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Extension de Roland-Garros : la suspension des travaux prolongée

Le tribunal administratif de Paris, saisi par les héritiers de l’architecte des serres d’Auteuil, prolonge la suspension des travaux. La Fédération française de tennis se pourvoit en cassation.

Par  (avec AFP)

Publié le 25 mars 2016 à 13h06, modifié le 25 mars 2016 à 12h17

Temps de Lecture 3 min.

Le futur court de Roland-Garros et les serres prévus par l’architecte Marc Mimram (mise en perspective Cyrille). A droite, les serres historiques de Jean-Camille Formigé.

La Fédération française de tennis (FFT) le redoutait, les associations de défense de l’environnement l’espéraient : le tribunal administratif de Paris a ordonné, jeudi 24 mars, la suspension des travaux d’extension du stade Roland-Garros, à la lisière du bois de Boulogne, dans le 16e de Paris. Les travaux, qui ont débuté en octobre 2015, ont été suspendus une première fois pour une durée de trois mois – jusqu’au 31 mars. Cet arrêt a été acté après une première action en référé le 18 décembre. La FFT a par ailleurs dit qu’elle allait se pourvoir en cassation et « s’en remettre à la décision du Conseil d’Etat ».

Dans cette affaire distincte des autres recours intentés depuis plus de cinq ans par diverses associations, ce sont ici les descendants de Jean-Camille Formigé, l’architecte qui a conçu le jardin des serres d’Auteuil au XIXe siècle, qui attaquent le projet d’extension devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris au nom du « droit d’auteur ». Dans les deux cas, les litiges seront jugés sur le fond, dans plusieurs mois.

Extension de Roland-Garros : les dates-clés

1991. Dernière extension de Roland-Garros, vers l’ouest. Philippe Châtrier alors président de la Fédération de tennis, promet qu’il n’y en aura pas d’autres.

2006. Où l’on reparle d’agrandir le site, à l’occasion de la candidature de Paris à l’organisation des Jeux Olympiques de 2012. Le projet alors retenu par Christian Bîmes (patron de la FFT de 1993 à 2009) comprend la couverture partielle de l’autoroute A13. Le financement devait alors être assuré par la Ville. Un projet « irréaliste », selon ses détracteurs.

2011. L’extension de Roland-Garros est actée comme nécessaire pour le maintien du Tournoi parisien dans le circuit du Grand Chelem. Un projet, sur le jardin des serres d’Auteuil, est présenté par la FFT, suivi du contre-projet des associations soutenu par EELV.

2014. Cette extension devient un argument de « vente » de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024.

2015. En février, la ministre de l’environnement Ségolène Royal commande un rapport au Conseil général de l’environnement et du développement durable (Cgedd) ; la FFT choisit et paye le cabinet Egis, qui rend son rapport le 18 mai à la Mairie de Paris.

28 mai. Le Conseil de Paris approuve le vœu du groupe Ecologiste d’un complément d’étude réellement indépendant.

3 juin. Le premier ministre Manuel Valls annonce que l’Etat va donner son accord au projet de la FFT « dans la semaine », levant la nécessité des validations du ministère de la culture et de l’Ecologie.

18 décembre. Le Tribunal de grande instance de Paris, saisi en référé par les héritiers de l’architecte des serres, Jean-Camille Formigé au nom du « droit d’auteur », ordonne la suspension des travaux pour trois mois, soit jusqu’au 31 mars 2016.

2016. Deuxième action en référé intentée par les héritiers de Formigé auprès du Tribunal administratif de Paris, qui prolonge, le 24 mars, la suspension du permis de construire en attendant un jugement sur le fond. La FFT annonce dans la foulée qu’elle va se pourvoir en cassation.

C’est spécifiquement la construction du nouveau court en lieu et place des serres techniques du jardin botanique des serres d’Auteuil qui est visée. Le Conseil international des monuments et des sites (International Council on Monuments and Sites, Icomos), organe de l’Unesco qui œuvre à la conservation des monuments et des sites historiques dans le monde, a évalué sur place l’impact du projet et jugé que le site était « gravement menacé dans son intégrité paysagère et botanique », et a appelé la Mairie de Paris et la FFT à abandonner le projet. L’exécution du permis de construire délivré par la mairie de Paris est donc « suspendue jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur la légalité de cette décision [d’extension] », a fait savoir le tribunal administratif de Paris.

Lire aussi : L’extension de Roland-Garros suspendue L’extension de Roland-Garros suspendue

Les associations de défense du patrimoine et de l’environnement qui ont déposé la plainte se sont dites, dans un communiqué publié le 24 mars, « confortées dans l’action qu’elles mènent depuis plus de cinq ans » contre le projet d’agrandissement du stade de Roland-Garros. Elles ont rappelé qu’elles avaient « proposé des solutions alternatives, respectant le cahier des charges de la FFT et préservant le jardin des serres d’Auteuil ». Il s’agit d’un projet incluant la couverture partielle de l’A13 et empiétant sur le bois de Boulogne.

Un projet financé à 95 % par la FFT

De son côté, la FFT déplore ce nouveau report et constate que, « malgré l’accord unanime de toutes les instances officielles consultées dans le cadre de l’instruction des permis de construire, dans lesquelles siégeaient nombre de personnes qualifiées et d’experts en matière d’environnement, de protection du patrimoine, des sites et des paysages, l’indispensable modernisation du stade Roland-Garros soit ralentie par des recours contentieux qui retardent l’avènement d’un projet réconciliant la ville, le sport et la nature ».

A propos du projet alternatif, la Fédération fait remarquer que « les débats d’experts et toutes les études ont démontré que la création d’une continuité nouvelle entre le site de Roland-Garros et le bois de Boulogne serait totalement inacceptable pour tous les défenseurs du Bois et en particulier pour les services de l’Etat en charge de sa préservation ».

Elle rappelle que, au regard du projet lancé en 2011, les « serres historiques ne seront pas détruites, mais entièrement préservées, et le jardin qui jouxte le périphérique sera embelli par ce nouvel équipement, comme l’a confirmé l’avis de l’architecte des bâtiments de France », ajoute la FFT. La Fédération rappelle aussi qu’elle finance à 95 % la rénovation du stade Roland-Garros pour un coût de 350 à 400 millions d’euros et que son tournoi génère « chaque année près de 300 millions d’euros de retombées économiques pour l’agglomération parisienne et permet le financement du tennis amateur en France ».

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