire depuis sa création.

L'école et la configuration que nous voyons sur la carte postale datent du début des années 30. C'est en 1931 que le conseil municipal de Villedieu a approuvé le projet d’une nouvelle école sur le terrain, acquis en 1928, des Ateliers de la société de la bonne presse du midi et cartonnages de Vaucluse qui avait brûlé. L'école a été inaugurée en 1935 et n'a eu comme instituteurs, jusqu'au début des années 60, que Marthe et Raymond Mauric.

La carte postale que nous voyons est difficile à dater précisément. La végétation est assez haute et le mur est déjà bien abimé (fissure et angle arraché au premier plan, marches d'escalier déjà sérieusement écornées). Ce n'est donc pas, probablement, dans les toutes premières années que cette photo a été prise. Il y a au premier plan du badigeon sur le mur. Il avait été mis pour cacher des affiches électorales (sur l'original, on devine d'ailleurs des lettres). Il n'y a pas eu d'élections en France entre 1938 et 1945. Sur l'une des cartes postales dont disposent les correspondants de La Gazette, le cachet de la poste indique que la carte a été postée en 1952. Cette photo est donc prise entre 1945 et 1952... Si des lecteurs ont des indices plus précis pour confirmer, La Gazette est évidemment preneuse.

Ces deux photographies juxtaposées invitent au jeu des sept erreurs.

Commençons par ce qu'il n'y avait pas sur la carte postale, mais que l'on retrouve sur la photographie de 2010. Au fond de la rue, on doit relever l'absence des WC publics. Les souvenirs sont flous quant à l'époque de leur construction et les archives, trop rapidement consultées, muettes. Pour l'un, ils sont contemporains du tout à l'égout, pour l'autre, André Charrasse était le maçon et Michel Lazard le plombier. Cela nous donne donc la fin des années 50 ou le début des années 60. Toujours au fond de la rue, la salle de motricité de la maternelle est évidemment beaucoup plus récente. Elle date des années 1990 avec Jean-Luc Bras pour architecte et Roland Fontana pour maçon. On ne voit pas non plus les bancs en pierre qu’il y avait le long de ce mur et dans le passage le long du bar. Ces bancs, que je croyais d'origine ont été construits plus tard par deux maçons villadéens, Arthur Brun et Jean Arrighy. Les panneaux indicateurs de la poste et des toilettes n'existaient pas (mais les WC non plus et la poste était ailleurs). Les voitures : la rue des Espérants n'était pas encore un parc de stationnement à cette époque même si on peut noter le stationnement (illicite ?) de la charrette du père Barthalois, qui semble-t-il était toujours là.

On peut examiner maintenant ce qu'il y avait à l'époque et qu'il n'y a plus en 2010. La haie que nous voyons était constituée de lilas. Elle était entretenue par les enfants de l'école (et avait été plantée par eux) sous la houlette de Monsieur Mauric et ils sont nombreux à en garder le souvenir. Cette haie a été arrachée dans les années 60 ou 70 par le garde, Maxime Roux, car elle était moribonde. Il avait auparavant tenté une expérience. Après le gel des oliviers en 1956, il avait greffé un olivier sur un lilas et la greffe avait pris et poussé plusieurs années. Malheureusement, une gelée avait eu à nouveau raison de cet olivier là. On voit, au premier plan, derrière la haie ce qui semble être des feuillages différents... Deux hypothèses, il s'agit d'un effet d'optique et donc des lilas ou alors il y avait un arbre (marronnier ?) à cet endroit. Les témoins consultés, pourtant nombreux, ne s’en souviennent plus.

Il y avait au dessus des portes des inscriptions en pierre qui indiquaient « garçons » et côté ouest, dans une entrée qui n'existe plus, « filles ». Au centre, au-dessus des fenêtres, « maternelle ». Celle-ci n’a jamais été mise en service à l’époque, mais son existence était gravée. Ce local a longtemps servi de mairie.

Ces inscriptions, comme les lettres « R F » qui encadraient le blason du pignon central ont dû disparaitre lors de la réfection des façades en 2001. Disparu également le porte-drapeau que l'on voit au centre, au-dessus de l'inscription « maternelle » ainsi que, dans la rue, sur le mur, une borne-fontaine à l'aplomb du « puits des écoles ». Les bornes-fontaines du village ont été toutes supprimées par une décision du conseil municipal de 1964. Celle-ci a-t-elle disparu à ce moment-là ? Le puits ne se voit sur aucune photo. Il est sous la chaussée. Il servait à alimenter l'école puis, branché sur le réseau des sources, à compléter leur apport. Il existe toujours et a été sauvegardé lors des travaux actuels.

Un certain nombre de choses ont subsisté en subissant des modifications comme par exemple les volets, aujourd'hui roulants, ou les hauts des portes, aujourd'hui pleins et, bien sûr, la façade qui est neuve et, de plus, isolante. Enfin, l'écusson qui est tout en haut (personne ne semble savoir ce qu'il représente), l'inscription « groupe scolaire », les murs clôturant la cour, ainsi que les portes et les barres en fer n'avaient pas changé.

Cette comparaison entre l'avant et l'après trouve également son origine dans l'histoire de l'épicéa. Quelle était l'histoire de cet arbre, bien mis en valeur par Jean-Pierre Rogel, si bien qu'un très grand nombre, d'abord indifférent et même ignorant, en a fait le symbole du dénigrement d'un projet ?

L'enquête a mené à plusieurs pistes. Certains pensaient avoir contribué à sa plantation avant-guerre, d'autres à « quelque chose » dans les années 50, d'autres encore à la poussée rapide d'un « sapin de Noël » planté dans les années 80...

Il faut toujours, en histoire, un peu de chance, une bonne dose de curiosité et beaucoup de patience. C'est pourquoi l'histoire n'est jamais finie d'ailleurs, et le récit du passé toujours à reconstruire.

Finalement, les témoignages les plus concordants permettent de raconter l'histoire qui suit : Les Mauric et les Pinson étaient amis. Un jour, ils ont ramené du Mont-Gerbier des Joncs deux jeunes pousses d'épicéa. Chacun a planté la sienne devant chez lui (ou peut-être ont-ils planté les deux ensembles ?). Pour Marthe et Raymond Mauric, c'était dans la cour de l'école, pour Carl et Yolande Pinson, devant leur maison du Plan de Mirabel.

En revanche, plus difficile d'avoir la date. On n'y avait pas pensé jusque-là, mais en comptant les cernes de l'arbre, on a son âge. Les compteurs ont trouvé tantôt 46, tantôt 47, tantôt 48. Il est donc raisonnable de penser que ces épicéas ont été transplantés autour de 1965.

En tout cas, les deux arbres avaient prospéré et celui de la route de Mirabel est majestueux.









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Pascale Jansé

Pascale Jansé est décédée le 4 décembre 2011, à l'âge de 48 ans. Elle était la fille de Lucienne Marie née Arnaud et de Lucien Marie résidents au Palis.

Pascale a fréquenté l'école du Palis et a été membre de l'association des Amis du Palis dès sa création. Présente à plusieurs pique-niques, elle a aussi participé aux soirées d’observation du ciel. Toujours prête pour une randonnée ou pour la cueillette des champignons, son enthousiasme était communicatif. Très intéressée aussi par toutes les nouveautés culturelles, on la voyait souvent au Théatre des 2M.
Malgré ses soucis de santé, on sentait chez elle une fringale de la vie mais le destin en a décidé autrement.

Brigitte Rochas



Pascale,

Je sais que tu te rappelles très bien nos années passées au collège Joseph D'Arbaud à Vaison et au lycée de l'Arc à Orange. Nous en avions reparlé ensemble en se retrouvant au hasard de la vie à l'I.U.F.M. de Blois, toi, assistante sociale au collège et lycée Augustin Thierry et moi, enseignant à la maternelle Baptiste Marcet. Le souvenir des copains et copines : « sais-tu ce qu'ils sont devenus ? As-tu toujours des contacts ? » et de tous les autres souvenirs qui nous appartiennent tout simplement. D'ailleurs, tu sais, j'ai retrouvé pas mal de nos connaissances collégiennes par la magie internet : Catherine, Guylaine, Cécile...
Et puis nous avions parlé un peu du présent et de l'avenir. Tu me disais bien ton envie de retrouver le Vaucluse, mais sans trop t'étendre sur le sujet, discrète comme toujours.
Aujourd'hui, la vie nous a tous les deux ramenés dans le sud, destin ou hasard ? Chacun donnera sa réponse, fera ses choix. Toi tu as choisi le courage, la ténacité et c'est ce que je retiens. Avec les amis, quand nous parlerons souvenirs, nous parlerons de toi, c'est certain. Tu sais les valeurs que je défendrai.

Olivier Gros









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Gazette N°75 - 31 mars 2012

Pierre Joubert [ par Dominique Manella-Joubert ]

Pierre (Paul, Louis, Lucien) Joubert est né le 29 février 1928 à Montmorin dans les Alpes de Haute Provence.
Il est le fils de Clémentine Beauchamp et de Paul Joubert qui ont tenu le Café du Centre à Villedieu.
Vers l’âge de quinze ans, il arrive à Marseille et est hébergé par sa tante qui tenait un restaurant à côté de la prison des Baumettes.

En 1948, à l’âge de vingt ans, il intègre le quatrième régiment des zouaves et embarque pour la Tunisie.

Depuis toujours passionné de vélo, il obtient le 11 juin 1949 un ordre de mission pour participer à la course cycliste du championnat de Tunisie. Plus tard, il part de Marseille à vélo pour participer à une course à Villedieu.

En 1956, il se marie avec Moune et en 1960 naît leur fille Dominique.

Il a travaillé à la filature de la Compagnie du fil de lin de 1948 à 1963 où il atteint le grade de contremaître, puis à Prisunic de 1963 à 1965, puis de 1965 à 1989 chez Sicli, sa fonction étant d’installer des systèmes d’alarmes chez les particuliers et dans les agences bancaires.

Il était très attaché au village de Villedieu, même s’il n’en était pas natif, et y passait tous ses congés pour rejoindre sa famille.
Depuis sa retraite, il y séjournait de juin à septembre et consacrait son temps à la récolte des cerises, des melons, des prunes et aux vendanges.

Pour rénover et embellir le cocon qu’il partageait avec Moune, il devenait tantôt maçon, tantôt peintre, tapissier, électricien ou plombier. Très minutieux et très soigneux dans son travail, il pouvait passer des heures dans son grenier à poncer un meuble, une table, une armoire. Il était surnommé avec tendresse par ses petits enfant : « le ponceur fou ».
Paradoxalement, c’est dans ce même grenier qu’il faisait sa sieste quotidienne pour ne pas être dérangé par Moune plutôt loquace.

Malgré ses 84 ans, il n’en avait en lui que 21. Il était fier d’être né une année bissextile.
Au cours de la première semaine de janvier, chez moi, à Nans les Pins, il s’est occupé de la taille au jardin, il a rebouché les ornières du chemin, il a même fendu des bûches au merlin de trois kilos. Il a fallu le freiner pour ne pas qu’il en fasse des allumettes.

L’été 2011, il fut encore plus proche de ses amis villadéens, plus heureux et plus euphorique comme s’il pressentait qu’il allait être arrière grand-père à l’été 2012.

Il va beaucoup nous manquer.







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Soisy de Walque

Soisy et Thierry de Walque sont arrivés à Villedieu dans les années quatre-vingt-dix. Ils ont habité le quartier Saint-Claude pendant près de vingt ans.
Ils ont participé notamment à La Gazette, au club des Aînés et à la bibliothèque Mauric dont ils ont été des membres actifs.

Le texte ci-dessous est un extrait des paroles prononcées par ses enfants lors de ses obsèques.


Chers amis, chère famille,
Maman, Françoise pour l’état civil, Soisy pour sa famille était quelqu’un d’extraordinaire. Tous les enfants disent cela de leur mère mais pour nous elle est encore plus extraordinaire que les autres. Voyez ! Car sa vie, son destin n’est pas commun. Maman a beaucoup souffert dans son existence, durant son enfance avec une mère très malade, lors de la perte brutale et presque simultanée de plusieurs de ses proches ; sa sœur Martine morte dans l’incendie du magasin de l’Innovation, son père mort dans un accident de voiture et sa mère à la suite d’une sclérose en plaques. La perte de son fils Olivier, notre frère décédé accidentellement à l’age de 19 ans en voulant sauver un ami, a été pour elle comme pour Papa épouvantable.

Toute cette souffrance, cette douleur, maman l’a transformée en amour pour papa, pour ses enfants. Le couple de nos parents (54 ans de vie commune) est un exemple pour nous de ce que l’amour peut apporter de beau et de bon dans la vie. Particulièrement la dimension de l’agapè, cet amour qui consiste à être, à exister un peu moins pour permettre à l’autre d’être, d’exister un peu plus.

Maman a apporté à ses trois enfants la lumière, au propre comme au figuré. Elle nous a véritablement choyés. C’était un être de totale tendresse particulièrement lorsque nous vivions des moments difficiles et Olivier pourrait en être le témoin s’il avait été présent aujourd’hui. Pour elle la vulnérabilité, la sensibilité n’était pas une marque de faiblesse mais bien la manifestation d’une ouverture aux autres et au monde.

A chaque étape de notre enfance ou de notre adolescence, elle était là depuis les premiers bobos jusqu’aux tartines beurrées qui nous attendaient à quatre heures de la maternelle jusqu’à la fin de nos études.
Maman, malgré sa tendresse et sa douceur, était une femme courageuse et lucide, elle nous l’a encore prouvé juste avant son décès.

Maman était également une artiste douée et polyvalente ! Elle chantait dans différentes chorales, dessinait, peignait, excellait en cuisine en couture, en décoration, en jardinage. Ses nombreux talents nous ont toujours fascinés. A souligner son attrait pour la nature et particulièrement pour les fleurs. Le tour de son jardin a toujours été pour elle un ravissement et une source d’inspiration.

Il y a deux traits de caractères que nous voudrions souligner.
D’abord son souci des autres et particulièrement de papa.

Et puis son sens de l’humour et de la dérision. Maman aimait rire. Son humour était souvent léger mais parfois décapant, politiquement incorrect. Maman estimait que l’on pouvait rire et s’indigner de tout. Pour elle, c’est l’insoutenable légèreté de l’être qui rend la vie possible et même souvent heureuse. Voilà le message qu’elle souhaitait que nous vous transmettions.







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Au fil du temps (II) [ par Yves Tardieu ]

Cet article poursuit celui qui était en « Une » du précédent numéro, à la recherche de l’histoire d’un lieu, c’est pourquoi son titre porte le numéro II. Si tout va bien, il y aura un III, un IV, un V... L’histoire de l’achat d’une maison pour créer une rue a visiblement donné lieu à un conflit d’une rare violence dont les registres municipaux donnent un écho édulcoré. Cela a donné la matière d’un deuxième article. À suivre donc.

Dans son numéro 10 du 1er mai 2002, La Gazette parlait longuement des élections présidentielles, de la Maison Bleue, du motoball, du cinéma de Vaison... Il y avait aussi la troisième photo-mystère de l’histoire de La Gazette et la première d’une longue série pour laquelle aucun article d’élucidation n’a été fait.

Ben voilà, ça vient.

Cette photo nous montre la place de Villedieu dans les années 20, avant le percement de la rue des Écoles. On y voit clairement, à côté du bar, une maison avec balcon. À cette époque-là, la rue des Espérants s’appelait la rue des Apparents. Elle ne communiquait avec la place que par un passage piéton, un genre de traboule, qui rejoignait la Grand’rue en face de la mairie. Pour se représenter ce passage, il faut voir la porte rouge qui est encastrée dans l’immeuble aux volets et fenêtres bleus habité par Ahmed et Fatima El Meftahi. Côté Espérants, le débouché était la porte fermée par une grille en fer.

On voit également sur la carte postale de remarquables permanences. L’allure de la rue de l’Hôpital est identique, à peu de choses près ; volume des maisons, ouvertures, génoises... L’entrée du bar semble également identique même s’il ne s’agissait pas à l’époque du Café du Centre mais du Café Restaurant Mathieu comme le montrent d’autres cartes postales. On constate également que le tronc du platane à la même forme. Il est seulement un peu plus épais.

Un paquet de tuyaux devant l’entrée de ce qui est aujourd’hui la Maison Bleue témoigne d’autres travaux de l’époque. Cette année-là, la conduite d’eau de la source de Saint-Claude a été refaite (marché approuvé par le conseil municipal en octobre 1923). On ne peut lire, même en grossissant l’image, ce qu’il y a écrit sur les affiches du mur de l’immeuble.

La comparaison entre 1924 et aujourd’hui montre l’impact de ce percement sur l’aspect du village. Notre place serait bien différente si cette maison existait encore. L’achat par la commune avait deux objectifs : permettre l’accès à la rue des Apparents et construire une mairie. Les registres des années 20 et 30 montrent que les différentes municipalités de l’époque cherchent à créer une mairie et plusieurs projets sont évoqués. Ce fut une nouvelle fois loupé.
Après beaucoup de péripéties (voir l’article suivant), la maison a été achetée par la commune. La rue a été créée. Peu de temps après, l’autre grand projet de l’époque, la création d’une école, s’est concrétisé dans la rue des Apparents et la nouvelle rue a permis d’aller à l’école (dans la mémoire collective villadéenne, elle a même été faite pour ça, mais les registres disent autre chose). Et la mairie n’a pas été faite...

En revanche, la classe de maternelle prévue au centre du nouveau bâtiment scolaire n’ayant pas été créée, la mairie s’y est installée Elle n’en est partie que lorsque la mairie actuelle a été créée. Les édiles villadéens cherchaient une mairie déjà avant la Première Guerre mondiale...

Ce percement de la rue a conduit à créer une voie un peu disproportionnée à l’échelle du village et bien éloignée ce que l’on trouve ailleurs. Large, enserrée par des hauts murs devenus noirs, la rue des Écoles, même si nous y sommes habitués, n’est pas particulièrement sexy.

Les contreforts importants ont été réalisés au moment du percement de la rue, pour soutenir les immeubles voisins. On voit bien les surépaisseurs sur la partie basse des murs et l’épaisseur globale de ces mêmes murs, par exemple à la fenêtre du bar.

Les évolutions du lieu n’en ont pas amélioré l’esthétique. Les panneaux électoraux peints ont le charme désuet des campagnes électorales d’antan mais bon... Les panneaux de toutes sorte, forme, couleur ou les traces des panneaux enlevés font un peu le même effet, celui d’un lieu un peu « abandonné », en plein centre du village.

Sur toutes les photos, il y a des automobiles. En vertu des arrêtés de stationnement en vigueur depuis 1985, il ne devrait pas y en avoir. En 1992 le stationnement a été autorisé d’un côté. Les panneaux d’interdiction ont été retirés depuis mais les piquets, subsistent.

Dans les années récentes, de nombreux ajouts ont été faits, continuant l’entreprise persistante de patchwork approximatif, nous habituant à peu près au n’importe quoi esthétique.
S’était rajouté en 2008 un piquet rouge qui empêchait les véhicules de se garer trop près de la rue des Espérants. Ces véhicules empêchaient régulièrement le camion poubelle de passer. En 2009, l’arrêt du taxi villadéen avait été placé là avec son marquage au sol et son panneau de stationnement interdit amovible. Enfin, en 2010, deux plots en béton, production de notre employé municipal depuis des années, avaient été placés afin de libérer l’accès à la porte de la maison.

Nous serons tous, peut-être, un peu nostalgiques de cette rue des Écoles.
En effet, je n’ai jamais entendu personne se plaindre vraiment de toutes ces horreurs ou réclamer des améliorations mais reconnaissons qu’elle était plutôt bancale et laide.

C’est un peu étonnant pour un lieu aussi central : dans un rayon de 50 m, il y a l’école, la poste, la mairie, l’épicerie, le bar et la place extraordinaire que l’on nous envie.









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La vie municipale n’est pas (toujours) un long fleuve tranquille [ par Yves Tardieu ]

La commune de Villedieu manifeste son désir d’acquérir cet immeuble en 1928. Il s’agit alors de créer une reliant la place à la rue des Espérants et d’installer une mairie : « le maire expose à l’assemblée que l’immeuble Gardiol qui avait attiré l’attention du conseil pour le percement d’une rue est libre par la suite du décès de la propriétaire. Il fait remarquer que depuis de nombreuses années il est question de donner un débouché à la rue des Apparents pour en faciliter l’accès et la circulation ainsi qu’au chemin des Vergers. [...] La partie restante serait utilisée pour une mairie et ses services. » (Séance du 2 février 1928). Le registre des délibérations de l’époque montre que les conseils municipaux qui se succèdent essaient d’acheter de quoi faire une mairie et une école. Ils ont beaucoup de mal à y arriver... L’affaire semble bien engagée car la propriétaire, une veuve d’Orange semble bien disposée. Elle meurt et le bien est vendu à un Villadéen. Celui-ci refuse de vendre à la commune et refuse tout compromis. Il y aura enquête publique et expropriation. Un long document des archives témoigne d’un conflit d’une rare violence dans le village et au sein du conseil municipal.

Le conseil municipal commence par réfuter les observations du premier adjoint, Marius Pommier « considérant que ses réclamations n’ont aucun fondement » car : « M. Pommier Marius, opposé systématiquement à tous les projets et, notamment, avec la dernière énergie, contre la cantine scolaire et le sou des écoles, ne saurait méconnaitre l’utilité du projet puisqu’il a adhéré au programme qui, en 1925, a remporté les suffrages de la population. Or, ce percement de rue et cette installation de mairie faisaient partie dudit programme. Le conseil municipal proteste à son tour contre les agissements de M. Pommier qui jette la panique en publiant des chiffres estimatifs du projet absolument fantaisistes et faux. » On le voit, l’ambiance était bonne !
Le conseil municipal répond également aux réclamations de messieurs Sarah Bernard Marcel Donat, Fernand Macabet, Louis Hommage, Bertin Tortel, Jules Gleize et d’autres qui estiment qu’ils sont « grevés d’impôts et que d’autres projets attendent » : « à ces propriétaires ruraux qui habitent tous à plusieurs kilomètres de l’agglomération. nous répondons que la commune vient à peine d’achever l’électrification des campagnes, cette installation n’a pas été faite sans grever le budget communal ».

À Jules Gleize, ancien maire, on rajoute une couche : « le protestataire, pendant son mandat communal, n’a rien fait pour la réalisation des projets dont il demande aujourd’hui l’urgence [...] et qu’il avait lui même l’intention d’acquérir ce même immeuble par voie d’expropriation [...] L’utilité publique de cette acquisition est la même aujourd’hui... »

À Louis Sirop, ancien maire qui estime que, si ses successeurs avaient suivi ses projets en 1919, on ne parlerait pas de cette acquisition inutile, le conseil municipal répond « que la municipalité qui lui a succédé en 1919 présidée par M. Gleize n’a pas cru devoir s’intéresser au projet de groupe scolaire commencé par son prédécesseur. Son acquisition de la maison Latty pour l’installation de la poste n’a pas davantage solutionné la question de la mairie, qui demeure une maison ambulante, déménagée successivement cinq fois en vingt-cinq ans et que le projet de groupe scolaire prévu par M. Sirop ne donnait pas plus de solution pour la mairie. »

Quant à Albert Sirop, le propriétaire de la maison « le conseil municipal proteste à son tour contre toute l’argumentation de M. Sirop qui se termine en disant qu’il n’a pas à répondre à des gens qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire. Nous répondons à M. Sirop qu’il savait tellement l’intention de la municipalité qu’il a fait l’achat de l’immeuble avant même que le conseil municipal ait pu être convoqué à cet effet. »
À travers ces échanges, on peut voir d’abord que les municipalités de l’époque cherchent par tous les moyens à acquérir les biens qui leur permettraient de réaliser une mairie, une école, une poste. Ils ont manifestement du mal, d’autant plus que les équipes se succèdent, manifestement en s’opposant. En 1928, la municipalité se heurte à tous les anciens maires encore opérationnels et aux battus de l’élection de 1925.
En tout cas, elle exproprie le bien en question pour créer une rue afin de désenclaver la rue des Apparents et le quartier des Vergers et une mairie.
Sur l’extrait ci-dessus, on voit que le projet (démolition et construction de la mairie prévue) est financé par un emprunt de 50 000 francs. D’après l’Insee1 qui fournit des tableaux d’équivalence, ces 50 000 francs de 1928 feraient 29 658 euros de 2011.

Contrairement à ce que j’ai toujours entendu, il ne s’agissait pas d’ouvrir la rue vers l’école.
En réalité, le projet d’école est venu un peu après. Le conseil municipal a l’opportunité d’acheter le terrain de l’ancienne imprimerie pratiquement au même moment. Le projet de l’école est monté entre 1929 et 1932 et approuvé par délibération du conseil municipal.

Mais il s’agit d’une autre histoire, y compris celle des remaniements du projet entre 1932 et 1935, y compris celle d’une inauguration en grande pompe mais dans un climat villadéen ressemblant à celui qui régnait en 1928 au moment de l’achat de la maison. Une autre histoire, donc un autre article, peut-être.

1. http://www.insee.fr/fr/themes/indicateur.asp?id=29&page=achatfranc.htm


Les municipalités en place à l’époque


Entre 1925 et 1929
Maire : Hector Jacomet
Adjoint : Marius Pommier
Conseillers : Léopold Blanc, Henri Serret, Louis Martin, Fernand Lazard, Louis Plantevin, Lucide Bouche, Julien Bertrand, Léon Téton, Léopold Brieux, Florian Clérand

Entre 1929 et 1934
Maire : Hector Jacomet
Adjoints : Léopold Blanc et Charles Péticard
Conseillers : Léopold Brieux, Emile Martin, Louis Chappon, Julien Bertrand, Florian Clérand, Louis Plantevin, Lucide Bouche, Marcel Roux, Léon Téton

En 1934, Hector Jacomet meurt. Louis Chappon, doyen du conseil, est élu maire et termine la mandature 1929 -1935.

Les élections de 1935 laisseront la place à une autre équipe.







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Régine Clapier [ par Paulette Mathieu ]

La Gazette, dont les oreilles traînent un peu partout (mais pas assez quand même car il lui arrive de « louper » des informations essentielles) a entendu dire que la municipalité s’apprêtait à donner des noms de rue ou place à deux ou trois endroits de Villedieu.
Le bilan des noms de rue existant montre qu’au village cinq noms de lieux honorent des personnalités villadéennes : la salle Pierre Bertrand, la Maison Garcia, le lotissement Gustave Tardieu, le jardin Régine Clapier, la bibliothèque Marthe et Raymond Mauric. Ces personnalités sont connues des anciens mais elle n’évoque rien pour beaucoup d’entre nous. C’est l’occasion pour La Gazette de les faire découvrir par une nouvelle série d’articles. Jean Garcia avait fait l’objet d’un bel et complet article dans La Gazette n° 29 du 27 janvier 2005 et nous y renvoyons. Nous publions aujourd’hui, grâce à Paulette Mathieu, un article sur Régine Clapier

1. http://lagazettedevilledieu.free.fr/gazette/indexgazette.html


Mademoiselle Régine Clapier est née, vers la fin du XIXe siècle (1888 ?), à Orange où habitaient ses parents. Son père avait des propriétés à Orange et dans la région, dont il recevait les fermages, et des maisons, dont un café, rue Saint-Martin. Sa mère était née Chansaud, elle était la sœur de M. Chansaud, qui fut maire de Villedieu et habitait à La Baude : ce qui explique que Régine Clapier avait des propriétés et une maison à Villedieu (actuellement le foyer La Ramade), où elle est venue demeurer après la mort de ses parents et est restée jusqu’à la fin de sa vie.

Il existe à Orange le stade Clapier, qui était sans doute un terrain appartenant à la famille et que son père donna peut-être à la ville, ce qui justifierait qu’il porte son nom. Il était probablement généreux puisqu’on raconte que, lorsque ses fermiers venaient lui apporter leur dû, l’un d’eux avait toujours quelque misère à déplorer dans sa famille et qu’il repartait sans avoir versé un sou.

« Mademoiselle Clapier », comme beaucoup de Villadéens l’appelaient, a donc vécu à Villedieu une bonne partie de sa vie, très simplement, bien qu’elle eût les moyens de vivre largement, mais elle préférait faire du bien autour d’elle. C’était une personne très pieuse et, souvent, c’était la paroisse qui bénéficiait de son aide. C’est ainsi que, officiellement, l’association paroissiale racheta à la mairie le presbytère (qui avait dû devenir propriété de la nation à la Révolution) et ensuite, à divers propriétaires les quelques vieilles maisons à moitié écroulées et situées derrière l’église, ce qui, aménagé, est devenu le Jardin Clapier. Bien entendu, la paroisse n’ayant pas les fonds nécessaires, c’était Mlle Clapier qui, discrètement, fournissait les subsides.

Elle avait aussi remis au curé de l’époque, l’abbé Brémond, une auto qui avait dû appartenir à son père car c’était une antique voiture carrée, noire (il me semble encore la voir) le curé l’avait baptisée « Rosalie ». Elle avait donné de même, à la paroisse, un bâtiment, route de Mirabel à côté de la maison Marche. Il servait de garage et, vendu et revendu, il est devenu résidence secondaire pour un étranger.

Mais ses dons n’étaient pas réservés aux gens d’église. Ma mère m’a raconté que Léonie G1eise, dite « Pinette », qui n’avait pas grands moyens pour vivre, bénéficia de sa générosité. Mais comme Léonie était très fière et acceptait difficilement les dons, Mlle Clapier avait imaginé de lui faire parvenir les colis par l’intermédiaire du facteur, qui prétendait alors ne pas savoir d’où ils venaient ; ainsi, Léonie ne pouvait pas les renvoyer. Il y a dû y avoir bien d’autres misères secourues, mais comme c’était discrètement et qu’il n’y a plus guère de monde pour s’en souvenir, cela demeurera inconnu.

Mlle Clapier fit le catéchisme un certain temps, mais elle était trop bonne et les gamins lui en faisaient voir de toutes les couleurs.

Quand elle vint habiter Villedieu, elle avait amené avec elle, la bonne de ses parents qui la servit fidèlement jusqu’à ce que cette personne tombe malade et meure. C’est alors qu’Henriette Magnan prit le relais et s’occupa d’elle jusqu’au bout. Il paraît que quelques bonnes langues de vipère venaient souvent rendre visite à la bonne demoiselle et lui débitaient des calomnies sur les uns ou les autres, ce qui mettait Henriette hors d’elle.

Notre concitoyenne est décédée à l’hôpital d’Orange, le 25 mars 1969. Elle est enterrée dans cette ville, dans le caveau de famille, mais la célébration des funérailles a eu lieu à Villedieu et rassembla beaucoup de monde, car elle était très estimée dans le pays. Y assistaient, entre autres les anciens curés de Villedieu et un représentant de l’archevêché. Par testament, elle laissait divers biens à ceux qui s’étaient occupés d’elle et léguait sa maison à l’archevêché d’Avignon, pour y accueillir des prêtres retraités. Mais le bâtiment était un peu petit et éloigné de tout pour cette réalisation et il fut revendu plus tard à La Merci. Il était prévu dans le testament qu’une partie des meubles devrait être réservée à un curé du village qui en serait démuni, mais il semble bien que le notaire ne tint pas compte de cette clause et on ne sait pas ce que ces meubles sont devenus. Il est juste que ceux qui ont connu Régine Clapier conservent sa mémoire et que les autres sachent ce que le village lui doit.





Le jardin Régine Clapier



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Gazette N°76 - 15 juin 2012

Au fil du temps (III) [ par Yves Tardieu ]

Du jasmin, un fossé et de la ferraille rouillée ! Voilà le nouveau visage de la rue des Écoles. Encore une évolution de ce lieu après la description qui en a été faite dans le dernier numéro de La Gazette. Comment en est-on arrivé là ? Lorsque le conseil municipal s'est réuni de manière informelle au mois d'août 2009 pour évoquer certains projets, il a échangé à bâtons rompus sur ce qui pouvait être fait dans la rue des Écoles et la rue des Espérants. Sa motivation était double.

Premièrement, dans le cadre du financement triennal de travaux d'aménagement des villages par la région, la précédente municipalité avait inscrit un cercle approximatif sur cette zone, et ça tombait bien, car les élus de 2008 pensaient qu'il y avait quelque chose à faire à cet endroit. Deuxièmement, deux « points noirs » préoccupaient le conseil : la rue des Espérants, entre l’école et le bar, sale, étroite, encombrée, apparaissait comme l’une des plus vilaines rues de Villedieu et la trouée noire, entre la place et l’école, avec ses grands murs noirs, nécessitaient certainement une réhabilitation.

La discussion avait permis à chacun de donner son opinion sur un peu tout. Pour cette partie de la rue des Écoles, il y avait unanimité à trouver que c’était laid, avec ces grands murs noirs et tout ce fatras de piquets et panneaux divers qui traînaient. Les idées pour traiter la chose étaient là, mais aucune n’emportait le morceau : peintures en trompe-l’oeil sur les murs, construction d’une terrasse panoramique moderne au-dessus du passage pour faire beau ou pour faire une salle de restaurant, restituer l’effet « porche » qu’il y a de l’autre côté de la place, réalisation d’un trottoir pour sécuriser le passage de l’école à la place...

Comme chacun peut le voir, rien de tout ça n’a été fait. Le conseil municipal a élaboré, sur la base de ces discussions, un cahier des charges et lancé un appel d’offres pour une étude. Outre le fait que, malgré leurs immenses compétences, les élus de Villedieu sont bien incapables de concevoir les plans d’un tel chantier, la région imposait et finançait une telle étude. Huit équipes ont répondu à cet appel d’offres. Trois ont été sélectionnées sur dossier. Il leur a été demandé des esquisses et elles ont été auditionnées. Une équipe s’est détachée du lot, par la qualité de son dossier et par les idées qu’elle a apportées : Olivier Werner et Sébastien Braun avaient remarqué sur l’école et sur la place des éléments intéressants que nous n’avions pas nécessairement vus. Ils ont été choisis.

Sur le passage en question, leur proposition soulignait justement le fait qu’il s’agissait d’un « passage », le mot de « passerelle » avait d’ailleurs été utilisé lors de la réunion. Ce passage entre la place et le nouvel espace que le reste du projet allait créer, dès l’esquisse, était réalisé par une allée centrale encadrée de fossés et par une « végétalisation » des murs. À dire vrai, cette idée allait à rebours de celles des élus : le trompel'oeil, le porche, le trottoir visaient plutôt à escamoter ce qui nous paraissait laid. La passerelle proposée par les architectes va plutôt dans l’autre sens. Elle souligne le passage. Elle garde les contreforts en les habillant simplement de végétal, avec l’idée de conserver ainsi l’histoire du lieu et les traces de son passé : « La conscience du passage est révélée par un décaissé du sol aux pieds des façades-pignons existantes. L’espace ainsi dégagé peut devenir support de végétation, d’un éclairage nocturne... La transition d’une place à l’autre est claire et les deux pignons ne sont plus perçus comme laissés pour compte. » Le petit dessin, ce petit texte, la simplicité de la solution ont convaincu le conseil.

De l’esquisse à la réalisation, il y a eu de nombreux choix à faire.

Au début, il n’y avait pas de garde-corps, mais simplement des « chasse-roues » sur les bordures de la passerelle pour contenir les voitures. Le garde-corps, outre qu’il fait écho à ceux qui bordent les escaliers devant l’école, renforce l’effet passerelle, visuellement et fonctionnellement (en mettant piétons et automobilistes à égalité). Les plantes grimpantes sont du jasmin étoilé. C’est un jasmin rustique, qui résiste au gel et demande peu d’entretien. Il a commencé à pousser et à fleurir. La passerelle elle-même est en béton balayé. L’éclairage imaginé au début du projet a été réalisé sous forme de leds qui éclairent les murs de part et d’autre.

À suivre, dans la prochaine Gazette, avec un article « Au fil du temps (IV) »...





Esquisse présentée en réunion publique en 2010



Avant



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Gazette N°77 - 8 août 2012

Aline Laffont [ par Sylvain Tortel ]

Le village de Buisson et ses alentours ont été tristement réunis pour accompagner à sa dernière demeure Aline Laffont terrassée par une douloureuse maladie.

Aline Laffont était née le 20 mai 1943 au sein du foyer de Berthe et Émilien Hosatte. C’est à Saint-Maurice qu’elle passe son enfance et sa jeunesse. Au début des années soixante, elle y rencontre Claude Laffont à qui elle unit sa destinée. Quelques années plus tard, un petit garçon nommé Régis vient agrandir la famille.

La vie suit son cours, puis c’est le déménagement au quartier du Peyrerol à Buisson. Aline a l’occasion de rejoindre le service de la maternité de l’hôpital de Vaison-la- Romaine où pendant de longues années elle verra naître beaucoup d’enfants. Au début des années quatre-vingt, elle change de service pour travailler à la maison de retraite.

Elle a su s’impliquer avec générosité dans son travail et apporter assistance et réconfort aux personnes âgées.

Aline n’en oubliait pas le métier de vigneron de son mari Claude. Dès qu’elle le pouvait, elle venait lui prêter main-forte au milieu des vignes.

Avec Claude, président fondateur du Syndicat des vignerons de Buisson, Aline a été une personne très active lors des différentes fêtes des vins organisées à Buisson, en Lorraine ou en Savoie avec l’association Vins en fêtes.

Au milieu d’une vie si bien remplie, elle était fière de ses deux petits enfants, Albane et Kélian. Elle en parlait souvent et même parfois avec ses collègues du conseil municipal de Buisson dans lequel elle fut élue en 2001.

Ces dernières années, elle a beaucoup oeuvré pour s’occuper de son mari malade et de Berthe, sa maman.

Aline, pour nous tous, c’est un jour de grande tristesse. Tu nous quittes pour toujours ; repose en paix, car tu l’as bien mérité.

Adieu Aline, nous ne t’oublierons pas !
Gustave Tardieu [ par Yves Tardieu ]

Après Régine Clapier dans le numéro 75, Jean Garcia dans le numéro 25 (du 27 janvier 2005 consultable en ligne sur notre site, La Gazette poursuit son évocation des personnages qui ont suffisamment marqué le village que leur nom ait été donné à un lieu du village.

En 1992, la municipalité décidait d’honorer la mémoire de Gustave Tardieu en donnant son nom au lotissement communal du chemin du Connier. Une plaque à son nom scellée dans une pierre marque l’entrée du lotissement. Mort il y a près de 40 ans, ce nom évoque peu de chose, sauf pour les « vieux » Villadéens. Gustave Tardieu a été élu au conseil municipal de Villedieu de 1935 à 1974 sans discontinuer et a été maire de 1944 à 1961, puis de 1965 à 1974.

Né Gustave Piollet en 1903 à Bouvières dans la Drôme de père inconnu, il porte alors le nom de famille de sa mère, Léonie Piollet, qui a 25 ans. En 1911, elle se marie à Adolphe Tardieu, cultivateur à Nyons, au quartier des Guards. Celui-ci adopte l’enfant qui devient Gustave Tardieu. Il passera à Nyons la fin de son enfance et sa jeunesse. En 1915, à 12 ans, il réussit son certificat d’études mention « agriculture »1. Il quitte donc l’école à cet âge pour aller aux champs.
Cette jeunesse nyonsaise est entrecoupée par les obligations militaires. Pour Gustave Tardieu, elles seront un peu particulières. Appartenant à la classe 23, il est incorporé en mai 1923 au 2e régiment de zouaves et est envoyé au Maroc. C’est l’époque d’une guerre dure et oubliée aujourd’hui, la guerre du Rif. Cette région du nord du Maroc, peuplée de Berbères, s’était révoltée contre les Espagnols qui contrôlaient cette partie du pays. Les Espagnols n’arrivant pas à contrôler la situa tion et les Français espérant « récupérer » aussi cette région, la France s’engage. Les Rifains tiennent tête longtemps aux deux armées, avec à leur tête un combattant hors norme, Abdel Krim Cheick qui crée la République du Rif. La disproportion des forces et la politique systématique de destruction des récoltes ont raison de la révolte qui s’achève en 1926.

Il revient du Maroc en 1924 avec le grade de caporal et une médaille. Il est impossible d’en dire plus sur cet épisode, faute de documents.

À la fin des années 20, Gustave Tardieu travaille à la ferme et à la coopérative de Nyons. Il y rencontre, une Villadéenne, Simone Coulet, dont l’oncle, Marin Coupon, est le directeur de la coopérative. Ils se marient à Villedieu le 7 mars 1931. Le repas de mariage se déroule au café Lauron, qui fut plus tard la boucherie des Templiers et demeure la maison de Marie Barre. Désormais, Gustave Tardieu est Villadéen. Il vit avec sa femme, sa belle-mère et ses enfants (André né en 1932, Alain né en 1938, Michèle et Annie, nées en 1945) et exploite les terres des Coulet.

Il s’investit très vite dans la vie locale en participant, par exemple, à la création du Syndicat d’élevage ovin en 1935, dont il est le trésorier. La même année, il est candidat et élu conseiller municipal, sur la liste de celui qui devient maire à cette époque, Antoine Millet. Cet engagement se fait dans une continuité de conviction. Il racontait sa participation aux réunions des jeunesses socialistes à Nyons à la fin de la Première Guerre mondiale, à l’époque de la scission entre socialistes et communistes. Il était resté du côté de la SFIO et de Léon Blum, un engagement qu’il a gardé toute sa vie, comme, par exemple, au moment du Front Populaire, participant aux manifestations de l’époque à Carpentras.

La guerre devait à nouveau bouleverser sa vie. Mobilisé le 4 septembre 1939, il est incorporé au 341e régiment d’infanterie. Pris avec une grande partie de l’armée française dans la nasse de Dunkerque, il est fait prisonnier le 4 juin 1940 et interné au stalag VID dans la région de Dortmund. Père de deux enfants et âgé de 38 ans, il bénéficie des accords signés par le gouvernement de Vichy avec le gouvernement allemand, en 1941, qui permettent de libérer certains prisonniers en fonction de leur charge de famille, de leur âge et de leurs années de service. Il est démobilisé le 2 juillet 1941 avec le grade de caporal-chef.

Il reprend alors son travail à la ferme. Il participe également à la Résistance, principalement en hébergeant des gens et en cachant des armes. À ce moment-là, travaille aussi à la ferme un réfugié politique espagnol, Melchior Padilla, très actif dans la Résistance, l’un des deux Villadéens (avec Jean Garcia) recensés comme membres du maquis de Vaison par Lucien Grangeon dans son ouvrage sur le Maquis Vasio.

En 1944, il est nommé maire, probablement dans la lignée de cet engagement, par les nouvelles autorités du Comité français de Libération. Lorsque la France se libère, le Gouvernement provisoire de la République française, dirigé par le général de Gaulle, désigne de nouvelles autorités dans chaque département. Les conseils municipaux mis en place par le régime de Vichy (ou gardés par lui ,ce qui fut le cas à Villedieu, Antoine Millet étant maire de 1935 à 1944) sont remplacés par des personnes souvent issues de la Résistance2. Il entame alors une longue carrière de maire de Villedieu, jusqu’à sa mort.

Les premières élections qui suivent la guerre se déroulent en mai 1945. Trois listes s’opposent alors, l’une à dominante communiste, l’une à dominante socialiste et l’autre marquée à droite. Panachage aidant, des candidats des trois listes sont élus (et élues : pour la première fois en France, les femmes avaient le droit de vote et il y a deux élues dans ce conseil de 12 membres : Antonia Noury et Odette Martin)3. Si la liste de droite arrive en tête au premier tour (et obtient deux élus), la fusion des listes communiste et socialiste leur permet d’emporter le second tour et tous les sièges restants. Gustave Tardieu est élu maire, avec pour adjoints Léon Reynier (tête de liste communiste) et Wilfrid Brieux.

Gustave Tardieu a été réélu à chaque renouvellement municipal par la suite : en 1947, 1953, 1959, 1965, 1971. Il aura eu pour premier adjoint Wilfrid Brieux (1944-1945), Léon Reynier (1945-1947), Gaston Sirop (1947-1955), Julien Bouquet (1955-1961), Wilfrid Brieux (1965-1971), Marcel Paget (1971-1974).

L’ambiance politique nationale et internationale se retrouve à Villedieu. À partir de l’élection de 1947, vont s’opposer les listes emmenées par Gustave Tardieu, à tonalité socialiste, mais comprenant des personnalités de droite et les listes soutenues plus ou moins ouvertement, selon les périodes, par le parti communiste. Il faudra attendre 1977 pour retrouver une liste « d’union de la gauche ». À chaque élection, comme c’est un peu la coutume, la campagne électorale est marquée par des affrontements violents et des « polémiques » incessantes et renouvelées dont la mémoire familiale a gardé un souvenir partiel.

Ces longues années de mandat ont laissé peu de traces dans les registres de délibération qui ne gardent le témoignage que de documents officiels souvent mineurs. Difficile donc de se faire une idée complète de l’action municipale de cette époque. Néanmoins, ce manque de compte-rendu ne témoigne pas d’une quelconque inaction. On s’aperçoit que c’est l’époque où les investissements touchent des choses « qui vont de soi » aujourd'hui, mais qui ne sont pas si anciennes : goudron, électricité, eau, égout…

Ainsi, les chemins ruraux et une partie des rues du village sont goudronnés. Un emprunt est fait, par exemple, en 1953, pour goudronner les chemins de la Montagne, de Saint-Laurent, de Saint- Maurice et des Planes. L’électrification se termine (l’essentiel avait été fait dans les années 20 et 30, mais il restait encore des maisons sans électricité) et se renouvelle. Par ailleurs, la commune participe à la création en 1946 du syndicat de gestion de l’eau « Rhône Aygues Ouvèze » auquel elle appartient toujours. Elle continue néanmoins d’être alimentée par ses propres sources jusqu’aux années 60. Le nouveau château d’eau, la station de pompage et le réseau d’eau datent de la fin des années 60 et du début des années 70.

La réalisation du tout-à-l'égout et d’une station d’épuration à la fin des années 50 était une de ses fiertés. C’était novateur, car très peu de communes en étaient équipées à cette époque. Les commentaires et les médisances vont bon train, mais l’égout et la station d’épuration aussi. Ces travaux s’étalent sur plusieurs années. Le projet est lancé en 1949, réalisé dans les années 57 à 60. C’est un chantier immense. Les rues du village sont ouvertes profondément, les platanes de la rue des sources arrachés. Les investissements sont très importants.

Villedieu se dote également d’un terrain de sports : achat d’un terrain à Régine Clapier, drainage quelques années plus tard, édification de douches et vestiaires encore un peu plus tard. Le tennis, le skate, l’aire de loisirs sont venus s’installer là lorsque le foot a disparu. C’est aussi l’époque, à la fin des années 60, où la commune se dote de deux réserves foncières importantes : les terrains en face de l’école (boulodrome et parking actuel) et les terrains qui ont servi à faire le lotissement qui porte aujourd’hui son nom.

Ce long mandat de maire a été interrompu en 1961 par un drame familial. Marqué par le décès brutal de son deuxième fils, Alain, dans un accident de voiture, Gustave Tardieu démissionne alors de son poste. Wilfrid Brieux, qui l’a accompagné depuis 1944, devient maire. Quatre ans plus tard, aux élections de 1965, Gustave Tardieu redevient maire et Wilfrid Brieux premier adjoint.

La fin de sa vie est également marquée profondément par les violents conflits internes au conseil municipal qui marquent le mandat des élus de 1971. Pourtant élu sur la même liste, le conseil municipal d’alors se fracture et les oppositions sont violentes. Les affrontements se font sur de nombreux dossiers. Les séances du conseil sont relayés dans des ar ticles de presse. Le premier adjoint s’oppose le plus souvent au maire. Les années 1971-1974, les trois dernières de ce long parcours municipal, seront assombries par cette situation.4

Malade du pancréas, Gustave Tardieu a subi plusieurs opérations avant de s’éteindre à l’hôpital de Lyon le 1er janvier 1974. Ses obsèques furent marquées par une cérémonie protestante donnée dans l’église de Villedieu et en présence d’une foule très importante qui l’a accompagné au cimetière.

Wilfrid Brieux, à ses côtés depuis si longtemps, est alors élu maire.


1. C’était ça ou dessin. On peut parier que pour les petits paysans de Nyons ou de Villedieu ça ne devait pas être souvent dessin...

2. À Villedieu, le conseil municipal désigné alors comprend les personnes suivantes : Wilfrid Brieux (adjoint), Gaston Ayme, Nestor Brun, Samuel Brun, Abel Girard, René Fauque, Léon Reynier, Léon Serret, Aristide Marcel

3. À noter que cette réussite initiale n’eut guère de suite : il faut attendre ensuite 1971 pour voir à nouveau une femme élue ; aucune entre 1947 et 1971.

4. La dernière fois que j’ai vu mon grandpère vivant, il hurlait au téléphone. Il était en ligne avec un journaliste, qui citait ses opposants et reprenait leurs propos à son compte. La dispute concernait cette fois l’église. L’article l’accusait sérieusement de vouloir raser l’église pour en faire un boulodrome.





Simone Tardieu et Jean-Louis Vollot dévoilent la plaque du lotissement



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Au fil du temps IV [ par Yves Tardieu ]

La comparaison de ces quatre photos permet de prendre la mesure du changement opéré par cette rénovation. L’espace ouvert par la disparition de la cour nord, du mur et de la haie du boulodrome modifie complètement la physionomie du lieu. Une véritable place a été créée, avec des vues et des perspectives nouvelles. Par ailleurs, la façade de l’école apparaît désormais et l’école devient un monument qu’elle n’était pas.

Cette vision de l’école était l’un des principaux apports de la réflexion des concepteurs du projet, Sébastien Braun et Olivier Werner. Les élus dans leur discussion antérieure avaient pensé qu’il fallait détruire la cour nord, sans fonctionnalité réelle et qui avait mal vieilli. Ils s’étaient également prononcés sur la fin de stationnement dans cette zone là (mais après une rude discussion et à une faible majorité). La « monumentalité » de la façade de l’école leur avait échappé.

On retrouvera cette réflexion sur l’école dans le fil du temps V ou VI. En effet, les travaux en cours cet été concernent la réalisation « d’une véritable entrée de l’école ». Les concepteurs du projet ont porté sur l’école un regard que nous, Villadéens, n’avions pas. Habitués à entrer par un portillon latéral depuis longtemps (toujours ?) nous n’étions pas choqués qu’une façade monumentale soit escamotée et ne serve pas d’entrée. Dans la mesure où les trois portes d’entrée en façade donnent sur des couloirs ou des placards, l’idée de faire une véritable entrée à l’école, à l’est, en repensant les espaces publics extérieurs (boulodrome, parking) a tout de suite séduit le conseil.

Une fois admise la disparition de la cour nord et du stationnement, les choix à faire étaient tout à la fois esthétiques, techniques et pratiques.

Dans les premières esquisses, il y avait une réflexion sur la « verticalité » qui se traduisait par un alignement de mâts. Il s’agissait de faire référence à la hauteur de l’école elle-même et de souligner sa monumentalité.

Cette esquisse, qui donne déjà l’allure générale du projet, a choqué la majorité des élus à cause de cette allée de mâts. Le projet s’est affiné au fil de nombreux débats.

L’arbre ou pas l’arbre ? Autrement dit l’affaire de l’épicéa, inutile d’y revenir après les articles parus dans différents numéros de La Gazette.

Quel type d’éclairage ? L’éclairage par mâts avec des projecteurs orientés s’est assez vite imposé. En revanche, la discussion sur la hauteur des mâts en question a été plus difficile. Les concepteurs du projet voulaient des mâts plus hauts que ce qu’ils sont, la majorité des élus non. Les mâts choisis sont donc moins hauts et moins chers que ceux prévus à l’origine. L’un des projecteurs a été voulu « à découpe » et éclaire la place avec des motifs géométriques.

Quel type de revêtement de sols ? De l’esquisse au premier projet, il était question de dallage. Dès le premier chiffrage, il est vite apparu que la commune ne pouvait le financer. Des emmarchements en pierre et du béton lavé ont donc été choisis, avec un travail préalable sur de nombreux échantillons. Les pierres des marches, du caniveau central et des bancs viennent d’une carrière proche de Nîmes. Toutes les plaques d‘égout et d’eau pluviale sont « remplissables », ce qui permet d’avoir visuellement l’impression du béton continu.

Quelle végétation ? Là aussi le désaccord entre les élus et les concepteurs du projet e est apparu. Pour ces derniers, cet espace devait rester minéral et donc sans plantations. Les élus voulaient des arbres. Finalement, il y en a deux, deux très grands arbres de Judée. Les mystères sont nombreux : l’un des deux arbres n’a pas pris et a été déclaré mort. Nous avons cessé de l’arroser. Au bout d’un mois, début juillet, il s’est mis à faire des feuilles et des fleurs ! À suivre.

Quelle entrée pour la maternelle ? Dans un premier temps, nous avions décidé de ne pas toucher à l’entrée de la maternelle. Une fois la cour nord détruite et la vue nouvelle du bâtiment ainsi créée, son changement s’imposait. Elle avait mal vieilli, occupait beaucoup de place, devenait inadaptée au nouveau lieu ainsi créé. La solution la plus simple et la moins coûteuse a été choisie pour la refaire.

Que faire des chiottes ? La nécessité de « refaire » les toilettes publiques s’était imposée dès les discussions entre élus. La demande de rénovation a donc été faite avec la volonté de garder quand même leur côté ancien (un « look vintage », comme ce fut formulé alors). C’est aussi pourquoi la structure a été conservée avec le toit plat arrondi. Pour le reste, l’accessibilité pour les handicapés était obligatoire. La proposition de l’architecte, des caissons métalliques, a été validée par le conseil. Il a fallu néanmoins longtemps pour que l’entreprise choisie fasse et finisse le travail. Bricoler dans le vieux est bien, mais quelquefois compliqué ! Désormais terminées, les toilettes publiques bénéficient de la lumière, de papier toilette et de savon.

H2O or not H2O ? Non prévue dans les esquisses, la présence de l’eau, en écho aux lavoirs et aux fontaines, était réclamée. Le projet présenté en réunion publique proposait un miroir d’eau. De nombreuses objections sur le coût et l’entretien d’un tel dispositif ont alors été faites et, après réflexion, cette idée a été abandonnée. Un autre projet à base de brumisateurs a également été abandonné. Finalement, il y a les réservations d’électricité et d’eau pour une éventuelle fontaine, un jour.

Le technique et la pratique ne se voient pas toujours, mais accaparent beaucoup. Il a été décidé de raccorder directement les gouttières au réseau pluvial. Il est apparu nécessaire en cours de chantier de reprendre les branchements à l’égout. Les réseaux existants (égout, eau, électricité) ont dû être revisités et complétés. Le maintien du « puits de l’école » qui, pendant longtemps a alimenté l’école et les douches municipales puis a servi de complément à l’eau des sources avant l’arrivée de « l’eau du Rhône », n’a pas été facile, mais nous y sommes arrivés. Il reste accessible.

La salive a beaucoup coulé au cours des travaux, et pas toujours avec bienveillance. Quelques spécialistes du dénigrement ont prédit successivement l’effondrement de plusieurs bâtiments, des catastrophes et malfaçons diverses. Globalement, les travaux se sont néanmoins bien passés, avec un certain retard

La salive a également coulé sur les bancs en pierre qui ont suscité interrogations et doutes, principalement sur leur disposition. Chacun a une meilleure idée pour les disposer. Avec autant d’idée que de chacun, on n’est guère plus avancé... La disposition initiale des bancs est ainsi présentée par Sébastien Braun, architecte du projet « Ce projet [...] vise à créer un lien entre la rue des Espérants et la place-parvis de l’école, simplement démarquée par des emmarchements. Les bancs, placés en quinconce perpendiculairement, expriment cette fluidité tout en assurant une défense pour le stationnement des véhicules à l’endroit où l’emmarchement n’est pas encore suffisamment marqué. »

Reste qu’une nouvelle place a été créée !

Quel nom lui donner ? Traversée de part en part par la rue des Espérants, parvis de l’école, le nom de place de l’Espérance, sans grande imagination, mais avec une note posi tive de confiance en l’avenir et une forme de jeu de mots, satisfait les élus. Si quelqu’un a une meilleure idée ? Et une idée pour l’école elle-même ?


À la suite de l’article paru dans le numéro 75 et intitulé « La vie municipale n’est pas (toujours) un long fleuve tranquille », Alain Sirop nous précise : « Les personnes en question étant décédées depuis longtemps et les actuels lecteurs de La Gazette ne sachant pas forcément de qui il s'agissait, je tiens à apporter les précisions suivantes :
— Louis Sirop, maire de Villedieu après la guerre de 1914-1918 était mon arrière grand-père. Il est bien évident que malgré le temps passé, j'assume les choix de mon aïeul !
— Albert Sirop était un homo nyme, contemporain de mon arrière grand-père, avec qui je n'ai pas de lien de parenté. »









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Gazette N°78 - 30 septembre 2012

Une famille villadéenne : les Fabre [ par Brigitte Guédon ]

J’aimerais évoquer quelques souvenirs de vacances passées à Villedieu et par la même occasion, la vie d’une famille du village, les Fabre.

Tous les étés dans les années 60, mes parents, mes frères et moi nous descendions du Pas de Calais pour les vacances d’été. Nous vivions alors chez Juliette Fabre, tante de ma mère Ginette Guédon, née Fabre. Elle demeurait rue des Espérants, en face de la ferme des Barthalois, ses grands amis (actuellement chez Daniel Labit). Elle vivait en harmonie avec le voisinage de l’époque : madame Cordéro, Baptistin, la famille Sylvain Dieu, la famille Julien, la famille Bonnefoi. Certains parmi vous se souviennent peut-être d’elle. Elle travaillait en tant que lithographe à l’imprimerie, elle participait aux cueillettes des raisins, pendant les vendanges, des fruits, des olives l’hiver. Cartonnière à domicile, elle fabriquait des bornes N7 pour les nougats de Montélimar et des boîtes de calissons. L’odeur de la colle embaumait la pièce que nous appelons encore « la pièce à Tata ». Dans la maison achetée à monsieur Macabet, une pièce lui était allouée pour le car tonnage. Nous l‘aidions à remplir de grands sacs de toile avec des pommes de pin et du bois mort, ramassés dans les bois qui jouxtaient le cimetière. Ce qui était un jeu pour nous était pour elle un complément de chauffage pour l’hiver, ce qui améliorait ses rudes conditions de vie. Elle aidait également au bureau de tabac chez sa nièce Thérèse Couston Robert. Après la messe, tous les dimanches, elle achetait à chacun de nous une surprise. Juliette, très pieuse, aidait les curés de la paroisse à la préparation des messes. Malgré sa grande dévotion, mon père réussit quand même à lui faire passer un 15 août au Mont Ventoux (la tentation fut trop grande). Elle partit un an, dans les années 50, à Château-neuf-du-Pape chez son cousin le curé Rigaud pour remplacer la soeur de celui-ci, malade. Mais elle languissait trop de son Villedieu, même si elle n’était pas native d’ici, mais de Loriol.

Juliette Fabre (1902-1994) était fille de Jules Fabre et Angélina Sauvaire.

Jules était boulanger dans l’ancienne boulangerie Fournier, sur la place où naquit le fils aîné Edmé, mon grand-père. Puis arrivèrent Virgile et Blanche, mère de Thérèse Couston Robert. Ils habitaient alors la maison de Léopold Dieu, en face du lavoir de la place de la Libération. La partie la plus ancienne est encore bien visible. Il faut l’imaginer entourée d’un verger. Jules ne gagnait pas suffisamment sa vie et la famille devant s’agrandir avec la venue de la petite dernière Juliette, il quitta le village pour s’installer une dizaine d’années à Loriol. En effet, comme il était aussi musicien, il y donna des cours et fut chef d’orchestre. Tous les enfants apprirent le violon comme lui. Le retour à Villedieu fut possible grâce au travail proposé à l’imprimerie Macabet.
Juliette poursuivit ses études. Elle épiait, de la salle de classe, l’arrivée des soldats et au grand dam de son institutrice, n’hésitait pas à sauter par la fenêtre pour aller à leur rencontre, espérant que ses deux frères feraient partie des permissionnaires. Eh oui, la Première Guerre mondiale était déclarée. Edmé et Virgile en réchapperont tous les deux, malgré les quatre années passées dans les tranchées, à Verdun.

Le nord de la France et les amitiés créées permirent à Edmé d’obtenir une place de comptable à Arras, dans le Pas de Calais et même de s’y marier. Ma mère Ginette y naquit. Sur les conseils de son frère aîné, Virgile s’y installa également pour exercer la même profession : le travail ne manquait pas dans le Nord de la France où tout était à reconstruire après la Grande Guerre.

Les deux soeurs, Blanche et Juliette, restées au village, attendaient l’été pour les retrouvailles. Ginette était impatiente d’arriver, surtout après un long voyage. Le moment le plus joyeux était le parcours d’Orange à Roaix, sur la plateforme du train. La famille était attendue par Nestor Couston, mari de Blanche, et par leur fille Thérèse et rentrait à Villedieu en jardinière.

Le grand-père Jules Fabre, en attendant ces moments heureux par tagés en famille, organisait durant l’année des soirées musicales. Il perpétuait ainsi un art que d’autres avant lui pratiquaient au village comme Auguste Reynier, Alcide Macabet, Joseph Mondet, Louis Gleyze, Ernest Constantin. Il menait alors le Philarmonique de Villedieu. Amateur de théâtre, il participait à des pièces jouées dans la grange des voisins, la famille Roux. Hormis ces activités, Jules fut membre du conseil municipal de l’époque pendant six ans.

Jules, malade, fut soigné par Juliette et il décéda en décembre 1933. Elle s’occupa ensuite de sa mère jusqu’à la fin de ses jours en 1942. La disparition de ses parents fut pour elle une catastrophe. Désormais, tous reposent dans le caveau familial à Villedieu.

Voilà une tranche de vie de cette famille villadéenne. J’ai eu envie de partager avec vous ces quelques souvenirs. J’ai pu retracer cet historique grâce à Thérèse Couston Robert (pour les récits et les photos), à mon père Gérard Guédon (pour les souvenirs). Je les en remercie. Je garde un souvenir ému de cette époque et de ma chère tante Juliette


La famille a conservé de nombreux documents, en particulier des cahiers et livres d’école.
Les textes et les dessins datent des années 10 et sont en partie marqués par la guerre.





Juliette Fabre, à droite, en 1944 (avec sa nièce Thérèse Robert)



Angelina et Jules Fabre avec leurs trois premiers enfants



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Gazette N°79 - 8 décembre 2012

Mon grand-père [ par Jean-Laurent Macabet ]

René Macabet est né au quartier Serre de la Donne, sur la commune de Villedieu, au mois de décembre de l’année 1925. Son père Fernand et sa mère Magdeleine travaillaient tous deux aux champs sur une exploitation minuscule qui avait bien du mal à les faire vivre.

Le gel des oliviers en 1929 n’arrangea pas cette situation, mais à force de travail, d’économie, de sacrifice, ils restèrent au pays.

René, grandissant, allait à l’école communale (quand il ne la faisait pas buissonnière).

Quand la guerre éclata (la deuxième), il avait 15 ans. L’après-guerre apporta un peu de prospérité et en 1951, au printemps, il se maria avec Odette qui lui donna son fils André, la même année.

René a connu des époques très différentes : le travail avec un cheval, puis avec deux chevaux quand l’exploitation grandissait. Il ne fut pas le dernier à acquérir un tracteur (à chenilles), et ce malgré le gel catastrophique des oliviers en 1956 qui changea l’orientation de la production agricole sur la commune. La vigne, les Côtes du Rhône, devint alors la production principale sur les coteaux.

Moderne dans sa tête, la machine à vendanger était pour lui un accès au progrès.

Il aimait aussi la lecture, c’était pour lui un besoin, il dévorait des livres d’histoire, voyageant avec la géographie et les récits vécus des découvertes. Ses connaissances étaient considérables sur beaucoup de sujets, mais il ne les étalait pas, ne recherchant pas les honneurs. Il voulait simplement vivre avec sa famille, se liait peu et avait une fidélité sans faille aux amitiés nouées.

Il était exigeant, d’abord pour lui-même, mais aussi pour les autres, car il aimait le travail bien fait.

Chasseur de lapins, il a connu aussi la myxomatose qui les tua tous. Il dut alors se reconvertir et chasser la grive. Passion qui ne le quitta plus, il avait un sacré « coup d’épaule ».

L’âge venant, la vue lui a fait défaut pour continuer à lire autant, pour aller à la chasse aussi. Il s’informait, malgré tout, avec la radio et la télévision.

Il aura pu connaître ses quatre arrières petites-filles, il en était heureux.

Malheureusement, la maladie a fait son chemin et, au début du mois d’octobre 2012, quelques minutes après que les vendanges soient finies sur l’exploitation, René Macabet s’en est allé, entouré de sa famille dans sa 87e année au quartier Serre de la Donne où il était né.





René Macabet et son arrière petite fille Charlotte en 2009





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Arlette Bertrand [ par Christiane Bertrand ]

Arlette, née le 2 février 1935 à Saint-Roman-de-Malegarde, était la seconde d’une fratrie de quatre enfants : deux garçons, Julien et Robert, décédés de longues maladies, et deux filles, Arlette et Lucette, cette dernière étant la plus jeune des quatre.

Elle s’est mariée le 22 avril 1967 avec Pierre Bertrand à Saint-Roman-de-Malegarde. Malheureusement, il n’y eut aucun enfant de cette union.

Pierre est décédé le 16 juillet 1994, laissant un grand vide pour Arlette.

Elle faisait partie de nombreux clubs pour occuper ses longues journées de solitude. Elle aimait beaucoup jouer aux cartes et invitait de nombreuses amies.

Elle avait fait un séjour à la maison de retraite La Séréno pour se rétablir après son opération du coeur. Arlette avait gardé des contacts avec les résidentes.

Dernièrement, elle était allée en voyage au Lavandou organisé par l’Agence nationale pour les chèques vacances (A.N.C.V.) pour les séniors.

Arlette était très présente pour ses proches auxquels elle va beaucoup manquer.







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Maridage centenàri [ par Paulette Mathieu ]

Acò fai cent an que ma maire, Eliso (Liseto) Gleize, se maridè lou trente de nouvèmbre de 1912. Èro la fiho dóu boulengié Emile Gleize e de sa femo Filoumeno. Espousè Augustin Jarrige, de Nimes, tipougrafe à l'empremarié Macabet à Vilo-Diéu, que prenié pensioun au cafèrestaurant Grosbleu (aro, oustau Barre) just à coustat de la boulenjarié de moun pepèi : lis oubrié de Macabet qu'èron pas dóu vilage loujavon e manjavon aqui o au cafèrestaurant dóu Cèntre.

Sus la foto, presso davans ço qu'es aro La Ramiso, i'a li parènt proche : fraire de moun pepèi (èron cinq fraire, n'en manco un, Ilarioun, lou paire de la Pineto, que devié èstre mort), la sorre de ma memèi e soun ome, quàuqui cousin di dous coustat, d'ami de la famiho, e just la maire, la sorre e lou fraire dóu nòvi. Plóuvié aquèu jour e fasié pas caud, ço qu'esplico l'èr gaire risoulet dis envita.

Liseto e soun espous aguèron, en mars de 1914, uno pichoto, Marìo-Terèso. Augustin partiguè au front, coume bèn d'autre, en avoust de 14, e a plus ges baia de nouvello.

Es soulamen dins lou courènt de 1915, que Liseto reçaupè¹ l'anounço óuficialo que soun ome èro mort dins li proumié jour de la guerro. Enterin, la pichoto avié aganta uno peremounìo² e n'èro defuntado en janvié de 1915.

Alor, Flourian Mathieu, tipougrafe, ami d'Augustin e tambèn amourous de ma maire (mai èro trop timide pèr se declara), reprènguè espèr. Après soun service, èro parti rejougne sa famiho en Argerìo, pièi au Marò e èro tambèn sus lou front. Quand li permissioun èron pas proun longo pèr ana au Marò, venié li passa à Vilo-Diéu encò de mi grand e fasié lou sèti³ de ma maire. Elo, lou faguè pacienta enjusquo en 1923 que l'enuiavo de leissa si parènt e de parti tant liuen. Se maridèron aquest an e siéu lou fru d'aquéu segound maridage.


1 : reçaupiguè : reçut.
2 : peremounìo : pneumonie.
3 : séti : siège.





Le menu du mariage





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Gazette N°80 - 14 février 2013

HOMMAGES À YVES TARDIEU

Yves nous laisse un message d'espoir
[ par Yves Tardieu ]

« Chers amis. Tout d’abord, merci. Merci d’être là, merci de répondre aussi nombreux à notre invitation et à notre volonté de partager un moment villadéen en ce début d’année, un moment pour discuter, un moment pour boire un coup, un moment pour échanger ces voeux. Au fond, c’est le principal objectif de cette cérémonie. Je suis content de voir que comme les années précédentes nous sommes nombreux et que, quelquefois, c’est la seule occasion de l’année où certains d’entre nous se croisent. Bienvenue donc dans cette salle pour cette nouvelle année.

L’année dernière, j’avais formulé des voeux pour l’année 2012 un peu mi-figue mi-raisin. L’année s’annonçait difficile sur le plan économique, difficile au niveau national et international. On peut dire qu’elle l’a été et on sait déjà que 2013 le sera encore. Les crises sont faites pour être surmontées et elles le seront. Notre tâche, à chacun, est de prendre les précautions morales et politiques qui nous empêchent de faire n’importe quoi : refusons les mesures extrêmes, la violence, la haine de l’autre ou même la haine de soi. L’expérience du XXe siècle a été trop lourde en tragédies. Gardons pour boussole, dans nos actes privés, mais surtout nos actes citoyens, la volonté de justice et d’égalité, le souci de la liberté de chacun, l’attention portée à autrui et à sa dignité. Lorsque les temps sont difficiles, ce sont les valeurs qui doivent nous tenir debout et nous tenir « Hommes et Femmes ».

L’année 2012 s’annonçait également difficile sur un plan personnel, même si j’étais à ce moment-là dans une période de rémission. Elle a été difficile, et 2013 l’est déjà. C’est pour cela que j’ai exceptionnellement un micro et une chaise. Pour le cas où je n’y arriverais pas sans… La maladie ruse, progresse, s’arrête, essaie de taper ailleurs, reruse et... bref, c’est un combat contre une bête sournoise que nous sommes trop nombreux à mener, à Villedieu comme ailleurs. Le discours des voeux n’est pas nécessairement celui du bulletin de santé du maire, mais il est normal que chacun se demande ce qui se passe et comment ça se passe. Pour le moment, j’ai la force et la volonté de continuer et je suis encore le maire à plein temps.

D’ailleurs, je profite de cette occasion pour remercier la plupart d’entre vous, Villadéennes et Villadéens, pour votre présence souvent chaleureuse et discrète devant cette situation, pour vos petites attentions. Je remercie aussi les élus qui se mobilisent pour faire tourner la boutique à côté de moi et qui m’entourent ce soir comme vous pouvez le voir. Je remercie aussi les employés municipaux, Gisèle et Caroline au secrétariat, Véronique, Mireille, Martine et Évelyne à l’école, et nos cantonniers, Gilles et Rémy. Joël Bouchet, que vous avez vu toute l’année au volant du camion a choisi de voler de ses propres ailes. Je le remercie pour son travail et lui souhaite bonne chance dans son aventure. Je vous présente Rémy Lavaud que nous venons d’embaucher avec un contrat d’un an.

Alors voilà, je suis optimiste et nous allons pouvoir terminer ce mandat dans de bonnes conditions. Et puis, si chaque année je suis là pour vous donner de mes nouvelles c’est plutôt bon signe non ? Alors je vous dis tout de suite « a l’an que ven » des fois que j’oublie de le dire à la fin !

L’année 2012 a été l’année de nos grands travaux. Grands travaux à notre échelle, celle de Villedieu et celle d’un mandat de six ans. Je veux parler bien sûr du réaménagement de la rue des Écoles et de la rue des Espérants. Le chantier a duré plus longtemps que prévu, a fait couler une salive abondante, quelquefois justifiée, quelquefois aussi fielleuse. Ça fait partie du jeu, pour l'instant aucune des catastrophes annoncées n’est arrivée et je suis, je crois pouvoir dire « nous sommes satisfaits du résultat ». Bien sûr, on peut ne pas aimer ceci ou cela dans cet aménagement, mais quand même : la passerelle est une réussite, la nouvelle place est déjà devenue un lieu de vie et d’animation, l’ensemble, boulodrome et nouvelle entrée de l’école est beaucoup plus beau et beaucoup plus fonctionnel qu’auparavant. Souvenons-nous de ces espaces cloisonnés, sales… Qui peut nier que les toilettes sont mieux, que le lieu de collecte des déchets s’est nettement amélioré et que l’arrière du bâtiment de la Poste est devenu propre et fonctionnel ? Je voudrais souligner dans cette réussite l’excellente coopération entre les élus et les concepteurs du projet, Sébastien Braun et Olivier Werner, ainsi que la présence et le suivi exceptionnels de ce chantier par Guillaume Portugues.

Pas de grands travaux en 2013. L’endettement de la commune et l’impossibilité de se financer facilement nous amènerons à fignoler, à terminer ce qui est engagé, aux sources, au cimetière, dans nos bâtiments, dans les chemins et ailleurs.

Vous avez vu fleurir des panneaux de signalisation. Ce travail est en cours et a été prévu sur deux ans. Il sera terminé en 2013 et permettra, entre autres, à la Poste de nous retrouver, car vous êtes nombreux à témoigner qu’elle a tendance à nous perdre, mais aussi aux touristes de trouver leur gîte, aux services de secours d’être plus efficaces et aux promeneurs de promener. Ce « panneautage » est aussi l’occasion de nommer certains lieux. Nous donnerons le nom de deux anciens maires de Villedieu, Hector Jacomet et Wilfried Brieux à la passerelle et à une nouvelle impasse communale, le nom de Gustave Daladier au stade, celui d’un grand résistant, Daniel Cordier, à l’école, sous réserve de son accord et appellerons place de l’Espérance la nouvelle place, longée par la rue des Espérants.

Au-delà des travaux, je voudrais souligner la vitalité du village, car ce soir, ici, ce qui importe c’est Villedieu et ce sont les Villadéens et les Villadéennes.

Je salue le travail remarquable, malgré les difficultés, des agriculteurs de Villedieu. Les médailles toujours nombreuses de la cave coopérative en témoignent, mais aussi les succès des caves particulières qui améliorent leurs produits, leurs réseaux, leur accueil. Rappeler que Pierre et Martial Arnaud étaient reçus au ministère de l’Agriculture, et par le ministre, il y a quelques semaines, pour la qualité de leurs produits, ou que les mêmes, avec le domaine des Adrès ont participé au printemps à l’animation de « Ferme en ferme » qui s’est développée dans le Vaucluse, ou que ce même domaine des Adrès se convertit partiellement au maraichage et à la vente locale.

Cette vitalité on la retrouve auprès de jeunes artisans ; nous avons désormais un ébéniste, un ferronnier, des maçons, des infirmiers, des assistantes maternelles... On la retrouve également dans la qualité et la variété de l’accueil touristique et le succès toujours renouvelé, quelquefois fatigant, de notre place.

Surtout, je voudrais saluer ce soir le travail extraordinaire fourni par nos associations, leurs dirigeants et bénévoles. Le club des Aînés, avec sa présidente Anne Marie Blanc, qui propose chaque semaine gymnastique et jeux de société, le jeudi, quelques voyages, souvent à vocation gastronomique, dans l’année, un beau loto, autant d’animations nécessaires et sympathiques. L’Amicale laïque, avec Judith Derksen et son équipe dynamique qui organisent la fête de l’école, le carnaval, le Noël de l’école, le financement des sorties scolaires et pour la première fois en 2012, le marché aux fleurs. Le club des Échecs, avec la doublette Denis Tardieu et René Kermann, avec les cours pour les enfants, les parties endiablées (ça reste quand même des échecs !), du vendredi soir et le championnat de nationale 4 qui les emmène jouer dans toute la région PACA, de Marseille à Gap ou d’Aix à Mar tigues et accueille ces équipes à Villedieu. La bibliothèque, avec Annette Le Tacon, et son travail avec l’école, la Ramade et bien sûr les permanences auprès des lecteurs réguliers. Le skate, avec sa présidente Régine Bellier qui organise le « Contest » et gère la maintenance du site. Le comité des fêtes, avec Sandrine Blanc, pour l’organisation des festivités « de base » : la fête votive, la fête nationale, le 15 août, le festival des soupes, les jeux du vendredi soir… Un énorme travail accompli avec une régularité remarquable… La Confrérie Saint-Vincent, et son président Jean Dieu, avec son chapitre d’été que tout le monde connaît, mais aussi ses autres activités : ban des vendanges, messes de la Saint-Quenin et de la Saint-Vincent... Et j’en passe. Je n’oublierai pas la Paroisse, et permettez moi de penser à son président André Dieu, qui ne peut pas être là ce soir pour des raisons de santé, à la société de Chasse et son président Théo Blanc, au Tennis club et son président Philippe de Moustier, les anciens combattants et leur présidente Josette Brieux, ainsi que le foyer La Ramade. La fête de l’amitié, le pistou, le marché de Noël, les cérémonies font partie du paysage et du patrimoine festif villadéen. En espérant n’oublier personne, il doit me rester Les Ringards et La Gazette. Jérémy Dieu et Les Ringards font plaisir à voir : Olympiades, loto de la fête votive, Pistou, concert, équipement du stade. En peu de temps, cette équipe a fait du bon boulot et beaucoup de voisins nous envient cette jeunesse mobilisée et engagée dans la vie du village. Quant à La Gazette, et sa présidente, Véronique Le Lous, le travail qui est fourni est tout simplement invraisemblable. La troupe de théâtre est, à elle seule, incroyable pour notre petit village ; mais également les activités de danse, de gymnastique, les spectacles : soirée cabaret, festival de juillet, festival Après les Vendanges et en 2013 une nouvelle soirée avec la cave et à la cave. Sans parler du journal lui-même, finalement plus régulier et plus copieux qu’il ne l’affiche depuis le début. Merci à vous tous, les présidents et présidentes bien sûr, mais aussi vos équipes et tous les bénévoles qui participent ponctuellement.

J’ajouterai que la municipalité elle-même a organisé beaucoup de choses en cette année 2012 : plusieurs concerts, souvent classiques, cet été et qu’elle a proposé avec Les Impromptus ou La Placétanou des animations spécifiques. Elle a également participé à l’organisation du Grand prix cycliste villadéen, au slalom en côte des vignerons de Villedieu et Buisson, au festival Après les Vendanges. Le succès, la réputation, l’appétit de Villedieu sont aussi dans cette force de proposition d’animation, cette envie.

Ces succès sont néanmoins fragiles et quelquefois les bénévoles s’épuisent, sont déçus du manque d’aide ou du manque de participation. Que chacun d’entre nous n’hésite pas à faire un peu plus, à se retrouver au village pour telle ou telle fête, à continuer à faire vivre notre vie de village. Pour cela, les chasseurs doivent croiser les tennismen, les skateurs doivent venir à l’aïoli, Les Ainés participer au festival de La Gazette et Les Ringards sont nécessairement partout. Ne restons pas dans nos chapelles respectives et participons un peu partout.

Tout cela n’empêche pas les Villadéens de parcourir le monde, de le découvrir, de le croquer, singulièrement parmi nos jeunes, qui en Australie, qui en Chine, qui en Nouvelle-Zélande, qui en Californie, qui à Bruxelles ou ailleurs. Croquons la vie par tous les bouts.

C’est sur ces mots que je vais formuler pour chacun de vous des voeux de santé, de prospérité, de bonheur. Je vous remercie une nouvelle fois de votre attention et de votre présence. Et maintenant buvons et mangeons. »





Adieu Yves...





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Notre maire, notre ami, nous a quittés... [ par Olivier Sac ]

Ce mail, au nom de Véronique Le Lous et de moi-même...

Notre immense ami Yves Tardieu est mort ce matin, lundi 14 janvier 2013, à 6 h 30.

Ces obsèques auront lieu le mercredi 16 janvier à 15 h 30, à Villedieu. Rendez-vous sur la place du village.

Selon ses dernières volontés, la cérémonie sera suivie d'un apéritif...

Notre peine est incommensurable...







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Dans la presse












Pour Yves... [ par Comité éditorial de La Durance ]

Notre collègue Yves Tardieu, professeur au collège Barbara Hendricks à Orange, nous a quittés cette nuit.

En 1999, Yves a été l'un des fondateurs de La Durance1. Animateur, conciliateur, vecteur de bonne humeur sont autant de termes qui caractérisent ses participations à la vie du groupe, mais nous retiendrons encore davantage son esprit critique acéré, la justesse de ses interventions et son anticonformisme pédagogique qui l'engageait sans cesse à explorer des démarches novatrices.

Yves était aussi, et surtout, notre ami, avec qui nous avons tant partagé.

Aujourd'hui La Durance est orpheline, Yves laisse un grand vide, à la mesure de ce large sourire qui en dit long sur l'humanité du personnage.

Yves Tardieu a été également, dans le courant des années 2000, formateur associé à l'IUFM d'Aix-Marseille, dans la filière histoire-géographie du dépar tement des Sciences humaines économiques et sociales (SHES). Responsable d'un groupe de formation professionnelle (GFP), pour les professeurs stagiaires, il a été un formateur très compétent, exigeant sur la qualité des contenus et compréhensif des difficultés rencontrées sur le terrain par ses jeunes enseignants. Son robuste bon sens, allié à une finesse d'esprit peu commune, a accompagné de nombreux professeurs dans cette année cruciale de professionnalisation. Il a également rejoint le groupe de développement de la géographie et a contribué, dans une ambiance d'amicale complicité, à la production de réflexions de qualité sur la didactique de la géographie et la rénovation de nos enseignements.

Organisateur infatigable, Yves a en outre assuré la responsabilité administrative de ce groupe. Durant ces années, il aura été une figure forte et souriante de l'IUFM. Tous ceux qui ont étroitement travaillé à ses côtés garderont le souvenir d'un homme chaleureux au dévouement exceptionnel qu'on ne sollicitait jamais en vain.


1. La Durance est le bulletin d'informations et de liaison des professeurs d'histoire, de géographie et d'éducation civique de l'académie d'Aix-Marseille. Il est élaboré par un Comité éditorial composé d'enseignants de collège, de lycée général et de trois IA-IPR. Il est diffusé environ une fois par mois.
Chers amis de La Gazette... [ par Thierry Dumas (École de Boxe du Haut Vaucluse et des Baronnies) ]

Yves a été président de l’École de Boxe pendant dix années. Il a toujours répondu présent aux réunions et manifestations de boxe.
C’était mon ami également par le fait de l’amitié indéfectible qui avait lié nos grandspères maternels respectifs, Camille Jubain et Raymond Travail, tous deux prisonniers de guerre dans le même stalag. Un Vaisonnais et un Villadéen qui se trouvaient réunis au fin fond des Sudètes alors qu’ils ne se connaissaient pas avant leur captivité.
Un jour que nous allions à une réunion de boxe, j’interrogeais Yves dans la voiture sur une partie de l’Histoire de France qui m’avait échappé complètement lors de ma scolarité, à savoir le 19e siècle (Napoléon III, la Commune, Thiers, Gambetta, etc.). Jamais un cours ne m’a autant passionné que ce jour-là, mêlant admirablement la politique, la sociologie et l’économie, tout cela raconté avec la bonhommie et l’humour d’Yves. C’était du grand art.
Nous avions une relation un peu à la façon des Grecs de l’antiquité. J’émettais un point de vue excessif pour qu’Yves puisse argumenter dans la tempérance, mais avec les yeux plissés et son incroyable sourire, pour le seul plaisir d’un dialogue.

Pour le reste, je laisse à ses nombreux amis le soin de faire son éloge, il n’en manquera pas, c’est certain.







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Lettres à un professeur...

Monsieur Tardieu...
Nous sommes très nombreux à vous avoir compté parmi nos professeurs au cours de notre scolarité au collège Barbara Hendricks à Orange.

Nous nous souvenons de vous, venant nous chercher dans la cour, d’un pas régulier, jouant d’une certaine nonchalance et d’une grande bonhommie. Et pourtant, dès votre apparition, vous nous inspiriez le respect. Vous vous imposiez d’emblée, de par votre stature et votre voix profonde et sonore, mais sans jamais vous mettre en colère. Vous usiez parfois d’un vigoureux claquement de mains pour rameuter vos troupes. Et si par mégarde, nous ne nous mettions pas convenablement et rapidement en rang, vous preniez parfois plaisir, sans méchanceté aucune, à faire durer l’opération, les jours de for t mistral notamment… Et parfois, c’est bien au chaud derrière la fenêtre du bureau du C.P.E. que vous observiez, d’un oeil amusé, notre joyeux désordre !

En classe, vous étiez un des rares professeurs à nous faire cours le plus souvent assis, derrière votre écran d’ordinateur, à une époque où l’informatique était encore bien rare dans nos salles de classe. Mais cette position assise, peu adaptée pour les autres enseignants qui s’efforçaient de nous imposer leur autorité professorale par tous les moyens, était loin de vous desservir. Bien au contraire ! Même assis, vous étiez attentif à chacun de nos gestes et à chacune de nos paroles. Même assis, vous nous donniez envie d’apprendre et de vous écouter, nous qui nous amusions de vos lunettes coincées sur le milieu du front et même de cette paire de lunettes à une seule branche que vous avez eue pendant quelque temps et que vous deviez tenir de la main pour qu’elle reste en place. Même assis, vous nous captiviez par l’étendue de vos connaissances, votre remarquable intelligence, votre façon vivante de nous enseigner l’histoire, la géographie, l’éducation civique. Vos cours mêlaient la grande Histoire aux petites histoires des Hommes et tissaient des liens entre les époques, le passé et le présent. La géographie, vous nous l’enseigniez au plus près de ses évolutions et de nos réalités, nous conduisant parfois « sur le terrain » pour croquer un paysage ou interviewer un acteur local. Et l’éducation civique, votre « marotte » s’appuyait toujours sur des cas concrets qui faisaient sens pour nous. Ainsi, vous étiez toujours disposé à répondre à nos questions brûlantes, des questions qui n’avaient pas toujours de lien direct avec le cours ! Dans ces situations, c’est avec votre malice habituelle que vous n’hésitiez pas à laisser libre cours à nos interrogations malines sur des faits d’actualité qui enflammaient nos jeunes esprits… Et lors de ces discussions que vous animiez, l’air de rien, de façon très subtile, vous réfutiez nos fragiles raisonnements et vous nous guidiez tout doucement vers un point de vue plus nuancé sur le sujet qui nous préoccupait. Combien de fois votre humour désamorçait les propos les plus polémiques que certains d’entre nous osaient formuler ! Combien d’heures enrichissantes avons-nous passées dans votre salle ! Et c’est dans un silence admiratif et respectueux que nous vous écoutions aussi lorsque vous commentiez une visite, au cours de sorties ou de voyages que vous étiez toujours prêt à organiser en équipe autour de la Mémoire, de la Résistance, de Paris ou de … Villedieu ! Et si par hasard, nous avions perdu notre concentration, occupés à bien autre chose qu’à vous écouter, vous saviez nous rappeler à l’ordre en commençant par un « Monsieur » ou un « Mademoiselle » suivi de notre nom de famille. Et c’est alors avec une remarque amusante tout autant qu’amusée, sans jamais vous défaire de votre sourire paternel, que vous nous remettiez calmement au travail. Mais la plupart du temps, nous avions envie d’aller dans vos cours et c’est grâce à ce lien de respectueuse confiance que vous aviez établi avec nous que nous nous comportions avec vous en élèves studieux et appliqués, disposés même parfois à travailler en silence pour vous laisser vous assoupir à votre bureau !

Tout cela faisait votre autorité naturelle et « mythique », Monsieur Tardieu. Tout cela faisait que nous disions de vous : « c’est un prof excellent », « c’est un super prof », « c’est l’un des meilleurs profs que j’ai jamais eus ! ». Mais vous n’étiez pas seulement un bon enseignant… Vous étiez aussi, au-delà de votre fonction, « humain » à nos yeux : humain lorsque vous nous donniez une petite tape paternelle sur l’épaule pour nous encourager ou nous montrer votre intérêt ou votre attachement ; humain lorsque nous nous rendions compte que nous pouvions parler de tout avec vous et que vous prêtiez une oreille attentive à nos petites confidences, même les plus intimes ; humain lorsque vous plaisantiez avez nous et que vous partagiez nos moments de détente lors de nos sorties ou voyages scolaires ; humain lorsque vous donniez de l’importance à ce qui comptait à nos yeux comme la fois où, pendant la coupe du monde de football de 2002, vous aviez interrompu votre cours pour que nous puissions écouter le match à la radio ! Humain, tout simplement…

Ce sont toutes ces petites et grandes choses qui vous rendent inoubliable, Monsieur Tardieu. Et c’est avec simplicité que nous avons envie de vous dire : « Merci, Monsieur le Professeur ! »
Vos élèves du collège Barbara Hendricks



Yves...
Nous sommes nombreux à t’avoir connu au collège Barbara Hendricks, où tu enseignais depuis septembre 1999.
Que nous soyons chef d’établissement, collègue ou agent d’entretien, lorsque nous passions dans le couloir devant ta salle dont la porte était toujours ouverte, nous observions avec plaisir tes élèves en train de travailler de façon appliquée dans un silence remarquable. Quelle n’était pas notre surprise alors quand nous te retrouvions devant la photocopieuse de la salle des professeurs, ayant « abandonné » tes élèves quelques instants ! Tu étais un des rares enseignants à oser laisser quelques minutes une classe sans que celle-ci se transforme en horde sauvage en l’absence du professeur ! Et tu t’amusais beaucoup à emprunter une apparente désinvolture dans ces pratiques peu conventionnelles qu’on te reprochait parfois ! Il t’arrivait même de répondre par un sourire, charmant et quelque peu désarmant, aux remarques de la principale concernant ta présence à la photocopieuse pendant tes cours ou ta façon « d’oublier » de remplir le cahier de textes de la classe ; ton sourire, si légendaire, faisait alors comprendre combien ces tâches étaient purement administratives et bien moins importantes à tes yeux que la lourde tâche d’enseigner à la jeunesse… Mais tu n'étais pas contrariant et tu promettais ... jusqu'à la fois suivante ! Tout cela fait par tie des nombreuses légendes qui hanteront encore longtemps les murs de notre collège, tout comme cette anecdote à peine croyable des petites « siestes » en classe que tu t’octroyais grâce au respect sans bornes que te vouaient les élèves. D’ailleurs, tu les avouais sans honte (et sans doute avec plaisir) même à tes supérieurs hiérarchiques, puisqu’un jour, alors que la principale adjointe te faisait part de son admiration pour ton autorité, tu lui avais répondu avec malice que « ton autorité » te donnait même droit à quelques courtes siestes ! Et Dieu sait si tu profitais de toutes les occasions pour recharger tes batteries, toi qui avais des journées et des nuits bien remplies par toutes les autres activités que tu exerçais autour et en plus de l’enseignement au collège ! Combien de fois nous avons traversé la salle de détente des professeurs en silence pour te laisser te reposer sur le canapé entre midi et deux ! Combien de cours savamment « bricolés » ou « empruntés » à tes collègues, à qui tu avais accordé ta précieuse confiance, ont trouvé un nouveau souffle dans ta classe ! Combien de fois, en voyage ou en sortie scolaire, nous demandions aux élèves dans le bus, le train ou le bateau, de ne pas te déranger pour te permettre de faire ta sieste ! Combien de fois aussi, les collègues qui t’accompagnaient en voyage scolaire redoutaient de devoir partager ta chambre et donc de subir tes ronflements ! Mais aussi combien de tes collègues se précipitaient pour être assis à tes côtés pendant le voyage et échanger avec toi sur de «  petits riens » et de « grandes choses » ! Combien de conversations tout autant passionnées que passionnantes, tout autant légères que profondes, certains d’entre nous ont eu la chance d’avoir avec toi ! Et nous appréciions alors, à sa juste valeur, ces moments privilégiés ! Notre affection et notre admiration pour toi étaient telles qu’un jour, quelquesuns d’entre nous avaient eu l’idée de créer un « Fan Club » à ton nom, allant même jusqu’à imaginer de faire faire des tee-shirts à ton effigie ! Et c’est avec ta modestie et ton humour habituels que tu avais accueilli cette idée singulière…
Dans ce collège que tu aimais tant, tu laisses ton empreinte, une empreinte indélébile. À la fois discret, mais disponible, secret, mais avenant, cultivé, mais humble, tu mettais à profit, au quotidien, ton intelligence exceptionnelle, tes compétences et ton savoirfaire. Alors que tu étais formateur à l’I.U.F.M., où les professeurs stagiaires appréciaient ton expérience véritable d’enseignant en Z.E.P. et ton humour, tu nous apprenais le métier à nous aussi tes collègues de « B.H. », débutants dans la profession ou professeurs aguerris, enseignant la même matière que toi ou une autre discipline. Tu nous as tout appris sans jamais vraiment nous donner de conseils ou de leçons. À force d’observations, de discussions et d’échanges, tu nous as fait progresser et évoluer dans notre façon d’enseigner, dans notre façon d’appréhender le comportement ou la situation particulière d’un élève, dans notre façon de préparer et de concevoir une activité pédagogique ou une sortie scolaire, dans notre façon de gérer un entretien avec une famille ou de mener un conseil de classe. À la fois incontournable et inimitable, tu as marqué et enrichi de ton influence directe ou indirecte nos pratiques quotidiennes.
Dans ce collège que tu aimais tant, tu faisais figure de « polyglotte » (alors même que tu disais avoir été dispensé, dans ta jeunesse, de cours d’Anglais au lycée !) puisque tu pouvais discuter en toute simplicité avec un inspecteur, un agent d’entretien, un chef d’établissement, une secrétaire, un assistant d’éducation, un C.P.E. ou un collègue, sans jamais être condescendant ou hypocrite. Membre du Conseil d’Administration, du Foyer Socio-éducatif, de l’Amicale du collège, homme dévoué et charismatique, tu avais une aura particulière sur tous les membres du personnel du collège Barbara Hendricks et tu faisais figure de « Grand Sage » en toutes circonstances. En Assemblée générale, en plein débat et au milieu des exclamations parfois houleuses, tu prenais la parole et tout le monde t’écoutait avec attention, car tu ne parlais jamais pour ne rien dire. Doué d’un sens aigu de l’observation et d’un bel esprit de synthèse, sachant cultiver la « juste » distance aux choses, tu savais prendre la hauteur suffisante pour apporter les solutions les plus appropriées aux problèmes que nous rencontrions. Tu nous livrais alors tes réflexions pertinentes et tes avis éclairés. Et nous aimions te consulter en pair clairvoyant, car tu savais nous recentrer sur l’essentiel et nous ouvrir des perspectives.
Dans ce collège que tu aimais tant, tu n’agissais pas toujours dans la lumière… Parfois, tu étais aussi « l’homme de l’ombre », dans la lignée des Résistants dont tu perpétuais la mémoire auprès de nos élèves. Passionné d’informatique et plein de ressources, tu emportais parfois le matériel du collège pour le réparer ou l’enrichir de logiciels et nous profitions ensuite du fruit de ton travail sans le savoir. Et nous sommes peu à nous rappeler que c’est toi qui avais eu l’idée de la création de « ToutBarbara », notre liste de diffusion internet, que tu as longtemps gérée en tant qu’administrateur. N’oublions pas aussi que dans les situations les plus tendues que notre établissement ait connues, lorsque les relations entre les différents membres du personnel se dégradaient, tu oeuvrais à ta façon (au collège ou sur internet), avec diplomatie et bon sens, pour résoudre les conflits et apaiser les esprits. Nous ne savions pas toujours alors combien tu étais à l’origine de la bonne entente et de la sérénité retrouvées.

Yves, pour toutes ces raisons, nous savons qu’il reste un peu de toi dans ces murs du collège Barbara Hendricks ; nous savons que cet « Esprit B.H. » qui souffle encore de temps en temps dans l’établissement, tu y es sans aucun doute pour quelque chose. Notre collège est désormais un peu vide sans toi… Mais peut-être es-tu encore à nous observer, avec toute la malice et la bienveillance dont tu as fait preuve quand tu étais à nos côtés. Merci Yves, pour l’héritage que tu nous lègues, à nous de le faire prospérer. Merci Yves, pour nous avoir montré la voie, à nous désormais de la poursuivre sans toi.

Tes collègues de B.H.







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Yves Tardieu nous a quittés... [ par Christine Mussard et Éric Vottero, formateurs en Histoire-Géographie à l’I.U.F.M. d’Aix-Marseille ]

Yves Tardieu s’est éteint dans la nuit du 13 au 14 janvier 2013, il avait 54 ans.

Professeur d’histoire-géographie au collège Barbara Hendricks à Orange, Yves a mis ses compétences et son dévouement au service de la formation des enseignants à l’I.U.F.M. au début des années 2000 en tant que tuteur des Groupes de formation professionnelle (G.F.P.).
Responsable administratif de la formation des professeurs stagiaires, mais aussi membre essentiel du Groupe de Développement de Géographie. Notre académie perd un enseignant et un formateur de grande qualité.







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Chronique d'une mort annoncée [ par Annie Tardieu ]

Lundi 14 janvier 2013 – 12 h 31


À 9 h 51 ce matin, ma soeur m’annonçait sur mon portable qu’Yves venait de décéder. Terrible nouvelle qui, une fois de plus, emporte la famille dans un tourbillon de morts trop tôt disparus. Le crabe qui s’était installé dans son corps n’a cessé de prendre ses aises, d’abord dans son rein, puis dans ses poumons, pour enfin s’épanouir dans son cerveau. Nous perdons un homme exceptionnel d’intelligence, de gentillesse et d’empathie. Toujours discret, mais à l’écoute des autres, historien et géographe hors pair au collège à Orange où tous les élèves lui témoignaient leur sympathie, tant il était proche d’eux, qu’elle que soit leur origine et leur croyance.

Il avait réussi sa vie et adorait son métier. Pour ses enfants, il était le phare qui n’a jamais cessé de les éclairer, même dans la solitude de la maladie qui, brusquement, est venue le punir d’être trop : trop gentil, trop honnête, trop discret, trop talentueux, trop dévoué, trop tout.

Sa femme, Brigitte, était le bras armé du couple, parant sans faillir à toutes les faiblesses, tous les aléas de la vie avec un courage inouï. Ils formaient un couple sans histoires, complémentaire, complice. Brigitte, femme de courage, n’a jamais baissé les bras ni montré ses inquiétudes face à la maladie. Pourtant, elle était très inquiète sur la santé de son mari, mais chez elle, les moments d’abandon étaient rares.

L’été dernier, je leur avais proposé de venir se reposer à Hossegor où je réside. Yves m’avait répondu qu’il ne serait pas capable d’effectuer les 650 kilomètres qui nous séparent pour venir se ressourcer. J’avais déjà compris que la maladie était sa maîtresse, celle qui décide de faire ou ne pas faire, de partir ou de rester.

Nous savions tous qu’il n’avait aucune illusion sur l’issue de sa maladie, mais jamais il n’a montré à quiconque sa détresse. Au contraire, jusqu’au bout, il a tout assumé : sa mairie, ses Niouzes, sa Gazette auxquelles il était tant attaché. Il est et restera un exemple de force, de courage. Il savait écrire dans la nuance, et il fallait que nous lisions entre les lignes. Il manquera à tous, famille et amis.

J’espère qu’un jour, il aura une plaque à sa mémoire, comme son grand-père, Gustave Tardieu.

Mon cher neveu, j’espère que nous nous retrouverons dans le paradis blanc que chantait Michel Berger. Bonne route. Et attention aux excès de vitesse ! Ici, je fais référence à ton humour. Affectueusement et « immortellement ».

Tantine


P.S. : Dans l’ordre des choses de la vie, tu aurais dû partir après moi, mais, dans la vie, il n’y a pas d’ordre. Quelle connerie cette putain de vie.

Adessias...
Merci Yves... [ par Armelle Dénéréaz ]

Villedieu, le 16 janvier 2013.

Merci Yves pour ces bons moments partagés.

Merci pour ta leçon de courage tout au long de cette maladie sournoise qui te diminuait physiquement, mais qui n’a jamais entamé ta détermination et ton envie de faire pour le village.

Merci Yves pour La Gazette et ses soirées inoubliables…

Merci pour ton intelligence que tu savais si souvent nous montrer sans jamais l’imposer.

Merci pour ta tolérance, ton humour, ta présence, ton sourire.

Puissent-ils nous accompagner pour prolonger ton action dans le village…et par-dessus tout, merci pour ton amitié.
Le gardien du village [ par Joëlle Dederix ]

Dans chaque village à l'entrée ou dans les dédales des ruelles
Il y a un gardien, une âme qui veille
Sans le dire, sans l'écrire, sans le proclamer
Mais discrètement dans le coeur et la vérité
Un être qui dans son énergie lumineuse fait planer sur les lieux
Cet air particulier qui peut réunir sur la même place les jeunes et les vieux

Dans chaque village dans les coins obscurs ou sur les parvis
Gravite un peuple hétéroclite aux multiples visages, aux cent mille saris
Il existe aussi des hommes et des femmes peu tolérants voire de réels gredins
Mais le gardien qui tient secrètement la bourgade dans la paume de sa main
Parvient de façon naturelle à imposer le respect et, d'une seule parole
Juste, claire et calme à rassembler autour de lui toutes les écoles

Dans mon nouveau village, celui que j'ai adopté il y a plus de deux ans
J'ai rapidement compris que celui qui, dans les arcanes des mondes infinis,
Avait accepté cette responsabilité était un homme d'une envergure remarquable
Il m'impressionnait d'ailleurs beaucoup mais devant lui je retrouvais mon air d'enfant
Car il faisait partie de ceux-là chez lesquels la dignité fait alliance avec un regard d'ami
Intelligence du coeur et du verbe, sobriété dans la maladie, en tout temps l'élégance véritable

Un jour qu'il prenait un café près de la fontaine habillé de simple et de mystère
Je pris place près de lui pour partager le chant de l'eau, échanger des idées, même sans mots
Je lui demandai si je ne le dérangeais pas ... il sourit et répondit : « pas du tout, je travaillais... »
Un peu interloquée je m'enquis de le questionner sur ce labeur énigmatique
Ses yeux riaient quand il m'éclaira sur ma question : « je pensais... »
Là je me penchai et découvris ses pieds sous la table : de belles chaussures ... sans chaussettes

Dans ce village c'est ce grand homme, le maire, qui depuis des mois nous invite à la vie
Celle qui s'incline devant chaque instant et les petits cadeaux du quotidien
Celle qui ne fait pas de bruit mais se donne dans les coulisses pour que le spectacle soit réussi
Celle qui n'entretient pas de vaine discussion, celle qui ne se vante pas mais
« Est ... La »
Nous l'avons vu si souvent, ce bel arbre aux mains d'argile, franchir le seuil de la mairie
Traverser la place, aller chercher son pain, s'asseoir pour contempler, écouter pour comprendre

Il est de coutume le premier vendredi de janvier d’assister aux voeux du maire
Il y était en ce début 2013 et nous a offert des souhaits de maître
Aucun apitoiement sur lui-même pourtant si fatigué, affaibli
Sa belle voix chaude, grave et tremblante s’offrant à nous une ultime fois
Un discours d’humanisme profond, de sagesse ancestrale, une trace d’inouï
Un homme jeune sachant qu’il va mourir mais qui n’en fait pas cas


Et voici qu’il est mort l’ami, le maire, l’homme admirable, le maître
Tout le village se sentant orphelin s’est retrouvé sur la place pour ses funérailles
Les huiles comme on les nomme ici (les VIP, politiciens…) se sont exprimées
Puis les plus proches, les associations dans lesquelles il gravitait sans compter
L’émotion et la charge dramatique étaient palpables mais par-dessus tout
Nous sentions combien cet homme avait inspiré l’estime chez tous et partout

Le gardien au charisme inné s'en est allé
Et nous nous sentons abandonnés
Qui va colmater les brèches, dire la justice, calmer les tempêtes
Tenir les balises dans l’orbe de son oeil, rester aux aguets
Qui va déposer sur ses pas ce discernement, cette bienveillance
Je ne sais pas mais s’il est parti c’est qu’il nous accorde sa confiance

Sous les cieux il est un temps pour chaque chose
Ce temps est celui de la tristesse, de l’intériorité, du silence
Que les ego se taisent et hissent le drapeau, qu’ils fassent donc une pause
Que chacun cesse de vouloir récupérer les bribes d’éphémère, ne lui faisons pas offense
En nous agitant, en nous glorifiant mais soyons dignes d’avoir pu cheminer avec lui
Honorons-le dans le secret de nos coeurs et à notre tour, portons du fruit

Il laisse dans son sillage de grands espaces à habiter
Des projets à poursuivre ou à parachever
Des semences à accompagner vers la floraison
Mais aussi un vide dans toutes les maisons
Yves Tardieu comme tu vas nous manquer, cette élégance toute en sobriété
Cette intelligence de l'Être, cet humanisme porté en vérité

Si jeune encore tu as mené ta mission à bon port, comme un chevalier vaillant
Et, certes tu mérites la couronne de gloire réservée à ces hommes ardents
Qui dans le silence bâtissent de grandes oeuvres….
Peut-être es-tu parti parce que tu avais accompli ce qui était à accomplir
Sans doute étais-tu prêt : de multiples témoins en font la preuve
Et de quelque part dans la lila des galaxies tu dois nous voir frémir

Dans tes voiles souffle le vent de ceux qui restent dans les mémoires
Va cher ami, va mais ne nous oublie pas et veille sur nous









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« Monsieur Tardieu », un grand monsieur... [ par Carine Coule ]

Il est un endroit où, celui que tous les Villadéens appelaient affectueusement « Yves », était très respectueusement appelé « Monsieur Tardieu ». Car Yves Tardieu enseignait l’histoire-géographie dans un collège classé en réseau de réussite scolaire depuis douze ans.

Une fois franchie la trentaine de kilomètres qui séparent Villedieu d’Orange, une fois entré dans la salle des profs, son gros cartable marron à la main et son flegme légendaire telle une aura, Monsieur Tardieu était là. Bien trop peu à notre goût, car son coeur était ailleurs, lui qui nous parlait de Villedieu chaque jour, lui dont l’emploi du temps était conçu de façon à pouvoir vaquer à ses occupations de premier magistrat du village, lui qui avait fait entrer La Gazette au collège via la liste de diffusion, lui qui avait appor té un bout de Villedieu au collège en la personne d’Olivier Sac…

Alors, quand il était là, nous ouvrions grands nos yeux et (surtout) nos oreilles. Car Monsieur Tardieu, c’était un grand monsieur. Un de ces professeurs qui font par tie des murs. Chevronné, solide : une référence…la référence. Il ne parlait ni beaucoup ni souvent. Pendant les récréations ou ses quelques moments libres, il aimait passer du temps avec Olivier (ah, Villedieu, quand tu nous tiens !) ou bien s’asseoir sur le canapé de la salle des professeurs et écouter les uns et les autres échanger.

Au collège, Monsieur Tardieu était admiré de ses collègues. Ses interventions, avec la verve qu’on lui connaissait bien, étaient attendues et appréciées. Il apportait toujours la réponse qui manquait dans nos débats ; il ajoutait bien sûr la remarque qu’il fallait dans nos conseils de classe. Il avait ce petit talent que bien peu d’entre nous, enseignants ou pas, possèdent : il savait en effet, et ce dans toutes les circonstances, prendre ce recul, si indispensable, car en fait si bienveillant, pour proposer une analyse juste, neutre et nuancée de telle ou telle situation.

Au collège, Monsieur Tardieu était respecté de ses élèves. C’est avec une passion partagée qu’il parcourait avec eux les programmes d’histoire, de géographie et d’éducation civique. C’est vrai qu’il en imposait par sa voix et sa stature, mais il n’avait pas tant besoin d’en jouer pour gagner ce respect d’adolescents, souvent en conflit, et toujours en attente. Ces « petits » de Fourchevieilles, de Croix-Rouge ou de l’Aygues, pas vraiment tendres de prime abord, mais qui en fait n’attendent qu’une main tendue pour découvrir le monde qui les entoure. Monsieur Tardieu savait comment faire germer chez eux ce petit quelque chose qui allait les pousser à réfléchir sur les méandres de l’histoire, sur l’ère contemporaine, sur les débats d’actualité. C’est avec une grande humilité et beaucoup de discrétion qu’il confiait parfois avoir réussi à tisser un dialogue avec un élève plus perturbateur, plus renfermé ou plus difficile que les autres.

Au collège, Monsieur Tardieu répondait présent. Présent pour occuper le poste de trésorier du Foyer Socio Éducatif, présent pour être professeur principal, présent pour guider l’équipe pédagogique d’histoire-géographie, présent pour partir en voyage scolaire outre-Manche, présent pour lancer et gérer la liste de diffusion « ToutBarbara »…

Alors quand Monsieur Tardieu quitte le collège en juin 2011, c’est un vide immense qu’il laisse derrière lui. C’est la porte de la salle 109, toujours ouverte quand il faisait cours, qui se referme. C’est une absence douloureuse pour tous ceux qui ont eu la joie de travailler à ses côtés. Et quand Monsieur Tardieu tire sa révérence en janvier 2013, il laisse derrière lui des dizaines d’orphelins, qui, désormais réduits à l’état de « Petit Poucet » et « Petite Poucette » (merci à toi, Yves, de m’avoir fait découvrir ce si beau texte du philosophe Michel Serres) échangent par les pouces sur leurs portables, tablettes et autres outils modernes leur peine, leur chagrin, leurs souvenirs. Ces élèves qui, à la mairie ou au skate park de Villedieu, avaient bien remarqué le sourire de Monsieur Tardieu, humblement heureux de les voir en son village…

Je terminerai en me permettant de laisser le « nous » et le « Monsieur Tardieu » de côté pour revenir vers le « je » et vers toi Yves, mon collègue, mon ami, mon « père spirituel »… Tu m’as tant appris. Dans l’océan de tristesse qui m’inonde aujourd’hui brillent la fierté et l’honneur de t’avoir connu et côtoyé pendant onze ans, d’avoir été le professeur de mes premières heures sous ta houlette de professeur principal, de t’avoir parlé pendant nos longues heures de bus vers l’Angleterre ou l’Écosse, de t’avoir écrit tant de mails auxquels tu prenais toujours le temps de répondre, d’avoir partagé avec toi la gestion du Foyer Socio Éducatif, de t’avoir posé mille questions auxquelles tu apportais mille réponses, d’avoir partagé quelques fous rires aussi.

Fin avril 2011, je t’envoyai un mail t’annonçant une très heureuse nouvelle, à laquelle tu répondis en m’annonçant une très mauvaise nouvelle. Quand nous nous vîmes, quelques jours plus tard, tu t’excusas d’avoir entaché ainsi mon bonheur. Toujours le mot qu’il fallait quand il fallait.

Un grand monsieur.





Yves Tardieu en voyage scolaire en Écosse



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Où trouve-t-il cette force ? [ par Pierre Arnaud ]

Ceci est le texte intégral de l’hommage rendu à Yves Tardieu par Pierre Arnaud, 1er adjoint, lors de la cérémonie des obsèques sur la place de Villedieu.

Yves attachait beaucoup d’importance aux 17 associations du village. Je demande donc aux présidents ou représentants des associations de venir nous rejoindre.

Avant de commencer cette cérémonie, par respect pour Yves, pour tout ce qu’il a fait pour nous tous, je vous demande un moment de silence et de recueillement.

Yves, cher Yves, tu es parti. Aujourd’hui, c’est tout le village qui se sent un peu orphelin.

Tu étais fédérateur.

Homme de la terre, tu connaissais parfaitement le milieu rural et tu voyais loin, très loin, peut-être trop loin pour nous ! Ton intelligence bouillonnait. Tu avais des projets plein la tête et tu en as réalisé beaucoup.

Tu as été à l’initiative, il y a plus de dix ans, du journal La Gazette de Villedieu qui est un lien formidable, tu as su donner le ton ! Tu savais jouer avec les mots qui donnaient à tous tes écrits, du relief.
Passionné d’informatique, tu as très vite mis en place les infos de Villedieu sur internet, un outil magnifique ! Avec Les Niouzes, toutes les semaines, les amis de Villedieu, où qu’ils se trouvent dans le monde, étaient reliés à notre petit village.
Combien d’heures as-tu passées pour cela ?

En 2008, tu es devenu maire avec toute l’équipe qui t’entoure aujourd’hui.
Très vite, on a senti émerger les valeurs humanistes qui sont les tiennes.
Tu voulais le meilleur pour ton village. Tu as réalisé beaucoup de projets.
Tu as soutenu les 17 associations.
Tu étais partout, avec souvent deux réunions par soirée.

Combien de fois la lumière de la mairie restait éclairée très tard le soir, car tu travaillais sur des dossiers ! Dans les petites mairies, il faut savoir tout faire !

Tu étais un grand démocrate, tu savais écouter.

Puis, un jour, tu nous as annoncé, par mail, je me souviens du titre : « Il y a une couille dans le potage » (c’était ta façon de dédramatiser)... « On m’a décelé un cancer et c’est grave ». C’était il y a 3 ans.

Et là, on a découvert une autre valeur de ta personnalité : le courage. Beaucoup de ceux qui t’ont connu se sont posé cette question : où trouve-t-il cette force ?

Toi seul le sais.

Il y a une chanson qui me vient à l’esprit : « Résiste, pour que tu existes, va, refuse ce monde égoïste, bats-toi et persiste ».

Yves, tu étais prof d’histoire-géo, tu étais un passionné de la « Résistance  ». Il fallait voir quelle force tu donnais aux discours du 18 juin, du 8 mai ou du 11 novembre. Tu as voulu tenir jusqu’au bout ; quel exemple pour notre société malade du tout, tout de suite.

Cher Yves, permets-moi, pour conclure, d’emprunter quelques phrases que tu as dites lors de tes voeux mémorables de 2013, il y a seulement quelques jours. Elles résument ce que tu étais et ce que tu seras encore longtemps dans nos coeurs. C’est un beau cadeau que tu nous as fait, un souffle d’espérance :

« Les crises sont faites pour être surmontées et elles le seront. Notre tâche à chacun est de prendre les précautions morales et politiques qui nous empêchent de faire n’importe quoi. Refusons les mesures extrêmes, la violence, la haine de l’autre ou même la haine de soi. L’expérience du XXe siècle a été trop lourde en tragédies.

Gardons pour boussole, dans nos actes privés, comme dans nos actes citoyens, la volonté de justice et d’égalité, le souci de la liberté de chacun, l’attention portée à l’autre et à sa dignité. Lorsque les temps sont difficiles, ce sont les valeurs qui doivent nous tenir debout et nous tenir hommes et femmes. »

Merci encore, Yves, nous avons eu la chance de partager toutes ces valeurs humanistes avec toi ... et au revoir…







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Yves : un inconnu devenu un Ami [ par Sandrine Blanc ]

Dans les années 90, Yves était pour moi un inconnu. Un homme qu’il m’arrivait de croiser sur les routes.
Un jour, lors d’une manifestation à Villedieu, je demandais à Sylvain, mon mari : « Qui est cet homme ? ». Il me dit : « C’est un fils Tardieu. Il s’appelle Yves, mais je ne le connais pas vraiment, il est professeur d’histoire géographie ». Les années passent, nos chemins se croisent encore et encore.
Mon beau père, Roland, qui a été adjoint, me parle souvent de la mairie. Quelques fois, cela ne doit pas être facile à gérer, mais je pense que ce doit être une expérience à tenter. Je me décide donc à me présenter aux prochaines élections.
En mars 2001, Yves et moi-même nous nous retrouvons élus conseillers pour la commune. Il nous arrive de travailler ensemble sur des projets, c’est quelqu’un que j’apprends à connaitre au fil des années. Je commence à beaucoup l’apprécier, car il est très agréable et très consciencieux.
Le mandat touche à sa fin. J’aime ce que je fais à la mairie, et j’ai envie de continuer, je décide donc de demander au maire en place ce qu’il compte faire. Après plusieurs demandes, sans réponse positive, je décide de rejoindre la liste d’Yves pour poursuivre l’aventure.
En mars 2008, les élections ont lieu, et comme chacun le sait, la liste entière est élue. Yves me demande d’être adjointe, j’y consens avec plaisir. Nous sommes donc en place, et nous avons des projets plein la tête. Les élus se retrouvent souvent en mairie pour de nombreuses réunions, tout le monde participe activement. Il nous arrive bien entendu de ne pas être d’accord, c’est normal, nous sommes quinze ; quelques fois le ton monte, mais Yves sait toujours nous « calmer », sans hausser le ton, il sait apaiser les gens tout en respectant l’avis de chacun. En dehors de la mairie, il nous arrive de nous voir, par exemple lors des concours de boules des élus, qui ont lieu chaque année dans les villages voisins. Guillaume Portugues, Yves et moi-même y allons pour représenter la commune. Nous ne sommes pas des professionnels des boules, mais nous passons à chaque fois de très bonnes journées à plaisanter, à discuter de choses et d’autres, même si souvent nos discussions reviennent toujours à la mairie. Il faut dire qu’il y a tellement de choses à gérer, dans une petite commune comme la nôtre. Le maire fait office de tellement de choses, il gère les soucis des uns et des autres, même quand cela n’est pas de son ressort.
Florian, mon fils, pas très calé en histoire géographie, doit faire deux exposés dans cette matière, devoirs qui compteront pour l’obtention de son C.A.P.. Il demande à Yves un peu d’aide. Ce dernier accepte volontiers de lui prêter des livres, et lui dit : « Si tu as besoin d’un coup de main, je suis là… ».
Florian lui montrera ses exposés afin qu’il lui dise ce qu’il en pense. Yves lui dira que ses devoirs sont très corrects, la preuve, il obtiendra deux bonnes notes. Florian n’hésitera pas à le remercier pour son aide. Je pense qu’Yves était un professeur remarquable, il savait faire aimer la matière qu’il enseignait, bon nombre de ses élèves peuvent en témoigner.
Un soir, après un conseil municipal, Yves nous propose de rester quelques minutes, car il a quelque chose à nous communiquer. Je me demande ce qu’il peut bien avoir à nous dire… Il commence par : « Il y a une couille dans le potage... J’ai une récidive de mon cancer du rein. Des métastases sont sur mes poumons... ». Nous sommes tous abasourdis. Je rentre chez moi, angoissée en me disant : « Il ne faut pas qu’il baisse les bras, il doit se battre ! ». Facile à dire, mais ce n’est pas moi qui ai cette maladie. Il faut tout faire pour l’aider, et surtout garder le moral. Le lendemain, je vois Yves en mairie, il me dit : « Je commence les traitements dès que possible et ensuite surement l’opération. ». Tous, employés et élus, nous lui disons : « T’inquiètes, on va gérer, pense en premier à ta santé, c’est ce qui est le plus important. ». L’opération a lieu, Yves est fatigué, mais petit à petit il a l’air d’aller mieux. Il est fort, il a un moral d’acier.
Quelques mois plus tard, Yves est très fatigué, normal, il n’arrête jamais : la mairie, La Gazette, Les Niouzes, la Copavo… Lors d’un contrôle de santé, il apprend que la maladie s’est propagée au cerveau. Je me souviendrais toujours du matin où il est arrivé en mairie, et nous a annoncé, à Caroline Delsenne, la secrétaire et à moi-même, la mauvaise nouvelle. Que dire, que faire, à par pleurer… Mais, il nous a dit : « Je vais continuer à me battre contre cette fichue maladie. ».
Un jour, crâne rasé, il rentre à la mairie, cela nous fait bizarre, mais finalement, ça lui va bien, il a la forme, le moral, c’est bon signe ! Les traitements vont recommencer.
C’est très lourd, les premières et deuxièmes semaines se passent pas trop mal, plus dures sont les troisièmes et quatrièmes, Yves vient souvent, il est exténué, mais il garde toujours espoir, et surtout il fait preuve d’un sacré courage, il veut toujours faire pleins de choses pour le village. Il enchaîne les réunions, les rendezvous... Quel homme ! Je n’ai jamais su et ne sais toujours pas où il puisait toute cette énergie.
Lors des voeux en janvier dernier, Yves est affaibli, mais il garde toujours la tête haute, et continue de se battre. Nous sommes à ses côtés, il sait qu’il peut compter sur nous, les élus, pour gérer la mairie, mais nous ne pourrons jamais le remplacer, et faire tout ce qu’il faisait, il se donnait corps et âme pour le village. Nous ne l’en remercierons jamais assez.
Malheureusement, le lundi 14 janvier dernier, Yves, cet inconnu qui était devenu mon ami nous a quittés. J’adresse encore toutes mes sincères condoléances à sa femme Brigitte, son fils Simon, sa fille Laurie, sa maman Raymonde, et ses frères Denis et Thierry.

Merci, Yves, d’avoir partagé un bout de chemin de ma vie...







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« Courage à vous trois... » [ par Clémence (École primaire et maternelle Jean Giono à Bollène) ]

Bonsoir Brigitte...
J'arrive à peine de Villedieu, et je voulais absolument te dire combien j'ai trouvé ce moment « beau ».
Je n'arriverai pas à te dire tout ça de vive voix et il n'y aura jamais de moment pour cela, mais je voulais te faire partager mes impressions si positives.
Je trouve que les collègues de ton mari lui ont offert un hommage magnifique, un discours si sincère, si poignant, si vivant. Il devait être un sacré grand homme et un incroyable mari, pour mériter un si bel engouement.
C'est une chance que vos chemins se soient croisés, car vous me semblez porter les mêmes couleurs, les mêmes valeurs, et générer autant l'un que l'autre cette incroyable admiration autour de vous.
C'est le plus « chaleureux » adieu auquel j'ai assisté ; aucun doute, tout le monde y a été sensible, et il l'aurait apprécié.
Comme tout le monde sûrement, je n'ai trouvé ni le temps ni les mots pour te réconforter, et même si ta douleur est inconsolable, j'espère que le fait de sentir cette place et cette salle si pleines d'émotions et d'énergies t'aura aidée à surmonter cette pénible journée.
Je suis obligée de te dire que je t'ai trouvée, comme toujours, si forte, si digne... même dans la gravité de cette épreuve.
Maintenant il est temps pour toi, Brigitte, de retrouver tes marques, doucement. Je te fais confiance pour trouver l'énergie pour te reconstruire et pour juger, sans pression et sans calendrier, du temps qui te sera nécessaire avant de nous rejoindre pour de nouvelles aventures « gionesques ». Prends ton temps (une petite voix me dit : « mais pas trop quand même, tu nous manques déjà... »). Les jours et les semaines qui arrivent vont certainement être les plus durs, Brigitte, tu dois savoir que tu peux compter sur de nombreuses bonnes collègues de Bollène pour continuer à t'épauler, te motiver, te faire penser à autre chose en te relançant dans le quotidien de l'école, ses petites contraintes, ses petits bonheurs, ses petits ragots, son activité bouillonnante...

Pour finir, j'ai une pensée très émue pour tes enfants, Laurie et Simon. Tu pourras leur dire que l'inconnue qui les a embrassés en quittant la salle les a bien sûr trouvés trop jeunes pour endurer une telle peine, mais aussi déjà très courageux et très dignes. Ils sont tous les deux vraiment magnifiques. J'espère que tu sauras t'accrocher à de si belles réussites pour te relancer dans l'aventure de la vie. Je suis sûre qu'ils t'apporteront encore d'immenses bonheurs.
Courage à vous trois.
Prends soin de toi.







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Au revoir notre Ami [ par Véronique Le Lous ]

Yves, tu as créé La Gazette il y a maintenant onze ans, avec quelques amis. Si certains ont un peu baissé les bras, Toi tu n'as jamais cessé d'y croire. Et tu as eu raison. D'une première feuille de chou, regarde aujourd'hui où elle en est, c'est un périodique qui paraît environ tous les deux mois. D'une poignée au départ, tu as su, au fil des années, « enrôler » des dizaines de personnes. Tu as toujours été présent pour conseiller, encourager, soutenir chaque présidente de l'association, chaque bénévole. Toujours tourné vers l'avenir, tu as travaillé pour La Gazette jusqu'au dernier moment puisque, dimanche dernier, tu as imprimé le planning de l'année et que tu étais le metteur en page de cette Gazette. Sache que tous les « Gazetteux » continueront dans cette optique d'avenir. Nous voulons te dire que tu es, et que tu resteras l'âme de l'association.

Nous te remercions pour tout ce que tu nous as apporté à nous « Gazetteux » : ton sourire, ta tendresse, ton amitié infaillible et ton extraordinaire indulgence. Je ne pourrai exprimer ici par des mots tout le vide et le chagrin que tu laisses dans nos coeurs.

Nous avons également une pensée chaleureuse pour ta femme, Brigitte, et tes enfants, Simon et Laurie. Eux aussi oeuvrent, dans l'ombre, pour La Gazette. Brigitte, pour ses judicieux conseils musicaux pour le festival, et les soirées qu'elle passe à corriger le journal avant que nous l’envoyions à l'édition. Laurie, qui met à jour le site internet de La Gazette. Simon, qui nous apporte son aide pour la technique et qui met souvent de l'animation à nos buvettes. Nous vous en remercions sincèrement et espérons que vous continuerez l'aventure avec nous. Nous avons évidemment une tendre pensée pour ta Maman, Raymonde Tardieu, une distributrice infatigable de La Gazette.

Il y a tellement de choses que nous voudrions te dire, mais aujourd'hui l'émotion est trop forte et les mots ne viennent pas.

Tu m'as toujours aidé à écrire mes discours, car tu le sais, je ne suis pas très douée pour ça. Tu en as souvent souri ! Je savais que cela arriverait un jour, mais je ne pensais pas que le jour où je devrais en écrire un pour toi viendrait aussi vite. J'espère qu'il te convient.

Tu laisses un grand vide derrière toi. Tu resteras à tout jamais dans nos pensées et dans nos coeurs. Au revoir notre Ami.







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Chanson pour Yves [ par Joël Bouffiès ]

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
As donné ton coeur et ta foi, À ce village une part de toi,
Toi qui as donné tant de toi, Quand à Villedieu dans les frimas,
Les moins chanceux dans le grand froid, Étaient à la recherche d'un toit,
Ce n'était rien qu'un p’tit bonheur, Mais ça leur avait chauffé le coeur,
Dans leur souvenir restera, La chaleur d’un grand feu de bois.
Toi notre Ami au loin là-bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
A créé un sacré journal, une Gazette bien peu banale,
Nos p’tites histoires et nos bouts d’vie, Tout c’qui nourrissait tes écrits,
Même les photos souvent jaunies, Ont retrouvé une nouvel’vie,
Ce n’était rien que quelques lignes, Mais tel le sarment de la vigne,
Tu as tissé de beaux liens, Entre tous les Villadéens.
Toi notre Ami au loin là-bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
A su bâtir avec passion, Le grand pont des générations,
Des Ringards toujours à fond, Aux Aînés sans contrefaçon,
On a vécu bien des soirées, Des moments bien arrosés,
Ce n’était rien que d’l’amitié, Et comme un champ de voie lactée,
Dans tous ces yeux émerveillés, Mille lumières d’éternité.
Toi notre Ami au loin là bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
Dans le Conseil, les réunions, Bruissants parfois de confusion,
Tu as su au nom de la raison, Redonner de la cohésion,
Dans un souci de décision, Pour surmonter nos divisions,
Ce n’était rien qu’une seule voix, De cette volonté en toi,
De faire de notre lieu de vie, Un petit coin d’ Paradis.
Toi notre Ami, au loin là-bas, l’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
Professeur jusqu’au bout des doigts, la rigueur était ta loi,
Loin de tout ce qui était bâclé, Soucieux de tes administrés,
Tu as dû souvent te fâcher, Tu aimais le travail bien fait,
Ce n’était rien que des projets, Quelques esquisses sur le papier,
Un grand dessein qui t’habitait, Au service d’la communauté.
Toi notre Ami au loin là bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
Au petit matin sur la place, Quand le soleil refait sa trace,
Devant la fontaine retrouvée, Tu as toujours su préserver,
Les confidences et les secrets, Avec toi souvent partagés,
Ce n’était rien qu’un p’tit café, Mais tu savais bien écouter,
Tous nos moments privilégiés, Dans nos coeurs on les a gardés.
Toi notre Ami au loin là bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
As fait le tour de notre monde, Pour les enfants sur la map’monde,
De tes racines de ton passé, Tu étais fier de ta lignée,
De la grandeur de notre France, De la bravoure, de la Résistance,
Tu n’étais rien qu’un grand témoin, De notre histoire de nos regains,
Mais tu as su faire partager, Les grandes heures du passé.
Toi notre Ami au loin là-bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.
Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
Dans un effort de volonté, Toi qui nous avais tant donné,
Un dernier message partagé, D’amour et puis d’humanité,
Tu as su nous réconforter, Pour des voeux à jamais gravés,
Ce n’était qu’un de ces moments, Avec toi vécus si souvent,
Un grand moment d’fraternité, Autour de toi tous rassemblés.
Toi notre Ami au loin là-bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.

Elle est pour toi cette chanson, Toi notre Ami qui sans façon,
As rejoint cette terre-là, Qui t’a vu naître que tu aimas,
Toi qui as su donner à voir, Les traditions de ce terroir,
Attaché à nos paysans, Nourri de tes souvenirs d’enfant,
Puisqu’il est temps de te quitter, Laisse notre mémoire revisiter,
Tous ces instants d’humanité, Que ton sourire illuminait.
Toi notre Ami au loin là-bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra,
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout reviendra.
Toi notre Ami au loin là-bas, L’espoir qu’un jour on s’reverra
Ce s’ra un grand moment de joie, Où tout renaîtra.


Chanson écrite par Joël Bouffiès, à la manière de Georges Brassens, sur le thème de l’Auvergnat.
Derniers hommages...



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Robert Frassi, maire de Robion et les membres du conseil municipal, attristés par le décès de Monsieur Yves Tardieu, maire de Villedieu, vous présentent leurs sincères condoléances.

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Bravo Yves !
Tu as su orchestrer courageusement ton départ et ce fut une très belle cérémonie. Émouvante certes, mais tellement digne et chargée d’espoirs malgré tout… Merci à toutes les fourmis (petites et grandes) qui ont fait de cet « Adieu » un instant inoubliable dans nos esprits. Jamais un départ n’a été si beau et c’est malheureusement à toi qu’on le doit !

Pascale, une amie de Brigitte (de Saint-Paulet-de-Caisson).


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Denis Dussargues, maire de Mornas et son conseil municipal, prennent part à votre peine et vous témoignent toute leur sympathie.

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Toute l’équipe de l’U.S.C. vaisonnaise vous présente ses sincères condoléances. Nous sommes très touchés par cette triste nouvelle.

L’Union Sportive Cycliste Vaisonnaise.


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Chère madame, cher monsieur... Les mots sont peu de choses en pareille circonstance. Je tiens néanmoins à vous assurer de toute ma sympathie en ces moments très cruels. De tout coeur avec vous.

Christian Gros, maire de Monteux.


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La disparition soudaine de Monsieur Yves Tardieu, maire de Villedieu, nous a profondément touchés. Au nom de chacun, je vous présente nos plus sincères condoléances.

Bernard Monnet, maire du Barroux, et la municipalité.


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Max Ivan, maire de Sainte-Cécile-les- Vignes et le conseil municipal, très affectés par le deuil cruel qui frappe la mairie de Villedieu, en la personne de son maire, Monsieur Yves Tardieu, vous assurent de leur soutien amical et vous adressent, ainsi qu’à la famille, leurs plus sincères condoléances.

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Mesdames et messieurs...
Attristés par la disparition de Monsieur Yves Tardieu, nous vous prions de recevoir notre sincère amitié et nous espérons que vous trouverez dans nos pensées un peu de réconfort.
Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, nos respectueuses salutations.

La direction et l’équipe de Acare Environnement Carpentras.


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L’ensemble du personnel de la Vie scolaire du collège Barbara Hendricks s’associe à votre douleur et votre chagrin. Nous gardons dans nos coeurs un très bon souvenir de Yves. Sincères condoléances.

Les C.P.E. : Frédéric Fabre, Sophie Lagarde.
Les A.E.D. : Aude, Tijania, Lionel, Nicolas, Amélie.


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Yves avait été mon élève. Il était devenu mon ami. Je l’aimais beaucoup pour sa gentillesse, sa droiture, son sens moral, ses convictions, son humanité. C’est une très grande perte. Sincères condoléances et amitiés.

Jean Gatel, ancien ministre, actuellement directeur de l’économie au conseil général de Vaucluse.


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Toute notre équipe par tage votre peine. Nous gardons un souvenir formidable des échanges entre le politique, le juriste et l’architecte, à Villedieu et à Marseille, autour du projet communal et du quartier du Dévès.

Agir en Ville, SCP d’architecture, Durousseau-Poutaraud.


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À tous les amis de Yves Tardieu. C'est avec beaucoup de peine que je viens d’apprendre la disparition de Yves Tardieu. Nous nous sommes croisés dans notre métier, à l’I.U.F.M., notamment, il y a quelques années. En cette triste journée, je pense à lui, à sa famille et à vous tous habitants de Villedieu, endeuillés par le décès de votre maire. Si un registre de condoléances est ouvert en mairie, je vous prie d’y joindre ce courriel. Je vous en remercie par avance.

Noëlle Lagier-Bosq, professeur d’Histoire-Géographie, à Fuveau.


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À tous.
Dans ces moments douloureux que vous traversez, nous tenions à vous exprimer nos sincères condoléances.

Ferronnerie Gérard Guillemette.


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Marie-José Aunave, maire, madame et messieurs les adjoints, les conseillers municipaux, le personnel communal de la commune de Violès, vous adressent leurs plus vives et sincères condoléances suite au décès de monsieur Yves Tardieu.

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Mesdames, messieurs les élus.
J’apprends avec émotion le deuil qui vous frappe actuellement et je tenais personnellement à vous présenter mes plus sincères condoléances pour la disparition de votre maire.Merci de bien vouloir transmettre également mes condoléances à la famille de monsieur Tardieu.Je vous prie d’agréer, mesdames, messieurs les élus, l’expression de mes sentiments attristés.

Pierre Gonzalvez, maire de l’Isle-sur-la-Sorgues.


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Madame, monsieur.
C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de monsieur Tardieu, maire de Villedieu. Le conseil municipal se joint à moi pour vous présenter nos plus sincères condoléances. Recevez mes sincères amitiés.

Christian Peyron, maire de Mondragon.


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Mairie de Sablet. À l’attention de l’équipe municipale de Villedieu et de la famille de monsieur Tardieu : le maire de Sablet, son conseil municipal et son équipe vous prient de recevoir leur plus profonde sympathie et vous adressent leurs sincères condoléances.

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Monsieur Michel Jouve, maire de Flassan, les membres du conseil municipal, vous adressent leurs sincères condoléances suite au décès de monsieur Yves Tardieu et vous prient de les transmettre, en leur nom, à la famille.

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Le maire de Faucon et tous les conseillers municipaux vous adressent leurs sincères condoléances pour le décès de monsieur Yves Tardieu. Nous appréciions tout particulièrement sa gentillesse, son humilité est son courage face à la maladie. C’est un être particulièrement chaleureux que nous perdons et un grand maire pour son Village.

Dany Aubert, maire de Faucon.


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Monsieur Éric Massot, maire de Saint- Léger-du-Ventoux, et son conseil municipal, vous présentent leurs sincères condoléances.

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Permettez-moi, en ces heures cruelles de vous adresser l’hommage de notre très respectueuse sympathie et l’expression émue de notre sincère et douloureuse affliction.

Thierry Goliard, maire de Séguret.


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Ayant appris le décès de monsieur le maire, je tenais à vous adresser mes plus vives et sincères condoléances.

Colonel Jean-Yves Noisette, directeur départemental des services d’incendie et de secours, département de Vaucluse.


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Nous avons appris avec émotion cette nouvelle qui nous attriste profondément. Nous avions eu l’occasion d’apprécier, lors du chantier qui lui tenait à coeur de restructuration des abords de l’école, les qualités humaines et la volonté de monsieur Tardieu. Il oeuvrait avec beaucoup de dévouement pour le bien de sa commune.

Sébastien Braun, architecte.


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Monsieur le premier adjoint.
J’ai appris, par la presse locale, le décès de votre maire, Yves Tardieu, et tenais à adresser à l’ensemble du conseil municipal de Villedieu, mes condoléances sincères et attristées. Je vous prie de croire, monsieur le premier adjoint, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Cordialement.

Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse, conseiller général du canton Avignon Ouest.


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Monsieur Gérard Bagnol, maire de Mormoiron et les membres du conseil municipal partagent votre peine et vous adressent leurs plus sincères condoléances.

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Madame Tardieu...
Sincères condoléances.

Corinne Colin, maire de Saint-Marcellin-lès-Vaison.


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Le président du R.A.O. et ses collaborateurs vous présentent leurs sincères condoléances.

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Madame Tardieu et ses enfants...
Monsieur Jean-Pierre Lamber tin, président de l’association des maires de Vaucluse, le conseil d’administration et l’ensemble des maires, vous présentent leurs très sincères condoléances pour le deuil qui vous frappe.

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Madame Tardieu...
Sincères condoléances à toute votre famille.

Le conseil municipal de Saint-Roman-de-Malegarde.


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Madame... C’est avec beaucoup de tristesse que je viens d’apprendre la disparition de votre époux. Je vous assure de ma profonde sympathie en ce douloureux moment. Recevez, ainsi que vos proches, mes plus sincères condoléances. Bien à vous.

Jacques Bompard, député-maire d’Orange.


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Bonjour...
Cette mauvaise nouvelle nous attriste. Je garderai une forte estime pour Yves Tardieu. Je vous fais part de toutes mes condoléances ainsi qu’à ses proches.

Olivier Werner, architecte.


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Ayant appris le décès de Monsieur le maire Tardieu Yves, le conseil municipal vous adresse ses plus sincères condoléances.

Christian Mounier, maire de Cheval-Blanc.


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Le maire de Villelaure, Jean-Claude Dorgal et son conseil municipal se joignent à vous dans cette douloureuse épreuve et vous présentent leurs sincères condoléances. Très cordialement à tous.

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À l’attention de la famille de Monsieur Yves Tardieu et aux membres de la mairie de Villedieu... Nous vous présentons nos sincères condoléances et vous assurons de notre soutien en ces temps si difficiles et douloureux. Monsieur Tardieu nous a mariés et a toujours fait preuve de beaucoup d’attentions et de courage. Nous nous souvenons avec émotion de son discours pour ses voeux. Il nous a fait passer sa force et montré que chaque moment est une chance dont nous devons profiter pleinement.

Catherine et Jean-Louis Sylvestre.


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Madame... C’est avec tristesse que j’ai appris la disparition de votre époux Yves Tardieu, maire de Villedieu. En cette douloureuse circonstance, je tiens à vous exprimer ma vive émotion et vous prie d’accepter mes très sincères condoléances. Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de ma considération distinguée.

Yannick Blanc, Préfet de Vaucluse.


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Madame... C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris la disparition de votre époux. En cette douloureuse circonstance, je tenais à vous adresser, ainsi qu’à vos enfants Simon et Laurie, mes sincères condoléances et l’assurance de toute ma sympathie dans l’épreuve difficile que vous traversez. Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de ma considération distinguée.

Francis Adolphe, maire de Carpentras.


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Madame... C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de votre époux. En ces moments douloureux, je tiens à vous présenter mes sincères condoléances et mes voeux de courage pour surmonter cette épreuve. Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de respectueux hommages.
Avec toute ma sympathie.

Bernard Dubreuil, recteur de l’académie d’Aix-Marseille.


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L’ensemble des maires, les délégués communautaires, ainsi que le personnel de la Copavo, vous présentent leurs plus sincères condoléances et s’associent à votre chagrin face à la disparition de Monsieur Yves Tardieu.

Copavo, communauté de communes du pays Vaison-Ventoux.


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Christian Challet, maire de Saumane-de- Vaucluse, le conseil municipal, vous présentent leurs sincères condoléances et s’associent à votre douleur.

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Madame... Je viens d’apprendre ce matin le décès de Yves. Cette annonce m’a énormément touché, car j’appréciais son engagement et sa volonté, toujours renouvelée, d’améliorer son village et de rendre toujours plus de services à ses concitoyens. J’ai pu également constater son courage devant la maladie.
Une loi importante est discutée au Sénat, ce mercredi, concernant l’avenir des départements et je serai obligé d’être présent à Paris. J’aurais aimé être à vos côtés dans ces moments difficiles et douloureux, mais j’y serai par la pensée.
Bien entendu, je reste à votre disposition pour toute aide dont vous auriez besoin. Je vous présente mes plus sincères condoléances à vous-même ainsi qu’à vos enfants et à toute votre famille. Bien cordialement.

Claude Haut, président du département et sénateur de Vaucluse.


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Chère madame Tardieu... Je vous prie bien vouloir accepter mes très sincères condoléances. Bien à vous

Jean-Claude Bouchet, député de Vaucluse, maire de Cavaillon.
ここここここここここ En ces douloureuses circonstances, je tenais, en mon nom personnel et au nom de mon conseil municipal, a transmettre, à vous-même et à vos proches, mes plus sincères condoléances. Soyez assurés de tout mon soutien et de toute ma sympathie. Très cordialement à vous.

Guy Maurin, maire de Valréas.


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Marlène Thibaud, maire de Camaretsur- Aigues, vous présente, ainsi qu’à vos proches, ses plus sincères condoléances et vous assure de toute sa sympathie en cette douloureuse épreuve. Respectueuses salutations.

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Madame Liliane Blanc, maire de Buisson et le conseil municipal : sincères condoléances.

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L’hommage de Pierre Meffre, maire de Vaison, président de la Copavo



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Mariage centenaire [ par Paulette Mathieu ]

Ceci est la traduction de l’article en provençal de Paulette Mathieu, paru dans La Gazette 79.

Cela fait cent ans que ma mère, Élisa (Lisette) Gleize se maria le 30 novembre 1912. C’était la fille du boulanger Émile Gleize et de sa femme Philomène. Elle épousa Augustin Jarrige, de Nîmes, typographe à l’imprimerie Macabet à Villedieu, qui prenait pension au café-restaurant Grosbleu (maintenant maison Barre), juste à côté de la boulangerie de mon grand-père : les ouvriers de Macabet qui n’étaient pas du village logeaient et mangeaient là, ou au café-restaurant du Centre.
Sur la photo, prise devant ce qui est maintenant La Remise, il y a les parents proches, frères de mon grand-père (ils étaient cinq frères), il en manque un, Hilarion, père de la « Pinette », qui devait être mort, la soeur de ma grand-mère et son mari, quelques cousins des deux côtés, des amis de la famille, et seulement la mère, la soeur et le frère du marié (à cette époque, Nîmes était loin). Il pleuvait ce jour-là et il ne faisait pas chaud, ce qui explique l’air peu souriant des invités. Lisette et son mari eurent, en mars 1914, une petite fille, Marie-Thérèse. Augustin partit au front, comme bien d’autres, en août 1914, et ne donna plus de nouvelles. C’est seulement dans le courant de l’année 1915 que Lisette reçut l’annonce officielle que son mari était mort dans les premiers jours de la guerre. Entre temps, la petite avait attrapé une pneumonie et en était morte en janvier 1915.
Alors, Florian Mathieu, typographe et ami d’Augustin, et également amoureux de ma mère (mais il était trop timide pour se déclarer), reprit espoir. Après son service, il était parti rejoindre sa famille en Algérie, puis au Maroc et il était aussi sur le front. Quand les permissions n’étaient pas assez longues pour aller au Maroc, il venait les passer à Villedieu, chez mes grands-parents et il faisait le siège de ma mère. Elle le fit patienter jusqu’en 1923, car cela l’ennuyait de laisser ses parents et de partir si loin. Ils se marièrent cette année-là et je suis le fruit de ce second mariage.


Il y a eu cette année-là deux autres mariages à Villedieu.

Le 31 octobre 1912, celui d’Avit Perrin, cultivateur à Villedieu, âgé de 23 ans, fils de Joseph Perrin et Marie Laugier, avec Dominique Druda, ouvrière en soie, âgée de 22 ans, née en Italie à Ginestreto, fille de Gaspard Druda et Rose Olivieri. À noter que malgré leur jeunesse, les mariés ont déjà perdu tous les deux leurs pères.

Le 14 décembre 1912, celui d’Albert Gielly, cultivateur à Establet (Drôme), âgé de 29 ans, fils de Philémon Gielly et Fanny Garaix, avec Lydie Plumel, 20 ans, née à Puyméras, vivant à Villedieu avec ses parents Ferdinand Plumel, cultivateur et Marie Farre.

Les professions et les origines illustrent des choses dont nous n’avons plus toujours conscience : il y a cent ans, Villedieu était un village également ouvrier et peuplé de migrants venus des montagnes voisines et d’Italie.







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Un mot de Tito Topin [ par Tito Topin ]

Dans les années de l'après-guerre, mon grand-oncle Callegiado Runfola, né italien en Algérie, se faisait appeler Claude par commodité. Il passait tous les ans quelques jours à Villedieu chez son ami Gustave Daladier, le frère d'Édouard, le bien surnommé « taureau du Vaucluse », dans la maison qu’Alain Sirop a récemment achetée à Marie-Lucie Allemand. Mon grand-oncle habitait Marrakech et rapportait des quantités d'oranges du Maroc, Maxime Roux s'en souvient encore.
Je ne savais rien de tout cela quand je suis venu à Villedieu pour la première fois, en 1972, à l'invitation de mes amis Claude et Alain Bériot qui terminaient leur installation. C'est le fils de Callegiado qui, apprenant que je m'étais établi à Villedieu, me l'a raconté.
Les années suivantes, j'ai pris l'habitude de descendre chez Claude et Alain dès que s'annonçaient les beaux jours, deux ou trois fois par an pour des périodes plus ou moins longues. Le vin était frais, les soirées interminables, l'amitié chaleureuse. À Paris, après avoir été à la mode comme dessinateur, j'intéressais moins la nouvelle génération, je devenais has-been et peu à peu, l'idée de m'installer ici s'est ancrée en moi.
Marie Barre est venue m'avertir, en 1976, qu'un certain Larricard vendait sa maison. Mes amis ont tenté de me dissuader de l’acquérir. Plein nord, plein mistral, etc. Ils avaient raison, bien entendu, mais la vue était magnifique (elle l'est toujours !). Cela m'a décidé à acheter ce qui était alors une ruine au bout d'une impasse dont le seul nom connu était le Cul-du-sac d'après ce que m'avait dit Hubert Chabrol qui, lui, habitait le Fond-du-sac.
La maison a été restaurée par Jean-Pierre Moinault et en mai 1978, j'y emménageai. L'année suivante, j'achetai celle qu'habite aujourd'hui Cédric Jouvet et qui jouxtait la mienne. Elle tombait en ruine, mais cela m'a permis d'agrandir ma cour. Je l'ai retapée pour y installer un atelier de gravure sur bois, l'Atelier des Remparts. Pendant deux ans, j'y ai reçu des élèves qui venaient, durant une semaine, apprendre cette technique. La plupart vivaient et mangeaient avec nous. C'est durant cette période, où le travail était rare, l'argent compté, que j'ai écrit mon premier roman, Graffiti Rock, dont l'action se passait pour une partie à Villedieu, une autre à Vaison. Gallimard l'a édité. Une nouvelle carrière s'amorçait, j'avais cinquante ans.
Mon roman ayant reçu un succès d'estime, d'autres suivirent et c'est au quatrième, je crois bien, qu'un producteur m'a téléphoné pour me dire qu'il avait lu mon livre et qu'il me pensait capable d'écrire un scénario. Ainsi, de scénario en scénario, de film en film, est né Navarro, vous connaissez la suite.
À Paris, quand un producteur me demandait mon adresse, il s'étonnait si je ne lui donnais pas un nom de rue. Je n'allais tout de même pas lui dire que j'habitais le Cul-du-sac, il m'aurait payé dix fois moins ! Je disais : impasse des Templiers. C'était plus chic. Le nom est resté.
Entre-temps, j'avais acheté la grange de Marie-Lucie Sirop, en face de La Ramade, et en avais fait une charmante maison que j'ai vendue depuis. J'ai aussi acheté la maison de Jean Breton, place de l'Église, que j'ai entièrement restaurée. J'ai également acquis la vigne de Jacky Nancy, sur le chemin du cimetière, pour y construire une maison d'été et surtout un jardin d'agrément dont je suis fier, avec un magnifique olivier. Mon épouse étant malade et sa fin inéluctable, il m’a fallu m'en séparer.
Aujourd'hui, avec les exigences de l'âge, j'ai dû me résoudre à vendre ma maison principale, celle que j'ai agrandie et embellie au fil du temps, mais qui, par sa configuration (autrement dit de nombreux escaliers), me la rendait pénible à l'usage.
Après réflexion, avec ma nouvelle épouse Chantal, nous avons choisi Avignon comme nouveau lieu de résidence. Nous nous y sentons bien. La raison principale en est la commodité qu'offre la nouvelle gare TGV qui nous conduit en 2 h 40 à Paris où nous entretenons de constantes relations de travail.
Quand je fais le calcul, je m'aperçois que j'ai passé 34 ans de ma vie à Villedieu, c'est davantage qu'au Brésil où j'ai galéré 6 ans, qu'à Paris où j'ai bossé 12 ans, qu'au Maroc où je suis né et n'ai vécu que 30 ans. Je dois me tromper quelque part, car en additionnant ces chiffres j'obtiens l'âge canonique de 82 ans alors que je n'en ai que 81 !

J'ai tenu à écrire ces quelques lignes pour exprimer mon attachement à ce village et ma reconnaissance pour ce qu'il m'a apporté. Équilibre, force, sérénité, distanciation. C’est aussi parce que ma grand-mère, Marie-Grazia Angelo-Franchi (la soeur de Callegiado), mes deux petites-filles, Victoire et Joséphine, ma première épouse, Nicole, sont enterrées dans son cimetière.
Aussi, gardons-nous la maison de la place de l'église. Elle est très agréable pour y passer le week-end, pour fuir le festival d'Avignon, pour y retrouver les amis.
À très bientôt, donc.







L’Atelier des Remparts



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