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L’enseignant qui dénonçait les dérives du lycée musulman Averroès condamné

Le tribunal de police a condamné Soufiane Zitouni pour diffamation et injure. Le professeur de philosophie dénonçait une dérive islamiste du lycée privé de Lille.

Par  (Lille, correspondance)

Publié le 04 septembre 2015 à 13h13, modifié le 04 septembre 2015 à 13h45

Temps de Lecture 3 min.

Des élèves du lycée privé musulman Averroes de Lille, en septembre 2004.

Le professeur de philosophie Soufiane Zitouni, qui avait vivement critiqué le lycée musulman Averroès de Lille dans Libération, a été condamné, vendredi 4 septembre, par le tribunal de police pour diffamation non publique et injure non publique. Il a annoncé vouloir faire appel. L’enseignant de 48 ans avait publié le 6 février une tribune dans le journal Libération, intitulée « Pourquoi j’ai démissionné du lycée Averroès ». Il y accusait les responsables de l’établissement scolaire lillois de jouer un « double jeu », de diffuser « de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme ». Ses propos ont créé un choc : le lycée Averroès, premier établissement privé musulman sous contrat avec l’Etat, créé en 2003, est souvent présenté comme un lycée modèle pour ses résultats au baccalauréat.

Une précédente tribune de M. Zitouni, intitulée « Aujourd’hui, le prophète est aussi Charlie », publiée le 15 janvier, avait suscité de vives réactions au sein de l’établissement. Soufiane Zitouni y dénonçait un climat peu propice au dialogue au lycée musulman, des tensions en salle des professeurs et dans les classes, des thèmes tabous, des prières à la machine à café.

En s’appuyant sur des échanges de mails avec des collègues, dans lesquels l’enseignant reprenait ces accusations, l’avocat du lycée Averroès, Hakim Chergui, avait contre-attaqué en saisissant le tribunal de police plutôt qu’une juridiction correctionnelle, où une action en diffamation publique aurait pu prendre des années.

A l’audience du 29 mai, le professeur avait dénoncé notamment les « réactions épidermiques » des élèves à la théorie de l’évolution de Darwin, les positions pro-Hamas de certains professeurs ou encore la prescription du port du voile comme « obligation religieuse » par un imam lors du prêche du vendredi.

Le tribunal a déclaré coupable Soufiane Zitouni, « car il n’y avait pas d’éléments de preuve, de documents de nature à justifier » ses propos. Condamné à une peine d’amende de 10 euros pour les faits de diffamation, de 10 euros pour injures, et à 1 euro pour les dommages et intérêts, il doit également rembourser à la partie civile les frais de procédure judiciaire. Le professeur avait choisi de se défendre seul, sans avocat.

A la sortie du tribunal, Soufiane Zitouni a annoncé qu’il ferait appel : « Je vais prendre un avocat. Il y aura un vrai procès avec des preuves tangibles et des témoignages. Je suis serein. Ça ne me déstabilise pas, car je n’en fais pas une affaire personnelle mais collective. » Inquiet de voir « s’imposer de plus en plus en France un islam qui confond politique et spiritualité, celui des femmes voilées, celui qui manque d’humour », Soufiane Zitouni prévient que le procès du lycée Averroès va devenir celui de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). « Ce lycée n’est que l’arbre qui cache la forêt : derrière, il y a les Frères musulmans. Le but de l’UOIF est d’avoir le leadership de l’enseignement musulman en France », accuse-t-il.

De son côté, Rachid Hamoudi, directeur de la mosquée de Lille-Sud, seul représentant du lycée présent vendredi au tribunal, explique : « Nous avons été insultés et injuriés. Les parents, les familles, les élèves ont été insultés par un professeur. La justice est rendue. Le lycée continue d’instruire les citoyens de demain. » Il assure que cette affaire n’a pas déstabilisé le lycée Averroès. « On [en] a tiré des enseignements, on a réfléchi à comment mieux gérer les choses, mais ça n’a pas laissé de traces, d’autant que les résultats du bac ont été excellents. Et aujourd’hui, le lycée Averroès, c’est sept cent cinquante élèves. »

A la suite de l’affaire, le rectorat avait rédigé, en février, un rapport d’inspection, dans lequel il estimait que le lycée respectait « globalement » les termes de son contrat avec l’Etat. Il y notait toutefois une confusion entre l’enseignement d’éthique musulmane et la philosophie.

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