licorne

licorne blanche

Publié le 06/02/2014 à 09:14 par rasta666s Tags : licorne blanche
licorne blanche

licorne blanche

licorne

Publié le 03/11/2009 à 17:35 par rasta666s Tags : licorne
licorne

licorne

licorne

Publié le 03/11/2009 à 16:11 par rasta666s Tags : licorne
licorne

licorne

licorne

Publié le 09/08/2009 à 20:44 par rasta666s
licorne

rasta

licorne

Publié le 08/08/2009 à 14:13 par rasta666s
licorne

rasta

licorne

Publié le 08/08/2009 à 13:57 par rasta666s
licorne

rasta

livorne

Publié le 04/08/2009 à 02:03 par rasta666s

Contrairement à ce que le psychanalyste Carl Gustav Jung et ses continuateurs affirmeront, la licorne apparaît rarement et plutôt tardivement dans le pourtant riche bestiaire de la symbolique alchimique (dans lequel les animaux les plus courants sont les aigles, les lions, le phénix, les pélicans, les salamandres et les dragons[A 28]).

Une représentation de la licorne et de la vierge figure dans une des versions du XVIe siècle du manuscrit enluminé de l'Aurora consurgens (autrefois attribuée à tort à Thomas d'Aquin)[100]. Elle apparaît aussi, avec des significations différentes, dans deux livres d'emblèmes du tournant du XVIe siècle et du XVIIe siècle. Dans le poème alchimique De lapide philosophico (De la pierre philosophale) attribué à un certain Lambsprinck[Note 7], publié pour la première fois en 1598 et illustré en 1625[101], la triade forêt/cerf/licorne représente allégoriquement les trois parties de l'homme corps/âme/esprit qui, dans la théorie paracelsienne, sont utilisés pour représenter les trois « principes » constituants de la matière : le mercure, le soufre et le sel[102]. Dans une illustration de la Philosophia reformata (1622) de Johann Daniel Mylius[103], la licorne sous un rosier symbolise l'une des sept étapes du grand œuvre alchimique[A 29].

Avant que Carl Gustav Jung ne lui consacre une cinquantaine de pages dans Psychologie et alchimie (1944), la licorne n'intéressait pas tant les psychanalystes et symbologues[A 30]. Jung interprète la scène du poème de Lambsprinck comme celle du mercure philosophique que la licorne symbolise, tout comme le lion. La licorne serait une partie de l'anima (la part féminine chez l'homme, souvent inconsciente), le soufre est prêt à être projeté en masse dans la terre préparée. La Vierge représente l'aspect féminin passif du mercure philosophique, tandis que la licorne et le lion symbolisent la force sauvage, indomptée, masculine et pénétrante du spritus mercuriolis (esprit mercuriel)[104]. Le cerf est un symbole du mercure philosophique, associée à l'or de la licorne, du lion, de l'aigle et du dragon[104]. Jung mentionne aussi un ancien traité d'alchimie selon lequel « Unicornis est Deus, nobis petra Christus, nobis lapis angularis Jesus, nobis hominum homo Christus »[105]. La licorne peut aussi symboliser le mal, c'est-à-dire l'inconscient, car elle fut dès l'origine un animal fabuleux et monstrueux. Elle renferme une opposition intérieure, une union des contraires, c'est ce qui en fait un symbole exprimant le monstre hermaphrodite de l'alchimie[104].

Selon l'ouvrage ésotérique de Francesca Yvonne Caroutch, la licorne aurait été l'un des emblèmes favoris des alchimistes vivant leur art comme une voie d'éveil et depuis la nuit des temps, les humains rêveraient de cet animal et de sa corne unique dotée de pouvoirs secrets. Parce qu'elle neutralise tout venin, tout poison, la licorne œuvre à la transmutation alchimique : partout où elle règne, la matière se spiritualise[9].

Roger Caillois note que comme Mélusine, les vouivres ou les sirènes, les licornes possèdent la nature double du mercure unissant le fixe et le volatile. Tour à tour soleil et lune, semence et matrice, la licorne incarnerait le solve et coagula, pour dissoudre le corps et coaguler l'esprit, spiritualiser le corps et donner corps à l'esprit. Dans la tradition hermétique, la licorne serait associée à l'œuvre au blanc et l'escarboucle visible sous sa corne unique annoncerait le phénix de l'œuvre au rouge. Seul un sage accompli serait sûr de reconnaître la licorne car elle peut déceler tout ce qui est altéré, impur, pollué ou maléfique. Rare et solitaire, elle ne vit que dans des lieux inaccessibles[4].

Selon le dictionnaire des symboles, elle désignerait aussi le chemin vers l'or philosophal aux hermétistes occidentaux[37].

D'une manière générale, la symbolique de la licorne en alchimie serait celle d'un instrument de fixation mais surtout de pénétration. L'arcane de la licorne, de même que celui du coq, serait annonciateur de la lumière[106].

Découverte du Narval [modifier]

Licorne, narval et licorne fossile comparés dans Museum Museorum en 1704
Article détaillé : Narval.

Au XVe siècle déjà, certains savants d'Europe supposaient que les fameuses « cornes de licorne » vendues en Europe appartenaient à un animal marin[5] et au cours du XVIe siècle, quelques écrits y firent référence sans être remarqués[107], les auteurs s'étonnèrent que les « cornes de licorne » semblent venir d'Angleterre, du Danemark ou d'Islande[108]. Ambroise Paré pensait dans son Discours de la licorne que ces « cornes » étaient en réalité des défenses de morses[60]. Les récits de voyageurs maritimes regorgeaient aussi d'exploits attribués à des bêtes aquatiques à cornes[5], le navigateur anglais Martin Frobisher décrivit ainsi une rencontre avec une « licorne de mer » en 1577[109]. Des rapports d'observation comme celui du camphruch d'André Thevet firent de la licorne une créature aquatique, ce qui la rapprocha du cétacé qu’est le narval[5]. La première mention d'un narval cornu figure dans un ouvrage savant de 1607 en ces termes « La chair du Nahwal fait soudain mourir celui qui en mange, et il a une dent de sept coudées sur l'inférieure partie de la tête. Aucuns l'ont vendue pour corne de monocéros, et croit-on qu'elle résiste aux venins. Cette bestiasse a quarante aulnes de longueurs[110]». Une autre description détaillée du narval paraît en 1645[111], mais sans faire le lien entre ce mammifère marin et la licorne.

Les défenses du narval retrouvées sur les rivages ont longtemps été prises pour des cornes de licornes

En 1704, le lien est établi entre la défense du narval et la « corne de licorne » grâce à un célèbre dessin comparant un narval, le squelette reconstitué de licorne et une représentation équine de la licorne, avec la défense du narval au-dessous, sous le nom d' unicornu officinale[59]. La licorne est classée comme une créature légendaire sous le nom d'unicornu fictium. Au fil du temps, il fut admit qu'elle n'existait pas, et que toutes les « cornes de licorne » qui s’échangeaient jusque là étaient en réalité des dents de narval particulières, poussant dans la partie gauche de la mâchoire de cet animal inoffensif. Le narval vit au large du Groenland, dans les eaux glacées de l’Arctique, ce qui rend son étude difficile[39]. La défense du narval fut longtemps considérée comme une corne et non pas comme une dent, probablement en raison d'un refus de la dissymétrie selon Carl von Linné dans son Systema Naturae[112]. Le narval est nommé depuis la « licorne de mer »[39]. La découverte de ce mammifère marin fit s'effondrer le cours des « cornes de licorne » et mit à terme fin à leur commerce, mais elle ne fut pas immédiatement fatale à la croyance en l'existence de la licorne.

XIXe siècle [modifier]

Gravure romantique du XIXe siècle

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la licorne fut parfois encore considérée comme un animal réel. La revue de l'orient de 1845 en fait une description encyclopédique en insistant sur le fait qu'« elle court toujours en ligne droite car la roideur de son cou et son corps ne lui permet guère de se tourner par le côté. Elle peut difficilement s'arrêter quand elle a prit son élan et renverse avec sa corne, ou coupe avec ses dents, les arbres de médiocre grosseur qui gênent son passage. On compose d'excellents remèdes avec sa corne, ses dents, son sang et son cœur, qui se vendent très cher ». En 1853, l'explorateur Francis Galton cherchait désespérément la licorne en Afrique australe, offrant de fortes récompenses pour sa capture : « Les Bushmen parlent de la licorne, elle a la forme et la taille d’une antilope, avec au milieu du front une corne unique pointée vers l’avant. Des voyageurs en Afrique tropicale en ont aussi entendu parler, et croient en son existence. Il y a bien de la place pour des espèces encore ignorées ou mal connues dans la large ceinture de terra incognita au centre du continent »[113]. Le Glossaire archéologique du Moyen Âge, de Victor Gay, en 1883, est le dernier ouvrage à mentionner la licorne comme réelle.

Devenue créature imaginaire et symbolique à l'instar des dragons et autres griffons, la licorne apparait dans quelques œuvres de fiction comme La tentation de saint Antoine, par Flaubert :

« J’ai des sabots d’ivoire, des dents d’acier, la tête couleur de pourpre, le corps couleur de neige, et la corne de mon front porte les bariolures de l’arc en ciel. Je voyage de la Chaldée au désert tartare, sur les bords du Gange et dans la Mésopotamie. Je dépasse les autruches. Je cours si vite que je traîne le vent. Je frotte mon dos contre les palmiers. Je me roule dans les bambous. D’un bond, je saute les fleuves. Des colombes volent au-dessus de moi. Une vierge seule peut me brider. »
    — Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine

Elle apparait aussi dans De l’autre Côté du miroir, roman de Lewis Caroll. la licorne de ce roman n'est que la première parmi un riche bestiaire moderne qui la fait vivre au fond d'une forêt ou dans un pays imaginaire avec les fées.

La licorne apparaissait aussi sur de nombreux filigranes de la fin du XIXe siècle siècle à la première moitié du XXe siècle. Ils possédaient des interprétations symboliques inspirées des signes de reconnaissances de sociétés secrètes, comme les cathares, les alchimistes, les sociétés antichrétiennes, maçonniques ou rosicruciennes[114],[115].

Le vaillant petit tailleur [modifier]

Illustration de la licorne du Vaillant Petit Tailleur par Carl Offterdinger, fin du XIXe siècle
Article détaillé : Le Vaillant Petit Tailleur (conte).

Le Vaillant Petit Tailleur est un conte des frères Grimm qui met en scène un jeune homme frêle issu du peuple. Un jour, il tue sept mouches d’un coup et brode « Sept d’un coup » sur sa ceinture. Le roi, très impressionné par cet exploit car il croit qu’il s’agit d’hommes abattus, lui confie alors des tâches dont le vaillant petit tailleur s’acquitte par la ruse, entre autre de tuer ou de capturer une licorne dans la forêt. Le petit tailleur prend une corde et une hache et part dans la forêt où la licorne le charge pour l'embrocher. Il attend que l'animal soit proche et bondit derrière un arbre, la licorne court à toute vitesse et enfonce sa corne si profondément dans le tronc qu'elle est incapable de l'en retirer. Le tailleur passe la corde au cou de la licorne, dégage la corne du tronc à coups de hache et emmène la bête au roi[116].

Symbolisme [modifier]

Les interprétations symboliques de la licorne sont encore une fois très nombreuses et différentes selon leurs auteurs, parfois contradictoires.

La dualité de la licorne était déjà évoquée par Voltaire :

« Cette licorne que vous l'avez vu monter est la monture ordinaire des Gangarides ; c'est le plus bel animal, le plus fier, le plus terrible et le plus doux qui orne la terre »
    — Voltaire, Œuvres complètes

Le Dictionnaire des symboles nous apprend qu'elle incarne à elle seule la puissance, le faste et la pureté, une pureté agissante et une sublimation miraculeuse de la vie charnelle. Sa dualité renvoie au Christ ou à la Vierge. Sa corne unique est aussi une flèche spirituelle, un rayon solaire, une épée de dieu et la révélation divine, la pénétration du divin dans la créature[37].

Bruno Faidutti note dans sa thèse que la licorne est étroitement associée à la femme, comme le prouvent les multiples récits la décrivant en compagnie d'une jeune vierge. Son pelage est blanc comme la lune, astre symbole de la féminité. Sa pureté et sa chasteté s'opposent au lion au pelage beige ou doré et à la crinière flamboyante, animal solaire et masculin par excellence[A 31].

Bertrand d'Astorg voit dans la licorne les grandes amoureuses qui refusent l'accomplissement de l'amour qu'elles inspirent et qu'elles partagent[40]. Son pouvoir de déceler toutes les impuretés renvoie à la fascination que la pureté exerce sur les cœurs corrompus[40].

Roger Caillois dit que la licorne incite à la méditation en conciliant lumières et ténèbres, vie et mort, ce qui est en haut et ce qui est en bas. Elle est si véloce que l'on ne peut la capturer vivante, la poursuivre, c'est partir en quête de l'impossible. Pour les traducteurs de la Torah, la licorne serait un animal magique, vigoureux, resplendissant et digne d'amour, un ange gardien qui veille sur l'être ayant conclu une alliance avec elle[4].

Selon Francesca Yvonne Caroutch, la licorne est un animal spirituel qui vient d'orient, et toutes les licornes seraient issues de la projection de l'expérience intime, fondamentale, du retour de l'unité[9]. C'est l'animal de la tradition par excellence, elle relie la terre au ciel et le visible à l'invisible, les forces telluriques et cosmiques, le conscient et l'inconscient, les opposés, les polarités, elle est puissance et verticalité, maintenant l'équilibre face aux forces obscures. C'est une créature farouche, veillant sur le jardin de la connaissance et sa corne capte l'énergie cosmique[9]. Androgyne, la licorne évoque la restauration de l'état édénique[9]. Elle est l'animal tantrique qui transmute les souillures et l'un des animaux gnostiques proposant la libération par la connaissance[9]. La licorne travaille sur les énergies subtiles grâce à l'œil intérieur. Éros de l'esprit, la licorne symbolise aussi l'amour et la lumière. Sa nature ambivalente désignant la fusion des polarités lui permet d'être soleil ou lune, soufre ou mercure, fertilité ou virginité. Elle guide les artistes vers la vérité adamantine[9].

Édouard Brasey note qu'elle incarne la beauté et la grâce, mais qu'elle est à la fois phallique et épée divine, exaltation des plaisirs de la chair, agressivité sexuelle masculine et aspiration à l'ascèse et la sainteté[48].

Selon une étude récente associant la licorne au paganisme, cet animal serait lié au capricorne et sa symbolique serait celle de la re-naissance du jeune Soleil, du Dieu-Fils solaire dont la corne étincelante figure le premier rayon au moment du solstice d’hiver. Cette corne torsadée pourrait être un symbole de non dualité ou de dualité résolue, et un objet de la justice sereine[3].

Selon une étude d'ethnozoologie, la licorne serait un animal pur qui ne se laisse pas dompter par l'humanité corrompue[5]. Lorsqu'elle est représentée avec sa corne dressée vers le ciel, elle représenterait la puissance et la fertilité[39].

Cette corne lui donne aussi une dimension spirituelle car il s'agit d'une spirale en 3-D au niveau du troisième œil[117]. A l'époque moderne plus particulièrement, la licorne est parfois représentée ailée, ce qui lui confère également les attributs de Pégase[69].

Licornes maléfiques [modifier]

Gravure de Albert Dürer, Le rapt de Proserpine, 1516. La licorne y est clairement maléfique.

La licorne est l'un des rares animaux à corne qui ne soit pas présenté comme maléfique, bien qu'il existe quelques représentations démoniaques de ces créatures, qui possèdent alors généralement une corne courbée[A 32], et se laissent chevaucher par des démons ou des sorcières[69]. Deux textes mentionnés plus haut présentent aussi des licornes dangereuses et menaçantes : la légende de Barlaam et Josaphat et le récit du Vaillant Petit Tailleur[A 33].

Symbolisme sexuel [modifier]

Le symbolisme sexuel de la licorne est explicite car cet animal est femelle et vierge, mais sa corne de forme phallique est un attribut mâle. Selon le dictionnaire des symboles, cette corne peut symboliser une étape de la différenciation et la sublimation sexuelle, elle est comparable à une verge frontale, un phallus psychique et la fécondité spirituelle[37].

D'ordinaire, chez de nombreuses espèces animales, seuls les mâles portent des cornes, la corne de la licorne évoque donc la puissance virile[118]. La licorne est parfois associée à la lascivité et la luxure, comme le prouvent quelques statues et des bas reliefs où elle place sa corne entre les seins nus d'une femme, par exemple[A 34].

Psychanalyse [modifier]

Les travaux de Carl Gustav Jung sur la licorne furent suivis d'une grande variété d'interprétations. Hélène Renard lui donne une interprétation dans les rêves comme celle d'une source de force lors de difficultés passagères en se basant sur l'ouvrage le Mystère de la Licorne de Francesca Yvonne Caroutch[119].

Au cours d'un colloque en date de 1960, Serge Leclaire, premier disciple de Jacques Lacan, relate le rêve d'un de ses analysants, prénommé Philippe. Ce rêve est connu en psychanalyse sous le nom de « Rêve à la licorne » : « La place déserte d'une petite ville : c'est insolite ; je cherche quelque chose. Apparaît, pieds nus, Liliane – que je ne connais pas – qui me dit : il y a longtemps que je n'ai pas vu de sable aussi fin. Nous sommes en forêt et les arbres paraissent curieusement colorés de teintes vives et simples. Je pense qu'il doit y avoir beaucoup d'animaux dans cette forêt, et comme je m'apprête à le dire, une licorne croise notre chemin ; nous marchons tous les trois vers une clairière que l'on devine, en contrebas. »[120]

Dans une première analyse, Leclaire extrait de ce qu'il appelle un texte inconscient ou texte hiéroglyphique, c'est-à-dire une chaine constituée des mots Lili-plage-sable-peau-pied-corne, dont la contraction radicale donne Li-corne. Ce point de départ considéré comme ne dépassant pas le niveau préconscient, donna lieu à un approfondissement ultérieur par son auteur et à de nombreux commentaires et interprétations par différents psychanalystes[121].

Licorne moderne [modifier]
Représentation moderne d'une licorne

L'apparence de la licorne moderne diffère de celle de la licorne médiévale. Dans la plupart des œuvres inspirées de la féérie, elle est dépeinte comme un grand cheval blanc solitaire, pur et bénéfique, portant une corne unique au front[38], de couleur généralement blanche, dorée ou argentée[A 35]. La capacité de la licorne à rester une créature imaginaire si souvent mentionnée dans la culture moderne à l'instar du loup-garou et du dragon semble résider dans sa capacité à provoquer la rêverie[B 2]. Elle est aujourd'hui très populaire dans les courants New Age[A 35] et chez les artistes féériques, de nombreux articles de blog et des œuvres picturales lui sont consacrés[122], ainsi que des jeux d'élevages virtuels[123],[124]. Bien que n'ayant jamais réellement existé, la licorne peut être décrite avec plus de précision par une majorité de personnes que des animaux réels comme l'ornithorynque ou le dodo[B 3].

Bertrand d'Astorg décrit la licorne de cette façon : « C'était une licorne blanche, de la même taille que mon cheval mais d'une foulée plus longue et plus légère. Sa crinière soyeuse volait sur son front ; le mouvement faisait courir sur son pelage des frissons brillants et flotter sa queue épaisse. Tout son corps exhalait une lumière cendrée ; des étincelles jaillissaient parfois de ses sabots. Elle galopait comme pour porter haut la corne terrible où des nervures nacrées s'enroulaient en torsades régulières »[40].

La licorne apparait dans des romans de fantasy et de fantastique, des jeux de rôle et certains films. Les licornes du film fantasy Legend sont jouées par de fins chevaux arabes blancs[A 35] portant une fausse corne dorée[125], qui vivent dans les forêts et au bord des rivières, et c'est grâce à une corne de licorne que le démon Darkness est vaincu[A 35]. Bien qu'elle ne soit mentionnée nulle part dans les premières légendes arthuriennes, la licorne est fréquemment associée, dans l'imaginaire collectif comme dans les œuvres modernes, à Merlin, à la forêt de Brocéliande et les légendes celtes[126].

Selon Édouard Brasey, on distingue quatre types de licornes à l'époque moderne : Unicornus sinoensis qui vit dans les forêts chinoises, japonaises et indonésiennes, Unicornus Carcadan, qui vit en Arabie, en Inde, en Afrique du nord et au moyen-orient, Unicornis europa, dans les pays européens, et une variante des iles britanniques, Unicornis alba[48]. Il précise aussi que la plupart des cornes de licornes ne dépasseraient pas les 45 cm[48].

Licorne rose invisible [modifier]

La licorne rose invisible
Article détaillé : Licorne rose invisible.

La licorne rose invisible est une parodie de religion qui repose sur le paradoxe selon lequel la licorne est à la fois rose et invisible.

Littérature [modifier]

Saga Harry Potter [modifier]

Dans la saga romanesque Harry Potter, les licornes sont décrites comme de puissantes créatures magiques difficiles à capturer, et leur sang, qui est de couleur argentée et brillant à la lumière de la lune, est un élixir de longue vie. Tuer une licorne est un acte ignoble et celui qui se risque à le faire ne gagne qu'une demi-vie maudite. Le sang de licorne permet de survivre même si l'on est sur le point de mourir, mais au prix de la mort d'un être pur. Les cornes de licorne sont de couleur argentée et font l'objet d'un commerce, tout comme leurs crins qui servent à la fabrication de baguettes et de potions. Les licornes elles-mêmes sont décrites comme de couleur blanche éclatante, avec des sabots d'or, de longues jambes minces et une crinière gris perle. Elles sont attirées par la délicatesse féminine. A la naissance, leur robe est couleur d'or pur, puis devient argentée vers deux ans. Leur corne pousse vers quatre ans et elles sont adultes à sept ans, âge auquel elles deviennent blanches[127],[128].

Bande dessinée [modifier]

Télévision et cinéma [modifier]

livorne

Publié le 04/08/2009 à 02:01 par rasta666s

Tapisseries de La Chasse à la licorne [modifier]

La Licorne captive, Tapisserie de la série de La Chasse à la licorne, ateliers bruxellois (?)[52], vers 1500, Musée des Cloisters, Metropolitan Museum of Art, New York.
Article détaillé : La Chasse à la licorne.

La Chasse à la licorne est une célèbre série de sept tapisseries exécutées entre 1495 et 1505, qui représentent un groupe de nobles poursuivant et capturant une licorne.

Cette série, probablement exécutée pour un commanditaire français (peut-être à l'occasion d'un grand mariage) par les ateliers de Bruxelles[52] ou de Liège[53], fut ensuite propriété de la famille de La Rochefoucauld, avant d'être achetée par John D. Rockefeller, qui en fit don au Metropolitan Museum, où elle se trouve aujourd'hui.

Tapisseries de La Dame à la licorne [modifier]

La Dame à la licorne, tapisserie de la vue (détail) exposée au Musée de Cluny.
Article détaillé : La Dame à la licorne.

La licorne médiévale est devenue très célèbre en grande partie grâce aux six tapisseries de la dame à la licorne, datées de la fin du XVe siècle et exposées au Musée de Cluny à Paris. Sur chacune d'elles, un lion et une licorne sont représentés à droite et à gauche d'une dame. Cinq de ces représentations illustrent un sens :

  • le goût : la dame prend une dragée que lui tend sa servante ;
  • l'ouïe : la dame joue de l'orgue ;
  • la vue : la licorne se contemple dans un miroir tenu par la dame ;
  • l'odorat : pendant que la dame fabrique une couronne de fleurs, un singe respire le parfum d'une fleur dont il s'est emparé ;
  • le toucher : la dame tient la corne de la licorne ainsi que le mât d'un étendard ;
  • la sixième tapisserie, sur laquelle on peut lire la formule « À mon seul désir » sur une tente, est plus difficile à interpréter[54],[Note 3].

Affinités et oppositions [modifier]

Jeune femme sauvage en compagnie d'une licorne, vers 1460-1467

D'après les bestiaires, la licorne a pour ennemi naturel l'éléphant et, plus tard, le lion, dont la symbolique solaire et masculine est à l'opposée de celle de la licorne[A 12]. La « lettre du Prêtre Jean », un faux de la fin du XIIe siècle, raconte un combat entre un lion et une licorne en ces termes : « Le lyon les occit moult subtillement, car quant la licorne est lassée, elle se mect de costé ung arbre, et lion va entour et la licorne le cuyde fraper de sa corne et elle frappe l'arbre de sy grant vertus, que puys ne la peut oster, adonc le lyon la tue »[55]. Édouard Brasey mentionne la licorne qui enfonce sa corne dans un arbre comme une méthode de chasse où les chasseurs se placent à côté d'un arbre et attirent la licorne qui s'efforce de les encorner mais ne réussit qu'à enfoncer sa corne profondément dans l'arbre, et se retrouve incapable de l'en extraire[48]. Le combat de la licorne contre l'éléphant et le lion n'est cependant pas un thème artistique aussi populaire que celui de la chasse et de la purification des eaux[A 13]. Selon le dictionnaire des symboles, les œuvres d'art qui présentent deux licornes s'affrontant seraient l'image d'un violent conflit intérieur entre les deux valeurs de la licorne : virginité et fécondité[37].

À partir du XVe siècle, les hommes et les femmes sauvages devienne fréquents dans l'iconographie[56] et la licorne est associée aux bêtes sauvages, parfois chevauchée par des sylvains[A 14], bien que seule une vierge puisse la monter[38]. Cette idée selon laquelle la licorne ne peut vivre qu'à l'écart des hommes, à l'état sauvage et dans une forêt reculée dont on ne peut l'arracher, auquel cas elle mourrait de tristesse, sera reprise par d'autres auteurs bien plus tard, notamment par Carl Gustav Jung[48].

Corne de licorne [modifier]

La fameuse « corne de licorne » se vit associer pendant très longtemps des pouvoirs magiques et des vertus de contrepoison qui en firent l'un des remèdes les plus chers et les plus réputés au cours de la Renaissance[A 15].

Au XIIe siècle, l’abbesse Hildegarde de Bingen préconisait déjà un onguent à base de foie de licorne et de jaune d’œuf contre la lèpre[57], le port d’une ceinture en cuir de licorne était censé protéger de la peste et de la fièvre[48] tandis que les chaussures en cuir de cet animal éloignaient les maladies des pieds[48]. La principale utilisation médicinale de la licorne est cependant liée à sa corne et à son pouvoir de purification qui fut mentionné pour la première fois au XIIIe siècle. Les légendes sur les propriétés de la corne de licorne circulant dès le Moyen Âge sont à l’origine du commerce florissant de ces objets qui devinrent de plus en plus communs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, où leur origine réelle fut connue[39].

Purification des eaux [modifier]

Licorne purifiant l’eau du poison. Détails du panneau gauche du Jardin des délices de Jérôme Bosch (1503-1504).

La première mention du pouvoir purificateur de la licorne figure dans une interprétation du Physiologus où il est question d’un grand lac près duquel les animaux se rassemblent pour boire, « mais avant qu’ils ne soient rassemblés, le serpent vient et lance son poison dans l’eau. Alors les animaux remarquent bien le poison et n’osent pas boire, et ils attendent la licorne. Elle vient et elle se dirige immédiatement vers le lac et, faisant avec sa corne le signe de la croix, elle rend le poison inoffensif. Tous les autres animaux boivent alors[58]. » Le thème devient vite populaire et la scène de purification des eaux par une licorne est reprise en 1389 par le père Johann van Hesse, qui affirme avoir vu une licorne sortir de la mer pour nettoyer des eaux impures afin que des animaux puissent boire[A 16]. Symboliquement, le serpent qui empoisonne l’eau est le diable et la licorne est le Christ rédempteur[A 17]. L’origine de cette légende semble indienne, à travers les textes grecs mentionnant le fait que les nobles indiens boiraient dans des cornes de licornes pour se protéger des maladies et des poisons[A 16].

La licorne est généralement représentée au bord d’une rivière, d’un lac ou d’une fontaine tandis que les animaux attendent qu’elle ait fini son œuvre de purification pour boire. Cette scène est très fréquente dans l’art des XVIe et XVIIe siècles[A 18].

Des études et des traductions de ces dessins et ces récits ajoutèrent que le pouvoir de purification vient de la corne de licorne, qui élimine les poisons dès qu’elle touche un liquide[A 16]. La purification des eaux forge la légende sur les propriétés de la « corne de licorne » et justifie l’usage de la « corne de licorne » comme antidote.

Propriétés médicinales et expériences alchimiques [modifier]

Article connexe : bézoard.
Dent de narval présentée comme une corne de Licorne.

La « corne de licorne » se vit très vite attribuer des propriétés médicinales et au fil du temps, son usage fut préconisé contre la rubéole, la rougeole, les fièvres et les douleurs[59]. Elle faisait office d’antidote et sous forme de poudre, était réputée faciliter la guérison des blessures, permettre de purifier les eaux et de neutraliser les poisons (comme le venin du scorpion ou de la vipère), voire lutter contre la peste[48]. Elle suerait en présence du venin[60] et aurait aussi un pouvoir aphrodisiaque[48]. Broyée en poudre et mélangée à de la bave de dragon, elle aurait pu redonner vigueur au lit à un chevalier épuisé et lui garantir que sa femme lui reste fidèle[48]. Ces légendes sur les propriétés de la corne étaient si répandues qu'elles furent parodiées dans le cinquième livre de Pantagruel en 1562[Note 4].

L'une de ces cornes de licorne était censée être utilisée à la cour du roi de France pour déceler la présence de poison dans les plats et les boissons : si la corne se mettait à fumer, c'est que le met était empoisonné[48]. Il y avait aussi diverses méthodes pour reconnaître une vraie « corne de licorne », mentionnées à partir du milieu du XVIe siècle :

« La vraye licorne, estant mise en l'eau, se prend à bouillonner, faisant eslever petites bulles d'eau comme perles »
    — Ambroise Paré, Discours de la licorne

Une autre expérience décrite par Conrad Gesner consistait à donner du poison à deux pigeons ou deux chiots, puis à faire avaler à l’un d’eux un peu de corne réduite en poudre. Si la corne était authentique, l’animal qui prenait le remède devait survivre et l’autre mourir[61]. Le maréchal de Brissac possédait vers 1560 une « corne de licorne » qui fut authentifiée par ce procédé[62]. En 1566, le Discorso della falsa opinione dell’alicorno s'opposa à l’usage médical de cette corne, lequel aurait été introduit par les médecins arabes[63], tout comme le Discours de la licorne d'Ambroise Paré en 1582[60].

En 1587, David Pomis recommandait de « mettre trois ou quatre grands scorpions dans un récipient fermé avec un fragment de corne. Si trois ou quatre heures plus tard les scorpions sont morts, la licorne est authentique[64] ». Ulysse Aldrovandi mentionna une expérience à Venise : Il s'agissait de tracer un cercle sur une table avec la pointe de la corne, puis de mettre dans le cercle un scorpion et une araignée. Les animaux ne pourraient franchir le cercle et se seraient trainés un quart d’heure avant de mourir d’épuisement[65]. Cette expérience connut plusieurs variantes[66]. Une araignée placée à l’intérieur d'une corne creuse était aussi censée y mourir sans parvenir à s’échapper[67].

Le traité de médecine alchimique (spagyrie) du pseudo-Basile Valentin Le char triomphal de l'antimoine, en 1604[66], explique l'action médicinale de la corne de licorne dans le cadre de la théorie paracelsienne de la sympathie selon laquelle les semblables s’attirent et les contraires se repoussent : la pureté de la licorne repousserait du poison placé dans une coupelle flottant sur l'eau, alors qu'elle attirerait un morceau de mie de pain pur[66].

La corne était aussi consommée de plusieurs façons, en donnant sa raclure en substance ou en infusion[68].

Commerce des cornes [modifier]

Des « cornes » de forme torsadée s’échangeaient et circulaient depuis très longtemps déjà car selon la légende, la « corne » exposée au Musée de Cluny serait un présent du calife de Bagdad, Haroun al-Rachid, fait en 807 à Charlemagne[69]. Elle mesure presque trois mètres[5]. Une corne longue de sept pieds était exposée à Bruges, dans les Flandres[69]. La « corne de licorne » était censée être, dès le moyen âge, le bien le plus précieux que puisse posséder un roi, et ces objets se seraient échangés jusqu'à onze fois leur poids en or[48]. Sur les tapisseries de la Dame à la licorne, la corne des licornes est représentée longue, blanche et torsadée, comme celles qui s’échangeaient entre les nobles et les marchands à cette époque.

Le Pape Clément VII en aurait offert une au roi de France François Ier pour le protéger des pièges de ses ennemis, et certains de ces objets furent jetés au fond du puits du Palais des Doges à Venise afin que l'eau ne puisse jamais y être empoisonnée[48].On trouvait des « cornes » considérés comme des reliques sacrées au concile de Trente en 1563, ainsi que dans dans la cathédrale Saint-Denis à Paris, la basilique Saint-Marc à Venise et à l'abbaye de Westminster. Elles étaient généralement montées sur des socles d'argent et présentées comme des trophées que l'on ne montrait qu'à l'occasion de grandes cérémonies[48]. Ces « cornes de licornes » se trouvaient partout en Europe sans que la plupart des acheteurs puissent connaitre leur provenance, il était donc facile aux marchands de prétendre les avoir trouvées sur l'animal légendaire[39]. La présence de ces cornes dissipait aussi les doutes quant à l’existence réelle de la licorne, alors que les mammifères d’Afrique, d’Inde et de pays plus lointains perdaient peu à peu leur mystère durant les grandes explorations de la Renaissance. Pierre Belon s'étonna qu'un animal dépeint comme de petite taille puisse porter une corne de près de trois mètres[70].

Le cours de la « corne de licorne » atteignit son apogée au milieu du XVIe siècle, où elle était considérée comme le meilleur contrepoison existant avec la pierre de bézoard, puis son prix ne cessa de baisser au cours des années suivantes pour s'effondrer au XVIIe siècle, quand les voyages sur les terres d'Europe du nord, côtes où l'on trouvait les défenses de narval vendues comme cornes de licornes, devinrent fréquents[A 19]. Ces « cornes » étaient souvent exposées dans des cabinets de curiosités aux côtés d'autres merveilles comme la pierre de bézoard. Les cornes exposées étaient la plupart du temps laissées telles quelles, mais quelques objets précieux furent fabriqués dans ce matériaux : des coupes, des couverts, des sceptres... La garde et le fourreau de l'épée de Charles le Téméraire sont confectionnés dans une « corne », elle serait issue d'une dot que Marie de Bourgogne apporta à l'empereur Maximilien en 1477[3],[Note 5]. Le plus célèbre de ces objets d'art est le trône de licorne des rois du Danemark, entièrement construit en 1671 à partir de « cornes de licorne » (en réalité dents de narval et défenses de morse) alors que l'origine réelle de ces objets commençait à se faire connaitre[A 20].

Le tableau ci-dessous compare les prix d'une demi-once (soit 15 grammes) de « corne de licorne », du bézoard et de l'ivoire d'éléphant[71], en florins[Note 6].

1612 1626 1628 1634 1643 1669 1686 1743
Corne de licorne 15 g = 64 florins 15 g = 32 florins 15 g = 32 florins 15 g = 48 florins 15 g = 32 florins 15 g = 4 florins 15 g = 4 florins 15 g = 10 couronnes
Bézoard 15 g = 32 florins 15 g = 16 florins 15 g = 24 florins 15 g = 24 florins 15 g = 24 florins 15 g = 24 florins 15 g = 24 florins 15 g = 16 florins
Ivoire (éléphant) 15 g = 2 couronnes 15 g = 2 couronnes 15 g = 2 couronnes 15 g = 2 couronnes 15 g = 2 couronnes 15 g = 2 couronnes 15 g = 2 couronnes 15 g = 2 couronnes

Lors d'un inventaire en 1598, la « corne de licorne » du trésor royal de Londres fut estimée à 100 000 livres. En 1641, elle ne valait plus que 40 000 livres[A 21],[48].

De nombreux ouvrages furent consacrés à la défense des propriétés médicinales de la « corne de licorne », parmi lesquels Le Traité de la licorne, de ses admirables propriétés et de son usage d’Andrea Bacci et Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usage de la lycorne de l'apothicaire Laurent Catelan en 1624.

Récits de voyages [modifier]

Pierre Pomet mentionne cinq espèces de licornes dans son Histoire générale des drogues.
Jan Jonston mentionne huit espèces de licornes dans Historia Naturalis de Quadrupedibus, Amsterdam, 1652.

Les récits de voyages et d'explorations forment l'une des bases de la légende de la licorne car dès l’antiquité, Ctésias affirma à son retour des Indes que l’âne de ce pays portait une corne unique au milieu de la tête. Ses dires furent repris par Aristote. De la fin du moyen-âge à la Renaissance, à l'époque des grandes explorations, de nombreux voyageurs assurent avoir vu des licornes et en firent même des descriptions très précises, souvent contradictoires, qui amenèrent certains interprètes à croire que les licorne formaient une famille comprenant des races très différentes les unes des autres, d'autres interprètes à douter de la réalité de son existence[A 22].

Marco Polo [modifier]

Au XIIIe siècle, Marco Polo en parle dans son Devisement du monde, où il décrit une « licorne » près de Java. L'animal était «  à peine moins gros qu’un éléphant, avec le poil du buffle, le pied comme celui de l’éléphant, une très grosse corne noire au milieu du front. Il ne fait aucun mal aux hommes ni aux bêtes avec sa corne, mais seulement avec la langue et les genoux, car sa langue est couverte d'épines très longues et aiguës. Quand il veut détruire un être, il le piétine et l’écrase par terre avec les genoux, puis le lèche avec sa langue. Il a la tête d'un sanglier sauvage et la porte toujours inclinée vers la terre. Il demeure volontiers dans la boue et la fange parmi les lacs et les forêts. C’est une vilaine bête, dégoutante à voir[72]. »

Ulysse Aldrovandi (1522-1607) soupçonna plus tard cette description d'être celle d'un rhinocéros : « Quant au monocéros de Paul de Venise (Marco Polo), je pense que personne ne pourra me reprocher d’y voir un rhinocéros. En effet, ils se ressemblent assez, d’après les marques qu’il en donne : sa taille proche de celle de l’éléphant, bien sûr, mais aussi sa laideur, sa lenteur, et sa tête porcine, caractéristiques qui décrivent bien le rhinocéros[73]. »

Ludovico de Verthema [modifier]

Lors d'un séjour à La Mecque en 1503, l'explorateur italien Ludovico de Verthema rapporta avoir vu deux licornes dans un enclos, elles auraient été envoyées au Sultan de La Mecque par un roi d’Éthiopie en gage d’alliance, comme la plus belle chose qui soit au monde, un riche trésor et une grande merveille.« Le plus grand est fait comme un poulain d’un an, et a une corne d’environ quatre paumes de long. Il a la couleur d’un bai brun, la tête d’un cerf, le col court, le poil court et pendant sur un côté, la jambe légère comme un chevreuil. Son pied est fendu comme celui d’une chèvre et il a des poils sur les jambes de derrière. C’est une bête fière et discrète[74]. »

Jérôme Lobo [modifier]

Le jésuite portugais Jérôme Lobo cherchait les sources du Nil quand il rapporte sa rencontre avec des licornes dans un récit de 1672 : « C’est là que l’on a vu la véritable licorne... Pour la licorne, on ne peut la confondre avec le rhinocéros qui a deux cornes, pas droites mais courbées. Elle est de la grandeur d’un cheval de médiocre taille, d’un poil brun tirant sur le noir ; elle a le crin et la queue noire, le crin court et peu fourni… avec une corne droite longue de cinq palmes, d’une couleur qui tire sur le blanc. Elle demeure toujours dans les bois et ne se hasarde guère dans les lieux découverts. Les peuples de ces pays mangent la chair de ces bêtes comme de toutes les autres[75]. »

Autres récits [modifier]

Ambroise Paré cite le chirurgien Louis Paradis qui décrivit une licorne « Son poil était couleur de castor, fort lissé, le cou grêle, de petites oreilles, une corne entre les oreilles fort lissée, de couleur obscure, basanée, de longueur d’un pied seulement, la tête courte et sèche, le mufle rond, semblable à celui d’un veau, les yeux assez grands, ayant un regard fort farouche, les jambes sèches, les pieds fendus comme une biche, la queue ronde et courte comme celle d’un cerf. Elle était tout d’une même couleur, excepté un pied de devant qui était de couleur jaune[76]. ». En 1652, Thomas Bartholin cite « un animal de la grandeur d’un cheval moyen, de couleur grise comme un âne, avec une ligne noire sur toute la longueur du dos, et une corne au milieu du front longue de trois spithames[77] ». En 1690, le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière donne cette définition de l'unicorne :« Il a une corne blanche au milieu du front, de cinq palmes de longueur... ». Un voyageur portugais décrit des licornes éthiopiennes en ces termes : « La licorne, qu’on trouve dans les montagnes de Beth en la Haute Éthiopie, est de couleur cendrée, et ressemble à un poulain de deux ans, hormis qu’elle a une barbe de bouc, et au milieu du front une corne de trois pieds, qui est polie et blanche comme de l’ivoire et rayée de raies jaunes, depuis le haut jusqu’en bas[78] ».

Autres espèces [modifier]

À la fin du XVIe siècle, le cosmographe André Thevet décrivit deux animaux comme des « sortes de licornes ».

Pirassouppi [modifier]

Le Pirassoupi serait une licorne à deux cornes : « En la province qui est le long de la rivière de Plate se trouve une bête que les sauvages appellent Pirassouppi, grande comme un mulet, et sa tête quasi semblable, velue en forme d’un ours, un peu plus colorée, tirant sur le fauve et ayant les pieds fendus comme un cerf. Ce Pirassouppi a deux cornes fort longues, sans ramures, fort élevées et qui approchent de ces licornes tant estimées. »[79]

Licornes aquatiques [modifier]
Article détaillé : Camphruch.

Au milieu du XVIe siècle, apparaissent des récits mentionnant d'étranges licornes aquatiques. Entre le promontoire de Bonne Espérance et celui des Courantes était censé vivre un animal amphibie qui avait la tête et le crin d’un cheval, une corne de deux empans de long, mobile, tournant tantôt à dextre, tantôt à sénestre, se haussant et se baissant. Cet animal combattrait furieusement contre l’éléphant et sa corne serait fort prisée contre les venins[80].

Le Camphruch dans le bestiaire d'Ulysse Aldrovandi, Monstrorum historiae, 1642

Le Camphruch observé par André Thevet en 1575 ressemble énormément à l'animal décrit plus haut. Alors qu'il voyageait en Indonésie, il décrit une licorne aquatique dont le museau tient du phoque et du chat, l’avant du corps est semblable à celui d’une biche, avec une abondante crinière grise qui recouvre tout le cou. L'animal porte une longue corne torsadée et ses jambes postérieures sont palmées. Le camphruch chasserait le poisson en l’empalant sur sa corne qui a la particularité d’être mobile et de pouvoir soigner le poison, ce qui la rendrait très recherchée[79]. Quelques années plus tard, le nom fut simplifié en Camphur dans les encyclopédies.

Lieux où se trouvent les licornes [modifier]

Les récits d'explorateurs concordent parfois pour situer les licornes. L'Inde est très souvent citée, de même que l'Éthiopie, et ecs deux pays forment les « terres d'élection des licornes »[A 23]. D'autres témoignages isolés mentionnent plusieurs lieux au moyen-orient, Madagascar, le Caucase, l'Asie du sud-est et, plus exceptionnellement, les côtes est américaines ainsi que le Groenland et l'Antarctique.

Les licornes américaines seraient censées vivre près de la frontière canadienne « des animaux ressemblant à des chevaux, mais avec des sabots fendus, le poil dru, une corne longue et droite au milieu du front, la queue d’un porc, les yeux noirs et le cou d’un cerf[81]. ». Plus loin dans le même ouvrage, l'auteur décrit « des chevaux sauvages au front armé d’une longue corne, avec une tête de cerf, ayant le poil de la belette, le cou court, une crinière pendant d’un seul côté, les pattes fines, des sabots de chèvres[81]. »

La licorne survécut aux différentes phases d'exploration de la Renaissance, contrairement à d'autres animaux légendaires comme le dragon et le griffon qui rejoignirent les mythologies et les récits folkloriques[B 1]. Lorsque des régions où étaient censées vivre les licornes étaient entièrement explorées, un autre récit à mentionnait la bête dans des régions plus inaccessibles encore, comme le Tibet[82], l'Afrique du sud et le centre de l'Afrique[A 24].

De 1500 à 1800 [modifier]

Durant la Renaissance, la licorne ne se trouve plus uniquement dans les ouvrages décrivant le monde animal, mais aussi dans des récits de voyages où les explorateurs affirment l'avoir rencontrée, dans des traités de médecine à propos de l’usage de sa « corne », et dans des études bibliques discuta

licorne

Publié le 04/08/2009 à 01:58 par rasta666s
Licorne

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Aller à : Navigation, rechercher
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Licorne (homonymie).
Domenico Zampieri, Jeune fille vierge et licorne (détail), Fresque, 16041605, Palais Farnèse, Rome.

La licorne, parfois nommée unicorne, est une créature légendaire généralement décrite comme proche du cheval et de la chèvre et de couleur blanche, possédant un corps chevalin, une barbiche de bouc, des sabots fendus et une grande corne au milieu du front, droite, spiralée et pointue, qui constitue sa principale caractéristique.

La licorne est mentionnée depuis l'Antiquité grecque, sous le nom de monocéros. Elle devint l'animal imaginaire le plus important du Moyen Âge à la Renaissance[S 1], que ce soit dans l'iconographie des bestiaires médiévaux qui la décrivent comme un animal sylvestre très féroce, symbole de pureté et de grâce, que seule une vierge peut capturer, ou dans les encyclopédies où sa corne possède le pouvoir de purifier l'eau de tout poison et de guérir les maladies. Des objets présentés comme d'authentiques « cornes de licorne » s'échangèrent durant ces périodes.

On découvrit peu à peu que ces « cornes de licorne » étaient en réalité la défense d'un mammifère marin, le narval, et que les multiples descriptions qui avaient été faites de la licorne correspondaient aux déformations d'animaux comme le rhinocéros et l'antilope. La croyance en l'existence de la licorne fut discutée jusqu'au milieu du XIXe siècle et de tous temps, la bête intéressa des théologiens, médecins, naturalistes, poètes, gens de lettres, ésotéristes, alchimistes, symbolistes et historiens.

Aujourd'hui, la licorne est une créature légendaire parmi les plus typiques et les plus connues du domaine de la fantasy, de nombreux travaux et des œuvres de fiction lui étant entièrement consacrés. L'imagerie moderne de la licorne est souvent devenue celle d'un grand cheval blanc portant une corne unique au milieu du front.

Sommaire [masquer]

// <![CDATA[ //<![CDATA[ if (window.showTocToggle) { var tocShowText = "afficher"; var tocHideText = "masquer"; showTocToggle(); } // ]]>

Étymologie et terminologie [modifier]

La licorne est nommée monokeros (μον?Œκερως) en grec ancien, ce qui signifie « Avec une seule corne »[1]. Le nom de licorne est un emprunt du XIVe siècle à l'italien alicorno, lui-même une forme altérée du latin chrétien unicornis signifiant également « à une seule corne » (de unus 'une' et cornu 'corne') [2]. Selon une interprétation moderne, le nom de licorne pourrait signifier corne de la loi, épée de justice, corne de lumière ou même corne de la lune en langage des oiseaux[3].

Le nom de « licorne » est donné à des créatures assez différentes par leur description. Leur principale caractéristique commune est la présence d'une corne unique. C'est le cas du qilin chinois, plus connu au Japon sous le nom de kirin, du re'em de la Bible, du tragelaphos d'Aristote, du Kartazonos d'Élien le sophiste (dérivé du sanskrit « Kartajan », signifiant Maître des terres sauvages[4]), du camphruch d'André Thevet, et, bien évidemment, du mammifère marin réel à l'origine du commerce des « cornes de licorne » en occident, le narval, également appelé « licorne de mer »[5].

Origines de la licorne [modifier]

La licorne blanche telle que nous la connaissons est une créature chimérique[3] légendaire et non pas un mythe car elle n'est pas liée à la création du monde[Note 1], à des gestes héroïques ou la fondation d'une ville, mais le résultat de rapports d'observation exotiques[A 1]. De nombreux auteurs ont développé des théories plus ou moins sérieuses qui s'opposent quant à ses origines, à tel point qu'Odell Shepard suggère non sans humour dans son ouvrage The lore of the unicorn, publié en 1930, que l'origine de la licorne devait se trouver dans l'Atlantide ou les montagnes de la lune[6].

Selon l'auteure ésotériste Francesca Yvonne Caroutch, la licorne se confondrait avec la nuit des temps, issue du chamanisme, elle était, semble-t-il[7], fabriquée artificiellement pour le culte de la fertilité, pratique qui perdure dans les confins du Kham, au Tibet oriental, jusqu'à la fin du XIXe siècle. Symbole cosmique dans la civilisation mésopotamienne, de fécondité et de fertilité dans la civilisation indo-aryenne, on la retrouverait dans les plus anciennes cosmogonies et des textes religieux et philosophiques aussi bien chinois qu'indiens[7] ou perses[8]. La licorne serait aussi mentionnée en Himalaya, Mésopotamie, et Crète préhellénique. Cette théorie est là encore une interprétation de l'auteure, il n'existe aucune preuve historique véritable pour l'étayer[9].

Selon une autre étude plus récente, la licorne serait issue de l'ancien paganisme européen, du dieu gaulois cornu Cernunnos et de la mythologie nordique. Sa présence en Orient aurait été rare et tardive, propagée par les nouvelles voies commerciales, et les points communs avec des mythes hindous ne seraient dus qu'à de mauvaises traductions[3]. Quelques références à la licorne et à sa symbolique se trouveraient dans la mythologie nordique car pendant le Ragnarök, Freyr succombe devant Surt qu'il affrontait avec une épée en bois de cerf « armé d'une seule ramure ainsi qu'un cerf à l'hallali »[3], et la lance Gungnir (gravé des runes de la Loi) pourrait aussi être assimilée à la corne de licorne[3]. Il s'agit d'une interprétation que rien ne peut confirmer.

Deux études universitaires dont la thèse de Bruno Faidutti s'opposent aux théories sur l'origine antique de la licorne. Les créatures orientales comme le qilin chinois ne pourraient pas être à l'origine de la licorne occidentale dont la figure résulte d'un travail sur les premiers bestiaires et les textes gréco-romains, eux-mêmes probablement issus de l'observation d'animaux exotiques réels[A 2],[3]. Les liens entre licorne européenne et licorne asiatique sont donc remis en cause car ces deux légendes auraient deux origines très différentes : les licornes asiatiques étaient fabriquées en liant par le fer et le feu les cornes de certaines chèvres angora, cette corne artificielle était donc courte et ressemblait à deux chandelles tressées, tandis que la licornes européenne blanche est une création du haut Moyen Âge, empruntant beaucoup au Physiologos et un peu aux textes greco-romains[A 2], et portant une longue corne torsadée qui s'avéra être en réalité une dent de narval[5]. Bruno Faidutti affirme toutefois que, bien que les déformations d'animaux réels expliquent en grande partie l'origine des multiples descriptions de la licorne, l'histoire de cette créature est bien plus complexe qu'un choix entre l'observation d'un « rhinocéros dans la brume » ou d'une « antilope vue de profil »[A 2].

Licorne chinoise [modifier]

Statue d'un qilin, « licorne chinoise ».
Article détaillé : Qilin.

Selon Francesca Yvonne Caroutch, la première trace écrite d'une licorne remonterait aux Annales de bambou, en Chine. Intégrée à la mythologie chinoise sous le nom de Qilin, la licorne fait partie des cinq animaux sacrés associés aux élément avec le dragon azur, l'oiseau vermillon, le tigre blanc et la tortue noire[8].

Le qilin est connu sous le nom de « licorne asiatique » et, dans l'art ancien, il est souvent représenté comme un reptile à queue de bœuf proche du cerf, portant deux cornes recouvertes de fourrure sur le front, parfois une seule dans les textes. Ces cornes lui permettent de séparer les justes de ceux qui ont quelque chose à se reprocher. Il représente la douceur, la bonté et la prospérité, surtout chez les enfants et les adolescents. Il vivrait mille ans et apparaitrait lors de la naissance des empereurs et des grands sages. Symbole de perspicacité, il était traditionnellement représentée dans les tribunaux chinois du système impérial sur la tenture séparant la salle d'audience et le cabinet du magistrat[10].

En Perse et en Inde [modifier]

Cette scène du combat d'un lion et d'un animal à une corne figure sur un bas relief des ruines de Persépolis. Elle est souvent citée comme « preuve » de l'ancienneté de la licorne. Gravure du livre de l’explorateur Carstens Niebuhr : Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, Amsterdam, 1779.

Francesca Yvonne Caroutch et Odell Shepard penchent pour une origine indienne et perse de la licorne. Chez les perses, l'unicorne de fécondité neutralisait déjà les poisons[9]. Comme dans le Bundahishn des anciens sages persans, on trouverait trace de la licorne dans l' Atharva-Véda, l' épopée de Gilgamesh, le Râmâyana et le Mahâbhârata de l'Inde Antique, qui contribuent à diffuser la légende de la licorne dans le monde chrétien. Le conte indien de l'« ermite cornu » ou « Ekasringa » issu des J?taka, récits des vies antérieures du Bouddha, et du Mahâbhârata, met en scène un ermite solitaire appelé Ekasringa, ce qui signifie Corne unique. Au Japon, en Chine, en Inde et en Perse, on en trouve des versions différentes[11]. Le conte d'Ekasringa, issu de la littérature sanskrite[12], aurait influencé durablement l'Occident chrétien et forge après de nombreux remaniements la légende de l'apparition merveilleuse d'un animal surmonté d'une corne en ivoire, qui ne peut être capturé que par une jeune fille[12].

En Grèce antique [modifier]

Le plus ancien texte de la littérature occidentale qui évoque la licorne date de la fin du du Ve siècle av. J.-C. et est dû au médecin grec Ctésias qui résida dix-sept ans à la cour de Perse de Darius II et Artaxerxès II[S 2]. À son retour en Grèce, il rédigea une Histoire de l'Inde (Indica) (pays où il n'avait jamais été), dont il nous reste des fragments rapportés au IXe siècle par Photios, et qui décrivent, parmi les peuples et animaux fabuleux de l'Inde « des ânes sauvages de la grandeur des chevaux, et même de plus grands encore. Ils ont le corps blanc, la tête couleur de pourpre, les yeux bleuâtres, une corne au front longue d'une coudée. La partie inférieure de cette corne, en partant du front et en remontant jusqu'à deux palmes, est entièrement blanche ; celle du milieu est noire ; la supérieure est pourpre, d'un beau rouge, et se termine en pointe. On en fait des vases à boire. Ceux qui s'en servent ne sont sujets ni aux convulsions, ni à l'épilepsie, ni à être empoisonnés, pourvu qu'avant de prendre du poison, ou qu'après en avoir pris, ils boivent dans ces vases de l'eau, du vin, ou d'une autre liqueur quelconque. Les ânes domestiques ou sauvages des autres pays n'ont, de même que tous les solipèdes, ni l'osselet, ni la vésicule du fiel. L'âne d'Inde est le seul qui les ait. Leur osselet est le plus beau que j'aie vu ; il ressemble pour la figure et la grandeur à celui du bœuf. Il est pesant comme du plomb et rouge jusqu'au fond comme du cinabre. Cet animal est très fort et très vite à la course. Le cheval, ni aucun autre animal, ne peut l'atteindre. »[13]. Pour Odell Shepard, l'origine de cette description serait un mélange de récits sur le rhinocéros indien, dont la corne est traditionnellement affublée de propriétés thérapeutiques, l'onagre (ou âne sauvage), réputé dans l'antiquité pour sa vitesse et sa combattivité (et cité par exemple dans l'Anabase de Xénophon), et l'antilope du Tibet[S 2].

Au IVe siècle av. J.-C. le philosophe Aristote, dans son Histoire des animaux où il classe les animaux, notamment en fonction du nombre de leurs cornes et de leurs sabots, en distingue deux qui auraient une seule corne, l'âne indien et l'oryx « On peut encore remarquer que certains animaux ont des cornes, et que les autres n'en ont pas. La plupart de ceux qui sont pourvus de cornes ont le sabot fendu, comme le bœuf, le cerf et la chèvre ; on n'a jamais observé d'animal au sabot non-fendu à deux cornes. Mais il y a un petit nombre d'animaux qui ont une seule corne et le sabot non-fendu, comme l'âne des Indes. L'oryx n'a qu'une corne, et il a le sabot fendu»[14] ».

Licorne par Andres de Valdecebro, Madrid, 1658, inspirée de la description de Pline l'Ancien

La description de la licorne faite par Pline l'Ancien au Ie siècle (alors que par ailleurs on avait vu des rhinocéros à Rome dès le Ie siècle av. J.-C.) sert de base à de nombreux ouvrages plus tardifs :

« La bête la plus sauvage de l’Inde est le monocéros ; il a le corps du cheval, la tête du cerf, les pieds de l’éléphant, la queue du sanglier ; un mugissement grave, une seule corne noire haute de deux coudées qui se dresse au milieu du front. On dit qu’on ne le prend pas vivant. »
    — Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre VIII[15]

.

Au début du IIIe siècle le grec Élien le sophiste donne lui aussi une description des licornes. Il reprend peut-être les récits de Ctésias, ou bien ceux de Mégasthènes qui vers 300 av. J.-C.,fut envoyé comme ambassadeur à la cour de Chandragupta Maurya, roi des Indes, à Pataliputra sur les bords du Gange[16] et y resta une dizaine d'années et rédigea son livre Indica, le plus important livre sur l'Inde antique écrit après les conquêtes d'Alexandre[S 1]. La licorne devient un animal solitaire des montagnes de l'Inde appelé « Kartazoon » d'après la langue du pays. Pour la première fois, la licorne est douce avec les autres animaux. Querelleuse envers les siens, son agressivité ne s'adoucit qu'à la saison des amours et sa corne est utilisée comme remède contre les poisons[17],[6] ,[18]

Strabon cite Megasthènes qui prétend qu'il existe dans les régions sauvages de l'Inde « des chevaux à tête de cerf surmontée d'une seule corne »[19].


Au IIe siècle Philostrate l'Athénien dans sa Vie d'Apollonius de Tyane reprend le récit de Ctésias, sans prêter foi aux vertus médicinales de la corne [20].

Il existe aussi quelques représentations du cheval d'Alexandre le Grand, Bucéphale, portant une corne au front, symbole de puissance et de divinité[21]. Bucéphale était censé se nourrir de chair humaine, mais seul Alexandre pouvait le monter, ce qui rejoint la légende selon laquelle la licorne ne peut être attendrie que par une vierge[A 3]. Marco Polo fait allusion à cette légende dans Le Devisement du monde : « On pouvait trouver en cette province (l'Inde) des chevaux descendus de la semence du cheval à corne unique du roi Alexandre, nommé Bucéphale ; lesquels naissaient tous avec une étoile et une corne sur le front comme Bucéphale, parce que les juments avaient été couvertes par cet animal en personne. Mais toute la race de ceux-ci fut détruite. Les derniers se trouvaient au pouvoir d’un oncle du roi, et quand il refusa de permettre au roi d’en prendre un, celui-ci le fit mettre à mort ; mais de rage de la mort de son époux, la veuve anéantit ladite race, et la voilà perdue[22]... »

Septante et Vulgate [modifier]

Article détaillé : Re'em.
Les re'em d'après une gravure du Hierozoycon, sive de Animalibus Scripturæ de Samuel Bochart en 1663.

Dans les livres de la Bible hébraïque, le mot hébreu re'em (?????), équivalent de l'arabe rim, et qui est aujourd'hui traduit par « bœuf sauvage » ou « buffle » apparaît à neuf reprises avec ses cornes, comme une allégorie de la puissance divine[23],[24]. Par ailleurs, le livre de Daniel utilise l'image d'un bouc avec grande corne entre les yeux[25], dans un contexte différent : comme métaphore du royaume d'Alexandre le grand[23].

Au IIIe siècle av. J.-C. et IIe siècle av. J.-C., quand les juifs hellénisés d'Alexandrie traduisirent les différents livres hébreux pour en faire une version grecque appelé Septante, il utilisèrent pour traduire re'em le mot monoceros (μoνoκερωσ), qu'ils devaient connaître par Ctésias et Aristote[23]. On ne sait pas pourquoi « les traducteurs de la Septante ont choisi le mot monokeros, "muni d'une seule corne", pour désigner ce qui semble bien être en hébreu le buffle, usuellement appelé en grec "bœuf sauvage", et qui a deux cornes [dans le Deutéronome] ? Y-a-t-il eu une intention, ou bien n'ont-ils pas su identifier l'animal, ou bien ce terme était-il connu (en Égypte ?) pour désigner une sorte particulière de buffle, ou bien ont-ils voulu faire allusion à une bête légendaire ? »[26] Remarquant le fait qu'il s'agit de passages marqués par le messianisme (l'attente d'un nouveau « roi des juifs »), J.L.W. Shaper pense qu'il s'agit en fait d'une adaptation délibérée d'une ancienne image mythique israélite au contexte culturel nouveau du judaïsme hellénistique. Et il émet l'hypothèse que le choix de terme monokeros pour symboliser le messie est lié au fait qu'il était aussi utilisé dans un cadre astrologique : un jeune bœuf à corne unique symbolisant le croissant de la nouvelle lune[23].

À partir du IIe siècle le judaïsme rabbinique rejette la tradition hellénistique et revient à l'hébreu (le texte massorétique). Par contre, la Septante devient l'Ancien Testament du christianisme et dans sa version latine, la Vulgate, le grec monoceros est traduit soit par unicornis, soit pas rhinocerotis. Les versions contemporaines, comme celle de l'École biblique de Jérusalem, sont plus prudentes et réalistes en utilisant le terme de « bœuf sauvage » qui reste toutefois vague[6].

Plusieurs tentatives d'identification ont été faites sur le re'em, vraisemblablement un auroch, mais Charles Doughty avance qu'il s'agirait d'une variété de grande antilope, le wothyhi, un oryx dont les cornes longues et minces peuvent être l'un des modèles pris pour représenter les cornes de licorne[27]. Cependant, l'oryx, comme toutes les antilopes, possède deux cornes et non une seule. Selon Robert Graves, la confusion pourrait venir de l'interprétation erronée d'un dessin figurant en marge d'un Pentateuque hébraïque illustré[28].

Selon Roger Caillois, les kabbalistes auraient noté que les lettres de la licorne (en tant que Re'em) sont resch, aleph et mem, et celles de la corne (Queren) qoph, resch et nun. En hébreu, la corne se dit « Queren » et indique la puissance et la lumière. Être pourvu d'une corne aurait ici le même sens que rayonner (Karan)[4].

La présence de la licorne en tant que re'em dans la Bible a une influence durable et notable sur la croyance occidentale en l'existence de cet animal, suivant la conviction chrétienne selon laquelle la Bible est directement dictée par Dieu[S 1].

Ce passage fut ainsi fréquemment cité pour justifier du caractère indomptable de la licorne :

« Le (re'em) voudra-t-il te servir, passer la nuit chez toi devant la crèche ?
Attacheras-tu une corde à son cou, hersera-t-il les sillons derrière toi ?  »
    — Job (39, 9-10), [29]

Le Physiologos : le premier bestiaire chrétien [modifier]

Le Physiologos est un recueil de brefs récits vraisemblablement rédigé en Égypte au IIe siècle

Ecrire un commentaire

licornes

Publié le 01/08/2009 à 22:48 par rasta666s
licornes

rasta