- RAPPEL : Agnès Sorel, lorsqu'elle est arrivée
en "mauvais état" retrouver le Roi, venait de
Loches, et c'est à Jumièges qu'elle retrouve Charles
VII son royal amant. Ce dernier s'est installé à
l'abbaye de Montivilliers, au début de l'année
1450, puis à l'abbaye de Jumièges. Il est là
pour terminer la "guerre de cent ans".
L'abbé de Jumièges voyant la dame enceinte de plusieurs
mois (7 peut-être ?), met à la disposition du couple
le manoir du Mesnil, lequel dépend de l'abbaye.
C'est dans ce lieu qu'elle met au monde un enfant, et qu'elle
meurt le 9 février 1450, aujourd'hui nous savons qu'elle
est décédée, empoisonnée par du Mercure.
Le roi Charles VII, avant de s'en remettre, est éploré
et il commande deux superbes tombeaux de marbre.
- Ses entrailles ou son coeur
seront alors placés dans un monument de la collégiale
de Jumièges. L'autre c'est à dire son corps à
Loches.
De
quoi est morte Agnès Sorel ?
Les études sur les
restes d'Agnès Sorel ont été réalisées
par le docteur Philippe Charlier qui était alors
au CHU de Lille.
Les conclusions sont passionantes
:
- Les restes d'Agnès
Sorel comportaient des morceaux du crane, des mandibules, des
cheveux, poils et autres sourcils, mais aussi des sédiments.
En plus, des morceaux de muscle, de peau, du jus de putréfaction.
- Elle était bien blonde
et si les cheveux que l'on observe sont bruns, cela provient
de la gangue de plomb provenant du sarcophage. Celui-ci était
triple, fait de plomb, de chêne et de cèdre. Cette
gangue de plomb dissimilait la blondeur de la Belle.
- Elle est décédée
à l'âge de 28 ans, (plus ou moins 2 ans).
- On a retrouvé aussi
un fragment d'un foetus de 7 mois, il est né en 1450,
son sexe n'a pas été déterminé. Mais
à 7 mois, l'enfant n'était pas viable.
- De quoi est morte Agnès
Sorel, telle est la question. Trois équipes ont travaillé
sur les examens toxicologiques. Les analyses ont porté
sur le contenu des poils, des cheveux, de la putréfaction.
Agnès
Sorel a été foudroyée en quelques jours
par une dose considérable (astronomique) de Mercure.
Pourquoi tant de mercure ?
Le mercure à cette
époque était utilisée comme médicament
pour de nombreuses maladies, pour les accouchements longs et
difficiles et aussi.... comme poison ! Il venant du cinabre.
(sulfure de mercure, HgS)
L'enquête avance
:
En premier lieu, Agnès
Sorel était plutôt en bonne santé, elle avait
une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée.
On a retrouvé 7 dents, une seule avec une carie, ce qui
à l'époque, est un bon résultat. (l'âge
a aussi été confirmé par les dents).
Seule chose nouvelle et intéressante
sur la santé de la belle, c'est une légère
malformation des cloisons nasales, ce qui devait sans doute "la
faire ronfler" la nuit, lorsqu'elle dormait aux côtés
de son amant de roi....
Mais les études parasitologiques
ont démontré qu'elle était atteinte d'une
maladie parasitaire : l'ascaridiose, c'est à dire des
vers intestinaux. Ce sont des vers blanchâtres de 2 à
25 centimètres de long provoquant une infection du tube
digestif, comme cela n'était pas exceptionnel au XV e
siècle.
C'était donc fréquent
à l'époque, avec des douleurs abdominales, des
diarrhées, des elles sanglantes et des complications pouvaient
survenir. Cette ascaridiose provenait de l'hygiène d'alors
et de la préparation des repas.
On a pas trouvé de
trace d'arsenic, alors qu'il s'agissait d'un poison parmi les
plus utilisés.
Pourquoi
le mercure ?
L'utilisation du mercure était
monnaie courante pour les traitements contre les vermifuges.
Mais les posologies étaient alors bien connues et une
erreur de dosage ne semble guère possible. Le médecin
d'Agnès Sorel, Robert Poitevin était un des plus
grands médecins de l'époque.
Le mercure pouvait-il provenir
du sarcophage et du plomb ? Sans doute pas, car le cercuil de
plomb ne comprend que des traces de mercure et non des quantités
importantes.
Sur l'hypothèse des
soins de conservation, il en est de même, on n'a pas trouvé
mercure à haute dose dans les fosses nasales.
D'où
vient ce mercure mortel ?
Ce taux considérable
de mercure trouvé dans les phanères (cheveux, poils
et sourcils) semble davantage correspondre à un meurtre au mercure. Ce mercure était très
utilisé au moyen Age comme poison, c'était aussi
bien en Europe, dans les cours, qu'à Moscou par exemple.
Remarquons que Pline l'Ancien évoquait déjà
ce poison.....
Agnès Sorel était
sans doute soignée avec des fougères mâles
et du mercure, comme le demandait le traitement de cette parasitose
intestinale, mais de manière volontaire, une dose massive
de mercure a été ajoutée dans les médications
que devait prendre Agnès Sorel.
Le mercure au Moyen Age a
souvent été considéré comme étant
"le poison du pauvre".
Qui a tué
Agnès Sorel ?
L'enquête continue à
partir des études de l'équipe du professeur Charlier.
Il faut maintenant redonner la parole aux historiens.
Agnès Sorel aurait
pu être tuée par beaucoup de gens. Jacques Coeur
fait parti du nombre des suspects, mais aussi Etienne Chevalier,
ou encore des obscurs de l'entourage du roi. Et puis, un des
rares hommes avec lequel Agnès Sorel était en guerre
: le dauphin Louis.
Le futur Louis XI apparaît
comme le coupable idéal...... mais les recherches en ce
domaine ne font que commencer.
Le commanditaire peut être
effectivement Louis XI, mais le dauphin n'était pas présent
à la mort de la belle. Il a donc, si l'hypothèse
s'avèrre confirmée qu'il a eu, sur place un "exécutant".
Parmi les personnes qui ont
été en contact étroit avec Agnès
Sorel dans ces moments figure le docteur de Charles VII, Robert
Poitevin, un des plus grands médecins de son temps, et
il fut en outre un des trois exécuteurs testamentaires
de la belle.
Pourquoi
Robert Poitevin ?
Les relations des uns et des
autres étaient conflictuelles, entre la cour et les bouirgeois
arrivés comme Jacques Coeur, entre les partisans du roi
et ceux du dauphin, entre aussi le clan d'Agnès, qui comprenait
Jacques Coeur et le clan du Dauphin.
Poitevin s'est-il laissé
convaincre que cette "belle" devait périr car
elle prenait de plus en plus d'importance dans les décisions
du roi ? peut-être, mais c'est sans doute la future arrivée
du dauphin à la tête du pays, car Charles n'a jamais
été en bonne santé qui est au coeur de l'affaire.
Un médecin assassin
? c'est un peu la théorie nouvelle "développée
avec beaucoup de précautions" par Philippe Charlier.
Il veut que la parole revienne aujourd'hui aux historiens.
Un argument de plus, c'est
la déclaration de Poitevin, après la mort pour
affirmer de manière péremptoire que l'amante de
Charles VII avait été victime "d'un flux au
ventre", et face à la rumeur qui circulait sur un
éventuel empoisonnement, il a démentit de manière
forte, comme l'on dirait aujourd'hui or un tel empoisonnement
ne pouvait passer inaperçu pour un homme de la valeur
du docteur du roi.
Les chroniqueurs ont peu parlé
de la mort d'Agnès Sorel, s'intéressant comme l'a
fait remarquer Georges Minois dans son Charles VII, ils ont davantage
évoqué la guerre de cette année 1450.
On trouve pourtant quelques
lignes sur Agnès, l'empoisonnement et... Louis XI :
c'est ainsi que Jacques Du
Clercq a écrit :
"Et certains dirent
aussi que le dauphin avait déjà fait mourir une
damoiselle nommée la belle Agnès, laquelle était
la plus belle femme du royaume, et totalement en amour avec le
roi son père".
Le dauphin avait une réputation
exécrable et Jacques Coeur qui a toujours servi son roi
Charles, se rapprochera du Dauphin, ce qui causera sa perte.
- Agnès
Sorel empoisonnée, cela semble aujourd'hui certain.
- Agnès
Sorel assassinée, la probabilité est de plus en
plus forte
- Robert Poitevin,
a mis le poison dans les médications de la belle, c'est
probable
- Le dauphin
Louis, à l'origine du meutre dont il est le commanditaire,
c'est fort possible.
- Jacques Coeur
innocent, là encore c'est certain.
-
- Quelques
éléments nouveaux :
-
- Le docteur Philippe
Charlier , qui est aujourd'hui au service de médecine
légale et d'anatomie / cytologie pathologique d el'Hôpital
Universitaire Raymond Poincarré de Garche (Il donne aussi
des cours à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris),
au cours de 2 conférences à Bourges le mardi 31
janvier a apporté quelques éléments nouveaux.
-
- Il y a eu 22 collaborateurs
et 18 laboratoires qui ont partricipé à cette étude
sur les reste d'Agnès Sorel.
- Agnès Sorel
est la "maîtresse" officielle du roi Charles
VII, et ses enfants peuvent prétendre au trône,
ce qui était politiquement très important.
- Le transport du corps
de la Dame de Beauté (hormis le coeur et les viscères)
vers Loches a été fait en une quinzaine ou vingtaine
de jours.
- Le gisant, magnifique
sculpture de Loches, est en albâtre, et il aurait été
réalisé "d'après nature". Ce qui
est important pour les comparaisons du visage.
- Il n'a pas été
possible de déterminer la taille d'Agnès Sorel,
il aurait été nécessaire d'avoir des os
plus longs.
- Lors de la réduction
du corps en 1777, les restes ont été placés
dans un vulgaire saloir à cochon, neuf, de 43 cm par 35
cm. Cette réduction du corps s'est fait d'abord par les
pieds, puis le bassin, puis la poitrine et enfin la tête.
- Il n'y avait pas de
bijoux dans l'urne, mais il a été signalé
que des reliques, chaque fois que l'urne a été
ouverte elle a fait l'objet de vols de dents ou d'os.
- Au cours de ses recherches,
le docteur Charlier a été victime d'une maladie
pulmonaire due semble-t-il à des champignons microscopiques,
un peu comme une malédiction ( on se souvient de la malédiction
de Toutankamon).
- Mais la dernière
découverte des restes, c'est la présence d'un triponem,
et la question se pose : Agnès Sorel pouvait elle avoir
la syphillis ? Cela reste une question intéressante, car
les historiens affirment que cette maladie est arrivée
en Europe à partir de 1493.... Et que cette théorie
est aujourd'hui contestée. Agnès Sorel et ses restes
pourraient donner des répponses, mais le docteur Charlier
est très prudent sur ces études qui ne sont pas
terminées.
- Le paludisme qui était
très présent en Berry, n'a pas atteind Agnès
Sorel.
-
- à suivre.........
- ARCHIVES
Et puis, voici
un court texte écrit
il y a plus de 4 ans, qui
retrace les débuts de cette belle aventure contituée
par l'étude des reste de la Dame de Beauté., la
suite, dans le dossier spécial
Du nouveau pour bientôt
?
De ce que nous savons, les restes d'Agnès
Sorel étaient conservés dans un tombeau du château
de Loches. Le Conseil Municipal, pour des raisons que j'ignore,
peut être pour des raisons simplement de travaux dans le
château, a décidé de déplacer le tombeau.
Un historien, ayant appris cela, a demandé au Conseil
Municipal de pouvoir ouvrir le tombeau afin de prélever
des ossements et de faire deux séries de recherches :
d'une part de rechercher par des tests, si la "Dame de Beauté
" a été ou non empoisonnée.
d'autre part de reconstituer en trois dimensions le visage de
la belle Agnès et sans doute voir si elle était
aussi belle que le dit la légende.
Donc, cela s'est fait au mois de septembre 2004,
On a retrouvé seulement un crâne en bon état,
car le tombeau a été profanné à la
Révolution, comme cela s'est fait souvent. Le crâne
a été effectivement confié au CHU de Lille
qui va étudier si Agnès Sorel a été
ou non empoisonnée.
Quant au visage, c'est l'Institut de recherche criminelle de
la gendarmerie qui va s'en charger.
Les résultats ne seront disponibles que dans plusieurs
mois.
Une simple remarque, les restes du crâne de Louis XI ont
été analysés, il y a un ou 2 ans, ils venaient
de la crypte de Cléry près d'Orléans, où
ils étaient vénérés. Dans un premier
temps, le résultat des recherches a montré qu'en
fait, le crâne était en trois morceaux, qui appartenaient
à 3 personnes différentes, dont une femme !
Mais surprise, les études complémentaires
viennent d'être réalisées par le docteur
Charlier, et il ne fait aucun doute : ce crâne de Cléry
est bien celui de Louis XI, les résultats de l'étude
seront communiquées en 2006.
Le docteur Charlier, sur la lancée et le succès
obtenu avec Agnès Sorel travaille aujourd'hui sur de supposés
restes de Jeanne d'Arc, des reliques qui sont à Chinon.....
D'autre part le Dr
Charlier nous informe d'un colloque international sur la pathographie
(étude scientifique des restes squelettiques ou momifiés
des individus célèbres, de l'antiquité à
l'époque contemporaine) en 2007, il fait suite à
celui de Loches qui s'est déroulé du 22 au 24 Avril
2005. colloquepathographie2005@caramail.com
ET puis, dernière information
:
Le docteur Charlier du CHU de Lille
a demandé les cheveux d'Agnès Sorel qui sont dans
les collections des musées de Bourges, afin de poursuivre
ses études sur le personnage.
Au fait, ces cheveux "de Bourges"
attribués à Agnès Sorel sont-ils authentiques
ou est-ce une fausse relique comme Bourges en a connu assez souvent
?
Le dimanche 13 mars 2005, le docteur
Philippe Charlier est venu à Bourges afin de recevoir
la mèche de cheveux d'Agnès Sorel, et de poursuivre
les études.
Notez le livre
du docteur Philippe CHARLIER :"Médecins des morts"
aux Ed Fayard