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Alexandre. La nouvelle étoile des Bogdanov

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En vacances à Port Grimaud où ils sont reçus par leurs amis Marie-Caroline et Luc Ferry, Igor et Amélie pouponnent sur les quais.

En vacances à Port Grimaud où ils sont reçus par leurs amis Marie-Caroline et Luc Ferry, Igor et Amélie pouponnent sur les quais.
© Baptiste Giroudon
Interview François de Labarre

Igor et Amélie de Bourbon-Parme ne touchent plus terre depuis l’arrivée de leur petit garçon.

Cela ne surprendra personne : chez les Bogdanov, on voyage dans le temps. Non pas vers le futur, comme dans les émissions de télé d’Igor et Grichka, mais vers le passé. Nichée en plein Paris, la petite maison d’Igor et Amélie ressemble à une demeure du Moyen Age. Derrière une lourde porte en bois cloutée se profile un couloir obscur. Au milieu du salon, habillé de deux grandes tapisseries du XVIe siècle, trône une imposante cheminée gothique frappée aux armes de France. Depuis neuf mois, une nouvelle étrangeté est venue parfaire le décor du « château » : une immense fresque qui représente un des plus célèbres papes de la Renaissance, le regard plongé dans celui d’une mystérieuse jeune femme… Deux ancêtres d’Amélie et du petit Alexandre.

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Paris Match. Amélie, qui sont l’homme et la femme qui ont l’air de se promettre l’amour éternel sur cette fresque ?
Amélie de Bourbon-Parme. Lui est mon arrière, arrière… arrière-grandpère. Un pape de la Renaissance ! Et la jeune femme qu’il regarde n’est autre que ma lointaine aïeule.

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En somme, Igor, même sur les murs de votre maison, vous vous débrouillez toujours pour chercher les origines…
Igor Bogdanov. Le mystère du temps me fascine. Il est aussi passionnant de remonter vers l’origine d’une famille que vers celle de l’Univers.

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Votre nouveau livre, “La pensée de Dieu”, connaît un étonnant succès. Comment peut-on à écrire un bestseller avec le boson de Higgs ?
I.B. Depuis notre émission “Temps X”, la science est ma passion, comme celle de mon frère, Grichka. Nous voulons la partager avec le plus grand nombre. La science n’est pas quelque chose d’abstrait. C’est avant tout l’histoire des hommes qui la vivent. Dans “La pensée de Dieu”, nous racontons l’étonnante aventure de Ramanujan, ce génie des chiffres qui, sans avoir jamais appris les mathématiques, était capable de résoudre de tête des équations à couper le souffle. Autre exemple : si je vous dis que les noyaux d’atomes d’hydrogène présents dans votre verre d’eau ont tous été créés dans la première minute du big bang, cela vous fera un choc. Plus étonnant encore : savez-vous qu’aucune marguerite ne compte 6, 9 ou 12 pétales. Pourquoi ? Parce que le nombre de pétales des fleurs obéit à une loi mathématique implacable. Par quel “miracle” ? Ce sont justement ces questions-là que nous abordons dans nos livres.

Le mot “Dieu” revient dans le titre de vos deux derniers ouvrages. L’histoire de l’Univers nous apprend-elle quelque chose sur son existence ?
I.B. L’instant de la création que les physiciens appellent l’instant du big bang est porteur d’un ordre extraordinaire. Rien n’y est laissé au hasard. L’Univers est alors bien plus petit qu’un grain de poussière. Mais il contient une énergie colossale. En soixante secondes, il engendre la quasi-totalité de la matière présente aujourd’hui. Comment est-ce possible ? Nous pensons que l’origine du mystère se trouve dans les lois mathématiques qui précèdent l’Univers.

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Pourquoi, au lieu de saluer vos succès en librairie, la communauté scientifique vous tombe-t-elle dessus ? I.B.
L’image des “jumeaux de Temps X” dans leurs célèbres combinaisons argentées ne collait pas du tout avec celle de chercheurs “sérieux”. Quand on a entrepris de soutenir une thèse sur l’un des sujets les plus pointus et les plus tabous de la science, l’origine de l’Univers, cela a fait grincer des dents.

Des gueules qui sortent de l’ordinaire, cela justifierait un procès en sorcellerie…
I.B. Comme disait Einstein, à qui la communauté scientifique reprochait ses cheveux trop longs : “Plutôt que de m’attaquer sur mon physique, attaquez-moi sur LA physique.”

Mais comment faire ? Personne ne comprend rien à votre thèse !
I.B. Ce n’est pas si compliqué. Nous disons simplement qu’avant le big bang, la matière n’existait pas. A la place, il y avait une sorte de “code” mathématique qui a structuré la naissance et l’évolution de l’Univers. Un peu comme le code génétique structure la naissance et l’évolution des êtres vivants.

Y a-t-il des scientifiques qui défendent vos travaux ?
I.B. Oui, par exemple le physicien Lubos Motl, jeune prodige de Harvard qui a écrit en 2007 un livre sur nos idées concernant l’avant big bang. Plus récemment, dans sa postface à “La pensée de Dieu”, Luis Gonzalez- Mestres, physicien au CNRS, a conclu que nous avons peut-être été les premiers à prédire l’existence de la mystérieuse énergie noire qui accélère l’expansion de l’Univers.

Cette thèse vous a quand même créé pas mal d’ennuis. Ne regrettez-vous pas de l’avoir soutenue ?
I.B. Jamais de la vie ! Dès le départ, nous savions que nous allions mettre la communauté scientifique à feu et à sang. Grâce à ces recherches, nous avons proposé une théorie nouvelle sur l’origine de l’Univers. Aujourd’hui, il nous faut la défendre. C’est pour cela que nous nous battons.

Amélie, lisez-vous les livres d’Igor ?
A. de B.-P. Oui, tous. Je les aime parce qu’ils racontent avec passion des aventures humaines.

Et sa thèse ?
A. de B.-P. J’avoue que je n’ai même pas essayé ! Même si je suis très sensible à la beauté de ces symboles mathématiques que je ne comprendrai jamais.

Qu’est-ce qui vous a plu en lui ?
A. de B.-P. C’était en 1997. Daniel Cohen, le célèbre généticien, avait organisé une soirée d’été dans son jardin. Igor bavardait sous un arbre avec lui. Et j’ai tout de suite été plus attirée par les mystères de l’Univers que par ceux de la biologie moléculaire. En quelques phrases, Igor a réussi à m’emmener dans les étoiles.

A-t-il autant d’imagination dans ses cadeaux que dans ses livres ?
A. de B.-P. A mon retour de maternité, j’ai trouvé cette fresque. Alors, j’ai dû ressembler à ces personnages de dessins animés dont la mâchoire inférieure se décroche avant de tomber par terre.

Surprise pour Amélie à son retour de clinique : au mur du salon, une fresque représentant un pape, son ancêtre prénommé... Alexandre

D’où vous est venue l’idée, Igor ?
I.B. L’année dernière, nous avons passé quelques jours au palais Farnèse, l’ambassade de France à Rome. C’est un palais bâti sous la Renaissance par un des ancêtres italiens d’Amélie, Alessandro Farnèse, devenu pape sous le nom de Paul III !

Comment peut-on descendre d’un pape ?
A. de B.-P. C’était une autre époque. Vous le comprenez en regardant la série “Borgia”. Innocent VIII, les deux Médicis – Léon X, Clément VII –, et bien d’autres papes de la Renaissance ont eu des enfants. Ce n’est pas comme si Benoît XVI avait un fils caché…

Qui est la dame que l’on voit à droite sur la fresque ?
A. de B.-P. C’est Silvia Ruffini, l’aristocrate romaine qui lui a donné quatre enfants, tous illégitimes, mais traités comme des princes.

L’histoire de votre famille est aussi compliquée que la thèse d’Igor… Elle ne vous inspire pas un nouveau roman ?
A. de B.-P. Si, j’ai commencé un roman sur Paul III. J’en suis à peu près à la moitié. Mais comme j’ai maintenant un bébé et un travail absorbant, j’ai pris un peu de retard.

Votre fils porte le même prénom que votre ancêtre Alexandre Farnèse, est-ce un hasard ?
I.B. On cherchait surtout un nom à consonance slave, pour aller avec Bogdanov.

C’est vrai, Alexandre descend d’un pape, des plus grands rois de France, mais aussi d’un prince Bogdanov en même temps que d’un chanteur lyrique noir américain, le ténor Roland Hayes…
I.B. Vous oubliez ma grand-mère, la comtesse de Colloredo-Mansfeld, qui a vécu à la cour de l’empereur François-Joseph. Un personnage hors du commun qui a bercé notre enfance. C’est chez elle que Grichka et moi sommes nés, dans son château du XIe siècle, en Gascogne.

Lequel de vous deux est l’aîné ?
I.B. C’est moi. Grichka est né quarante minutes plus tard. Le médecin de campagne ne l’avait même pas vu ! Grichka a été une telle surprise qu’on l’a installé en catastrophe dans une boîte à chaussures !

Qui de vous deux a été le premier à se passionner pour les astres ?
I.B. C’est arrivé au même moment. Nous n’avions pas encore 4 ans et notre grand-mère nous a réveillés au milieu de la nuit, un 21 juin, pour nous montrer le lever du soleil sur la colline qui surplombe notre village dans le Gers. Sur le chemin, elle nous a montré les étoiles, les constellations dont elle connaissait les noms. Cela nous a fascinés. Quand nous sommes arrivés sur la colline, le soleil a émergé de l’horizon. Elle nous a dit : “C’est une étoile comme les autres, mais elle est plus proche.” Cette promenade a été le point de départ de notre passion pour les mystères de l’Univers.

Igor, vous pilotez des hélicoptères, vous faites de l’escalade et retapez des vieilles maisons. On dirait que vous êtes celui qui a les pieds sur terre, quand Grichka a plutôt la tête dans les étoiles.
I.B. Ce n’est pas un hasard si Grichka a passé une thèse de mathématiques et moi de physique. J’ai toujours été plus “concret”. Enfant, pendant que je faisais des cabanes dans les arbres, mon frère lisait des poèmes ou s’amusait à des petits jeux mathématiques. Aujourd’hui, pendant je pars faire de l’escalade à Fontainebleau, Grichka répète des airs élisabéthains avec une guitare ancienne. Son préféré est “Flow My Tears”, de John Dowland. Le tube de l’année 1596 !

Amélie, vous est-il arrivé de confondre Igor et Grichka ?
A. de B.-P. Jamais. Dans leur dernier livre, je me suis même amusée à deviner qui a écrit quoi. Sans me tromper une seule fois.

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