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L’islam afro-américain aux États-Unis : entre universalisme musulman et nationalisme noir

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Fait partie d'un numéro thématique : religion, société et politique aux Etats-Unis
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L’ islam afro-américain, regroupant 1 500 000 fidèles, représente approximativement 30,2 % des communautés musulmanes installées aux États-Unis 1 et touche 1,41 % de la population totale du pays 2. Les communautés musulmanes américaines sont constituées majoritairement d’immigrants venus du Moyen-Orient, de Turquie, d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh et si elles incluent des Afro-Américains issus d’un contexte protestant puis convertis à l’islam, il n’en demeure pas moins que l’islam afro-américain est, historiquement, enraciné dans les mouvements nationalistes séparatistes noirs. Pour peu que l’on prête attention aux courants de ré-africanisation, de retour à l’Afrique, de revalorisation de l’identité africaine, on s’aperçoit, d’une part, qu’ils ont favorisé l’émergence de poussées islamiques, et d’autre part qu’ils ont été renforcés par quatre vagues successives d’immigration musulmane. Quelle en a été l’importance ? La première vague (1875-1924), qui a pris fin avec le vote de l’Asian Exclusion Act et du Johnson Reed Immigration Act, a amené aux États-Unis des hommes d’origine paysanne natifs de Syrie, du Liban, de Jordanie et de Palestine. La deuxième vague, des années 1930 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, était composée d’immigrants originaires des Balkans et du Liban, soucieux d’intégration raciale et de réussite sociale. Provoquée par la répression politique en pays musulman, la troisième vague s’est étalée de 1947 jusqu’au milieu des années 1960. Les immigrants musulmans étaient des gens instruits, originaires de Palestine, d’Égypte, de Syrie et de Yougoslavie. Enfin, l’abrogation de l’Oriental Exclusion Act au début des années 1960 a favorisé l’immigration musulmane de la quatrième et dernière vague qui se caractérise, en ce début de vingt et unième siècle, par l’arrivée d’immigrants en provenance du Soudan, d’Ouganda, des Bermudes, mais aussi de Bosnie, d’Albanie et de Russie. Peut-on, en conséquence, parler d’une adéquation entre islam et négritude ? Les communautés musulmanes qui ont attiré les Noirs aux États-Unis ont assurément cherché à faire revivre une culture perdue. Un fait retient cependant l’attention : l’idéologie culturelle islamique porte en elle les germes d’un conflit dans la mesure où elle est tout aussi exclusive que l’idéologie nationaliste noire. Or, au cours des premières décennies qui ont suivi l’Émancipation, les Afro-Américains ont donné forme à une idéologie nationaliste culturelle islamique. Le nationalisme noir s’est ensuite internationalisé au début du vingtième siècle pour aboutir à un panafricanisme global. Panislamisme contre panafricanisme, le conflit était inévitable entre deux idéologies dominantes destinées à s’affronter au sein de la communauté afro-américaine. On constate qu’en éclatant au grand jour à l’époque contemporaine, cette rivalité a exacerbé l’opposition fondamentale entre deux tendances rivales : intégrationisme contre assimilationisme d’une part, nationalisme contre séparatisme d’autre part. Dans la société américaine marquée par une stratification raciale, le panislamisme, notamment dans sa variante moderne la plus radicale qu’est le fondamentalisme islamique, a été rapidement transformé par certains musulmans afro-américains en idéologie islamique sociétale et séparatiste propre à un monde bipolaire opposant les musulmans aux kafirs, les croyants aux incroyants. Cette vision des choses n’est toutefois pas acceptable pour les panafricanistes dont le message est, prioritairement, celui de la solidarité raciale. Les Afro-Américains tenants d’un intégrationisme-assimilationisme

mainstream («officialisé » , en quelque sorte, par l’Establishment) adoptent une attitude plus pragmatique car, outre les conflits prévisibles entre les panafricanistes défenseurs d’un nationalisme séparatiste non

FRANÇOISE CLARY, Université de Rouen.

1. Carol S. Stone, «Estimate of Muslims Living in America», in Yvonne Haddad (dir.),

The Muslims of America,

New York, Oxford University Press, 1991, p. 28.

2. Robert Dannin, «African-American Muslims, From Slavery to the Present», Joint Center for Near Eastern Studies of New York University and Princeton University (tapuscrit), 1993, p. 17.

Entre universalisme musulman et nationalisme noir L’ISLAM AFRO-AMÉRICAIN AUX ÉTATS-UNIS

Françoise CLARY

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